En souvenir de notre Lady … !!!

Dicton du jour !

Nuées de septembre, pluie de novembre, gel en décembre.

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l’eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d’oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
– Le vent sauvage de Novembre ! –
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d’église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L’avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d’ahan,
L’avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L’avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n’en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.

Émile Verhaeren

Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers (Belgique), le 21mai 1855 et mort (accidentellement) à Rouen, le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française.
Ce poème, tout en musicalité, est un très rythmé et plein des sonorités du vent.
Il est écrit dans le vers libre que pratiquait Verhaeren, caractéristique de certains poètes symbolistes, selon lesquels la libération du vers repose davantage sur un mélange de mesures conservées de la versification classique que sur le brouillage ou l’abandon total de la mesure.
Dans ce texte, l’auteur n’utilise que des vers pairs, essentiellement des octosyllabes, ponctués par des vers plus courts, souvent de quatre ou deux syllabes qui isolent le mot essentiel : « Voici le vent cornant novembre », «Voici le vent », «Le vent »…
Il s’agit d’un poème à la Gloire du Vent,  inséré dans le recueil Les Villages illusoires, paru en 1895.

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

17 réflexions sur « En souvenir de notre Lady … !!! »

  1. Coucou Zaza, un choix , que j’apprécie, j’aime beaucoup ce poète dont j’ai appris les textes à l’école lors des « récitations » bisous MTH

  2. beau poéme que je ne connaissait pas
    (le vent à corné depuis vendredi mais ce matin calme revenu
    hier entre deux grains j ‘ai pu sortir , par contre du coup les arbres sont déplumés )
    bises Z Za
    kénavo

  3. Un tres bon choix Zaza pour ce mardi poésie. Aujourd’hui je peux te dire que le vent de novembre mord terriblement. Le gel s’est bien installé aux premières heures de la matinée et l’effeet est amplifié par le vent.
    Bonne journée
    Bises

  4. ouh là ça donne froid dans le dos rien que d’y penser en te lisant mais c’est si bien tourné cette poésie qu’on adorerait le vent tellement il est prenant à sa manière.
    Ca m’a fait drôle j’ai lu une mamounette tout en haut mais ce n’est pas moi hein lol !
    Et je ne connaissais pas cette personne Marianne mais a priori elle était estimée, bravo à l’hommage que vous lui rendez toi et les filles.
    J’espère que tu vas bien et les bébés poilus aussi. Je t’embrasse bien fort et plein de câlins aux nounours.
    Evelyne dit Mamounette de saint Malo lol !

  5. Un poème dont je me souviens encore… l’un des premiers que j’ai appris.
    Merci de l’avoir pris pour ta page du jour.
    Bisous et douce journée.

  6. Très beau ma Zaza, ce poème d’Emile Verhaeren, tu ne pouvais pas mieux choisir pour illustrer le vent mauvais de novembre qui nous importune en ce moment !
    Nous sommes nombreux à nous souvenir de ce grand poète étudié à l’école… Merci pour ce beau texte.
    Passe une belle et douce soirée, je t’embrasse, Shuki

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