Le roi de Dalmar … !!! 2/3

Extraits des Contes Populaires de Basse Bretagne

9782737340895
Rèd ê ma ouefac’h
Penaoz eur veach.

Il faut que vous sachiez
Comment une fois.

— « Quel homme es-tu donc ? » dit à son valet, le prince étonné.

Ils traversèrent facilement le fleuve, et se trouvèrent sans tarder dans la capitale du roi Dalmar. Ils descendirent dans le meilleur hôtel de la ville.

Le lendemain matin, le valet dit à son maître :
— « Il vous faut, à présent, vous habiller en princesse et, ainsi déguisé, vous irez trouver le roi Dalmar et lui direz que vous êtes une amie de sa fille, que vous l’avez connue en Espagne et que vous venez pour lui faire visite et passer quelques jours avec elle. Vous demanderez encore à ne quitter la princesse, ni le jour ni la nuit, et à coucher dans sa chambre même. Le roi vous accordera facilement votre demande. Vous emporterez une corde, sous votre robe. A minuit, quand tout le monde dormira, dans le château, je me trouverai sous la fenêtre de votre chambre, avec mon carrosse, vous descendrez, la princesse et vous, à l’aide de la corde, et nous partirons aussitôt. »

Le prince, qui avait une confiance illimitée en son valet, depuis ce qu’il l’avait vu faire auprès du fleuve, lui obéit de point en point. Il s’habilla en princesse, le plus magnifiquement qu’il put, se rendit ainsi déguisé au château, et demanda à parler au roi.

— « Bonjour, dit-il, roi Dalmar. »
— « Bonjour, jeune princesse », répondit le prince.
— « Je suis une amie de votre fille, que j’ai connue en Espagne, et je suis venue lui faire visite et passer quelques jours avec elle. »
— « Soyez la bienvenue, en ce cas ; je vais appeler ma fille, qui sera heureuse de vous revoir. »

Et il fit venir la princesse, et les laissa seules toutes les deux. Elles obtinrent facilement la permission de passer la nuit dans la même chambre.

Alors, le prince dit à la princesse qui il était, lui expliqua le motif de sa visite et de son déguisement, et lui demanda si elle consentirait à le suivre.

roi dalmar 8

 — « Je vous suivrai partout où vous voudrez », répondit-elle ; « mon père me tient constamment enfermée, dans cette tour, où je ne vois jamais personne, et je suis impatiente de recouvrer ma liberté. »

A minuit, leurs préparatifs de départ étaient faits, et ils entendirent, sous la fenêtre, le valet du prince, qui disait :
— « Préparez-vous à descendre; attachez bien la corde, puis, jetez-la-moi ! »

Ce qu’ils firent. Mais, au moment de descendre, la princesse eut peur et dit :
— « Hélas ! Mon pauvre prince, mon père est sorcier; il ne tardera pas à savoir que nous nous sommes évadés, et il enverra ses soldats après nous, et si nous sommes pris, malheur à nous ! »
— « Partons toujours », répondit le prince; « nous verrons après. »

Ils descendirent, à l’aide de la corde, montèrent dans la voiture, qui les attendait, et partirent au triple galop.
— « Hélas ! J’entends les soldats de mon père qui arrivent ! » s’écria la princesse, au bout de quelque temps.

Et ils arrivaient, en effet, au grand galop, avec le roi à leur tête. Ils allaient les atteindre, leurs chevaux marchaient déjà sur le pont du grand fleuve qui limitait le royaume du roi Dalmar, de ce côté, quand la voiture atteignait l’autre extrémité.

Le valet, avec sa baguette blanche, frappa trois coups sur le pont, et aussitôt il tomba dans l’eau et disparut, et avec lui disparurent les soldats du roi Dalmar, qui furent tous noyés. Il était temps !

Le roi Dalmar seul était encore en vie, et, de l’autre côté du fleuve, il criait, furieux et montrant un poing rageur tenant une épée en feu :

— « Tu m’as trompé ! », Mais, avant d’arriver en petite Bretagne avec ma fille, tu auras encore à compter avec moi ! »

Cependant le prince et la princesse, exempts à présent de tout souci, poursuivaient leur route tranquillement.La nuit les surprit dans le même bois, et, sur l’avis du valet, il fut décidé qu’on y attendrait encore le jour.

Le prince et la princesse couchèrent dans le carrosse. Le valet s’approcha pied du même arbre que la première fois, pour se coucher sur la mousse et la fougère.

A minuit, il entendit encore des bruits d’ailes, comme de grands oiseaux qui viendraient s’abattre sur l’arbre, puis une voix dit :
— « Sommes-nous tous arrivés ? »
— « Oui », répondit une autre voix; « si ce n’est le Diable-Boiteux, pourtant; mais, il est toujours en retard, vous le savez bien. »

Le Diable-Boiteux arriva aussi, un moment après.

— « Eh bien ! Quoi de nouveau ? » Lui demandèrent les autres
— « Quoi de nouveau ? Mais, vous ne savez donc rien ? Le fils du roi de Petite Bretagne est encore dans le bois ! Il est venu à bout d’enlever la princesse Dalmar, et il l’emmène en son palais. Mais, il aura fort à faire, avant d’arriver là. D’abord, en sortant du bois, il sera attaqué par douze voleurs, qui lui enlèveront, à lui, à la princesse, et à leur valet, tout leur or, leur carrosse et jusqu’à leurs vêtements. Ils les mettront tout nus, comme quand ils vinrent au monde, puis ils les abandonneront, dans cet état. Et celui d’entre eux qui voudrait opposer quelque résistance serait à l’instant transformée en marbre. Étant dans ce triste état, ils rencontreront ensuite une vieille femme, sur le seuil de sa chaumière, qui les invitera à entrer et à accepter des vêtements. S’ils ont le malheur d’entrer dans la chaumière de la vieille et d’accepter des vêtements d’elle (car il y en aura là à choisir : vêtements de princes, de princesses, de ducs, de marquis), aussitôt, ils seront encore transformés en statues de marbre, et ils viendront se chauffer chez nous. Ils arriveront ensuite sur les bords d’un étang, dans lequel ils verront un homme près de se noyer, et appelant au secours; malheur à eux encore, s’ils veulent porter secours à cet homme, car aussitôt ils seront encore transformés en statue de marbre, et ils viendront se chauffer chez nous. Voilà les épreuves qu’il aura à subir avant d’arriver à Rennes. Et comment voulez-vous qu’il s’en tire ? Cela ne serait possible que si quelqu’un lui rapportait ce que je viens de vous dire, et aucun de vous ne sera assez sot pour cela; d’un autre côté, personne ne peut entendre nos conversations, ici; et quand bien même elles pourraient être entendues de quelqu’un, si celui-là rapportait au prince, avant un an et un jour, ce que je viens de dire, il serait immédiatement changé lui-même en statue de marbre, et il viendrait se chauffer chez nous. »

Le jour commençait à poindre, et les personnages qui étaient sur l’arbre partirent, ou plutôt s’envolèrent. Le valet, couché sous l’arbre, avait tout entendu. Il réveilla son maître, mais ne lui dit rien, attela les chevaux, et ils se remirent en route.

A peine furent-ils sortis du bois, que douze voleurs, sortant d’une douve, se précipitèrent sur eux et arrêtèrent les chevaux, en criant :

« La bourse ou la vie ! »

Ils forcèrent le prince et la princesse à sortir du carrosse, les dépouillèrent de tous leurs vêtements, puis ils partirent en emmenant les chevaux et le carrosse. Nos gens, restés nus comme des sauvages n’osaient plus se montrer sur les chemins, le jour. Ils se cachaient dans les bois, et voyageaient de nuit.

Une vieille femme, au seuil de sa chaumière les voyant passer, s’écria :
— « Doux Jésus ! Mes pauvres gens, que vous est-il donc arrivé ? Voir des chrétiens dans cet état ! Entrez dans ma maison, et je vous donnerai des vêtements; je ne vous laisserai pas partir ainsi. »

Le prince et la princesse voulaient entre; le valet fit son possible pour les en empêcher; mais, en vain; ils entrèrent dans la maison de la vieille. Le valet mit alors le feu à la maison, et les força d’en sortir, avant qu’ils eussent eu le temps de s’habiller.

Ils n’étaient pas contents. Il fallut se remettre en route, dans ce piteux état. Le valet trouva un vieux pantalon, tombé sans doute du sac de quelque chiffonnier. Il le mit, et put alors aller mendier du pain et des galettes, dans les fermes, pour lui et ses deux compagnons.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

35 réflexions sur « Le roi de Dalmar … !!! 2/3 »

  1. … tu n’aurais pas dans tes affaires un valet qui pourrait nous aider à trouver ce soleil qui nous manque tant?
    Merci pour cet écrit passionnant, vite la suite STP!
    Bises de Mireille du sablon

  2. Bonjour ma Zaza
    Je vais revenir lire depuis le début dès que mes yeux iront mieux, car là ce matin dur dur de nouveau, doudou aussi s’y met et en plus le mal de dos, je pense qu’on a chopé le début de cette vilaine grippe qui sévit sur l’île en ce moment (épidémie) deux belles soeurs l’ont chopé, pas envie d’aller poireauter dans la salle d’attente du toubib qui ne prend pas de RV mais si pas le choix il faudra bien, en attendant on se soigne avec les moyens du bord, heureusement chez toi c’est bien écrit assez gros mais sur certains blogs j’ai bien du mal de lire.
    En tous les cas j’ai lu avec plaisir cette belle histoire, oh les pauvres prince et princesse, le valet est quand même un brave homme, mais aimant tes histoires et ce livre a l’air passionnant je reviendrai pour lire le début…et ensuite découvrir la suite dès que possible.
    Prends bien soin de toi ma Zaza, le soleil est de retour ce matin sur mon île mais aux infos l’épidémie de cette vilaine grippe s’étend de plus en plus et oui c’est l’hiver austral et on n’y échappe pas……aux épidémies comme en métropole.
    Gros bisous ma douce amie Zaza.

  3. Il est attendrissant ton valet
    Tu es la championne de la narration
    Beau mardi avec soleil mais j’en doute encore qu’il apparaîsse , on finit par voir rouge

  4. bonjour
    très intéressant zAZA
    j ai hâte à la suite
    tout cela fort bien illustré c’est trés agréable
    bon mardi pour toi
    ( de la pluie , crachin , on ne voit plus les ilots ) l ‘été débute mal
    bises

  5. Et bien que d’imagination et d’action tu es championne pour inventer ces histoires et les conter … Bonne journée Zaza plein de bises

  6. « On a toujours besoin d’un plus petit que soi » et là le valet qui veille est de bonne oreille pour guider son prince mais qu’arrivera t-il par la suite.
    Il nous faut attendre que Madame Zaza ouvre son rideau et nous en conte la fin.
    Bisous

  7. c’était un temps / où les puissants / n’étaient pas mieux vêtus / que le premier venu / où ils n’avaient pas plus que le pauvre et le perclus / où il fallait se battre avec ses armes et son intelligence /

  8. Ce valet est vraiment le grand gagnant de l’histoire; heureusement que nous l’avons mais pffff!!! va falloir encore attendre. Zut! Un gros bécot pour ma Zaza préférée. Bel après-midi ma doucette

  9. coucou

    merci pour tes voeux et oui encore une année de plus !!!!!!

    en espérant qu’il ne pleuvra pas pour la fête de la musique,passe une bonne soirée

    bisousssss

  10. Bonsoir Zaza avec une journée idyllique plein soleil pourvu que çà dure…!!!
    Bon ben on va leur foutre la paix à ces jeunes qu’ils puissent s’aimer tranquillou hein ? je reviendrai y voir demain ! bonne soiré biz !

  11. oh la la, quel voyage, avec toutes ces maledictions, nos heros, vont avoir fort à faire pour arriver en Bretagne , mais le valet veille !! super chere Zaza, grosses bises

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