ERREUR FATALE … !!! – 19/31

Jacques Looser se rebiffe !

– «Ouais !» Approuva Jacky. «Mais toi tu es malhonnête et bête !»

– «Comme vous dites patron ! Car monsieur Georges n’a pas mis dix ans pour penser que c’était moi qui l’avais arnaqué ! Une semaine après, il envoyait ses boys rue de l’Estrapade pour récupérer son bien, et me …»

– «Tu connais les hommes de main dépêchés par ton boss ?» L’interrompt Meg.

– «Non ! Et ma chance fut qu’ils ne me connaissaient pas non plus. La seule chose que je peux vous dire, c’est que pour les tâches délicates, monsieur Georges faisait confiance à un duo composé d’un certain Ange Sanguinetti et d’un malade mental, un sadique nommé Léonard Braqueux. Je suppose que ce sont ces deux crevures qui ont été expédiées rue de l’Estrapade. Mais ce jour-là, ma bonne étoile veillait ! Dans l’immeuble ou j’habitais, le premier se situait au deuxième étage, à cause de l’entresol. Souvent, les visiteurs qui ne connaissaient pas le bâtiment, se trompaient de palier. C’est à coup sûr ce qui s’est produit, quand ma voisine du dessous ainsi que son copain ont été assassinés, et c’est ce qui m’a sauvé.»

– «Oui, la visite était bien pour toi ! Cependant, une chose m’étonne, Ange et Léonard savaient sûrement que c’était un mec qu’ils devaient raisonner. Comment expliques-tu qu’ils n’aient pas tiqué en voyant Ghislaine de Maragne ?»

– «C’était mon jour de chance, patron, pas comme aujourd’hui ! Le copain de la greluche était là et ils l’ont pris pour moi. Oh ! Bien sûr il a certainement crié qu’il y avait erreur sur la personne, hurlé son innocence, mais çà, tous les coupables le font ! Alors … alors ils l’ont travaillé au corps et comme le micheton ne voulait, ne pouvait rien dire, Léonard a dut se faire plaisir avec la gonzesse. Toi et ton mannequin vous êtes des amateurs à côté des sbires de monsieur Georges.»

Meg lui balance un coup de savate dans les tibias et lui crache :

– «Écoute trou du cul, quand tu parles de moi tu m’appelles Madame, si tu tiens à ta petite gueule !»

– «Elle a raison ma camarade, sois poli et continue ta narration. Je te sens bien serein tout à coup ! Tu n’es pourtant pas tiré d’affaire. Tu es entre nos pattes et si par miracle on te laisse filer, il te restera à semer les flics et ton ancien employeur.»

– «Ouai ! Je suis serein comme vous dites.

  • Car j’ai compris que vous n’êtes pas du milieu.
  • J’ai entravé que vous n’êtes pas des tueurs
  •  J’ai pigé que contrairement à votre pronostic de tout à l’heure, demain matin je verrais le soleil se lever.
  • Les flics ? Ils ne me font pas peur. Qu’ont-ils contre moi ? Je revends un peu de neige ? Mais pour ça aujourd’hui, je ne risque pratiquement rien.
  • Il reste Tassart. Là, oui ! C’est un gros poisson, ou plutôt une grosse arête ! De lui j’ai, j’avais les jetons. La preuve, j’ai déménagé sur les chapeaux de roues, pour me cacher ici. Il veut sa daube et ma peau, ça c’est sûr, mais … »

– «Mais ?»

– «Mais, il y a du changement. Tout d’abord il y a vous deux ! Ni flics, ni malfrats et pourtant vous cherchez quelque chose ? Quelqu’un ? Oui quelqu’un ! Et ce quelqu’un, ce n’est pas moi. Vous le cherchez à travers moi, mais ce n’est pas moi ! C’est Tassart ! Et vous lui en voulez au Tassart. Surtout la petite madame. Oui surtout elle, je le vois dans ses yeux. Et puis il y a les keufs. J’ai appris par les journaux, qu’Ange avait descendu deux poulets et blessé trois autres. Ça, ils ne le pardonneront pas les perdreaux. Ils vont chercher pourquoi Sanguinetti a tiré, pour qui il travaillait. Si on les aide un peu, ils déboucheront sur l’ami Georges et ils ne lui feront pas de cadeaux. Alors, malgré ma gueule amochée, je suis serin. Jusqu’à ce soir j’affrontais seul Tassart et sa bande, maintenant, j’ai des alliés, vous et les draupers !»

Ils les laissèrent pantois, le Looser. C’était un fin psychologue. C’est vrai qu’il pouvait les aider à dénicher l’abominable Jojo ! Il les sèche le Jacquot. Ils ne savent pas quoi lui répliquer. Sans conviction, Meg lui fourre sa carte de détective sous le nez et lui balance :

– «Tu dis qu’on n’est pas des flics. Et ça, c’est du poulet ?»

Il examine la brème, et un rictus déforme ses lèvres tuméfiées.

– «Et alors ? Il ne vaut rien votre bout de carton ! Ce n’est pas une carte de la rousse. Il est tout juste bon à faire peur aux enfants aveugles ! Des privés qui luttent contre Tassart. J’aurai tout vu ! A mon avis, vous ne jouez pas dans votre catégorie. Vous lui voulez quoi à monsieur Georges ?»

– «Je veux sa peau.» Lâcha Meg.

– «Rien que ça ?»

– «Oui, rien que ça ! Et je l’aurai !»

– «Sans mon aide ? J’en serais fort surpris.»

– «Vous proposez quoi ?» Demanda Jacky.

– «Tout d’abord que vous me détachiez, et ensuite, on pourra parler sérieusement.»

Jacky regarde Meg. Elle ne semble pas très chaude. Il l’interroge du regard !

– «Je ne sais pas, je ne sais plus. Fais comme tu veux, comme tu le sens.» Répond-t-elle.

Il hésite, lui aussi, il est un tantinet perdu. Looser rompt le silence :

– «Allez ! Décidez-vous ! On ne va pas y passer le réveillon. Vous avez tout à gagner à ce que nous collaborions.»

Jacky n’aime pas ce verbe : «collaborer». Sans doute parce que dans certains cas, il exprime la trahison.

Il dénoue les mains de leur collaborateur et lui délie les pieds.

Les liens ont endolori les poignets et les chevilles de leur nouvel ami. Il se masse les avant-bras et pour rétablir sa circulation sanguine dans ses jambes et il botte un grand coup de pompe en pleine poire du pauvre Jacky. Il bloque sa godasse au niveau de sa mâchoire. Jacky se sent projeté en arrière. Contre sa volonté, il percute Meg, qui déséquilibrée, lâche son flingue.

Vif comme l’éclair, le Jacquot se baisse, ramasse le revolver, et en se redressant place un magnifique uppercut à la musaraigne. La pauvre souris est salement sonnée, elle titube. Alors qu’elle allait s’affaler, une droite la retient un instant, mais un crochet gauche l’allonge pour le compte.

Ce sale con de nouveau collaborateur, se tourne vers Jacky et le braque avec l’arme de Meg. Immobile, groggy mais conscient, il imite à merveille un boxeur dans les vapes. En revenant des limbes, il croit bien que sa chère assommée lui sauvera la vie. Looser se tourne vers elle, la chope par le col et la relève brutalement.

– «Toi ma garce, tu me dois une poignée de cheveux, des babines et trois incisives.» Rage-t-il en lui, promenant le canon du soufflant sur le visage. « Je suis magnanime, je vais te faire un prix d’ami pour le tout. Baiser avec ton flingue, tu aimerais ? Tu vas prendre un pied monstre quand ton pétard va éjaculer du neuf millimètres. Allez pouffiasse ! Baisse ton froc et ouvre tes cuisses.» Aboie-t-il en lui appuyant le pénis d’acier sur le ventre.

Un coup de feu claque, assourdissant ! A genoux, Jacky son calibre bien en main, réalise qu’il vient de tirer. Devant lui, la scène est surréaliste.

Meg, terrifiée, le dos au mur, regarde Looser qui lui fait face. L’ensemble serait relativement anodin, si la tête du Jacquot était encore intacte. Le sommet de sa boîte crânienne a disparu, et un morceau de sa cervelle a mis les bouts. Les deux corps, vis à vis, sont immobiles. Il est debout, mais mort, le Jacquot. Meg est toute éclaboussée de son sang et des débris de ce qui fut une machine à penser. Soudain, les jambes de feu Jacquot se dérobent, et gauchement il tombe assis sur ses talons, puis bascule vers l’avant.

Les flûtes de Meg ont également du mal à la porter, elles fléchissent. Adossée à la cloison, la souricette glisse doucement jusqu’à terre. Son visage tuméfié est rempli de larmes. Elle a vécu la peur de sa vie. Elle est un peu trop tendre sa sensible, et il émet des doutes quant au choix de sa profession.

– «Tu devrais penser à te recycler ! Je ne suis pas persuadé que ce métier te convienne.»

Ses deux mains sont crispées sur son ventre, comme pour protéger cette partie d’elle-même, qui a failli être ravagée par du plomb brûlant. Son moule à marmots n’appartient qu’à elle, il est farouchement sien. Le partager avec celui qu’elle aime, c’est du bonheur, mais les voleurs de sexes elle les exècre. Elle s’est sentie violée !

– «Je me suis vue mourir.» Sanglote-t-elle.

Il cueille une serviette éponge, pas trop dégueulasse, près de l’évier, l’imbibe d’eau fraîche et entreprend le ravalement de sa frimousse. Son œil droit, mutin, se cache derrière une paupière gonflée. Sur sa tempe gauche pousse une belle bosse violacée.

Son corps, agité de tremblements, qu’elle ne peut maîtriser, sursaute chaque fois qu’il appuie un peu trop fort sur ses tuméfactions. Son regard brun, brouillé, fouille son âme, l’implore. Ses bras l’enlacent, le serrent, l’écrasent… Elle rejette le chiffon mouillé et coule sa truffe humide dans son cou.

– «Pleure un bon coup, ma belle. Laisse filer tes larmes, ça va te soulager.»

– « Il a voulu, il a voulu me… » Hoquette-t-elle, sans parvenir à finir sa phrase.

– «Oublie ça mon p’tit loup. Il est intact ton jardin secret. Sors tes idées noires de ta pensarde.»

Doucement, il pose sa main sur son ventre. Après un mouvement de recul, elle le laisse faire. Il la caresse tendrement. Ils restèrent comme ça un long moment, l’un contre l’autre.

– «Un jour, peut-être, je te dirai combien je t’aime, Meg !»

– «Jacky !»

– «Oui ?»

– «Si tu veux, on laisse tout tomber.»

– «On laisse tout tomber quoi ?»

– «Ben cette affaire, on raconte tout à Tarlouse, on le laisse se démerder et nous …»

– «Et nous ?»

– «Nous, on s’occupe de nous !»

Gentiment, elle lui mordille la lèvre inférieure. Les siennes on le goût fade du sang. Sans doute les séquelles d’un des «bourre-pif» qu’elle a effacés. Il s’arrache à grand peine de sa bouche et cherche au fond de ses yeux la réponse qu’il va lui donner.

– «Arrêter cette enquête ? Là, maintenant ? Et te dire viens chez moi, Il y a une grande place pour toi. C’est mon rêve ! Mais …»

– «Mais ?»

– «Mais, je ne pense pas que tu sois prête à …»

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

20 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 19/31 »

  1. Et un mort de plus, un ! (rires) Et les voisins, ils n’entendent jamais rien ?
    Je voulais te dire, et ne te fâche pas, hein, c’est serein à la place de serin (l’oiseau) pour la signification de calme ou tranquille.
    Jusqu’où va aller cette hécatombe ?
    Passe une bonne journée.

  2. Quels rebondissements ! Les coups pleuvent, les balles chantent … tous aux abris ! Et en plus,il y a encore un corse dans les mauvais coups hi!hi!
    Ange Sanguinetti!
    Tes haïkus sont à croquer comme la galette! Bisous

  3. Waouh, ça tambourine dans les veines et les artères!!! Pauvre Meg, elle a vécu une sacrée expérience. Heureusement que le « preux chevalier » était là…
    ça continue en beauté, quel feu d’artifice!
    Gros bisous Zaza et belle journée
    Cendrine

  4. Alors là c’était sanguinetti, je n’ai pu me dérober à le dire..Rire!! Il y a du bruit, des mots et ça bouge, au moins les morts tombent comme à Gravelotte…

    Quand au viol à l’arme là c’est chaud mais doit mettre en panique, je comprends que Jacky tue ce misérable, mais là c’est coton pour la suite…

    J’aime bien leur franc parler tu as de l’imagination ma belle, continue et publie et pourquoi pas?

    Bisous

    Belle journée

    EvaJoe

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.