Éric Grall, maire de l’île de batz, interviewé par B.Keltz journaliste du Monde… !!!

Un article du Monde qui en dit long sur le climat qui règne sur mon île !

Eric Grall, 61 ans, îlien depuis 2005 et maire depuis un an de la commune de l’Ile-de-Batz (Finistère), dans son bureau, le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »
** Avant de commencer la lecture de cet article du Monde dont certains propos d’élus m’ont fait mourir de rire mercredi matin, je vous confie quelques réflexions à ce sujet.
Vous comprendrez aisément pourquoi j’ai déclaré ma maison de l’île de Batz comme résidence principale, après avoir gagné mon procès contre la mairie et la décision de l’ancien maire Guy Cabioch, de m’avoir refusé le 10 septembre dernier, le changement de mon véhicule HS et envoyé à la casse.
Comme invalide à 80%, tous comme mon époux d’ailleurs, ce refus me spoliait de la jouissance de mon bien.
Vous pensez bien que cette décision a été mûrement réfléchie, m’imposant comme propriétaire principale de ce logement, une présence de 6 mois (minimum) au cours d’une année civile. .
Entre mes différents soins au CHU de Rennes pour différentes pathologies, et disposant d’un garage sur Roscoff pour mettre à l’abri mon petit C3 « air cross », je peux vous assurer que je compte bien profiter de mon petit paradis, un max ! **

Une famille de touristes dans le port de l’Ile-de-Batz (Finistère), le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

« A l’Ile-de-Batz comme dans les autres communes ancrées au large de la Bretagne, le maire assume seul la sur fréquentation et ses contraintes sur la gestion de l’eau, des déchets, de la circulation… Des préoccupations pas toujours en phase avec celles des résidents secondaires, largement majoritaires.
Il plisse les yeux pour inspecter le ciel. Maire (Horizons) de l’Ile-de-Batz (Finistère), Éric Grall surveille la brise du nord-ouest balayant les cumulus en direction de Roscoff, de l’autre côté du bras de mer, en ce jeudi matin de fin juillet.
« Le microclimat de l’île n’a rien d’une légende. La météo est plus clémente ici que sur le continent. Elle dicte d’ailleurs l’ampleur de notre attractivité touristique », affirme le sexagénaire.

Depuis 8 heures, les navettes estivales qui traversent la Manche toutes les demi-heures déchargent leur flot de touristes à la journée, de résidents secondaires, de locataires de gîtes…Près de 6 000 estivants se partagent ce confetti de terre de 3,7 kilomètres carrés où logent en permanence 470 habitants. Cette attractivité saisonnière, qui dope l’économie locale, provoque aussi son lot de désagréments. « L’envers de la carte postale », souffle Éric Grall. Raccordée aux réseaux électriques et d’eau du continent, la commune de l’Ile-d-Batz souffre moins de la sur fréquentation que certaines des quatorze autres îles du Ponant.
A Groix (Morbihan), par exemple, les édiles se préparent à une pénurie d’eau. En cette période de sécheresse, les forages et le barrage ne suffisent plus à satisfaire les besoins des locaux et des vacanciers. Deux pipelines ont été installés pour avaler des hectolitres de l’Atlantique à désaliniser grâce à une unité mobile de traitement.
Le maire de l’Ile-de-Batz surveille, lui, l’explosion de la quantité des déchets à collecter, trier, compacter puis renvoyer sur le continent. D’un pas décidé, il traverse le port pour présenter le mastodonte chargé de l’évacuation des bennes.

La barge qui assure le transport de déchets et marchandises entre Roscoff (Finistère) et l’île de Batz, dans le port de l’île, le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS pour « LE MONDE »

Affalée sur le sable, la barge supportant jusqu’à 150 tonnes attend la prochaine marée pour repartir. « Elle est notre pont avec le continent », commente David Glidic, cogérant de la société de sept salariés exploitant la barge, subventionnée par la région Bretagne pour assurer le maintien de cette activité déficitaire.

David Glidic, ici devant un local de stockage, gère la barge qui fait la liaison avec le continent. Il est aussi pompier sur l’île de Batz (Finistère), le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

L’été, elle assure deux allers-retours quotidiens pour exporter les déchets ainsi que la production des treize exploitations agricoles locales, avant d’importer colis, engins de chantier ou produits frais. Le service fonctionne plus sereinement que celui de Bréhat. Sur cette île des Côtes-d’Armor, les élus locaux ont exprimé début juillet leurs inquiétudes à la suite des contrôles sanitaires qui ont révélé une rupture de la chaîne du froid lors de certains transferts.

« Chasse » aux subventions

A l’Ile-de-Batz, c’est la station d’épuration qui ne respecte plus les normes. L’équipement est incapable de traiter les eaux usées de la population estivale. La municipalité a validé la construction d’une nouvelle usine pour un coût de 2,3 millions d’euros. Une somme conséquente pour une commune au budget d’investissement annuel de 300 000 euros. Alors, Éric Grall « chasse » les subventions. Il parle de cette activité comme d’un jeu rythmant sa nouvelle vie. Lui, le directeur adjoint d’Atos, groupe de services informatiques aux 110 000 collaborateurs actuellement en difficulté, réside désormais à plein temps sur l’île de Batz. En préretraite depuis cet hiver, Éric Grall a fait de sa résidence secondaire bâtie en 2005 dans le bourg de l’Ile-de-Batz son logement principal. Avec son fils, il a lancé une florissante microbrasserie sur l’île et, avec sa femme, racheté un bar-restaurant.

Conseiller municipal depuis 2018, le cadre n’avait pas prévu de devenir maire, mais son prédécesseur est décédé brutalement. Depuis octobre 2021, il assume donc la « chasse » aux subventions mais aussi aux autorisations. Pour la station d’épuration, il a dû négocier pour construire l’équipement à proximité du phare classé « Monument historique » et sur des terres où vivent « des crapauds calamites, une espèce protégée ». Le tout dans le cadre de la loi littoral, qui concerne l’intégralité de l’île. « Ma technique, c’est de défendre de visu mes dossiers dans le bureau des décideurs. On trouve plus facilement des consensus et on limite la lenteur administrative », explique-t-il, satisfait de ne pas avoir dégainé le nouveau « joker » des insulaires.
En février, un amendement fomenté par l’Association des îles du Ponant rassemblant les communes situées au large de la Bretagne a été promulgué dans le cadre de la loi de décentralisation et de simplification de la vie publique. Ce texte impose la prise en compte pour ces territoires de leurs « différences de situation dans la mise en œuvre des politiques publiques locales et nationales ».

Deux remorques de cagettes en attente sur le port de l’Ile-de-Batz (Finistère), le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

Le téléphone portable du maire sonne.
La gendarmerie de Saint-Pol-de-Léon annonce l’arrivée imminente du « président ». Gérard Larcher, président du Sénat, possède une maison de famille sur l’île. Les forces de l’ordre profitent de l’appel pour confirmer la venue de deux fonctionnaires à l’occasion du dernier week-end de juillet. Le maire a réclamé leur présence pour encadrer les festivités de la Sainte-Anne.
Au quotidien, il est le seul dépositaire de l’ordre public. Ponctuellement, il est ainsi contraint d’intervenir pour calmer des groupes de jeunes sur le terrain de camping et  éviter les débordements alcoolisés sur cette dune surplombant une petite plage et le terrain de football. La municipalité a embauché, cet été, un ancien légionnaire. La candidature de ce Saisonnier a été accueillie comme une « aubaine », alors que l’île manque de travailleurs, comme partout ailleurs sur le littoral breton.

A l’Ile-de-Batz, 60 % de maisons de vacances

Les jours d’affluence, les élus insulaires sont sur leurs gardes, redoutant des débordements, à l’image de ceux du bal du 14-Juillet sur l’île-aux-Moines (Morbihan). Sur cette île, l’événement s’est conclu par une violente échauffourée. Les gendarmes présents ont dû faire appel à d’autres militaires débarqués en urgence au milieu de la nuit pour ramener l’ordre. Un fait divers exceptionnel.
Sur les îles, les problématiques sécuritaires se résument d’habitude à des questions de circulation.
La cohabitation entre piétons, voitures, vélos, trottinettes électriques et scooters est de plus en plus complexe, à en croire Jean-Luc Gaurichon, « expert en gymkhana estival » dans les ruelles de l’Ile-de-Batz.
Au volant du seul taxi de l’île, cet ancien marin à l’accent du Sud-Ouest explique : « Avec les agriculteurs conduisant leur tracteur ou les entrepreneurs au volant de leur camionnette, on s’arrange pour circuler. Avec les touristes à pied ou à vélo, je fais attention parce qu’ils oublient le code de la route. Face aux voitures des résidents secondaires, je ne lâche rien. Personne ne leur a demandé de venir avec leurs véhicules sur l’île. »

Assis sur le siège passager, Eric Grall opine.
Le maire, également suppléant de la députée locale, Sandrine Le Feur (Renaissance), veut contraindre les propriétaires de maisons de vacances à renvoyer leurs voitures de l’autre côté de la Manche. Détenir une automobile à l’Ile-de-Batz pour l’utiliser quelques semaines est « une aberration écologique et économique », selon l’édile.
Ici, l’essence s’importe par jerricanes. Au cœur des vacances scolaires, on marche aussi vite dans le village qu’on n’y roule.
Alors, la municipalité prépare une série d’arrêtés pour limiter la circulation et le stationnement aux beaux jours.
Éric Grall promet aussi des amendes à l’encontre des propriétaires de véhicules végétant sur l’espace public, comme ce tracteur qu’un résident secondaire conduit pour accueillir ses hôtes sur le port.

Un tracteur appartenant à un particulier garé près des habitations, à l’Ile-de-Batz (Finistère), le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

Des mesures qui risquent de déplaire.

Comme sur les autres îles, plus de 60 % des logements de l’Ile-de-Batz sont désormais des maisons de vacances. Leurs propriétaires s’inscrivent « massivement » sur les listes électorales de leur pied-à-terre, selon Philippe Le Bérigot, président de l’Association des îles du Ponant.
Ce dernier, aussi maire de l’Ile-aux-Moines, redoute une prise de contrôle des conseils municipaux des îles par des personnes ne les habitant pas à l’année.

La tension entre résidents permanents et temporaires enfle d’autant plus que le marché immobilier s’emballe.
Les rares bicoques à vendre se négocient à des tarifs parisiens devenus inaccessibles pour les insulaires. Ces derniers sont contraints d’épingler des annonces dans les commerces locaux dans l’espoir de trouver un bien à louer alors que la majorité des maisons gardent leurs volets fermés en hiver.

Une pancarte interpelle les élus de l’Ile-de-Batz (Finistère) à propos des logements. Près du port de l’île, le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »


Le maire de l’Ile-de-Batz a fait du logement « la priorité » de son mandat et promet la construction de huit maisons HLM. « Je veux des actifs sur l’île pour maintenir l’école élémentaire et le collège ouverts. Batz ne doit pas devenir une réserve d’Indiens », martèle-t-il, conscient que les pouvoirs publics ont tardé à enrayer l’hibernation des îles.

Devant le port de plaisance de l’Ile-de-Batz (Finistère), le 28 juillet 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

Le taxi s’arrête.
Éric Grall descend et s’engouffre dans le centre de secours géré par des pompiers volontaires habitant la commune. La veille, ils sont intervenus à trois reprises, notamment pour un accident vasculaire cérébral.
Le maire profite de la venue de gradés et d’élus du continent pour défendre le financement de l’agrandissement de cette « indispensable » caserne qui manque de chambres, d’une salle de sport ou d’un vestiaire pour les femmes. L’assistance approuve : « Nous devons être à l’écoute des îles, où tout est deux à trois fois plus compliqué qu’ailleurs. »

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

27 réflexions sur « Éric Grall, maire de l’île de batz, interviewé par B.Keltz journaliste du Monde… !!! »

  1. oui il est évident que ce ne doit pas être facile à gérer une île où chacun veut son bien être et l’argent du touriste dérange certains
    Enfin je te souhaite une belle vie sur ton île terre de tes anciens sûrement …
    Bonne journée

  2. Je comprends mieux les problèmes rencontrés sur ton île, pas facile à gérer tout ça!
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  3. Bonjour Zaza, une île ce n’est pas facile de gérer entre les résidents et les gens qui ont une résidence secondaire. Heureusement pour toi, tu es maintenant partie prenante dans ton île, ton billet nous a fait toucher du doigt tout ce qui est compliqué dans une île. Bisous bonne journée MTH

  4. Bonjour Zaza.
    Merci d’être passé pendant mon absence.
    Nous avons eu le plaisir d’avoir notre plus jeune fils et ene de ses filles que nous n’avions pas revue depuis longtemps, avec nous pendant une semaine et j’ai oublié mon blog.
    J’espère que tout va bien et je te souhaite un bon week-end.
    Bisous de nous deux.

  5. Pas simple, effectivement, de gérer une île…..en temps normal….alors avec l’arrivée des « résidents secondaires » qui se prennent pour les rois et celle des hordes de touristes, il doit souvent avoir des nuits agitées, M le Maire !

    Bonne journée

  6. Bonjour Zaza,
    Merci de nous faire part de cet article qui nous montre tous les problèmatiques que l’on rencontre sur une ile surtout avec le changement climatique dont les lois sur l’écologie qui viennent se greffer et je pense que celà n’est qu’un début avec la montée des océans ….. .
    A lire , il faut mieux être visiteur d’un jour plutôt qu’insulaire
    Bon weekend
    Amitiés

  7. Bonjour, tu as eu raison de ne pas te laisser faire; profite bien de ton pied à terre, quand il n’y a pas ces maudits touristes ! mr le maire devrait imposer des quotas ;) je te souhaite un bon week end, bisous

  8. Eh bien ce n’est pas évident de gérer une île !!
    Merci pour ton billet qui nous explique les difficultés rencontrées sur les îles. Ne serait-ce que celle des déchets… Et puis les tensions entre les résidents et les vacanciers…
    Tu as bien raison de profiter de ton petit paradis, un max !!
    Bisous ma Zaza

  9. Dès qu’un endroit est touristique, les tarifs s’envolent .. Gérardmer, Obernai ..bref pour les locaux pas facile.
    Merci pour ce grand article.
    Tu as raison de mettre ta maison en résidence principale.
    Bises

  10. Difficile décision en effet mais qui te tenait à cœur étant aussi ilienne voire plus que d’autres même résidents principaux. Pas facile la gestion des îles en effet et fort intéressant cet article bises

  11. bonsoir
    j’ ai lu ton article avec intérêt
    je me demandais souvent comment se gérais l ‘ile l ‘été avec cette affluence de touristes
    tu le sais j’ habite une station balnéaire ou je vit toute l ‘année , chez nous c’est une presqu ‘ile , donc les voitures en grand nombre ont du mal à circuler l ‘été , les touristes sont trés nombreux la population est surement multipliée par 4 maintenant , les maisons sont beaucoup segondaires , dans ma ruelles huit maisons , dont deux habitées à l ‘année
    les vacanciers qui louent arrivent souvent avec trois véhicules par maisons je te dit pas les embouteillages , à chaque saisons nous ne savons pas ou nous garer , maintenant les vélos sont nombreux aussi c’est la mode
    je ne vais pas en vélo au bourg j ai mal à une cheville qui avait eu une entorse mal soignée , donc j ‘ai ma voiture petite C1
    et j ai aussi mes poubelles à monter au bourg pas commode à pieds

    pour te dire que l ‘été qui à été superbe , pour moi je préfére l ‘automne
    nous allons respirer …

    ( tu sais pourquoi je ne prendrais pas la vedette pour passer sur l ‘ile
    trop de monde )
    bonne soirée pour toi
    bises
    kénavo ZZA

  12. même les endroits ressemblants au Paradis, ont leurs problèmes. Article intéressant et je comprends que tu sois passée en résidence principale, d’autant qu’a te lire plusieurs à ce sujet on sent combien tu aimes ce lieu
    bises

  13. tres interesant chere Zaza, continuez a defendre votre ile , pas toujours facile la gestion avec ce flot de touristes… porte toi bien grosses bises

  14. Difficile la vie d’un maire et j’ai l’impression que le votre prend son rôle au sérieux.
    Facile à comprendre ta décision d’être résidente permanente.
    Nous avions vu un reportage qui disait un peu tous ces problèmes mais pas sur ton île.
    J’imagine la barge pour les ordures ménagères !
    Bonne soirée Zaza

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