La Groac’h de l’Île du Loc’h-1/3…!!!

L’Île du Loc’h

île du loc'h

Tous ceux qui connaissent la terre de l’église (Lanillis) savent que c’est une des plus belles paroisses de l’évêché de Léon. Là, il y a toujours eu, outre les fourrages et les blés, odes vergers qui donnent des pommes plus douces que le miel de Sizun, et des pruniers dont toutes les fleurs deviennent des fruits. Pour ce qui est des jeunes filles à marier, elles sont toutes sages et ménagères, à ce que disent leurs parents !…

Dans les temps anciens, alors que les miracles étaient aussi communs dans la Basse-Bretagne que le sont aujourd’hui les baptêmes et les enterrements, il y avait à Lanillis un jeune homme qui s’appelait Houarn Pogamm et une jeune fille nommée Bellah Postik. Tous deux étaient cousins à la mode du pays, et leurs mères, quand ils étaient tout petits, les avaient élevés dans le même berceau, comme on le fait des enfants que l’on destine, à être un jour maris et femmes, avec la permission de Dieu. Aussi avaient-ils grandi en s’aimant de tout leur cœur. Mais leurs parents étaient morts l’un après l’autre, et les deux orphelins, qui n’avaient pas d’héritage, furent obligés de se mettre en service chez le même maître.

Ils auraient pu se trouver heureux, mais les amoureux ressemblent à la mer qui se plaint toujours.

– « Si nous avions seulement de quoi acheter une petite vache et un pourceau maigre, disait Houarn, je louerais à notre maître un morceau de terre, le curé nous marierait, et nous irions demeurer ensemble. »

– « Oui », répondait Bellah, avec un gros soupir ! « Mais nous vivons des temps si durs ! Les vaches et les porcs ont encore renchéri à la dernière foire de Ploudalmézeau. Pour sûr, Dieu ne s’occupe plus comment le monde va ! »

– « J’ai peur qu’il ne faille attendre longtemps » ! Reprenait le jeune garçon, « car ce n’est-jamais moi qui finis les bouteilles, quand je bois à l’auberge avec des amis . »

houarn et bellah

– « Il y a bien longtemps », répliqua la jeune fille, que je n’ai pu  entendre le coucou chanter. »

Ces plaintes recommencèrent tous les jours, jusqu’à ce qu’Houarn eût enfin perdu patience. Il vint trouver un matin Bellah qui vannait du blé dans l’aire, et lui annonça qu’il voulait partir pour chercher fortune. La jeune fille fut bien affligée a cette nouvelle, et fit tout ce qu’elle put pour le retenir. Mais Houarn, qui était un garçon résolu, ne voulut rien écouter.

– « Les oiseaux », dit-il, « vont devant eux, jusqu’à ce qu’ils aient rencontré un champ de grain, et les abeilles, jusqu’à ce qu’elles trouvent des fleurs pour faire leur miel. Un homme ne peut avoir moins de raison que des bêtes volantes, moi aussi, je veux chercher partout ce qui me manque, c’est-à-dire le prix d’une vache et d’un pourceau maigre. Si vous m’aimez, Bellah, vous ne vous opposerez pas davantage à un projet qui doit hâter notre mariage. »

La jeune fille comprit qu’elle devait céder, et quoique le cœur lui tournât, elle dit à Houarn :

– « Partez, à la garde de Dieu, puisqu’il le faut ! Mais, avant, je veux partager avec vous ce qu’il y a de meilleur dans l’héritage de mes parents.

Alors, elle conduisit le jeune garçon à son armoire et en tira une clochette, un couteau et un bâton.

– « Ces trois reliques », dit-elle, « ne sont jamais sorties de la famille. Voici d’abord la clochette de saint Kolédok. Elle a un son qui se fait entendre, quelle que soit la distance, et qui avertit nos amis des périls. Nous les secourons alors ! Le couteau a appartenu à saint Corentin, et tout ce qu’il touche échappe aux enchantements des magiciens ou du démon. Enfin, le bâton est celui que portait saint Vouga. Il vous conduit où vous voulez aller. Je vous donne le couteau pour vous défendre des maléfices, la clochette pour me faire connaître vos dangers, et je garde le bâton pour vous rejoindre si vous avez besoin de moi. »

Houarn remercia sa promise, il pleura un peu avec elle, comme de coutume lors de séparations d’amoureux, puis il s’en alla à travers les monts d’Arrée, vêtu de ses longues braies !

les_braie_longue.jpg

C’était alors comme aujourd’hui encore ! Quand on est bien vêtu, et dans tous les villages où il passait, Houarn était poursuivi par des mendiants en raison de ses braies entières. Ils le prenaient pour un seigneur.

– « Par ma foi », pensa-t-il, « ceci est un pays où je vois plus d’occasion de dépenser que de faire fortune … Allons plus loin. »

Il continua donc, en descendant, jusqu’à la côte, et arriva à Pont-Aven, qui est une jolie ville bâtie sur une rivière bordée de peupliers.

pont Aven

Là, comme il était assis à la porte de l’auberge, il entendit deux saulniers qui causaient en chargeant leurs mules. Ils parlaient de la Groac’h de l’île du Loc’h. Houarn demanda ce que c’était. Ils lui répondirent que l’on donnait ce nom à une fée qui habitait le lac de la plus grande des îles des Glénans. Cette fée avait la réputation d’être aussi riche, à elle, seule, que tous les rois réunis. Bien des gens étaient allés déjà dans l’île pour s’emparer de ses trésors, mais aucun n’était revenu !

Houarn eut, tout de suite, la pensée de s’y rendre à son tour afin de tenter l’aventure. Les muletiers firent tous leurs efforts pour l’en dissuader.

Ils ameutèrent même tout la population regroupée autour de notre Houarn qui lui confirma en hurlant que des chrétiens ne pouvaient laisser ainsi, un homme courir à sa perte. Ils voulurent tous retenir de force le jeune garçon.

peuple

Houarn les remercia de l’intérêt qu’on lui montrait, et se déclara prêt à abandonner son projet si l’on voulait seulement faire une quête dont le produit lui permettrait d’acheter une petite vache et un pourceau maigre. Mais, à cette proposition, les muletiers et tous les autres se retirèrent, en répétant que c’était un entêté et qu’il n’y avait aucun moyen de le retenir.

Houarn se rendit donc au bord de la mer, chez un batelier, qui le conduisit à l’île du Loc’h.

archipel glénans

Il trouva sans peine l’étang placé au milieu de cette île, et qui est entouré de gazons marins garni d’arméries maritimes.

arméries maritimes

Comme il en faisait le tour, il aperçut, vers une des extrémités, à l’ombre d’une touffe de genêts ….

genêt…. De loin, comme un canot qui ressemblait à s’y méprendre à un cygne endormi, la tête sous son aile.

cygne

A SUIVRE

Il s’agit d’un conte adapté des contes et des légendes de Basse Bretagne d’Émile SOUVESTRE

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

30 réflexions sur « La Groac’h de l’Île du Loc’h-1/3…!!! »

  1. Superbe comme d’habitude ton billet est très intéressant ce matin
    Quant à moi Canalblog étant en vrac , je te propose de cliquer ci-dessous n ou directement sur mon pseudo car les NL ne sont plus distribuées depuis quelques jours
    « Je vous propose une balade matinale »
    Bonne semaine

  2. Bonjour ma petite Zaza …Magnifique ton article c’est un coin de la vie de nos ancêtres qui se découvre grâce a toi !
    Je suis venue te faire un ti coucou et t’offrir toute mon amitié en cette journée qui s’annonce sibérienne il fait -8 pour le moment , il y a ni a pas de nuages pour l’instant et ils annoncent un beau soleil
    Je te souhaite un magnifique lundi et une excellente semaine..♥ Gros bisous et à demain ♥

  3. Comme d’habitude je te lis comme si je prenais un livre à la médiathèque , ta plume un enchantement tu es une bonne conteuse ,tu devrai publier ; J’espère que le RUSSIE FRANCE évitera Ton coin hihihi nous c’est sur il n’osera pas descendre si bas ,bonne semaine big bises en tout cas ne prends pas froid ,bon Lundi

  4. Bonjour Zaza.
    J’espère que comme nous tu as passé un bon week-end et que tout va comme tu veux.
    Samedi nous sommes avons fait la tournée des grands magasins, histoire de marcher un peu mais hier nous n’avons pas mis le nez dehors à cause du vent.
    La météo nous annonce une vague de froid, on verra bien. Pour le moment nous avons un petit moins 10°.
    Je te souhaite une bonne semaine.
    Bisous de nous deux.

  5. Bonjour Zaza,
    Merci pour le partagé de ce conte dont l’écrivain est de souche irlandaise……
    Bonne fin de journée
    amitiés

  6. Bonjour ma douce amie Zaza
    Un conte magnifique et j’ai hâte de découvrir la suite qui est joliment bien illustré.
    LANNILIS j’y ai passé des vacances il y a très longtemps, que j’ai aimé ce bel endroit malgré que j’ai souvenir d’avoir eu du crachin (c’est pas loin de Brest il me semble).
    C’est sous le soleil, après avoir eu un gros orage cette nuit, que je viens te faire un petit coucou.
    Une envolée de gros bisous d’amitié de mon île toujours aussi intense en chaleur.

  7. Bonjour Zaza, voila un billet complet et très attractif tout autant que très intriguant .En effet, on a envie de tout savoir sur ces 3 reliques mystérieuses qui font aussi le charme de l’Île du Loc’h . Bonne semaine !!

  8. La magie palpite sous ta plume ma Zaza…
    Conte, quête, initiation, obédience amoureuse… Une triade d’objets fascinants annonce bien des évènements. Les héros nous tiennent en haleine et nous allons à la rencontre d’une fée…
    L’esprit des contes est ravivé et nous en redemandons!
    Merci pour ton adorable message, j’ai réussi à le lire et à récupérer des mails, notre réseau est bien aléatoire, il faut faire avec le temps que ça aille mieux… Impossible de passer avant, ce soir ça semble fonctionner un peu mieux.
    Un grand merci pour le partage au coin de l’âtre, gros bisous et une bonne soirée
    Cendrine

  9. ..tu nous laisses sur notre faim,
    il va falloir encore attendre avant la fin..
    Bisous du soir,
    Mireille du sablon

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