La Femme du Loup Gris … !!! 1/3

Extraits des Contes Populaires de Basse Bretagne

9782737340895

Kement-ma holl oa d’ann amer
Ma staote war ho c’hlud ar ier.

Tout ceci se passait du temps
Où, sur leur perchoir, pissaient les poules.

************

 IL y avait une fois…………  un roi de Bretagne, resté veuf avec ses trois filles.

Un jour qu’il allait à la chasse, il rencontra un grand loup, gris (de vieillesse doute …) en compagnie de son frère.

Il vint tout droit à lui et lui demanda une de ses filles en mariage. Le pauvre roi eut peur, et répondit :

– « Je le veux bien, pourvu qu’une d’elles consente à vous épouser. »
– « Il le faut bien, sinon, préparez-vous à mourir. »

Il revint au château, tout effrayé, et fit part à ses filles de la rencontre qu’il avait faite, et leur dit qu’il fallait qu’une d’elles épousât le loup gris, si elles tiennent à le voir vivre.

– « Épouser un loup ! s’écrièrent les deux aînées; fi donc ! Vous avez sans doute perdu la tête ! »

La plus jeune du nom de Luduennic, qui aimait son père plus que les deux autres, dit alors :

– « Eh bien ! Mon père, je l’épouserai, moi ! »

Les noces furent célébrées huit jours après.

Il y eut beaucoup d’invités et de grands festins, et de belles fêtes. Le nouveau marié en loup, ce qui étonna tout le monde, et les sœurs de Luduennic riaient et plaisantaient sur cette union si étrange.

Quand les festins et les fêtes prirent fin, les nouveaux mariés et le frère du loup gris dirent adieux à la société et retournèrent au château du loup, au milieu des bois.

Elle était heureuse avec son mari, et tout ce qu’elle désirait, elle l’obtenait de lui. Au bout de deux ou trois mois, le loup gris (car il était toujours loup …) lui dit, un jour:

– « La noce de votre sœur aînée a lieu demain. Vous y irez et moi je resterai à la maison en compagnie de mon frère. Voici un anneau d’or pour mettre à votre doigt, et vous ne verrez pas son pareil à la fête. Quand vous sentirez qu’il vous piquera légèrement le doigt, vous reviendrez à la maison aussitôt, quelle que soit l’heure et quelques efforts que l’on fasse pour vous retenir. »

Le lendemain, Luduennic se rendit donc à la noce de sa sœur, dans un beau carrosse, identique à celui de Cendrillon.

Tout le monde fut ébloui par sa beauté et la richesse et l’éclat de ses vêtements et de ses parures.

– « Voyez donc la femme du loup ! » Disaient ses sœurs avec dépit et jalousie, car nulle ne pouvait rivaliser avec elle de beauté ou de toilette. On l’accablait de questions …

  • si son mari se portait bien;
  • pourquoi il n’était pas venu à la noce;
  • s’il couchait avec elle en loup;
  • si elle était heureuse avec lui,
  • et autres semblables …

Après le festin, il y eut des danses et des jeux de toute sorte, et Luduennic y prit aussi part et s’amusa beaucoup. Vers minuit, elle sentit sa bague qui lui piquait légèrement le doigt. Elle dit aussitôt:

– « Il faut que je m’en aille immédiatement à la maison, mon mari m’attend. »
– « Déjà ? Restez encore un moment », lui dirent ses sœurs et tous ceux qui l’entouraient et la pressaient de questions. « Amusez-vous, pendant que vous y êtes, vous aurez toujours assez de la société de votre loup. »

Et elle resta encore un peu. Mais, sa bague la piqua plus fort, et elle se leva brusquement, sortit de la salle de bal, monta dans son carrosse et partit.
Quand elle arriva au château, elle trouva son mari étendu sur le dos, au milieu de la cour, et près de mourir.

– « Ô mon mari bien-aimé, que vous est-il donc arrivé ? » s’écria-t-elle.
– « Hélas » lui répondit le loup, « Vous n’êtes pas revenue à la maison, aussitôt que vous avez senti votre bague vous piquer le doigt, et de là vient tout le mal. »

Elle se jeta sur lui et l’embrassa et l’arrosa de ses larmes, et le loup se releva alors, soulagé, et rentra avec elle au château. Environ deux ou trois mois plus tard, le loup gris dit encore à Luduennic:

– « Votre seconde sœur se marie demain, et vous irez encore à la noce. Mais, prenez bien garde d’y rester trop tard, comme l’autre fois, et de ne pas revenir à la maison, dès que vous sentirez votre bague vous piquer le doigt, autrement vous ne me reverriez plus. »
– « Oh ! » Répondit-elle, « Cette fois je reviendrai, à la première piqûre que je sentirai, soyez-en certain. »

Et elle monta dans son beau carrosse doré, plus parée et plus belle encore que la première fois, et partit.

On ne parlait que d’elle et de son mari, à la cour de son père, pendant les fêtes. Elle était très entourée. Ses sœurs et toutes celles qui la jalousaient lui disaient :

– « Dieu ! Ne craignez-vous pas de donner le jour à un petit loup ? »
– « Dieu seul le sait », répondait-elle, « Et il arrivera ce qu’il lui plaira. »

Il y eut encore de la musique, des danses et des jeux de toute sorte, et l’on s’amusait beaucoup.

Vers minuit, Luduennic sentit sa bague qui la piquait légèrement.

– « Oui, » pensa-t-elle, « Il est temps que je m’en aille, car, cette fois, je ne veux pas rentrer trop tard, »

Mais, elle était si bien entourée et on lui adressait tant de questions sur son mari, on vantait tant sa beauté et ses diamants et ses parures, qu’elle s’oublia encore, et même plus tard que la première fois.

Quand elle rentra, elle trouva encore son loup étendu sur le dos, dans la cour, les yeux fermés, la bouche ouverte, ne donnant plus aucun signe de vie. Elle se jeta sur lui, le pressa contre son cœur, l’arrosa de ses larmes, en s’écriant :

– « Ô mon pauvre mari, je me suis encore oubliée, et je m’en repens vivement !… »

Et elle pleurait à chaudes larmes et le serrait contre son cœur; mais, hélas ! Il ne parlait, ni ne bougeait; il était froid et roide comme un cadavre. Elle le prit dans ses bras, le porta dans la maison, le déposa sur la pierre du foyer et alluma un bon feu dans l’âtre. Puis, elle le frictionna tant et si bien qu’il remua un peu, puis entre-ouvrit les paupières et la regarda avec tendresse. Enfin, il lui parla de la sorte :

– « Hélas ! Vous n’avez pas encore obéi assez tôt à l’avertissement de votre bague, et vous êtes revenue trop tard à la maison ! A présent, il me faut vous quitter, et vous ne me reverrez plus. Je n’avais plus longtemps à rester sous cette forme de loup: dès que vous m’auriez donné un enfant, j’aurais recouvré une forme première, celle d’un beau prince, comme je l’étais auparavant. Maintenant, je vais habiter sur la montagne de Cristal, par-delà la mer Bleue et la mer Rouge, et vous ne me reverrez que lorsque vous aurez usé en me cherchant une paire de chaussures de fer et une paire de chaussures d’acier. »

Et il jeta sa peau de loup à terre et partit, sous la forme d’un beau prince en compagnie de son frère débarrassé également de son apparence de loup.

La pauvre Luduennic était désolée et elle pleurait, et s’écriait :

– « Ô restez ! Restez, ou emmenez-moi avec vous !… »

Mais, voyant qu’il ne l’écoutait pas, elle courut après lui en criant :

– « En quelque lieu que vous alliez, je vous suivrai, fût-ce jusqu’au bout du monde ! »

– « Ne me suivez pas ! » Lui cria-t-il d’un air peu commode.

Mais, elle ne l’écoutait pas, et se mit à courir après lui.
Il lui jeta une boule d’or, pour la retarder, pendant qu’elle la ramasserait, Luduennic ramassa la boule d’or, la mit dans sa poche et continua sa poursuite.

Son mari laissa tomber une seconde boule d’or, puis une troisième, qu’elle ramassa également, sans cesser de courir. Elle courait mieux que lui, et, la sentant sur ses talons, il se détourna et lui assainit un coup de poing magistral en pleine figure.

Le sang coula en abondance, et trois gouttes en jaillirent sur la chemise blanche du prince, qui reprit sa course, de plus belle.

Hélas ! La pauvre Ludiennic, sous le choc, ne pouvait plus le suivre, ce que voyant, elle lui cria :

– « Je souhaite que personne ne puisse effacer ces trois gouttes de sang sur votre chemise, jusqu’à ce que j’arrive pour les enlever moi-même ! »

Le prince continua sa course, et Luduennic, qui s’était assise au bord du chemin, dit, quand son nez eut cessé de saigner :

– « Je ne cesserai de marcher, ni de jour, ni de nuit, que lorsque je l’aurai retrouvé, dussé-je aller jusqu’au bout du monde ! »

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

34 réflexions sur « La Femme du Loup Gris … !!! 1/3 »

  1. J’adore les contes, j’adore la Bretagne, j’adore les loups, que demander de plus !
    J’en ai lu des livres de toutes sortes avant, pendant et après des vacances en Bretagne ***
    Gros bisous et bonne journée, ma Zaza.
    Il fait soleil ici : youpie !!!!
    Clio

  2. … tu nous laisses sur notre faim, il nous faudra donc attendre la suite..mais vite stp!
    Bises du jour de Mireille du Sablon
    … si tu avais vu notre tête quand nous avons constaté que la « légende » sans dessous était vraie….

  3. Tu sais il a beaucoup de femmes qui épousent des loups sans le savoir !!!!!!!!!!!!!!!! En espèrant que cette semaine t’apporte plein de petites joies big bises ma douce (tu sais que j’aime tes contes !!!)

  4. Bonjour Zaza .
    J’espère que tu as passé un bon week-end malgré le temps et que tu vas bien .
    Ce matin il fait beau et c’est avec le retour du Soleil que je te souhaite une bonne semaine .
    Bisous de nous deux .

  5. Bonjour,

    J’aime toutes les histoires quel soit contes ou autres, celui-ci m’a beaucoup plu, j’ai hâte d’en connaître la suite. Heureusement que tu l’as traduite, rire!!

    Belle fin d’après midi et bisous

    EvaJoe

  6. Il est bien souvent tard pour avoir des regrets et difficile de se faire pardonner … J’aime ces légendes … on garde son âme d’enfance je crois !!
    Merci Zaza et je reviendrai pour la suite.
    Mes bises sous le soleil, eh oui! pour te souhaiter une belle semaine !
    Nicole

  7. Coucou ma Zaza, les loups j’adore, et la Bretagne, ma Bro, c’est pareil ! Alors cette histoire, tu penses… Merci Madame la conteuse et belle semaine à toi ! Grosse bises de shuki

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