ERREUR FATALE … !!! – 23/31

Le commissaire Tarlouse veut jouer les gros bras !

jean richard

Le spectacle devient irréel, presque insoutenable !

Sans remarquer Jacky, le serveur continue à prendre les commandes et à servir, tout en demandant immédiatement :

– «Je peux encaisser tout de suite, s’il vous plaît ?»

Le contorsionniste sort un « morlingue » rempli de biftons, le pose et l’ouvre sur son plateau, y enfouit le billet qu’il vient de te prendre, referme le portefeuille, le range, te rend la monnaie en puisant les piécettes dans la multitude de poches ornant son gilet, et cela, sans jamais se tromper … en sa défaveur !

Jacky a l’impression qu’ils ne sont pas près d’être servi. Il en a marre de faire des signes comme un demeuré au marchand de limonade ! Viendra ou ne viendra pas ??? Après tout, pour le moment, ils sont assis et c’est gratuit.

Meg et Tarlouse parlent de Tassart. Apparemment, le commissaire connaît monsieur Georges ! D’après lui, c’est un gros poisson que tous les flics de France essaient de pêcher, mais, jusqu’à aujourd’hui, impossible, par manque de preuves !

La pluie ruisselle sur les grandes baies vitrées du troquet. Les gouttes d’eau, qui constellent les glaces, déforment la vie extérieure, diffractent la lumière des phares qui enroulent la place de la République. Les uns après les autres, les faisceaux lumineux des automobiles, balayent la terrasse du troquet, l’éblouissent lorsqu’ils prennent possession de l’axe de ses yeux et disparaissent dans la lumière noire de la nuit.

Une grosse bagnole se gare en double file, devant le bistrot. Avec la manche de sa veste, il éponge la buée qui estompe la chignole. C’est une Mercedes. Un type en descend et se dirige vers l’entrée de la brasserie. Jacky le suit du regard, il pousse la porte et pénètre à l’intérieur, accompagné d’un courant d’air froid et humide.

Une drôle de tronche ce mec ! On le croirait directement sorti d’un film de série B, où il jouerait les gangsters de service. Il évolue sur des pompes bicolores. Un costard rayé, de bonne coupe, le vêtement avantageusement. Sa gueule, en lame de couteau, s’abrite sous un galure genre Borsalino.

Jacky reluque de nouveau la charrette ! Sous la pluie, elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle qui avait abandonné Ange Sanguinnetti, au deux de la rue d’Oslo. Son imagination embraye sur les chapeaux de roue. Ange est « mortibus », mais Léonard Braqueux son complice présumé … !

Le desperado trace directement vers le comptoir et s’y accoude. Sans qu’il ait rien demandé, le barman le gratifie d’un Balvenie Single Barrel de quinze ans d’âge. Apparemment, ce gnasse n’est pas inconnu du personnel, et ce n’est pas un amateur de pisse d’âne. Tranquillement, il sirote son whisky, puis se dirige vers le fond de la salle.

L’escalier qui mène aux toilettes lui tend ses marches, il les emprunte. Ses jambes, son buste, puis son bitos, disparaissent dans les profondeurs du sous-sol. Au moment où l’esprit de Jacky est sur le point de se laisser accaparer par d’autres consommateurs, le garçon qui sert en salle et qui ne les a toujours pas remarqués, pose son plateau, et fonce sur les traces de l’homme à la Mercedes.

Ce manège l’interpelle, et sans savoir trop pourquoi, il en fait part à ses deux compagnons.

– « Meg, commissaire… Vous voyez la Mercedes, dehors ?»

– «Oui… Et alors ?»

– «Alors, elle ressemble à s’y méprendre à la caisse de la rue d’Oslo …»

– «Celle qui contenait les portes-flingues de Tassart ? » Demande Meg en notant le numéro d’immatriculation de la voiture.

– «Yes ! Et l’apache qui en est descendu, a une tronche de pas net et des allures de pas faux cul !»

Il leur explique le micmac avec le barman.

– «Ne bougez pas». Gronde Tarlouse en se levant.

Sa fringante va pour lui emboîter le pas !

– «Restez ici ! A cette table ! Et surtout n’intervenez pas. C’est compris ?»

– «Mais !»

– «Il n’y a pas de mais, si c’est le bonhomme auquel Gobé pense, il peut être très dangereux !»

– «Et vous ?» Demanda Jacky.

– «Moi ? C’est mon métier et j’ai de l’expérience. Allez ! Attendez-moi bien sagement ici.»

Tarlouse se dirigea vers le comptoir et pris place à côté du verre de notre soupçonné. Il s’écoula à peine deux minutes et Jacky vit réapparaître le couvre-chef de la terreur, puis son corps et ses jambes. Au moment où celui-ci passait à proximité de Tarlouse, le commissaire lui barra le passage en lui montrant une carte rayée de bleu, blanc, rouge.

C’est à peine s’il vit la suite. Tout se passa tellement vite !

Deux coups de feu claquèrent. Léonard Braqueux (La suite leur apprit que c’était bien lui …) écarta le commissaire d’une bourrade et détala vers la sortie. Le moteur de la Mercedes hurla et la bagnole s’arracha de leur champ de vision.

Tarlouse, de sa main gauche, compressait son ventre. Son regard, étonné, découvrit la douleur. Ses genoux, tout à coup surchargés, plièrent de plus en plus. Sa paluche droite, tout en serrant sa carte de flic, chercha un appui. Elle ne trouva que le vide. Dans un bruit sourd, le grand et gros corps du poulet s’affala dans la sciure, les papiers gras et les mégots. La musaraigne et Jacky, se précipitèrent.

Agenouillés auprès du commissaire, ils comprirent qu’il se séparait doucement, mais sûrement de sa vie. Meg lui prit sa  paluche dans sa main pleine de vie et de jeunesse et d’une voix qu’elle aurait voulue plus ferme :

– «Faites pas le con commissaire … Accrochez-vous ! Serrez les dents, dans quatre, cinq heures il fera jour.»

– «Non Meg !» Grimaça Fabien. «Non, ton soleil et moi, on est fâché pour toujours.»

– «Ne dis pas de bêtises ! Lutte mon flicaillon, mets-toi des coups de pied dans l’cul ! »

– «Je n’ai plus l’temps et je n’suis pas assez souple !»

– «Bats-toi ! MERDE !»

– «Trop tard … Meg ! Trop tard ! Écoute, ma gazelle, Tassart et sa bande ne sont pas des gugusses pour toi et ton Eddy. Ce sont des méchants, de vraies ordures. Laisse tomber ma biche… ! Laisse tomber … promets-le-moi.»

Il ne sut jamais si Meg aurait promis, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle n’en a pas eu le temps !

Juste à la fin de sa phrase, un spasme secoua le seul perdreau qui leur était sympathique et Tarlouse tira sa révérence en avalant son bulletin de naissance !

Bien entendu, les condés les plus proches du Thermomètre furent ceux du commissariat principal, du 12/14 passage Charles Dallery, dans le onzième. Tarlouse y avait ses bureaux.

Meg et Jacky ne les avaient pas attendus, partant à la poursuite garçon de café qui avait suivi Braqueux dans les sous sol du Thermomètre.

Deux heures après ils se retrouvaient accoudés au parapet du pont Neuf.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

21 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 23/31 »

  1. Oh j’ai l’impression de relire un vieux SAN ANTONIO dans tes tournures de phrases tu es au top PAUVRE COMMISSAIRE le voila chez les anges!!!!!!!!!!!condoléances hihihiihi bonne journée ma belle tu devrais faire publier

  2. Plus que jamais, cela ressemble à du San Antonio. Dis, où as-tu appris tout cet argot ?
    Et puis les photos que tu mets dans le récit me font sourire. On se croirait vraiment dans un film, c’est sûr. Je n’aurais quand même pas cru que le commissaire y passe lui aussi. Mais qui va-t-il rester à la fin ?
    Amicalement.

    1. Même si je suis d’origine bretonne, je suis tout de même née en région parisienne, en fréquentant l’école de la vie et de la république chez les « TITI » parisiens. Mon papa excellait dans ce domaine en nous racontant des fables de La Fontaine en argot. Et comme les chiens ne font pas des chats !!! 😄

  3. Et nous voilà repartis sous d’autres cieux. Adieux Mr Tarlouze votre billet de naissance vous est passé en travers de la gorge.
    C’est pas bien il devenait attachant ce brave homme.

    J’ai vu le commentaire précédent il va dans le même sens que moi. Madame San Antonio. Rire!

    Belle journée et bisous

    EvaJoe

  4. Une mort sur le terrain, pauvre Tarlouze… l’émotion de Meg est communicative. Je me régale avec tout cet argot, un langage plein de vie qui fait frétiller nos méninges, merci Zaza, je te souhaite une très belle journée, gros bisous
    Cendrine

  5. Bonjour Zaza .
    Je crois qu’aujourd’hui il va neiger cet après midi d’après la météo .
    J’espère seulement que ça ne sera qu’une petite couche car je n’ai pas trop envie de faire du déneigement .
    Je te souhaite un bon Mardi .
    Bisous de nous deux .

  6. Je suis d’accord avec une autre blogueuse, on dirait du San Antonio ! J’en ai lu pas mal quand … j’étais jeune … Comment vont se débrouiller ces deux jeunots maintenant qu’ils n’ont plus leur flic préféré !
    Demain …

  7. Re-Zaza,
    Triste, c’est sûr… Un métier à risques, que celui de poulet, ça me rappelle un flic qui me disait un jour que c’est dangereux, mais qu’un vrai flic aime et ne recule pas devant le danger. Assez compliqué à comprendre pour le quidam lambda, mais heureusement pour nous et pour toute la société qu’ils ont (globalement) cet état d’esprit.
    Il y a de jolies trouvailles d’expression dans ton texte, plein que j’adore. Mais par-dessus tout, je crois que c’est ce « […] tira sa révérence en avalant son bulletin de naissance » que je préfère. Formidable !
    Je te souhaite un agréable mardi, l’amie. Bises.
    FP

  8. Adieu poulet!!! C’est pas le titre d’un film, ça? En tous les cas, tu nous as choisi deux belles gueules du cinéma. Je t’embrasse, ma chère Zaza.

  9. Oh flute alors feu Tarlouze avec cet épisode , il m’était sympathique ce policier bon il va falloir qu’ils se méfient les tourtereaux .
    Je comprends mieux en lisant ton commentaire ton excellence dans l’argot .
    Bonne soirée
    Bisous

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