Le coffre-fort musical … !!! 4/4

Chapitre IV

Nestor restait donc sur sa faim de n’avait toujours par trouvé qui avait assassiné Abdul Lepez.

Il demanda à Tony Truand où la jeune femme blonde logeait dans l’hôtel.
– « Elle loge à deux chambres d’ici, » répondit-il.  
Nestor Boyaux prit congé, et sortit à son tour, suivi de Benoît Tement qui n’avait pas dit un mot durant tout l’entretien.
Dans le corridor les deux hommes marchèrent assez rapidement.  
– « Où allons-nous ? » Demanda Benoît.  
– « Pas très loin, je crois. D’ailleurs, tu vas voir. »  
En effet, au tournant du corridor, les deux amis se trouvèrent face à face avec la belle blonde.

Revolver au poing, elle les attendait.  
– « Il n’est pas chargé à blanc celui-là, dit-elle. »  
– « Ah bon ? »  
– « Les balles sont réelles… marchez devant moi. »  
– « Jusqu’où ? »  
– « À ma chambre. »  
– « Nous sommes flattés de tant d’honneur… mais supposons que Benoît et moi refusions de vous suivre ? »   
L’éclair qui luit dans ses yeux de geai de la blonde figea Benoît Tement. Nestor Boyaux aussi parut impressionné.

– « C’est bon, nous y allons. »  
Et ils marchèrent…  
Dans la chambre, la jeune femme les fit asseoir sur le bord du lit.  
– « Mes vieux, » dit-elle, « vous n’êtes pas sortis de l’auberge… »  
– « Pourquoi sommes-nous ici, » demanda Nestor ?  
– « Vous allez voir. »  
– « Mais encore ? »  
– « D’abord, il s’agit de s’entendre, vous en savez beaucoup trop et vous êtes un sacré fouineur. Trop curieux monsieur Boyaux ! »  
– « Comment cela ? »  
– « Ne jouez pas les imbéciles, vous m’avez compris. »  
– « Mais non, Irène, je ne comprends toujours pas ! »  
– « Vous aggravez votre cas et vos maudites questions vous ont donné un spectre suffisant sur ce qui s’est passé en début de la soirée d’hier. »  
– « Je ne saisis pas très bien… »  
– « C’est moi qui ai tué Abdul Lepez. »  
– « C’est vrai ? »  
– « Oui, c’est moi… »  
– « Et le coffre-fort de Tony Gencyl ? »  
– « C’est moi qui l’ai dévalisé. »  
– « Les deux millions d’euros sont donc ici, dans votre chambre ? »  
– « Oui. »  
Nestor Boyaux regarda autour de lui.  
La blonde sourit.  
– « Ne songez pas à mettre en œuvre une solution afin de trouver ce magnifique magot qui constituerait une preuve contre moi. Vous ne réussirez pas. D’ailleurs, dans quelques instants, vous serez tous les deux morts. »

– « Morts, vous croyez ? »  
– « Mais oui, vous en savez trop long maintenant… »  
– « Mais je ne sais rien du tout. »  
– « Vous savez qui a tué Abdul Lepez.  
– « Oui, bien sûr. »  
– « Vous savez que seule mon arme pouvait être chargée, et qu’ainsi, mon conjoint fut blessé par une balle de cette arme. »  
– « Vous avez tiré sur lui intentionnellement? »  
– « Certainement ! »  
– « Et pourquoi ?  
– « Parce que je ne voulais pas partager le butin avec lui… »  
– « C’est tout ? »  
– « Oui. »  
– « C’est bien assez. Qu’est-ce que je sais à part ça ? »  
– « Vous savez qui a fait le coup chez Tony Gencyl. »  
– « Vous trahissez votre patron, vous essayez de tuer votre conjoint, vous tuez Abdul Lepez, vous êtes une sacrée nana, vous ? »
La blonde ne répondit pas.  
– « Dites-moi, » continua Nestor, « espérez-vous vous en tirer sans passer par la case prison ? »  
– « Certainement. La police ne se doute de rien. »  
– « Et Tony Truand ? »  
– « Et Tony Truand non plus. »  
– « N’empêche que vous jouez un jeu risqué. »  
– « Je le sais. »  
– « Je vous souhaite bonne chance, malgré que vous ne la méritez pas. »  
– « Merci, monsieur Boyaux. »  
– « Et maintenant, dites-moi, que va-t-il se passer ? »  
– « Pas grand-chose, je vais vous faire sauter la cervelle… »  
Nestor Boyaux remarqua que ce petit calibre, était un révolver dernier modèle, bel et bien chargé. La menace de la belle Irène devenait dangereuse. Il fit un clin d’œil à Benoît Tement.  
Brusquement Benoît se prit l’estomac à deux mains. Il poussa un gémissement. Irène Dunjour le regarda…  
– « Qu’est-ce que vous avez ? »  
Il n’en fallait pas plus à Nestor.  
Il bondit vers la meurtrière et avant qu’elle ne puisse tirer avec son arme, Nestor la tenait dans sa main…  

Il riait aux éclats.  
– « Vous tombez facilement dans le panneau, ma jolie blonde, très facilement, d’ailleurs ! »  
Elle rageait. De sa bouche si bien taillée s’échappait un flot de vitupérations qu’il n’eut pas fait bon prendre trop au sérieux. Des obscénités sans nom à l’adresse des deux comparses.  
– « Maintenant », dit Nestor, « à nous deux ma belle. »  
– « Haut les mains, ou je tire. »  
Une forme se dégagea de derrière les rideaux et sauta sur le plancher.  
Un homme assez grand !  
Le conjoint d’Irène… Cet homme aux yeux cruels blessé par Irène. Le conjoint portait un bandage autour de la tête. La blessure devait être moins grave qu’on ne l’aurait cru tout d’abord. 
Il l’affirma d’ailleurs à Irène.  
– « Tu croyais m’avoir tiré comme un lapin ma belle, et m’avoir tué, mais tu vois, je suis ici, vivant et bien vivant… »  
Nestor Boyaux demanda…  
– « Attendez, je ne comprends pas très bien. Madame ici n’était pas présente à notre petite réunion quelque peu guerrière de tantôt, dans la salle du bar. »  
– « Non, » répliqua l’homme, « mais elle était dans la salle voisine, et elle a tiré à travers la porte entrouverte. » 
– « Ah bon ! »  
– « Et maintenant, c’est à mon tour de me venger… »  
Nestor Boyaux avait l’air radieux.  
– « Je suis content de vous voir arriver, monsieur, nous commencions à être dans de mauvais draps.  
– « Oui ? »  
– « Oui. Madame, votre conjointe avait l’idée de nous occire sans plus de cérémonies. »   
–« Ah, vraiment ? »  
– « Votre arrivée nous a sauvé la vie. »  
– « Vous pensez ? »  
– « Mais… oui… je le pense… »  
– « J’étais à la fenêtre, j’écoutais… et pour employer l’expression de ma femme… vous en savez trop long. Aussi, puisque j’ai à me débarrasser de cette petite trop dangereuse, je vais en même temps me débarrasser de vous deux. Ça simplifiera le travail. »  
Nestor Boyaux avait l’air moins radieux.

– « Comme ça ? Sans plus de… cérémonies ? »  
– « Comme ça… Ça vous déplait ? »  
– « Certainement que ça me déplait.  
– « Vous n’y pouvez rien, les choses sont comme ça. »  
– « Bon, puisque vous le dites… »  
Nestor Boyaux n’insista pas. Une idée se dessinait dans son cerveau. Il regarda Benoît Tement.  
L’homme le suivit des yeux.  
– « Vous n’allez pas penser que vous pouvez me jouer un de vos sales tours, hein, mon cher Nestor Boyaux ? »  
– « Non, je ne pense rien de tel très cher ami. »  
– « C’est mieux. Il y a bien des façons de mourir. Très vite, et lentement. »  
– « Ce qui veut dire ? »  
– « Moins vous me donnerez de difficultés, plus vous mourrez vite. »   
Benoît Tement ricana.  
– « Vous parlez d’un choix ! »  
Les acteurs du drame n’avaient pas bougé. Benoît Tement se trouvait près de la porte. Nestor Boyaux était non loin devant lui, tels qu’ils étaient après avoir désarmé Irène Dunjour.  
Irène était affalée sur le bord du lit. Son conjoint était debout près de la fenêtre.  
Grand silence dans la chambre !  
Leur mort était proche… 
Cet homme ne badinait pas.  
Cet homme aux yeux cruels n’avait aucun sens de l’humour.  
Benoït Tement regarda Nestor. Il lui fit un imperceptible signe de tête, pour signaler qu’il y avait du monde derrière la porte. Nestor comprit. Le conjoint d’Irène Dunjour n’avait pas surpris le geste. Nestor se tint prêt. Benoît aussi.  
Et quand la porte s’ouvrit brusquement, Nestor sauta sur l’homme, et s’empara de son pistolet. Un coup partit, mais la balle se logea au plafond.  
Gilles Héparbal était dans l’entrebâillement de la porte.  
Une dizaine de policiers derrière lui.  
Un spectacle vraiment réconfortant après tant de déboires et de mort proche.  
Nestor Boyaux pris un air blasé.

– « Tiens Gilles Héparbal, débarrasse moi le plancher de ces saletés. »  
– « Qui sont-ils ? »  
– « À ta gauche, la belle blonde est la conjointe de monsieur. Et à ta droite, le monsieur, le conjoint la belle blonde, celui qui a été blessé dans le bar où j’avais fait mon apparition sous les traits de Rémi Caraime. Et je peux t’annoncer qu’il s’agit du vrai Tony Truand, en chair et en os. Mais au fait, qui t’a prévenu que nous étions ici ? »    
– « Facile, mon vieux, bien facile… Je t’avais rencardé quand tu m’avais demandé au fil où se trouvait Tony Truand et sa bande. Le Magic Hôtel Hall …  »     
L’homme à la tête bandée bavait de rage.   
– « C’est un piège, et je ne me laisserai pas prendre.  Rétorqua-t’il. »  
– « Ferme-là, tu ne vaux pas un crachat. Tu es Tony Truand en personne. L’autre, là-bas, est un de tes hommes. Je ne sais comment tu l’as convaincu de se faire passer pour toi, mais voilà… De cette façon, un autre était identifié à ta place et tu pouvais mener ton petit jeu en toute sécurité.  
– « Qui t’a renseigné ? »  
– « Je me suis souvenu que Tony Truand était connu de la pègre. La première fois que je t’ai vu, au Club 214, avant le meurtre d’Abdul Lepez, les clients, presque tous de la pègre, étaient silencieux, et n’avaient pas l’air à l’aise. Tu as la réputation de tuer bien facilement et pour un rien…  
Benoît Tement s’exclama.  
– « Mais, tout à l’heure, ce n’est pas ce que tu disais à l’autre, le faux Tony Truand qui t’avait été présenté dans l’arrière salle du bar où tu jouais les Rémi Caraime ! »  
– « Je suis rentré dans leur jeu en feignant de croire leurs bobards. J’étais certain alors que je n’avais pas à faire à Tony Truand. D’ailleurs, il avait une histoire trop bien ficelée à me raconter. Et madame Irène Dunjour était là pour veiller à ce qu’il la raconte selon les instructions prescrites.  
– « Et les armes chargées à blanc ? »  
– « Un tas de mensonges, pour mieux nous berner. »  
– « Mais, quel jeu jouait-il ?  
– « Le plus ancien jeu de la terre. Celui de la trahison. Il a fait le coup, il a tué Lepez, aidé de sa femme. Il avait l’intention de disparaître ensuite, puis de vivre rentier ad vitam æternam. C’est tout simple ! »  
– « Seulement ? » Demanda le gros Gilles Héparbal.  
– « Il voulait se débarrasser de sa femme aussi et elle en a eu vent. C’est pour cela qu’elle lui a tiré dessus. Elle l’a manqué. Il venait ici lui faire son affaire, ce soir, après avoir trouvé le magot caché dans la chambre. Il nous a trouvé en même temps. Si je n’avais pas été certain que tu viendrais ici, Gilles, j’aurais eu peur… »  
– « Comment le savais-tu ? »  
– « Je savais que mes questions au sujet de Tony Truand te mettraient la puce à l’oreille, et que tu viendrais ici. »  
–« Mais ce n’est pas la chambre de Tony Truand, ici ? » S’exclame Benoît.  
– « Je sais… »  
– « Qui t’a dit que nous serions ici, Gilles Héparbal ? »  
– « Au coin du corridor, il y a des numéros de chambre. Le dernier numéro est justement le numéro de cette chambre ici. J’ai vu ta carte de visite de ton emblème épinglée sur ce numéro, je suis donc arrivé … »
 
Benoît Tement était médusé…  
– « Mais, Nestor, tu ne savais pas où nous allions ? »  
– « La belle Irène avait sa clé à la main, c’était facile à lire, sur le carré de plastique… »  
– « Très simple, en effet, » conclut Benoît, « il ne s’agissait que d’y penser… »  
– « Oui, » confirma Nestor, « il ne s’agissait que d’y penser. Et maintenant, je vais continuer pouvoir enfin décompresser, me reposer et me changer les idées 
Benoît Tement se mit à rire…  
Il ajouta le mot de la fin.  
– «  C’est cela, jusqu’à la prochaine affaire que tu ne pourras t’empêcher de résoudre ! »

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

22 réflexions sur « Le coffre-fort musical … !!! 4/4 »

  1. Un fin limier, ce Nestor, rien ne lui échappe. Encore un bel épisode, Zaza. C’est toujours un plaisir de retrouver ce fameux détective. Bises et bonne journée

  2. Bonjour Mame Zaza
    Et voilà comment le bouillonnement de la cafetière de Nestor entraine à sa suite les cervelles des policier à le suivre.
    Ouf je vais pouvoir me reposer aussi l’énigme résolue
    Passe une belle journée
    Bisous et caresses

  3. Bonjour Zaza,
    Toujours aussi grand notre Nestor encore une affaire résolue de mains de maitre
    merci pour ses pages d’écriture…… le régal en ce confinement
    Bonne fin de journée et très bon weekend
    Amitiés

  4. Une fin inattendue, mais extra !
    J’ai adoré, même si j’ai eu très peur pour lui… j’espérais que ce ne serait pas la dernière aventure, et je suis rassurée.
    Merci, Zaza.
    Bisous et douce journée.

  5. wouah Nestor et son copain sont passés près de la solution finale, mais il s’en est sorti toujours avec brio… bravo pour ce bon thriller , chere Zaza bises

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