Le 1er poème du jeudi pour les Croqueurs de Mots … !!!

Pour la 215ème quinzaine des Croqueurs de mots, c’est notre amie ABC qui prend la barre.

Une fable que j’ai apprise en CM2 et que je pourrais encore vous réciter sans en chercher les mots !

Les animaux malades de la peste !

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés
 :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger. Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
– Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables, 1678-1679.

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

21 réflexions sur « Le 1er poème du jeudi pour les Croqueurs de Mots … !!! »

  1. Je ne l’avais pas apprise… mais j’ai eu l’occasion de la lire et de la relire.
    La chute est une citation souvent utilisée… et qui est bien vraie !
    Bisous et douce journée.

  2. Alors là chapeau Zaza , elle n’est pas facile à retenir celle – ci, j’ai failli mettre le corbeau et le renard que je connaissais bien encore par coeur et puis m’ai venu le poème de Rimbaud appris au collège .
    Bonne journée
    Bisous

  3. je l’aime mais je ne la connais pas par coeur j’en suis plus au corbeau et le renard ou la cigale et la fourmi… j’adore les fables de La Fontaine elles ne se démoderont jamais !

  4. Bravo ! Je connais aussi plusieurs fables de la Fontaine par cœur et cela étonne toujours les petits que nous puissions les réciter par cœur et comme tu le dis si bien chez moi, avec le ton…

  5. de mémoire …à part le titre je ne suis pas sure qui j’irai plus loin…peut être le premier vers :-)

    bisous

  6. Ah! oui alors, l’instit de l’époque était fana de Jean La Fontaine. On en a appris pas mal et je trouve que c’est au goût du jour. J’aime beaucoup!! Gros bisous

  7. tu as une belle mémoire pour te souvenir. C’est vrai qu’on les apprenait par coeur. Je me souviens aussi que l’on faisait un dessin vis à vis de chaque poésie, j’aimais bien. Bises et bonne soirée

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