Atelier de Ghislaine N° 65 … !!!

défis écriture Ghislaine

Pour cet atelier N° 65, ICI, Ghislaine nous propose de composer un texte et d’intégrer !

8 mots : « Apaisant, solide, ouvert, pureté, guider, vénérer, dire, crier. »

Ou la phrase

« Je ne fais pas de brouillon »

Vous devriez trouver cela apaisant, je suis responsable de la sécurité incendie. Ce n’est pas moi qui l’invente c’est marqué dans l’organigramme de l’Entreprise. RESPONSABLE, s’il y a le feu, c’est moi le patron !

Hier, il y avait le feu ! Bon, OK, c’était un exercice, mais on est censé faire comme s’il y avait vraiment un incendie. Il y a une alarme, tout le monde sort des bureaux, petit comptage du personnel, on attend la fin de l’alerte et on retourne bosser. Ce n’est pas compliqué, ça sert à sauver des vies, leurs vies.

Alors, quand hier au comptage, je me rends compte qu’il manque quelqu’un, qu’il manque Anne, ça me fout en rogne.
Je demande
– « Vous avez vu Anne ? »
Pas de réponse.
– « Putain vous l’avez vue, oui ou merde ? »
La stagiaire dont j’ai oublié le nom craque, elle pleurniche et avoue… Oui, elle est restée dans les bureaux, soi-disant qu’elle avait un coup de fil à passer. Du coup faut comprendre, je suis colère, je crie, j’engueule tout le monde, y compris la direction de l’entreprise, non mais !

Je vois bien que je plombe l’ambiance, mais damned,  je suis RESPONSABLE, oui ou non ?  Je ne fais pas de brouillon, mais je leur explique qu’ils ont intérêt à se visser le cul sur le parking et à ne pas bouger sans en avoir reçu l’ordre, MON ORDRE.

Le directeur essaie de s’interposer, je sais bien que c’est un test, je lui cloue le bec direct.
– « Jean Marc », que je lui dis, « je ne discute pas vos décisions de direction, même les plus stupides, alors ici c’est pareil quand je dis : ON RESTE ICI jusqu’à la fin de l’alerte, on fait ce que je dis. Mon rôle de RESPONSABLE est de vous guider et de vous sauver. Vous devriez me vénérer !»

J’en reviens à Anne, il faut que j’ai une explication concernant cette tête de mule. Je retourne en courant dans les bureaux, je la vois à son poste. Elle raccroche son téléphone, le sourire au lèvres, d’une pureté d’ange… Elle aurait eu le temps de se consumer trois fois dans un véritable sinistre. Tranquillement elle passe sa main dans ses cheveux, je n’ai pas le temps de gueuler qu’elle me lance :
– « Michel embrassez-moi, je vous aime ».
C’est la meilleure de l’année, elle m’aime, on travaille ensemble depuis treize ans, l’un en face de l’autre et c’est maintenant, en plein exercice que… Je n’ai pas le temps de lui répondre que déjà je sens son parfum enivrant autour de moi puis ses bras autour de mon cou… Sa bouche sur la mienne… Je murmure :
– « Anne, il faut descendre, il y a le feu… »
– « Ah oui », qu’elle me répond, « c’est moi qui suis en feu. »

Tout à coup je vois clair, j’ai failli me laisser berner, c’est encore un test, un putain de test pour savoir si je suis l’homme de la situation. Je vais leur montrer à tous quel homme je suis, pendant qu’Anne a ouvert son chemisier. D’un geste je la soulève, elle glousse, et hop, la voilà sur mon épaule façon blessée de guerre.
– « Michel, lâchez moi ! » qu’elle hurle.
Elle se débat, commence à m’insulter, à taper dans mon dos avec ses poings en sucre. Moi, j’en ai rien à foutre, je finis ma mission.
La tronche qu’ils ont tirée quand ils m’ont vu sortir avec la gueularde à moitié à poil sur l’épaule.

– « Exercice terminé », que je leur ai lancé en reposant l’autre hystérique au sol. Elle était en larmes, les bonnes femmes, ce n’est pas solide des nerfs. C’est là que ça viré vinaigre, le boss s’est mis à hurler contre moi, comme quoi j’étais un malade sexuel, puis Francis s’est ramené avec un extincteur.
– « Ah non Francis on ne touche pas au matériel d’incendie, c’est moi le RESP… ! »
Je n’ai pas eu le temps de terminer que je me le prenais sur le museau. J’ai senti deux, trois dents qui se faisaient la malle, puis plus rien.
Je me suis réveillé à l’hosto, la tronche en fanfare.

Paraît que j’ai dormi deux jours.
Paraît aussi que suis viré.
Quel pays de cons, c’est ceux qui bossent, qui se donnent du mal, qui paient pour tout le monde.
Et il n’y a même pas de plan d’évacuation du site dans la chambre d’hosto, je me demande quel tanche est responsable incendie ici !

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

26 réflexions sur « Atelier de Ghislaine N° 65 … !!! »

  1. Oh c’est excellent!!! Certain(e)s ont le feu bien placé, d’autres restent pragmatiques… Et dans l’ensemble, la folie guette, prête à consumer ceux qui passent par là… ça nous en bouche (d’incendie) un coin :)
    Merci pour la truculente balade littéraire ma Zaza, et vive les neurones en surchauffe, ils explosent de créativité!!!
    Gros bisous pour une toute belle journée
    Cendrine

  2. ça a ronflé dans les brancards
    Une ambiance coquine tout de même …
    Parfois quand il y a un chef qui gueule trop , le torchon brûle ……
    Tu t’en es bien tirée …
    Bise et bonne journée !

  3. Non mais c’est vrai ça ! Qui c’est qui qui commande en cas d’incendie !!!!!!!!!! Hein qui c’est ????
    Et l’autre qui a le feu ou je pense, on aura tout vu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Le pauvre en est quitte a se faire poser des dents ! Ca va plus être pareil la vie !!!!!!!!!!!!
    Y’en a qui bossent trop et d’autres pas assez mais où va notre monde ??
    Merci pour ce texte ma Zaza………….J’ai ri sous ce fond de vérités !!

  4. MDR toi alors , tu sais manier la plume et surement sans faire de brouillon hihihi je reviendrai te lire avec ma copine tout à l’heure, cela lui donnera la pêche ,vu le temps pourri on en a besoin bon jeudi big bises

  5. Cest excellent bravo zaza c’est bien ficelé… défi bien relevé bon jeudi j’ai l’impression que cela se lève un peu côté ciel enfin moins plombé que ces 2 derniers jours bien arrosés gros bisous

  6. Et voilà comment on se fait virer en ayant fait son boulot. :(
    J’ai adoré.
    Merci pour ce récit, Zaza.
    Bisous et douce journée.

  7. Bonjour Zaza
    Je suis MDR !!!
    et encore plus à la fin quand tu te demandes qui est responsable incendie dans l’hôpital. ça me rappelle le responsable qui était surnommé « Canadair » dans celui où je travaillais !!!
    Bravo, quel plaisir de te lire !!! Tu as vraiment un don !!!
    Bises, bonne journée

  8. Me voila de retour et je viens de faire une visite fort intéressante en découvrant les articles sur ton blog que je n’avais pas eu loisir de voir durant mon absence … Après un bon repos je suis redevenu actif, mais durant mes déplacements l’herbe à envahi mon jardin… J’ai donc du travail ! Cordiales amitiés & à +

  9. ..oh lala , quand je pense que tous ces exercices sont obligatoires dans les hôpitaux…
    Je me souviens d’un qui devait avoir lieu sans communication de date aux personnels pour savoir comment ils allaient réagir…mais…la presse en avait fait un article…le jour même!
    Bises du soir,
    Mireille du sablon

  10. Bonsoir Zaza,
    Voilà un joli petit coup de plume, mais c’est dur d’être RESPONSABLE
    Merci du partage
    bonne soirée
    Amitiés

  11. Bonjour Zaza,
    Ton histoire me rappelle de lointains souvenirs.
    J’ai été responsable incendie dans la boîte où je travaillais parce qu’ils avaient appris que mon père avait été pompier. Logique non ?
    Les exercices incendies étaient programmés et la date et l’heure étaient annoncées une semaine à l’avance. Résultat, la plupart des gens prenaient ça à la rigolade. Pour faire plus vrai, ils allumaient des fumigènes. Plus de la moitié du personnel restait dans les bureaux et faisaient de grands signes par les fenêtres aux « imbéciles » qui s’étaient rendus sur le parking, parfois sous la pluie. Quant à ceux qui étaient sortis, beaucoup étaient descendus par les ascenseurs ! Pensez donc, se taper quatre ou cinq étages dans les escaliers pour un petit incendie d’opérette ! Faut pas rigoler.
    Comme tu le dis dans ton histoire, le responsable que j’étais avait l’air ridicule et se faisait réprimander par ses supérieurs hiérarchiques; je me faisais traiter de « psycho-rigide » à cause des rapports (incendiaires !?) que je rédigeais chaque fois.
    Et puis, un jour, à l’heure prévue pour l’exercice, le hasard fit que ce fut un véritable incendie qui se déclara. Mais évidemment, ni les alarmes, ni la fumée ne furent prises au séreux…
    Heureusement, il n’y eut pas de victimes. Juste quelques intoxiqués par la fumée dans les ascenseurs qui restèrent bloqués trois heures et quelques brûlés légers parmi ceux qui étaient dans les bureaux. Tous durent une fière chandelle (le mot est peut-être mal choisi !) aux pompiers.
    Grâce aux rapports que je rentrais régulièrement, je fus dégagé de toute responsabilité.
    Par contre, mes supérieurs payèrent lourdement le fait qu’ils n’accordaient aucun crédit à mes avertissements. Mais contrairement à ce qui s’est passé quand j’ai lu ton texte, à l’époque je n’ai jamais eu l’envie de rire.

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