Défi N° 184 pour la communauté des Croqueurs des Mots…!!!

Notre amie Quai des rimes – Martine reprend la barre pour la communauté des Croqueurs de Mots pour la quinzaine à venir C’EST ICI

« C’est fini » !

Un homme se recueille devant une tombe dans le cimetière du Montparnasse, à Paris.
Un deuxième homme arrive, cherchant son chemin.

– « Excusez ! Vous cherchez… »
– « Moi, je cherche la tombe de Polnareff … »
– « Il est mort ? »
– « Autant pour moi … Je voulais dire Gainsbourg, bien sûr ! »
– « Au fond de l’allée, à gauche, vous ne pouvez pas vous tromper … Il y a plein de mégots autour de sa tombe … »

Le deuxième homme s’apprête à y aller, puis se ravise et regarde à son tour la tombe devant laquelle est planté le premier, qui pensif déclame :

– « C’est quand même un drôle de truc, les cimetières, quand on y pense. »
– « Ouais … »
– « Est-ce que les morts sont radioactifs, pour qu’on les enterre dans des enceintes confinées pendant des siècles, comme des déchets nucléaires ? » 

Pas de réponse du deuxième homme.

– « Moi, je suis pour l’incinération, pas vous ? »
– « Vous la connaissiez ? »
– « C’était ma maîtresse … »
– « Ah, je suis désolé ! »
– « Oh, ce n’est vraiment pas la peine … C’était une salope ! »
– « Allez, ne dites pas ça … » 

Pendant quelques instants, ils restent recueillis sur la tombe. Le deuxième voulant visiblement ne pas laisser le premier dans un aussi mauvais état d’esprit.

– « Alors c’est pour ça que vous venez seulement maintenant, après la cérémonie, pour ne pas croiser le mari ! »
– « Oui. »
– « Heu, ce n’est pas vous qui l’avez tuée, au moins ? »
– « Ah, certainement pas … ! Elle est morte écrasée par un tramway. Elle sortait de chez moi pour aller me chercher mon briquet que j’avais oublié dans mon quatre-quatre ! C’est en traversant la rue que … Et  Boum ! La ligne venait d’être inaugurée la veille. Elle ne s’en est pas souvenue ! »
– « C’est ça le problème, avec les tramways. C’est peut être écologique, mais comme c’est électrique, on ne les entend pas arriver ! »

Le premier homme sort une cigarette et la met à sa bouche. 

– « Vous avez du feu ? Du coup, je n’ai plus de briquet … »
– « Bien sûr. »
– « Heu ! Ce n’est pas interdit, au moins ? »
– « Les cimetières, c’est le dernier endroit où on a encore le droit de fumer. Et puis si c’était un cimetière non-fumeur, ils n’y auraient pas enterré Gainsbourg … »

Le premier type tire sur sa cigarette avec un évident soulagement.

– « C’est comme ça que son mari a appris notre liaison. Elle lui racontait qu’elle allait voir sa grand-mère à la maison de retraite. La grand-mère ne se souvient jamais de rien, (Alzeihmer), c’était pratique. Mais comme le tramway lui est passé dessus en face de chez moi, son mari a dû se douter de quelque chose ! »
– « Évidemment. Apprendre en même temps qu’on est veuf et qu’on est cocu ! »
– « Depuis, je suis à pied ! »
– « Pardon ? »
– « Il a fait enterrer sa femme avec mes clefs ! Pour se venger, sûrement … »
– « Vos clefs ? »
– « Les clefs de mon quatre-quatre ! Je les lui avais confiées, pour qu’elle aille me chercher le briquet ! »
– « Ah, oui, bien sûr … »
– « Je suis allé à la présentation du corps, je les ai vues qui dépassaient de sa poche. Mais comme il y avait plein de monde, je n’ai rien pu faire ! Maintenant, je ne sais plus comment les récupérer ! »
– « Mais vous n’avez pas un double ? »
– « Si, c’est ma femme qui l’a … »
– « Vous n’avez qu’à lui dire que vous avez perdu les vôtres ! »
– « On est séparés ! » et le premier homme désignant la tombe… « Cette salope venait de lui apprendre que je la trompais avec elle … Alors il y a peu de chance que mon ex-femme me rende le double des clefs ! »
– « Je vois, je vois ! »
– « Il va bientôt faire nuit … Vous n’auriez pas une pelle ? »
– « Vous plaisantez ? »
– « Si vous n’avez pas de pelle … Vous êtes en voiture ? »
– « Je vous ramène ? »
– « Volontiers. Vous allez de quel côté ?
– « La Butte aux Cailles. »
– « Tiens, c’est marrant, c’est là qu’habitait ma maîtresse. »
– « Je sais … Je suis son mari ! »
– « Ah, d’accord … J’ai eu un doute, aussi, quand j’ai vu le briquet. »

Le mari ressort le briquet de sa poche.

– « Ah, oui, excusez-moi … Je vous le rends, bien sûr … Je ne savais pas qu’il était à vous ! J’étais étonné, aussi, de trouver ça dans sa main, quand ils me l’ont ramenée. Comme ma femme ne fume pas. Enfin, ne fumait pas ! »

L’autre prend le briquet.

– « Merci. » Et jetant un regard sur son briquet, « pas une égratignure !  C’est un miracle … »
– « Ma femme, en revanche … »

Et l’amant rangeant le briquet dans sa poche :

– « J’y tiens beaucoup. C’est elle qui me l’avait offert ! »
– « Mais pour vos clefs, je suis vraiment désolé. Je vous jure que je n’étais pas au courant ! Je n’ai pas eu l’idée de lui faire les poches … »
– « Je vous crois … Vous avez l’air d’un brave type. »

Ils s’apprêtent à partir.

– « Mais je croyais que vous cherchiez la tombe de Gainsbourg ? C’est pour ça que je ne me suis pas méfié. C’était pour me piéger ? »
– « Pas du tout ! Pendant la cérémonie, évidemment, je n’ai pas eu trop le temps de flâner. Je me suis dit que je reviendrai plus tard pour faire un peu de tourisme. Ça ne fait rien, ce sera pour une autre fois. Je me suis toujours demandé ce qu’on faisait des morts quand les cimetières étaient pleins ? »
– « On les oublie. À part quelques célébrités ! Ça doit être ça l’immortalité. Une concession perpétuelle et ils s’éloignent. Mais c’est vrai que c’est un bel endroit ! »
– « C’est elle qui a tenu à être enterrée ici ! »
– « Ça doit coûter bonbon, non ? C’est très people … »
– « Ça vous pouvez le dire. C’était son côté show-biz ! »

Ils s’en vont ensemble …

– « Vous aviez raison, c’était vraiment une salope … »
– « Allez, ne dites pas ça !

Et « Cela peut arriver à n’importe qui » ou presque !

 

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

18 réflexions sur « Défi N° 184 pour la communauté des Croqueurs des Mots…!!! »

  1. il me plairait d’être enterrée dans ce cimetière au pied de la tour il est vivant en plein cœur bises et bon lundi de pâques ZAza de la ville

  2. Et c’est comme çà qu’ils sont devenus copains ! sacrée histoire dis-moi !
    Comme c’est Pâques, je pensais qu’elle allait ressusciter ! bon, ce sera peut-être pour le deuxième épisode. Il s’en passe des choses dans ce cimetière.
    Bon lundi ma Zaza et gros bisous

  3. …j’ai souri au fur et à mesure de ma lecture en me disant: « mais où va-t-elle cherché tout ça?  » c’est du pur Zaza!
    Bisous du jour de Mireille du Sablon

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