Malédiction en Écosse – 1/8 … !!!

écosse

Cette histoire commença sous la pluie, le 20 Octobre 1980, autant dire qu’il ne faisait pas beau sur la capitale.

Cela fait quatre jours qu’il pleut sans arrêt. Le mauvais temps commence à jouer sur le moral des gens. Les regards que je croise machinalement sur la place Pinel Auriol, dans le 13ème se noircissent et s’attristent de jour en jour.

place pinel auriol paris

J’en souris, à tout vous avouer, cela m’est bien égal qu’il pleuve. La pluie j’y suis habituée, j’ai passé toute ma jeunesse dans cette belle ville de Brest, surnommée « le pot de chambre de la Bretagne ». Et à Brest, question pluie, on s’y connaît !

Comme tous les jours, et quel que soit le temps, je me rends à pied dans les locaux du célèbre quotidien « France soir ».

france soir

J’y suis devenue journaliste-chroniqueuse et, hormis l’horoscope journalier, je m’occupe tout spécialement de la rubrique occulte et surnaturelle qui a pour vocation de relater tous les évènements sombres et inexpliqués de la ville lumière. Et oui, vous l’avez compris, la très célèbre et néanmoins énigmatique signature de Meg Duchemain.

meg duchemain

D’une manie quasi maladive, je commence toujours la journée en parcourant le courrier de mes lecteurs. Par contre en cette triste et humide journée, la pêche au scoop ne s’annonçait guère fructueuse. Il n’y avait là que de tristes histoires de chat noir et de mauvais œil dont l’origine ne cherchait bien souvent qu’à jeter le discrédit sur certaines personnes de l’entourage d’auteurs le plus souvent anonymes.

Cependant dans ce ramassis de mauvaises proses, une lettre avait suffisamment retenue mon attention pour que je la garde pour la fin.

ramassis de lettres

Appelez cela : « Le sixième sens, la double vue, l’intuition ou la prémonition », toujours est-il que c’était comme si j’avais senti l’irrationnel rien qu’en la voyant. Pour être honnête et pour couper court à mes prétendus dons d’extralucide, je fus surtout interpellée par le nom et l’adresse de l’expéditeur.

Ce pli mystérieux m’avait été dépêché par un prétendu Malcolm K. Mac Kintosh, du clan Chattan en Écosse, résidant la province des « Highlands », à Eileen Donan Castle. Si le nom et l’adresse figurant au dos de l’enveloppe m’avaient interpellée, que dire alors de son contenu ?

Mais à quoi bon vous faire un long discourt, jugez-en plutôt par vous-même :

Eileen Donan Castle

Eileen Donan Castle

« Le 20 Octobre de l’an de grâce 2000. 

Mademoiselle Meg, 

Votre réputation de fine détective en confrontation avec des évènements dépassant l’entendement du commun des mortels n’est plus à faire et a largement débordée des limites de votre pays pour arriver jusqu’à moi.

Je sais que vous n’êtes sensée vous occupez professionnellement que des cas se situant dans votre capitale, aussi, c’est à titre privé que je vous adresse cette requête. Je vous invite à venir passer quelques jours dans mon humble demeure.

Je ne doute pas que vous soyez surprise de ma démarche pour le moins incongrue. Cependant, je vous sens impatiente de savoir au juste de quoi il en retourne. Alors, pour ce faire, laissez-moi vous conter le destin incroyable de la famille Mac Drummond … 

… Tout a commencé le 31 octobre 1910, au cœur du Guatemala. Lord John Eric Mac Drummond accompagné de son fidèle domestique Duncan explore depuis plusieurs jours le site de Tikal, à 64 km de Flores. Autant dire que c’est à de multiples reprises que les deux hommes ont déjà gravi les nombreuses marches des splendides pyramides du Soleil et de la Lune. Cependant, en ce jour, alors que cette dernière tarde justement à céder sa place à l’astre du jour, Duncan va faire une découverte qui va changer la vie de toute la dynastie des Mac Drummond. Tandis qu’il s’apprêtait à s’asseoir pour se reposer au milieu de son ascension, une pierre de la pyramide gigantesque du Jaguar, se dérobe soudain sous la main qu’il venait d’y poser.

Pyramide du Jaguar

Dans un fracas noyé de poussière, toutes les pierres qui l’entourent se meuvent tout à coup à leur tour pour laisser découvrir un sombre passage en escalier qui semble descendre jusque dans les entrailles de la terre. J’imagine sans difficulté leur conversation du moment : 

– « Qu’est-ce ? » Lança le serviteur interloqué.

– « Mon cher Duncan, je crois que nous touchons enfin au but ! »

– « Plaît-il, Sir ? »

– « Vite ! Allumons ces torches mon ami ! Et glissons-nous en ce lieu ! » Dit-il à son valet en se saisissant des deux torches qui se trouvent dans son sac.

– « Est-ce bien raisonnable my Lord ! Ne devrions-nous pas plutôt quérir de l’aide ! L’endroit ne me paraît pas sûr ! Il serait plus prudent de… »

– « Allons mon bon Duncan, auriez-vous peur du noir ? Un robuste gaillard comme vous ? Allez, ne vous faites pas prier mon cher. Pensez donc à toutes les merveilles que nous allons découvrir au bout de ce passage. »  

Lord John Eric Mac Drummond s’engagea le premier, le pas immédiatement emboîté par la démarche peu rassurée d’un Duncan qui, malgré son mètre quatre-vingt-dix, n’en menait pas large. Les deux compères commencèrent leur descente lentement, pas après pas, déjà trois, puis cinq, puis dix, vingt marches enfin furent franchies. Soudainement, la terre se mit à trembler, tout doucement d’abord, puis un peu plus, et enfin si violemment qu’ils durent s’appuyer fermement aux parois du mystérieux passage pour ne pas chuter. Il ne leur fallut qu’un court instant pour réaliser que les pierres s’étaient remises à bouger derrière eux, refermant du même coup le passage vers la lumière.

Un instant, juste un instant, mais suffisamment grand pour que la dernière d’entre-elles vienne se poser sèchement dans un silence de mort, les emmurant à tout jamais. Hélas oui, vous avez bien lu, à tout jamais, car jamais plus on entendit parler d’eux. 

Cela n’empêcha pourtant pas Lord Gregory Mac Drummond, digne héritier de Lord John Eric Mac Drummond de faire de brillantes études d’archéologies dans la digne lignée des traces de son père.

Le jeune Grégory, qui était d’ailleurs fort beau garçon, fit à l’âge de vingt-trois ans un mariage heureux, d’amour et surtout d’argent avec Margareth Mac Donnell d’Atrim, fille du célèbre banquier Arthur Mac Donnell d’Atrim de la non moins célèbre banque « Mac Donnell d’Atrim & sons ».

Le jeune Lord Gregory Mac Drummond aurait pu vivre de ses rentes et couler des jours paisibles et heureux dans son manoir des Highlands, cependant l’appel des terres lointaines sonnait si fort en ses oreilles qu’il ne put s’empêcher de délaisser sa famille pour poser sa valise dans une chambre spacieuse du « Tiba pyramid’s hotel » à deux pas du plateau de Gizeh.

plateau de Gizeh

Des jours, des jours et des jours Lord Gregory Mac Drummond retourna des pierres, balaya le sable, inspecta la moindre parcelle des pyramides, les moindres courbes du Sphinx, il n’eut jamais la réussite de trouver quoi que ce soit de remarquable.

sphinx

Il semblait poursuivi par la malchance. Tous les autres archéologues de renom présents en même temps que lui, allaient de découverte en découverte, lui n’avait droit qu’à l’âpreté du sable. C’est donc le plus naturellement du monde que les autorités égyptiennes conclurent en moins de vingt-quatre heures d’une enquête rapide et peu soignée que sa disparition ne pouvait être due qu’à un suicide !

Le Lord, désespéré de tant de recherches infructueuses, avait dû se jeter dans le Nil et si ce dernier n’avait pas avalé le corps du malheureux à tout jamais, les crocodiles s’étaient vraisemblablement bien chargés de le faire.

Nil

Son épouse reçu un câble pour l’avertir de son veuvage. La jeune femme avait eu aucun mal à se consoler de l’absence de son époux auprès du très jeune et non moins beau Levis Eastwood. Elle ne garda pas le deuil bien longtemps. Elle ne fut même pas surprise de la date du suicide de son mari.

C’était… le 31 octobre 1940, soit trente ans jour pour jour après la disparition de son père.

John Mac Drummond, unique enfant né du mariage de Gregory et de Margareth, avait remarqué ce point commun entre la disparition de son père et celle de son grand-père. Cette date avait fini par hanter sa raison. Elle baigna toute son adolescence, faisant naître en son esprit des visions de cauchemars. Il s’enfonça peu à peu dans un quasi délire. John se persuada que son grand-père avait dû déranger quelques vieilles divinités maya et que depuis, une sombre malédiction pesait sur la lignée masculine de sa famille. Le jeune homme ne trouva dès lors qu’un seul moyen pour conjurer le sortilège. Il décida de demeurer célibataire et de n’avoir jamais d’enfant. Ainsi, le mauvais sort disparaîtrait avec lui.

N’ayant pas la foi assez grande pour entrer dans les ordres et n’ayant surtout guère l’envie de faire vœux de chasteté jusqu’à la fin de ses jours, John se contenta d’une vie de plaisir, agrémentée de l’absorption de boissons hautement alcoolisées et … et … de la compagnie irrégulière, mais au combien fort agréable des plus belles filles de joies d’Iverness City. Autant dire, si vous me permettez, la légèreté de l’expression, qu’il passa la plus grande partie de son existence les fesses serrées sur un tabouret de PUB ou entre les cuisses d’une charmante péripatéticienne. Allez donc savoir pourquoi ? Mais par une fraîche matinée du mois d’octobre de l’année 1970, John fit sa valise et prit l’Orient Express en direction d’Istanbul.

train orient express

Comme ça ! Sur un coup de tête ! Sans raison ! Une lubie de jeune fortuné sans doute ! Oui ! Allez donc savoir pourquoi ?

Car nul ne l’a jamais su. Et pour cause, John n’arrivera jamais à Istanbul. En Hongrie, à cent kilomètres de Budapest, le contrôleur constatera son irrémédiable absence après un court arrêt impromptu, effectué dans la petite gare de Varna. On ne retrouvera de lui que quelques effets personnels soigneusement rangés dans sa valise… 

… Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous raconte tout cela ?

Eh bien voilà, il y a un peu plus de trente ans, j’ai racheté la demeure des Mac Drummond à John dont les excentricités étaient fortes onéreuses. A la mort de ce dernier, je me suis intéressé au fabuleux destin de cette famille. C’est devenu une réelle passion ! J’ai consacré les trente dernières années de mon existence à effectuer des recherches sur cette soi-disant malédiction. Et je dois vous avouer, ma chère Meg, bien que mes recherches n’atteignirent pas l’ombre de mes plus faibles espérances, je n’ai jamais relâché mes prospections.

Cependant, il y trois jours, un fait nouveau s’est produit. J’ai trouvé un pli étrange dans ma boîte aux lettres : 

« Guettez l’instant des trente, la lumière y verra le jour. »  

Le message demeure énigmatique, cependant je suis persuadé que le mot trente ne peut pas être une coïncidence. Quelqu’un fait allusion à la malédiction des Mac Drummond et me promet une réponse le 31 octobre prochain. Je vous avoue que si ma première réaction fut un cri d’enthousiasme, je m’enterre aujourd’hui dans une angoisse qui ne cesse de croître de jour en jour. En réexaminant l’enveloppe dans laquelle j’avais trouvé ce mot, je compris en constatant l’absence de timbre qu’elle ne m’avait pas été adressée par voie postale mais directement déposée dans ma boîte.

La personne qui m’a adressé ce mot est donc toute proche de moi. Un doute c’est alors insinué dans mon esprit. Et si je m’étais trompé ? Ce doute, je n’arrive plus à m’en débarrasser, le mal est en moi et maintenant je vous l’avoue : J’ai peur. Je suis terrifié. Et si la malédiction s’abattait non pas sur le nom des Mac Drummond mais sur le propriétaire d’« Eileen Donan Castle » ?

Cette question hante mon esprit et m’empêche de trouver le sommeil. Ne me reste-t-il en vérité que onze jours à vivre ? Je suis aux abois, je ne sais plus quoi faire.

C’est pourquoi je sollicite humblement votre aide pour venir m’épauler dans ses heures qui s’annoncent délicates et périlleuses. Vous trouverez ci-joint un billet d’avion pour le vol Paris-Edimbourg de 10h42 du 28 octobre prochain. Une fois à Edimbourg vous prendrez un taxi jusqu’au château. Je le règlerai à votre arrivée. Venez ! Je vous en prie ! Vous êtes mon unique espoir ! Venez Meg ! Venez ! 

Lord Malcolm K. Mac Kintosh, troisième du nom. »

écossais

A SUIVRE

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

25 réflexions sur « Malédiction en Écosse – 1/8 … !!! »

  1. Bonjour Zaza.
    Intéressant ton article.
    J’espère que comme nous tu as passé un bon week-end et que tu vas bien ou pas plus mal et ton petit monde aussi, bien que le week-end continue pour beaucoup avec le 1er Mai.
    Nous voila déjà à la fin de ce mois d’Avril qui a vite passé lui aussi, le temps passe de plus en plus vite.
    Je te souhaite un bon Lundi.
    Bisous de nous deux.

  2. Bonjour Zaza… Quelle histoire tu es fortiche en la matière bravo ! Ici c’est la flotte et y en a ras le bol j’ai des douleurs qui m’envahissent … Bisous belle semaine !

  3. Un billet où l’on prends plaisir à naviguer
    Merci
    Ton plaisir d’écrire est palpable
    Bonne journée
    Et nous hier de gros coups de tonnerre …..mais pas de Brest bien d’Auvergne , il est fou ce printemps :)

  4. Ah ma Zaza, si tu savais comme je suis heureuse de retrouver Meg… et qui plus est de « voyager » en Ecosse, moi qui rêve tant d’y aller avec Christophe… C’est notre aspiration, notre envie profonde et on n’a pas le plus petit sou pour y aller… Dès fois je me dis que je vais juste prendre un sac à dos et me barrer comme ça direction Edimbourg en plan galère… lol!!!
    Après je réfléchis mais le Bélier vrombit… Tu connais…
    Ton histoire me fait palpiter et je suis enchantée, au sens le plus vif du terme!!!
    Bravo pour cette mise en bouche, j’ai hâte de lire la suite dans l’atmosphère de l’Ecosse avec New Town, Old Town, le Crag… Je vais tout visualiser, je sens!
    Merci à toi et gros bisous pour tous les deux
    Cendrine

  5. Quel bonheur de lire ton histoire.. à tiroirs !
    Comme tous, j’attends avec impatience la suite.. mais j’ai bien envie de prendre un billet d’avion pour te suivre le 28 Octobre prochain et t’épauler le cas échéant hanhan!!
    Je t’envoie mes pensées de tendresse

  6. Quelle imagination Zaza !!! je suis sûre qu’elle va prendre l’avion pour aller à son secours !!!
    Je me réinscris encore une fois j’espère que c’est la bonne à ta newsletter !!!
    Bonne journée gros bisous

  7. Coucou Zaza
    Une très belle écriture qui nous entraîne dans cette fabuleuse histoire.Merci pour ce moment…
    passe un bon premier mai. Ici la pluie mais rien d’étonnant il l’avait annoncé.
    bisous mon amie

  8. Chouette Meg est de retour , je vais de ce pas me plonger dans la lecture du deuxième billet mais juste apres avoir sorti Volga , ça urge
    Bon premier mai
    Bisous

  9. Que tu écris bien Zaza avec un rythme soutenu et enlevé… Un grand bravo ! Je vais vite lire la suite, j’ai perdu le fil avec notre balade en camping car… et du retard à rattraper ….
    A de suite !

  10. Comme te l’indique Rotpier, voilà qui va être intéressant mais compliqué :))) ! Coucou Zaza, la revoilà, Meg et on va beaucoup se promener sur la planète (et qui sait où d’autre, hmm hmm). Bravo, je vais tâcher de suivre sans rester en arrière. Bisous !

  11. Bon présage pour cette histoire, je sens que cela va se corser. Je vais vite aller voir le second chapitre, que vais-je découvrir?

    A plus loin….

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