Seconde poésie du jeudi pour les Croqueurs de Môts … !!!

Les vacances sont terminées, reprise ! Notre amie Lenaïg , ICI, reprend le quart de la coquille des Croqueurs de Môts pour cette quinzaine.

Thème – « Un vent mauvais (comme celui de Verlaine) »

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l’eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d’oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
– Le vent sauvage de Novembre ! –
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à croupetons,
Autour de leurs clochers d’église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L’avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d’ahan,
L’avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L’avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n’en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.

Emile Verhaeren – (1855 – 1916) – Les villages illusoires

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

20 réflexions sur « Seconde poésie du jeudi pour les Croqueurs de Môts … !!! »

  1. … je me souviens d’une partie de cette poésie apprise à l’école…pas facile à retenir quand on est gamine!
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  2. Il est vraiment bien présent dans ce poème de Verhaeren le vent de novembre, on croirait l’entendre .
    Pas aujourd’hui chez nous en tout cas , c’est plutôt la brume qui mord le paysage .
    Bises

  3. Bonjour Zaza !
    J’aime beaucoup Emile Verhaeren … comme ce poème-là par exemple :

    L’Étable

    Et pleine d’un bétail magnifique, l’étable,
    A main gauche, près des fumiers étagés haut,
    Volets fermés, dormait d’un pesant sommeil chaud,
    Sous les rayons serrés d’un soleil irritable.

    Dans la moite chaleur de la ferme au repos,
    Dans la vapeur montant des fumantes litières,
    Les boeufs dressaient le roc de leurs croupes altières
    Et les vaches beuglaient très doux, les yeux mi-clos.

    Midi sonnant, les gars nombreux curaient les auges
    Et les comblaient de foins, de lavandes, de sauges,
    Que les bêtes broyaient d’un lourd mâchonnement ;

    Tandis que les doigts gourds et durcis des servantes
    Étiraient longuement les mamelles pendantes
    Et grappillaient les pis tendus, canaillement.

    Bonne journée !
    Pierre
    https://rotpier27.wordpress.com/

  4. Il est superbe ce poème:
    Magnifique émotion d’enfance à l’école, un poète que j’aime infiniment
    Un excellent choix, merci ma Zaza, gros bisous sans oublier ton Poux Ronchon
    Cendrine

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