Pen ar C’Hleger et ses canons … !!!

Pen ar C’Hleguer

Détail du cadastre de 1846 (coll AD29)

Dans un site riche en fragments d’histoire et de préhistoire de l’île, à la pointe sud est de l’île, faisant face à Roscoff et protégeant le chenal, cette poudrière et cette batterie datent de 1780.

Vauban et ses successeurs sont bien entendus passés par là !

La poudrière a été restaurée tous comme ses deux canons repêchés dans l’ouest du chenal. Ils ont été installés après restauration sur des répliques d’affuts de marine.

Cette batterie associée au site de Bilvidic, comprend également un corps de garde  couvert en pierres ce corps de garde est dit de la grande roche !

Voici ce qui en reste actuellement

La poudrière le 14/04/2017

Les vestiges de la batterie de défense avant la pose des canons

Vestiges avec les deux canons renfloués et traités  Photos d’avril 2014, il n’y avait pas longtemps qu’ils étaient installés

Photos du 14/04/2014 – On constate le vieillissement des affûts, et l’incivilité de certains à avoir tenter de les déloger !

Pointé sur Bloscon

Pointé sur le Chenal

Intéressante la leçon d’histoire mes p’tits Loups

Cette batterie fut équipée de deux canons renfloués le 28 septembre 2009 à l’ouest de l’île !

L’île était depuis l’antiquité une étape obligée pour tout caboteur transitant dans la Manche, du fait de l’excellence et de la sûreté de son mouillage apprécié de tous les marins.

Ces canons proviennent d’un voilier qui venait du nord-est, par un jour de grand vent, et qui fut pris dans une tempête avant de se drosser sur un rocher nommé Men Bren, « roche pourrie ». Mal enquillé sur le rocher, il a mouillé ses deux ancres pour se déhaler avant que l’une d’elles ne casse. De ce fait, n’arrivant pas à se dégager, le navire s’est délesté en jetant par-dessus bord les deux canons.

En 1987, quand notre petit voisin, Patrick Le Saout, ancien pêcheur après avoir été matelot boulanger à bord de pétroliers, découvre, par hasard, un canon au cours d’une plongée.

– « J’étais tout seul et je plongeais en apnée, avec simplement palmes et tuba, » se souvient-il. « J’ai aperçu un rocher de couleur brun rouge, couvert d’algues, de coraux et de mollusques, mais de forme un peu bizarre. Quand j’ai touché l’objet je me suis dit : Oh, c’est quelque chose de beau ! Je suis retourné les jours suivants, avec une bouteille, et j’ai alors découvert un autre canon et deux ancres, dont une brisée ».

Qu’est devenu le navire ? Personne ne sait ce qu’il est advenu de l’esquif, du moins pour l’instant. Mais la suite des opérations devrait aider à lever le voile sur cette énigme.

Avant de les sortir des fonds marins où ils reposaient, il fallait trouver un mécène pour financer cette opération, mais aussi de les traiter avant de les réinstaller sur la batterie du C’Hleger. Ce sera la Fondation EDF qui prendra en charge le coût de ces travaux.

Une fois à l’air libre, la conservation des pièces en fonte, longtemps immergées, nécessite une longue mais indispensable phase de traitement réalisé par le laboratoire nantais Arc’Antique.

L’île de Batz est située à cinq encablures de Roscoff, et ce jour-là, le 28 septembre 2009, 22 ans après la découverte de Patrick, il est procédé au renflouage des canons qui se sont échoués sur ces fonds rocheux. Profitant d’un faible coefficient de marée, d’une toute petite houle et de l’absence de vent, notre découvreur, Patrick, aidé de ses deux fils et des plongeurs professionnels de la Station biologique de Roscoff (CNRS-université Pierre-et-Marie-Curie), ont plus facilement accès aux canons qui gisent à une profondeur de dix mètres depuis près de deux cents ans.

Pour l’heure, entourée d’une flottille de bateaux, la demi-douzaine de plongeurs s’affaire autour des rescapés de l’histoire.

Après avoir passé des « bouts » (cordages) au niveau de la bouche et de la culasse du 1er canon,

les hommes-grenouilles les attachent à deux énormes ballons, l’un orange, l’autre jaune, qu’ils gonflent ensuite avec une bouteille d’air comprimé.

Une opération toujours délicate. Tout à coup, les deux ballons ont jailli de l’eau, remontant le 1er canon près de la surface.

Solidement arrimé au goémonier Chikoladen, la précieuse trouvaille est alors acheminée jusqu’à la jetée du port de Batz. Devant une foule curieuse l’attendent un tractopelle et une remorque. Entièrement hissé par la grue du tracteur, le fût est délicatement posé dans la remorque, avant d’être transporté jusqu’au jardin Georges Delaselle, un petit nid de verdure exotique (palmiers, cyprès, pins) géré par le Conservatoire du littoral et visité par 27 000 touristes chaque année.

La même opération sera répétée pour le second canon !

Là, dans une cahute en bois spécialement montée pour l’occasion, les canons seront pris en charge par les techniciens d’Arc’Antique, société nantaise spécialisée dans la restauration d’objets du patrimoine et formée aux techniques d’électrolyse des métaux mises au point il y a quelque temps par les ingénieurs d’EDF.

– « Dans un premier temps, nous allons enlever la gangue calcaire qui enserre le fût de fonte en le plongeant dans une solution de potasse de soude », explique Gilles Baron. « Ensuite, nous procéderons au dessalement et à la stabilisation du métal au moyen d’un procédé électrochimique. Enfin, à la restauration et à la protection de l’antiquité avec sablage, application d’acides tannique et phosphorique, puis cirage et lustrage », poursuit le technicien. 

En parallèle de ce traitement, les chimistes métallurgistes d’EDF réaliseront une étude de la fonte, afin d’en analyser exactement la composition. Bref, une intervention de chirurgie esthétique qui durera trois ans ! Il ne faut pas aller trop vite, car, si le canon est fissuré, il risque d’exploser. Fait exceptionnel, cette intervention se fera sur l’île, dans un local accessible au public. À l’issue de cette opération, les deux canons seront placés sur leur affût de chêne et exposés à l’extrémité sud-est de l’île, sur la pointe C’Hléger, à l’emplacement d’une batterie de Vauban, le long du sentier du littoral.

Du fait de la lenteur des autorisations administratives et de la difficulté du montage financier, les canons auront dû attendre plus de deux décennies avant d’être sortis de l’eau.

– « Cela fait longtemps que j’attendais ce moment. Je suis très ému. Mais maintenant qu’il est sorti de l’eau, le trésor ne m’appartient plus », ajoute Patrick Le Saout. En effet, selon la loi française, tout objet antique découvert dans la mer revient pour moitié au découvreur et pour l’autre à l’État. Mais, ici, « l’inventeur », terme juridique consacré, a fait don de sa trouvaille à l’île de Batz, au Conservatoire du littoral, en fait.

– « Quelques plongeurs m’en veulent de n’avoir pas laissé les canons dans l’eau. Mais je préférais les déclarer à la Direction des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, puis les faire restaurer. Cela fait partie de l’histoire de l’île, de notre histoire », poursuit l’îlien.

À la suite du véritable traitement de cheval qui va être administré aux deux fûts de fonte, les techniciens espèrent bien pourvoir accéder aux inscriptions qui, habituellement, sont gravées à mi- longueur du fût. Marque de fonderie, identité du fabricant, date, voire fleur de lys pour les vaisseaux de la Royale…

L’attente va encore être longue. Mais qu’est-ce que trois ans par rapport à deux siècles ? De plus, plongeurs et restaurateurs ont de quoi être grandement satisfaits.

– « Le premier canon, long de trois mètres et pesant 1,2 tonne, est une véritable pièce de musée », indique Gilles Baron. 

Le second, plus lourd (1,5 tonne), revêtu de plus de concrétions, a vu sa bouche légèrement amputée lors de la remontée, car il était coincé entre deux rochers.

– « Dans quatre mois, quand la gangue aura explosé, on devrait avoir une idée sur le type de bateau », s’impatiente Patrick. D’autant plus qu’aujourd’hui, il existe aux archives de Vincennes et des Invalides de fins limiers spécialistes des canons anciens.

Côté mécènes, on est également satisfait.

– « C’est la première fois que le Conservatoire participe à une telle aventure. Histoire ancienne et techniques modernes; mer et terre; voici un bon exemple de gestion intégrée des zones côtières », témoigne Bernard Gérard, directeur par intérim du Conservatoire.

– « Dans ce mécénat de compétence, nous apportons la maîtrise de techniques de restauration de métaux historiques, mais nous apprenons aussi beaucoup de choses, sources d’inspiration pour les chercheurs d’EDF », indique pour sa part Élizabeth Delorme, déléguée au mécénat et au partenariat à EDF. Vous pourrez consulter ICI les travaux effectués sur ces canons pour leur permettre de rester à l’air libre.

Quant à notre découvreur, Patrick, il s’est piqué au jeu et rêve de faire d’autres découvertes.

 – « Je suis sûr qu’autour de l’île il y a encore des canons. Mais il faut des heures et des heures de plongée pour tomber dessus », conclut l’heureux plongeur.

Les canons baignent dans un liquide de potassium et bain d’électrolyse pour en extraire tout le sel. Un cabanon a été construit, dans le jardin, ouvert au public, qui peut venir contempler leur lente remontée à l’air. Olivier Maillet, chaque semaine, analyse la solution, contrôle les niveaux, le voltage… et envoie les résultats au laboratoire pour un contrôle. Il faudra attendre le mois de janvier pour assister au déguengage, c’est-à-dire à l’opération consistant à casser « au burin » la gangue qui les entoure depuis des siècles, et vérifier leur véritable état ainsi que leur histoire, grâce à un numéro de série, un signe distinctif quelconque…

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

22 réflexions sur « Pen ar C’Hleger et ses canons … !!! »

  1. Bravo à cette équipe qui a tout fait pour conserver ce patrimoine et merci à toi pour toutes ces explications!
    Bises du jour,
    Mireille du Sablon

  2. ça me rappelle mon enfance, où ici aussi il y avait un lieu nommé la poudrière avec des vestiges bien recouvert de végétation….je me demande ce qu’est devenu cet endroit…il va falloir qu j’aille y faire un tour…..passe une bien agréable journée

  3. Bonjour Zaza .
    Ce matin il fait beau chez nous , mais le froid est de retour .
    Je crois que c’est de partout pareil .
    Je trouve ton blog bien sympa .
    Cet après midi nous irons faire un tour aux morilles , mais je ne crois pas qu’elles vont sortir avec ce froid .
    Je te souhaite une bonne journée .
    Bisous de nous deux .

  4. Bonjour, il y a des gens qui ont essayé d’enlever les canons? c’est décourageant; très intéressant ton article, j’adore tous ces vestiges, je te souhaite une bonne journée, bisous

  5. Très intéressant de lire l’historique de ces canons. Incroyable de voir comment on les remonte de l’eau, car çà doit peser son poids !
    Ils sont bien exposés et tout le monde peut maintenant s’imaginer en ces temps-là. Sauf si un voleur arrive à les déloger de là !!! de nos jours il faut s’attendre à tout.
    Je m’amuse à lire certains mots, un vocabulaire bien spécial breton comme « caboteur », « drosser », « enquillé », « déhaler » etc …
    Merci ma Zaza et bonne journée
    Gros bisous

  6. Un passionnant article où se lovent les bouilles adorables de tes p’tits loups!
    L’histoire de ces canons est des plus intéressante, elle nous ramène en des temps troublés et nous rappelle combien ces vestiges d’autrefois sont précieux et doivent être protégés.
    Le décor est grandiose, les reportages sous-marins sont fascinants. L’historienne de l’art que je suis s’est régalée, merci Zaza.
    Gros bisous pour te souhaiter une très belle journée, sans oublier les si mignonnes frimousses de deux coquinous patentés!
    Cendrine

  7. Ils sont prêts à reprendre du service en cas de besoin! Quel travail pour renflouer ces canons .
    C’est une belle découverte ; il aurait été dommage de les laisser pourrir sous l’eau .Mignons les petits!
    Bisous

  8. merci Zaza pour le complément
    et la trouvaille des canons
    profite bien de l ‘ile
    malgré les matinées fraiches encore
    et ce nordet
    bises
    kénavo

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