Message de Lilou Soleil : « Vous connaissez des expressions anciennes ? Vous en connaissez des rigolotes, des savoureuses, des savantes fleurant bon notre France ? N’hésitez pas, joignez-vous à nous et publiez… »
Expression :
« Avoir un coup de pompe »
Signification :
- Avoir un brusque accès de fatigue.
- Avoir un coup de fatigue.
- Être subitement flagada.
Origine et définition :
Par quelle pirouette bizarroïde et un peu gonflée, le coup de pompe qui, pourtant, redonne du tonus à un pneu de vélo dégonflé peut-il mettre quelqu’un à plat ? 🙃 😉
Une chose est sûre, c’est que cette expression apparaît aux alentours de 1920, puisque Gaston Esnault l’a relevée en 1922 dans le milieu cycliste, mais sans en préciser l’origine exacte.
Parmi les pompes qui pourraient nous intéresser, en dehors de celle du vélo, il y a la chaussure, en argot, dont un coup bien placé peut éventuellement provoquer une grosse fatigue, et les pompes, celles du sportif aux abdos et bras en béton, qui peuvent vous épuiser, si on en abuse. (Personnellement, quand j’étais beaucoup plus jeune, elles me laissaient sur le carreau, même pratiquées avec beaucoup de modération). 🤣
Mais il semble qu’aucune de ces deux pompes-là ne soit responsable et en rapport avec cette expression, « avoir un coup de pompe ».
Par contre, Duneton évoque un article paru également en 1922 et dont le sujet est une tout autre pompe, qui provient lexique des aviateurs…
Ce texte parle des passagers d’un avion qui ont rendu tripes et boyaux (1) suite à un vol très chahuté et qui, à l’atterrissage, sortent livides de l’avion en se traînant lamentablement, tellement on leur a secoué la « pulpe du fond ».
Le pilote, resté fringant, constata, une fois sur le plancher des vaches, l’état désastreux de ses passagers !
Ceux qui ont pratiqué des engins volants comme le planeur, l’aile delta ou le parapente, par exemple, vénèrent ces pompes-là.
Si je me souviens bien, ce sont les bulles ou les colonnes d’air chaud qui s’élèvent et qui peuvent ainsi les aider à gagner de l’altitude ou, au moins, à se maintenir plus longtemps en l’air (2).
En dehors des pompes, bénéfiques, la masse d’air dans laquelle avance l’avion peut être extrêmement agitée (comme de l’eau que vous brassez avec la main) et le secouer comme un prunier, provoquant ce que certains appellent des « trous d’air ».
Cette expression tire donc son origine en rapport à l’allusion de l’état des passagers « très fatigués » par les turbulences subies dans l’avion. Elles s’expliquent par ces colonnes d’air ascendant, qui « aspirent » vers le haut les aéronefs dans lesquelles ils se trouvent, ces colonnes d’air agissant comme le piston d’une pompe.
L’expression aurait été reprise par le fameux Gaston Esnault en 1922 et ensuite par les adeptes de la petite reine où la pompe a son utilité et sa raison d’être.
(1) Ce qui est bien en phase avec un sujet dans lequel le cyclisme est évoqué.
(2) On les appelle aussi des « thermiques ». Si vous avez déjà vu des grappes de planeurs ou de parapentes tourner en spirale au-dessus d’un même point, c’est qu’ils sont dans une pompe et tournent dedans pour y rester et en profiter au maximum.
Complément :
Charles Torquet rédigea ce texte intitulé « Paris en huit jours » publié en 1922 et repris par Claude Duneton.
« L’auteur vient de subir un voyage éprouvant dans un petit avion […] la plupart des passagers ont été malades à cause des secousses dues aux trous d’air. Et l’atterrissage n’arrange rien. Le pied au sol, les voyageurs sont toujours aussi livides. Tous ou presque, sauf le pilote. Dr, descendant de son poste […] sans s’embrouiller dans les marchepieds. Habitué de ses soubresauts, il se dirige alors vers les linges blancs titubant sur le pavé et leur dit : ***Tu parles qu’on a pris un de ces coups de pompe !*** »
Exemple :
Le symptôme du coup de pompe après le repas est une véritable hantise pour tous les managers. Eh bien, il faut savoir que cette somnolence postprandiale, comme l’appellent les médecins, est le signe d’une hypoglycémie ! Celle-ci est la conséquence directe de la manière déplorable avec laquelle le repas a été organisé, et le sandwich-bière en est certainement l’illustration la plus aberrante.
Michel Montignac –Mettez un turbo dans votre assiette !
