ERREUR FATALE … !!! – 5/31

Les pissenlits par la racine !

A proximité du restaurant, une mélopée arabe, lancinante, s’échappe d’une épicerie.

Le maître des lieux, assis sur un cageot de légumes, fume un narghilé. Son esprit est ailleurs, sur un tapis volant, flottant dans la fumée.

– «C’est ici», indique Meg.

– «-Les pissenlits par la racine-. C’est le nom du restaurant ! »

Il avait bien quelques craintes, en laissant Meg choisir. Elles étaient fondées ! Ça sent la crudité, le savant mélange de salades et de tomates, ou alors de pissenlits et d’olivettes, ou bien encore de solanacées dicotylédones gamopétales en vinaigrette ! Ils entrèrent.

– «Bonsoir, c’est pour manger ? Deux couverts ?» Récite une serveuse.

– «Bonsoir, oui c’est pour manger. Nous sommes deux», répond Meg.

– «Il me reste une table près de la fenêtre, sinon au milieu ou au fond de la salle. C’est comme vous voulez.»

Ils s’installèrent au milieu, près du mur. Le décor est résolument : «Spécial Parisien». Un peu l’étable du père Joseph, mais en plus mensonger.

Pour Noël, l’épicier du coin, vient avec deux de ses potes déguisés en rois mages et le tour est joué !

L’accorte souillon leur apporte les menus. Un sans prix pour Meg et un avec pour lui, comme chez les grands chefs !

Par-contre, comme prévu, des assiettes de crudités sont proposées en hors d’œuvres, et la calligraphie du patron leur suggère une salade composée, ou une salade royale, comme plat de pseudo résistance.

– «Deux crudités et deux salades composées.» commande Meg.

– «D’accord et comme boisson ? Je vous conseille une petite eau de source, que nous importons directement de notre belle province Charentaise.»

– «Ce n’est pas possible, c’est pour la caméra invisible. Il n’y a ni vin, ni cochon en Charente ?» Risqua-t-il.

– «Oh ! Si monsieur, d’ailleurs dans la salade composée, salade ou pissenlit aux choix, quinoa, poivron rouge, pois chiches, olives Kalamata, maïs, tomates, féta, arrosé d’une petite vinaigrette : basilic, huile olive, vinaigre balsamique. Mais pour vous monsieur, nous pouvons ajouter quelques copeaux de jambon cru. Ensuite il est possible de vous proposer un plateau de charcuterie pour deux. Et si vous désirez du vin, nous avons un petit «Vite à boire», dont vous me donnerez de nouvelles.»

– «Ah ! Mais palsambleu ! Diablesse, fallait l’dire plus tôt ! Donnez-nous donc une carafe de votre «Vite à boire». Laissez tomber les crudités, par contre la salade composée avec des copeaux de jambon cru et agrémentez-la suite d’un plateau de vos cochonnailles. Allez soubrette, courez, volez en cuisine préparer nos agapes.»

Mie-amusée, mie-inquiète, la serveuse prit la commande et l’accrocha au clou idoine, près du passe-plat. Puis, se dirige vers un bar rustique. Prend une bouteille d’eau, prépare la carafe de pinard et nous apporte le tout.

– «Je sers le vin, le goûte», et s’adressant à Meg. «Alors ! Si tu m’expliquais !»

– «Tu es sûr, de vouloir entrer dans ce cirque Eddy ? Une fois en piste, tu ne pourras peut-être plus reculer !»

– «Allez ! Meg, j’adore les feux de la rampe et je suis déjà dans ton «Médrano». Accouche ma grande !»

– «Deux mois avant de mourir, Jean a été chargé d’une étrange affaire. Il est mort le dix juillet. Nous étions donc en mai. Le cinq mai, en fin de matinée, une certaine Claudine de Maragne, (Grosse fortune, son mari exploite des marais salants), a téléphoné à l’agence. C’est moi qui ai pris la communication. Elle désirait un rendez-vous immédiat. A l’époque, l’agence ne marchait pas fort. Jean reçu Madame de Maragne, l’après-midi même, vers quinze heures. Elle n’est restée que peu de temps avec Jean. Une demi-heure plus tard, elle repartait. Elle avait l’air moins tendue qu’à son arrivée. Jean sortit du bureau, dès qu’il entendit la porte palière se refermer. Il était tout joyeux. Brandissant un chèque, il sautillait sur place, comme un gosse, en chantonnant : »

– «Cinq mille euros, j’ai joué gagnant, c’est un régal».

« Je le vois comme si c’était hier, j’entends encore ses paroles : »

«Du velours, cette affaire, Meg, cinq unités pour retrouver une étudiante qui, à coup sûr, est partie avec un galantin. Dès qu’elle sera lassée de voir les feuilles à l’envers, elle reviendra toute seule».

« Du velours qu’il disait. Il aurait pu dire du satin dans du sapin et quatre poignées autour. C’est ce qu’il a eu cet imbécile, avec une couronne en prime. Tu sais Eddy, il est là ce grand con de Jean», murmura-t-elle en crispant sa main droite sur son cœur, « il me manque, même si je t’ai, même si toi aussi tu es là.»

Son poing fermé, frappait sa poitrine.

– «Ne te fais pas de soucis Meg. Il est assez grand pour deux, ton palpitant. On s’y serrera, mais on y tiendra. On y est bien dans ton métronome.»

Ses doigts qui jouaient avec ceux de Jacky et se figèrent. Elle serra si fort sa main gauche que ses phalanges blanchirent. Elle reprit son récit.

– «Jean m’exposa la conversation qu’il avait eue avec sa cliente. Après les présentations d’usage, il lui avait demandé : »

– «Madame, en quoi puis-je vous être utile ?»

– «Ghislaine de Maragne, ma fille, a disparu depuis une semaine.»

– «Disparue ?»

– «Oui… De La Palindrière. C’est le nom de la propriété familiale qui se situe aux alentours de La Rochelle. Ghislaine étudie la géologie, à la fac de sciences de Paris. Son père, par commodité, lui a acheté un studio, dans le cinquième. Ma fille et moi, sommes très liées, nous échangeons chaque jour, par téléphone.»

– «Vous échangiez ?»

– «Oh! N’allez pas vous imaginer, je ne sais quelles histoires, Monsieur, Monsieur ?»

– «Klockh, Jean.»

– «Non, Monsieur Klockh, rien d’extraordinaire, vraiment. Mon mari qualifie nos propos de «chiffonnades». Nous nous racontons nos journées, travail, repas, coups de cœur … »

– «Coups de cœur ? Vos … comment dirais-je … Rencontres ? »

– «Monsieur Klockh! Pour qui nous prenez  vous?»

– «Excusez-moi, Madame de Maragne, un détective doit poser certaines questions !»

– «Effectivement, mais tout de même. Nos coups de cœur se limitent à un film, un livre, une robe. Rien d’autre. Enfin, rien que la morale ne réprouve. »

– «La morale ! Permettez-moi d’insister madame, à votre connaissance, Ghislaine avait-elle un petit ami ?»

– «Dans notre milieu, Monsieur, on n’a pas de petit ami !»

– «Bon, si vous ne voulez pas comprendre, je vais vous poser la question autrement. Ghislaine avait-elle un amant ?»

Madame de Maragne est devenue écarlate, commenta Jean !

– «Il faut que je sache, c’est important.»

– «Non! Pas à ma connaissance. Ma fille est une jeune fille sérieuse, ses études la passionnent. Elle partage son temps entre la faculté, et la bibliothèque où elle effectue des recherches avec son binôme, comme elle dit.»

– «Son binôme ?»

– «C’est une expression algébrique formée par la somme ou la différence de deux monômes.»

– «Et c’est censé m’aider pour faire des recherches ? Une expression algébrique ?»

– «C’est également, dans le langage estudiantin, la personne avec laquelle on a l’habitude de travailler.»

– «Et elle se nomme comment cette personne ?»

– «Dufour, Dominique Dufour.»

– «Domino pour les intimes ? Elle ou il a un sexe ce ou cette Domino ?»

– «Comme tout le monde, je suppose.»

– «Mais encore ? De quelle nature ce sexe ? Fille ? Garçon ? Un peu des deux ?»

– «Garçon, un garçon sérieux, il ne fréquente ma Ghislaine que pour le travail.»

– «Est-ce qu’un garçon qui ne fréquente une fille que pour le travail, est un garçon sérieux ? Vous avez une photo de votre fille ? »

– «Je me demande si j’ai bien fait de m’adresser à vous.», pensa tout haut madame de Maragne en cherchant une photo de Ghislaine dans son sac. « Tenez en voici une. »

C’était une photo d’identité. Mais pas un photomaton, une photo faite par un artiste, genre studio Harcourt. Belle qu’elle était, sur le carton la Ghislaine. Blonde, mignonne, romantique, voire baisable !

– «Vous savez, madame de Maragne, le Domino, il est fort probable que chez Ghislaine, il apprécie autre chose que ses capacités cérébrales. Ils font de la recherche ensemble. Ils ont peut-être fait une découverte ! Autour d’un cerveau, il y a une enveloppe et une belle enveloppe ça incite souvent au voyage, ou alors, il est homo le Domino ?»

– «Je ne sais pas si Dominique est homosexuel. Évidemment, ma fille et lui, vous pensez qu’ils pourraient … ! Quand même ! Une semaine sans donner de nouvelles. Ce matin, en arrivant à Paris, je suis directement allée à l’appartement de Ghislaine. Il n’y avait personne.»

– «Vous êtes entrée ?»

– «Non, je suis partie précipitamment de la Palindrière, sans penser à prendre le double des clefs. Vous croyez qu’ils auraient pu fuguer ?»

– «A mon avis, il y a de grandes chances pour que ces deux tourtereaux soient descendus sur la côte, ou ailleurs, filer le parfait amour. Et monsieur de Maragne ? Que pense-t-il de cette histoire ?»

– «Louis-Charles-Edmond est inquiet, mais il veut croire à une fugue d’amoureux. Il ne sait pas que je vous ai contacté. Écoutez, retrouvez ma fille, dites-lui qu’il ne lui sera fait aucun reproche. S’il vous plaît monsieur Klockh, ramenez-la-moi. Tenez, voici un chèque en provision pour vos frais… Cinq mille ? Ça suffira ?»

– «Oh! C’est largement assez. Partez tranquille, je m’occupe de Mademoiselle Ghislaine, toute affaire cessante.»

– «Comme je te le disais, je la vis sortir, moins inquiète qu’à son entrée», reprit Meg. «Jean avait l’intention d’attendre, persuadé que Ghislaine allait réapparaître, avec pour tout dommage une paire de cernes sous les yeux. Je lui fis remarquer que pour cinq bâtons, il pouvait se remuer un peu, surtout qu’à cette époque il n’avait pas grand-chose d’autre à faire.»

– «Il n’avait pas d’autres enquêtes en cours ?»

– «Si, une seule, un cocu qui faisait suivre sa bonne femme…»

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

21 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 5/31 »

  1. J’ai continué avec plaisir la lecture. Je fais une pause blog entre les fêtes et ne pourrais pas lire la suite à moins que tu fasses une pause dans la publication de cette histoire aussi pendant les fêtes. Joyeux noël. Bonnes fêtes de fin d’année. Bisous

  2. Coucou ma Zaza, merci pour tes souhaits, t’as raison je n’ai pas le temps de trop penser! j’espère que tu vas un peu mieux. Passe un joyeux Noël et vivement que cette année se termine en souhaitant que la suivante soit moins sanglante! plein de bisous à vous deux et des léchouilles à la tribu. Jo.

  3. Ben moi palsambleu, j’adore les pissenlits! je fais de la décoction de racine et de feuilles de pissenlit plusieurs fois par semaine et c’est excellent pour la santé, cela m’aide beaucoup!
    Belle balade à la croque aux mots pour entrer dans l’histoire sans modération, bravo Zaza.
    Comment s’est passé ton examen? Tiens-moi au courant.
    Je retourne à l’hôpital le 27 décembre, en attendant je vais tâcher de souffler un peu.
    Gros gros bisous
    Cendrine

  4. ah ces fêtes que j’aime tant, nous demandent de plus en plus d’énergie….plus l’habitude de faire ce genre de centre d’achats……mais que de monde….passe une bien douce journée

  5. Je ris en pensant à la tête de Jacky devant les menus , quant à la suite j’ai hâte de la connaitre .
    Bonne journée Zaza tu as passé ton scanner ?
    Bisous

  6. Bonjour Zaza,
    Voilà un nom de resto qui nous fait penser à la morgue plutôt qu’à la bouffe……
    NOEL approche alors joyeuses fêtes remplis de cadeaux
    bonne soirée
    amitiés

  7. quel titre les pissenlits par la racine
    j ai bien tit
    merci Zaza

    *************
    que l ‘étoile de NOEL brille pour vous ce soir , la même que sur ton ile
    bon Noel chez toi
    bises Zaza

    kénavo

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