L’OISEAU DU ROI … !!!

Au temps jadis, une femme vint à perdre son mari.

Elle en eut un tel chagrin que son caractère, qui avait toujours été égal, s’aigrit au point de devenir capricieux, fantasque et vraiment insupportable.

Sa fille unique, qu’elle idolâtrait du vivant de son défunt homme, fut parfois gâtée d’une façon ridicule et d’autres fois chassée et punie pour les motifs les plus futiles. Il arrivait même à cette femme de frapper brutalement sa fille, sans que celle-ci devinât pourquoi.
Un jour, dans un accès de démence, elle ordonna à sa servante d’aller promener l’enfant dans une forêt voisine, de l’y égarer et de l’y abandonner.
La domestique, qui était une affreuse mégère et qui ne demandait pas mieux que de diminuer sa besogne, s’empressa d’exécuter les ordres de sa maîtresse.

Elle conduisit la petite martyre au milieu des bois, la fit marcher longtemps pour la fatiguer, et enfin l’engagea à s’asseoir au pied d’un arbre, pendant qu’elle irait lui cueillir des fleurs.
La jeune fille obéit, mais les heures s’écoulèrent et la servante ne revint pas. Le jour fit place aux ténèbres, les loups hurlèrent dans les bois, et la peur s’empara de la pauvre abandonnée, qui se mit à pleurer.

Tout à coup, un rayon de la lune éclaira le visage d’une jolie dame qui s’avança vers la jeune fille et lui dit :

– « Ne pleure pas, je suis la fée qui t’a servi de marraine à ta naissance, et je viens à ton secours. Je vais te conduire à la porte de la maison de ta mère; seulement tu ne diras pas m’avoir vue, et tu déclareras même que tu as trouvé ton chemin sans le secours de personne. »
La mère, qui regrettait sa mauvaise action du matin, accueillit sa fille avec joie et ne lui demanda même pas comment elle avait pu découvrir son chemin dans les méandres de la forêt.
Hélas ! Cette joie et les caresses qu’elle lui fit ne furent pas de longue durée. La mauvaise humeur de la méchante femme reprit le dessus, et elle ordonna de nouveau à la servante de conduire l’enfant au bord de l’eau, et de la précipiter dans une rivière ou dans un puits.
Cette fois encore, les ordres furent ponctuellement exécutés. L’infortunée fille fut jetée la tête la première dans un puits.

Mais qu’on juge de son étonnement, lorsqu’elle découvrit, au fond de l’eau, une porte qu’elle put ouvrir sans difficulté.
Elle se trouva alors dans la cour d’un somptueux palais.
Elle y entra et admira la magnificence des meubles, des tableaux, des bijoux, des objets d’arts qui s’offrirent à sa vue.
Arrivée dans une chambre où tout était en désordre, elle remit en place, comme elle avait l’habitude de le faire chez sa mère, ce qui lui semblait avoir été dérangé.
Comme elle accomplissait cette besogne un pas lourd se fit entendre dans l’escalier, et elle n’eut que le temps de se cacher derrière un fauteuil lorsque la porte s’ouvrit.
Un homme, d’une taille gigantesque, mais à l’air très doux, pénétra dans l’appartement en disant :

– « Quelqu’un est venu chez moi. Qui a rangé ma chambre ? Si c’est une fille, elle sera la bienvenue, si c’est un garçon et qu’il veuille rester près de moi, je le ferai mon héritier car je suis sans enfant. »
Rassurée par ces paroles, la petite abandonnée sortit de sa cachette et se montra aux yeux du géant qui poussa un cri de joie en s’écriant :
– « La filleule de ma femme ! »
Et aussitôt il appela la fée qui vint serrer dans ses bras celle qu’elle avait déjà sauvée une première fois.
– « Reste avec nous, » lui dit-elle, et nous ferons en sorte de te rendre heureuse. »
La jeune fille accepta, mais au bout de quelque temps devint triste, s’ennuya et demanda à revoir sa mère.
Sa marraine, qui l’aimait beaucoup, et qui ne voulait pas lui faire de peine, la reconduisit à la porte de la méchante femme. Celle-ci, qui était sur le point de se remarier, éprouva un vif mécontentement en revoyant son enfant, et craignit surtout qu’elle lui fit manquer son mariage.
– « Viens près de moi que je te peigne, car tu en as grand besoin », et elle déroula les magnifiques cheveux de sa fille.
Puis, faisant signe à la bonne de lui donner une grande épingle qui se trouvait sur la cheminée, elle l’enfonça, avec une cruauté sans pareille, dans la tête de sa fille qui fut aussitôt changée en un oiseau superbe, lequel s’envola par la fenêtre et se sauva dans les arbres du jardin du palais du roi.

Apercevant un jardinier qui coupait des roses, il lui dit :
– « Bonjour, beau jardinier, comment se porte le roi ? »
L’homme, en apercevant cet oiseau inconnu doué de la parole, avec un plumage brillant comme un rayon de soleil, resta stupéfait. Lorsqu’il fut remis de sa surprise, il s’empressa d’aller raconter au roi ce qu’il venait de voir et d’entendre.
Le monarque crut que son jardinier avait perdu la raison. Mais il se rendit, néanmoins, dans le jardin pour s’assurer, par lui-même, de ce qui s’y passait.
Lorsqu’il découvrit l’oiseau merveilleux, qu’on eût dit tombé du ciel, il désira le posséder, et pour cela fit tendre tous les pièges connus jusqu’à ce jour.

L’oiseau sut les éviter, mais, voyant le désespoir du roi, il alla se poser sur son épaule, se laissa caresser et même enfermer dans une cage d’or.
Le roi ne voulut plus se séparer de son oiseau chéri, et l’emporta dans sa chambre où il le laissa voltiger en liberté.

Un jour qu’il le caressait, il remarqua, sous les plumes de la tête, quelque chose qui ressemblait à une épingle.
Il l’arracha et immédiatement, sous ses yeux ébahis, une métamorphose s’accomplit. A la place de l’oiseau, il admira la plus ravissante jeune fille qu’il eût jamais vue.
Elle raconta ses infortunes, et le roi, qui ne se lassait pas de l’écouter, résolut d’en faire sa reine.
La date du mariage fut annoncée. La fée vint demeurer près de sa filleule et l’aida dans le choix et la confection des toilettes.

Jamais mariée ne fut plus belle, et sa mère, en la voyant passer dans les carrosses du palais, la reconnut. Elle fut tellement jalouse du bonheur de sa fille, qu’elle eut une jaunisse dont elle ne put guérir.

(Conté par une dame, âgée de 85 ans, connue de tout le monde, à Bain-de-Bretagne, sous le nom de « tante Leray ».)

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

27 réflexions sur « L’OISEAU DU ROI … !!! »

  1. Quelle histoire pleine de charme et des plus édifiantes!
    Bien fait pour la méchante mère de récolter cette jaunisse, non mais franchement…
    Tous les aspects de ce récit sont très jolis. Le passage avec l’épingle me plaît beaucoup
    Gros bisous ma Zaza, belle et douce journée
    Cendrine

  2. voilà une histoire que l’on aimerait lire chez chacune ou chacun d’entre nous…..j’aime ces douces histoires qui finissent bien…..passe un beau mardi

  3. Quelle belle histoire, de celle que j’aimerais un jour raconter à mes futurs petits-enfants…
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  4. Et tout finit bien comme avec Blanche Neige, une douce mésange apporta le bonheur !
    J’aime ton cheval comtois sur la présentation de ta new, il me fait penser à notre Chorus !
    Bisous Zaza

  5. Bonsoir,
    Un beau conte. Il nous rappel les soirées au près de la cheminée à écouter ces histoires avant d’aller au lit.
    Bonne journée
    Bises

  6. Bravo à tante Leurette pour ce joli conte qui finit bien. La marâtre n’a eu que ce qu’elle a mérité et la jeune fille une vie heureuse, comme quoi il ne faut jamais s’avouer vaincue, les pages se tournent et la vie continue…
    Il bruine à saint Malo les toutous sont en colère ils n’aiment pas se mouiller les papattes ! Bisous

  7. Parfois le chagrin peut changer un caractère
    Mais là c’est un peu trop et la méchante servante sert bien son dessein
    Et comme dans les contes la belle fée viendra changer le cours des choses
    Merci Zaza de nous enchanter
    Bisous

  8. Ah! que j’ai aimé. J’ai adoré même. Enfant, j’adorais lire les contes de fées! Ca finissait toujours bien , c’était ainsi que je voyais la vie devant moi!
    Très belle histoire! mais je ne connais pas Tante Leray, je vais me renseigner.
    Bon mercredi Zaza!

  9. Ah quelle infortune pour cette enfant mais heureusement tout se finit bien pour elle. Vilaine mère !
    B ) et merci tante Leray pour ce beau conte.
    @nnie

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