ERREUR FATALE … !!! – 30/31

En route pour l’hôpital de Chartres !

Accroché au tableau de bord, un téléphone lui fit un clin d’œil. Il s’en empara et appela la gendarmerie la plus proche.

Et l’enquête continue !

Les tuniques bleues se pointèrent dans le quart d’heure suivant. Ce n’était pas tous les jours, que de tels faits divers égayaient leur campagne profonde beauceronne. Ils étaient débordés, couraient dans tous les sens. La radio des pandores grésillait sa phraséologie militaire, d’une manière ininterrompue :

– «Ici renard à la queue rousse appelle taureau futé pour quatre ambulances !»

Ils sont bizarres ces mecs-là ! Ils ne peuvent pas s’appeler Roger ou Gaston comme tout le monde. On dirait des gamins qui jouent à la gué-guerre. Enfin ! L’essentiel, c’est l’efficacité et ça fonctionne ! Les véhicules réquisitionnés ne tardèrent pas à «pin-pon-ner» la campagne.

Les cas de Meg et de Braqueux étant jugés critiques, sa musaraigne et le tétraplégique furent immédiatement dépêchés vers l’hôpital de Chartres. Tassart eut droit à un drap en travers de la tronche, et prit le chemin de la morgue. Jacky, pauvre de lui, n’étant que très légèrement touché, restait momentanément au Manoir du moulin, pour tenter d’expliquer au capitaine de gendarmerie, les tenants et les aboutissants de ce sombre carnage. Attentif et appliqué, ce fils de la grande muette prenait moult notes, tandis que ses hommes fouillaient de fond en comble le moulin. La découverte d’une forte somme d’argent, de plusieurs kilos de farine hallucinogène et d’une quantité impressionnante d’armes à feu, conforta son récit aux yeux du porteur d’uniforme. Il fallut néanmoins qu’il mimât un étourdissement, pour être dirigé vers un établissement de soins.

Braqueux grippa définitivement sa pompe à oxygène durant son transport à l’hosto, ce qui évita de salir une paire de draps. Meg fut opérée dès son arrivée chez les carabins. Comme elle était à jeun depuis le midi de la veille, il fallait profiter de l’occasion.

Jacky et son égratignure, attendirent que du personnel hospitalier veuille bien s’occuper d’eux. Une infirmière, genre vieux cheval de retour, ayant enfin fini ses mots-croisés, se dirigea vers lui et tout en examinant sa blessure lui demanda :

– «Alors ! Qu’est-ce qu’il a le bout d’homme ?»

A l’hôpital, on devient rapidement un être à part. On est un malade, on n’est plus un humain ordinaire. On vous parle à la troisième personne et on ne vous appelle plus monsieur.

– «Aie ! Vous me faites mal !»

– «Oh ! Il est douillet le coco. Il faut pourtant bien que j’écarte les lèvres de la plaie, pour voir si elle est profonde !»

Bout d’homme, coco ! Dans cinq minutes, elle va l’appeler, petit père et ensuite pépère …

– «Bon ! Allez mon gamin ! Il va venir avec la dame dans la salle de soins. Ce n’est pas bien grave, je désinfecte son bras-bras et le médecin va lui faire trois petits points.»

Il attend encore une demie heure assis sur une chaise, entre deux portes, dans un couloir, en maintenant son bras-bras droit avec sa main-main gauche. Le médecin annoncé pointe enfin son nez. Elle est vachement bien roulée, le docteur ! Vingt-cinq ans, un corps de déesse, mais peu d’expérience. La vache ! Elle sait à peine coudre, au dernier point, il manque de tomber dans les pommes. Elle aurait mieux fait d’être charcutière ! Quoique avec son accent seizième !

– «Mon cher, mon ingérence dans votre quotidien est consommée. Madââme Pinguet, notre infirmière, va vous concocter un pansement dont vous me direz des nouvelles. Bye  très cher, je ne vous dis pas à bientôt …»

Elle le quitte pour laisser la place à la panseuse.

– «Alors ? Qui c’est le garnement qui va avoir une belle compresse sur sa belle couture ?»

– «C’est moi.» Soupirait-il accablé par tant de connerie. «Je vais être hospitalisé ?»

– «Oh! Il n’y pense pas ! Pour un petit bobo de rien du tout !»

– «Et … il sort comment ?»

– «Il sort comment ?! Comme tout le monde, par la porte !»

– «Ce n’est pas ce que je voulais dire », « Il sort comment ? » signifiait «Il sort dans cette tenue ?»

– «Comment ça dans cette tenue ?»

– «Ben oui, les gendarmes m’ont amené comme ça, en slip.» Articulait Jacky. «Mes fringues, c’est ma copine qui les a.»

– «Sa copine ?»

– «Oui, Meg Duchemain ! En ce moment elle est ici, sur le billard.»

– «Bon, il attend là, je vais voir ce que je peux faire.»

Elle le quitta et revient cinq minutes plus tard, en portant ses habits sous son bras.

– «Voilà !» Dit-elle en lui tendant ses nippes. «Son amie est sortie de la salle d’opération. Ça c’est très bien passé.»

– «Je peux la voir ?»

– «Non, elle dort encore. Faudra qu’il revienne en fin d’après-midi.»

– «OK ! Merci.»

Il enfila ses hardes et quitta cette femme parfumée à l’éther. Quinze heures. Il est dans Chartres et entre dans la vieille ville. Les rues piétonnes sont très commerçantes. De nombreux passants déambulent, de vitrines en vitrines. Il arrête une brave ménagère tirant un cabas à roulettes et lui demande :

– «Vous ne sauriez pas où je peux trouver un grand magasin, dans le coin ?»

– «Si ! Vous prenez tout droit, vous faites deux cents mètres et sur votre gauche, vous trouverez Eurodif, rue Marceau !»

– «Merci madame.»

Il continue son chemin, et effectivement, tombe bientôt sur la grande surface en question. Au moment de rentrer dans le magasin, l’angoisse le prend un max ! Son portefeuille ? Il fouille dans la poche intérieure de son veston, et, rassuré par la présence de cet étui en cuir qui après vérification contient toujours ses papiers, son fric et sa carte bleue, il franchit le seuil du grand bazar. Son problème, c’est d’acheter des fringues pour sa musaraigne. Elle n’a plus rien à se mettre son impudique, et dans les hôpitaux, à part prêter une chemise américaine qui se ficelle dans le dos et laisse le cul dans les courants d’air … Si seulement elle était là pour essayer ! Il se dirige vers le rayon de vêtements féminins. Par chance, une vendeuse ayant à peu près la même morphologie que sa sarcelle, s’occupe en rangeant des jupes. Il lui expose ses ennuis vestimentaires, lui explique qu’il lui faut de quoi vêtir décemment une jeune femme hospitalisée, ayant à peu près sa taille. Une heure plus tard, il est de nouveau dans la rue. Il croule sous les paquets. Il a choisi du classique pour son mannequin adoré ! Il a pris deux belles chemises de nuit. Attention ! Pas des brassières transparentes qui s’arrêtent au nombril ! Non ! Des longues, douillettes, en coton bien épais. Des avec lesquelles elle pourra se promener dans les couloirs de l’hosto, sans faire disjoncter les pacemakers des cardiaques. Il lui aurait bien acheté un pyjama, mais, avec sa jambe ! Parmi ses emplettes, se trouvent également deux gentils slips, des chaussettes et des pantoufles. Lorsque la vendeuse lui a parlé de soutien-gorge, il s’est trouvé bien embarrassé. Tout en rosissant, il a bien tenté avec ses mains, de lui mimer un volume approximatif mais, d’un commun accord, ils convinrent que sous une chemise de nuit, cet accessoire n’était pas d’une absolue nécessité. Arrivé sur la place des Epars, il héla un taxi.

– «Bonjour, pouvez-vous m’emmener au Manoir du moulin à Bonneval ?»

– «OK ! Montez, on y va !»

Le taximan le déposa juste à l’entrée du chemin menant au moulin. Il régla la course, et dès que son chauffeur se fût éloigné, il alla récupérer sa clio. Sa caisse était toujours là. Il déposa ses paquets sur la banquette arrière et se glissa au volant. Contente de retrouver son driver favori, sa trottinette démarra au quart de tour et il repartit pour l’hôpital. A dix-huit heures, lorsqu’il pénétra dans sa chambre, Meg n’était toujours pas réveillée. Il l’embrassa, lui pris la main et l’appela doucement.

– «Meg … C’est Jacky, tu m’entends ?»

Elle ouvrit un œil, lui sourit puis se rendormit. Immédiatement, il comprit que la nuit serait longue et il ne se trompa pas. Vers vingt heures, une aide-soignante compatissante lui apporta deux yoghourts et une pomme. Meg, qui trouvait qu’il avait un peu trop de ventre sera sans doute contente, car depuis deux, trois jours, il était plutôt au régime jockey. Il avala ce repas de malade, puis, calé dans un fauteuil, comptait les coups du carillon de la chapelle de l’hôpital, jusqu’à cinq heures du matin. A sept heures, ce fut Meg qui le réveilla. Sa musaraigne était en pleine forme, mais lui !

– «Eddy !»

– «Ouais …» Répondit-il en baillant. «Comment te sens-tu ma caille ?»

– «Impeccable ! Reposée ! Et j’ai une sacrée faim ! Ils t’ont dit quand je sortirai d’ici ?»

– «Non, je n’en sais rien. De toute façon, ne crois pas que tu vas rentrer chez toi aujourd’hui ! Ni aujourd’hui, ni demain d’ailleurs, tu as été opérée, anesthésiée, ils vont bien te garder trois, quatre jours.»

– «Hein !»

– «Il n’y a pas de «hein !» qui tienne, et arrête de gigoter comme ça, tu vas arracher ta perfusion. Tiens !» Dit-il en lui tendant les paquets. «Je t’ai acheté quelques effets pour ici. Tout à l’heure je vais rentrer à Paris, et demain ou après-demain, je te rapporterai des vêtements pour que tu puisses sortir.»

Comme une enfant enchantée et curieuse, elle arracha les papiers cadeaux. Elle déballa tout et disposa chaque chose, devant elle, sur son lit.

– «Merci Eddy.»

– «Tu es contente ?»

– «Oui …»

– «Ça n’a pas vraiment l’air !»

– «Mais si !» Sourit-elle en l’embrassant, «mais …»

– «Tu trouves que mon choix est un peu trop classique ?»

– «Classique ? Mémère tu veux dire !»

– «J’aurais bien pris des pyjamas, mais, avec ta cuisse …»

– «Ne fais pas cette trombine Jacky, je suis contente. Allez ! Viens ici !»

Il s’assied au bord de son pucier, elle le prit dans ses bras et lui roula un patin d’enfer.

– «Je t’aime.» Murmura-t-elle à son oreille.

Sa fatigue s’envola d’un seul coup, sa main gauche se glissa sous sa chemise à la recherche de ses seins, tandis que la droite caressait sa nuque !

– «Hum! Hum ! Vous prendrez du café ou du thé ?» Demanda l’agent hospitalier qui venait de rentrer dans la pièce, en poussant un chariot chargé de brocs fumants.

– «Deux cafés avec des croissants.» Répondit-il en s’écartant de son amoureuse.

– «Je n’ai pas de croissants. Vous voulez des biscottes du beurre et de la confiture ?»

– «Ça ira très bien,» affirma Meg, «merci beaucoup.»

Ils eurent droit à deux grands bols de café au lait fumants, dans lesquels ils trempèrent leurs biscottes surchargées de beurre et de confiture. Une fois ce petit déjeuner terminé, tandis qu’il en débarrassai les reliefs, Meg, avec une grimace, caressa sa poitrine.

– «Tu as mal ?» Demanda-t-il inquiet.

– «Oui, une douleur !»

Tout en parlant, elle souleva sa chemise. Sur son airbag à nourrisson droit, une vilaine petite brûlure ronde, profonde et incongrue, rappela à Meg sa détention de la veille.

– «C’est ce salopard de Braqueux avec sa cigarette.» Rageât-elle. «J’espère qu’il va en baver des ronds de chapeau !»

– «Il a rendu l’âme pendant son transport à l’hôpital.»

– «Dommage ! Heureusement que tu es arrivé au moulin, Jacky ! Sinon …» Un frison rétrospectif la secoue. «Sinon, je ne serais pas là en ce moment. Comment as-tu fait pour savoir où j’étais ?»

– «Tu te rappelles le petit bout de papier que tu as jeté dans la Seine, du haut du pont Neuf ?»

– «2627 ABC 28 ?»

– «Oui, 2627 ABC 28 !»

Il lui raconta sa transaction avec l’inspecteur François Wibert. Qu’il lui donna le nom et l’adresse du propriétaire de la Mercedes, et, en contre-partie, il devait disparaitre de son espace vital à tout jamais !

– «J’ai eu de la chance. Ça s’est joué à une petite heure !»

– «Oui Meg, à une petite heure, et heureusement que Tassart avait une course à faire à Chartres !»

– «Heureusement ! Dis donc Eddy ?»

– «Yes ?»

– «D’après le beau Georges, ce n’est pas lui qui a commandité la noyade de Jean.»

– «Non, c’est ce qu’il nous a affirmé … ce n’est pas lui.»

– Tu te rappelles notre soirée aux «Pissenlits par la racine» ?»

– «Oh que oui, je me la rappelle ?! Faudrait être complètement amnésique pour avoir oublié ça !»

– « Tu te rappelles quand je t’ai raconté le début de l’affaire de Maragne. A un moment, je ne sais plus d’ailleurs pourquoi, tu m’as demandé si Jean n’avait pas d’autres affaires en cours.»

– «Oui, je me souviens. Tu m’as répondu qu’il en avait une histoire de cocu ! Oui, c’est ça, un type trompé qui faisait suivre sa femme.»

– «Exact, Eddy ! Le comte Brocard de Saint Germain. Je me souviens de son nom, parce que, porter des cornes avec un blase pareil, il faut le faire exprès, ce n’est pas possible autrement.»

– «Pourquoi ?»

– «Pourquoi ?! Ton inculture me déçoit, mon cher Eddy. Enfin, revenons à notre chevreuil.»

– «Nos moutons ! On dit à nos moutons.»

– «Oui, à nos moutons. Tu ne sais pas mon petit Eddy chéri ?»

– «Non ! Mais je crois que cela ne va pas tarder.»

– «Moi, je suis ici, clouée sur mon lit de souffrance. Mais toi, mon sauveur adoré, tu peux te déplacer, et demain, tu ne travailles pas.»

– «Oh ! Tu m’inquiètes, tu te fais bien trop chatte pour être honnête. Tu vas me demander quelque chose.»

– «Ben ! Tu pourrais peut-être aller poser quelques questions, au comte Brocard de Saint Germain !»

– «Hein ?!»

– «Je crois qu’il habite dans le seizième. De toute façon, avec les pages blanches sur internet, tu trouveras bien !»

Après le délicieux petit déjeuner offert par l’hôpital de Chartres, il a flemmardé toute la matinée auprès de son opérée.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

19 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 30/31 »

  1. Une autre affaire viendrait-elle se greffer sur la première, ou bien se sont-ils trompés ?
    Pour la tenue des malades à l’hôpital, as-tu su que désormais c’était interdit de porter ce truc avec le cul à l’air ?
    A demain pour la suite.
    Amitié

  2. Ah, la résolution finale est presque là et je suis déjà triste de penser à cette page là…
    En attendant, j’ai adoré comment notre Jacky est aux petits soins pour Meg avec la description des emplettes etc… Terrible, la « virée » hospitalière!!! Je ne peux m’empêcher de penser à des « choses »… Toujours cette verve qui te caractérise et qui suscite l’adhésion, bravo Zaza et plein de gros bisous d’amitié tous chauds!
    Cendrine

  3. Comment il n’y a pas de croissants à l’hôpital? hi!hi!hi! Ils vont roucouler dans la matinée, non? Bon, on attend la suite. Bises du mardi, ma Zaza

  4. Flute alors le feuilleton quotidien va bientôt se terminer mais je suis sure que tu as prévu une suite , c’est tellement top que je suis devenue accro .
    Bonne journée
    bisous

    1. Il y aura certainement une autre nouvelle dans un registre un peu différent… Vous avez l’air d’aimer, alors pourquoi ne pas rediffuser certains de mes écrits. Bisous, bisous

  5. Bravo Zaza tu écris superbement mais comme déjà dit qq difficultés pour suivre mais le coeur y est ma !zaza ! Bisous du soir le soleil commence à se cacher il fait 5° va pas faire chaud cette nuit !

  6. Bon, ce n’est pas le top du top : de loin, ça va sans lunettes mais de près rien ne marche, les verres ne sont plus adaptés !!! j’essaie quand même d’écrire mais ça me fait loucher , je rigole mais je dois attendre un mois comme ça !! Je ne loupe pas ton écrit pour autant !

  7. Wahoo ! Je vois que tu continues à écrire !
    Pas trop eu le temps de passer sur les blogs…Je vais revenir en arrière pour te lire !
    Je n’aime pas trop les épisodes et je vais lire tout en une fois !
    Bonne soirée à toi

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