Le troisième œil – 5/8 … !!!

Je décidai donc de m’y présenter sous l’étiquette d’un agent du F.B.I.

 Cela avait marché avec Peg, il n’y avait pas de raison pour que cela ne fonctionne pas avec les flics, d’autant que le planton se  trouvant derrière le comptoir de l’accueil du poste de police donnait par son regard l’apparence de tenir plus de l’intelligence d’un Mister Bean que d’un Einstein.

– « Bonjour monsieur ! Que désirez-vous ? » Me demanda-t-il sèchement, malgré son sourire niais.
– « F.B.I., Agent spécial James Carson, je viens questionner les patrons du motel. »
– « Ben dis donc ! On peut dire que vous avez fait vite, vous ! On ne vous attendait pas avant demain ! »
– « J’ai deux collèges qui ne doivent arriver que demain, mais comme j’étais déjà en mission dans les parages, ma hiérarchie m’a demandé de venir de suite, histoire de dégrossir le Mammouth. »
– « Et en plus de ça, y-en-a un Mammouth de mêlé dans c’t affaire-là ? C’est dingue ! » Me lança-t-il l’air complètement ahuri.
– « Euh, non ! Dégraisser le Mammouth, c’est une expression, comment dire, du genre, déblayer le terrain ! »
– « Ah ! » Me répondit-il l’air peu convaincu. « Je pensais que c’était déjà fait. »
– « Quoi ? »
– « Ben… nettoyer le lieu du crime ! »
– « Laissez tomber et conduisez-moi auprès des suspects. »
– « Les suspects ? Vous voulez dire, les patrons du motel ? Ceux que nous avons ramené au bureau de police tout à l’heure ? Je ne savais pas qu’ils étaient suspects… »
– « Oui, c’est ça, le couple « Raccioppi ». Je décidais d’en dire le moins possible. Mieux valait prévenir, que s’engager dans des débats qui pourraient faire tomber « ma couverture ».
– « Et ils sont suspectés de quoi ? »
– « Je vous raconterai plus tard. Il faudrait que je les voie. »
– « Bon, bon, ne vous inquiétez pas. Il faut juste remplir un formulaire de visite et je vous y emmène. »
Après 15 minutes de paperasse, j’ai enfin pu passer la porte sur la quelle était inscrit :

Personnel autorisé seulement –Interdit au-delà de cette limite

Restaient encore, à passer les épreuves de rencontre potentielle avec du personnel, sans attirer l’attention.

Ma chance était que l’Arizona n’était pas le plus peuplé des États, ni d’une façon générale, ni en nombre de flics.
Carla et Jack, que j’ai vu de dos à travers la vitre de la porte, étaient assis, seuls dans la pièce, sur des chaises qui ne devaient pas être très confortables.

Carla devait avoir beaucoup pleuré, vu la quantité de mouchoirs en papier jonchant la table. Là, c’était du « quitte ou double ».
– « Vous pouvez me laisser. Je veux entrer seul. »
– « Bon, très bien. De toute façon, il vaut mieux que je retourne à l’accueil. Sinon, il y en a, encore, qui vont dire que je ne fais pas mon boulot et que je me balade sans arrêt. »

Et voilà ! Je devais vraiment être très convaincant. Ou alors, il était facile à convaincre. Bref, à ce moment-là, je m’en fichais complètement. Je ne m’attendais cependant pas à la suite.
Je poussai la porte.
– « Bonjour. Je suis l’Agent spécial James Carson, F.B.I. J’ai quelques questions à vous poser. »
C’était bref, et assez clair. On entend ça souvent à la télévision, je me suis dit qu’ils ne seraient pas surpris.
Jack s’est retourné et m’a suivi du regard en me scrutant, pendant que je contournais la table.
Carla a relevé la tête. Et là, patatras, le hurlement !
Carla s’est mise à hurler. Mais quand je dis « hurler », c’était vraiment « hurler » ! Du genre à faire se retourner dans leurs tombes, les habitants du « boulevard des allongés » depuis 10 ans, à affoler tout l’Arizona de 2 km à la ronde.
Le policier a rappliqué aussitôt, et Jack hésitait entre hurler aussi, ou rester muet et calmer sa femme.
Il choisit la seconde option, fort heureusement pour moi !
Il me toisait d’un regard faisant chuter ma température interne, comparable à celle d’un iceberg.
Il m’a demandé ce que j’avais fait pour qu’elle hurle de cette façon. Si les méthodes du F.B.I., c’était ça, et bien, bravo! Etc., etc., etc. J’en ai pris pour mon grade !
– « Appelez donc une ambulance ou un médecin au lieu de m’envoyer toute votre rancune à la face ! »
– « Une ambulance, ben voyons ! Nous ne sommes pas à New York, Agent Carson ! On aura déjà de la chance si les pompiers volontaires d’à côté s’amènent ! »
– « Appelez-les, alors ! »
– « Forcément ! On fait des conneries et après on n’assume pas.  Je vais lui faire prendre l’air déjà, ça ira peut-être mieux après. »

Il prit Carla sous le bras, laquelle hurlait toujours malgré le réconfort de Jack.
Jack s’est assis et les a laissé sortir. Il semblait épuisé. Son visage triste et crispé, son regard fixe m’empêchait de comprendre ce qui s’était passé.

Franchement, je commençais à me sentir mal. Je crois que cette fois, je m’étais mis dans un sacré pétrin ! Tout le monde allait savoir que quelqu’un était venu avec un vacarme pareil. Et en prime, les « collègues » devaient arriver.
– « Qu’est-ce qui s’est passé ? » ai-je tenté vers Jack, qui me regardait toujours fixement.
– « Vous n’êtes pas du F.B.I. » m’a-t’ il répondu sans ciller.
– « Je vous demande pardon ? »
– « Il vous ressemble beaucoup. »
– « Vraiment, je suis désolé, je ne vous suis pas » Je me demandais où il voulait en venir. Peut-être commençait-il à dérailler ?
– « Êtes-vous le père de Mike ? »

Le père de Mike ??

Mais que voulait dire Jack par-là ? Et puis d’abord, qui était Mike ? Père, moi ?…première nouvelle ! Il me fixait de son regard inquisiteur.
– « Mike? Qui est Mike ? Je ne saisis pas ce que vous voulez essayer de me faire dire ! Je ne suis le père de personne, jusqu’à aujourd’hui ! A moins que lors de rapports à la sauvette, une de mes conquêtes se soit retrouvée enceinte ! »
Jack secoua la tête et eut l’air navré.
– « N’essayez pas de tergiverser avec moi … j’en sais beaucoup plus sur toute cette histoire que vous ne pouvez l’imaginer. Et si vous êtes vraiment le père de Mike, et pour moi cela ne fait aucun doute, allions plutôt nos forces et nos connaissances pour le retrouver. Sa vie est en danger ! Et puis vous savez bien que le temps presse. Mike est en plein dans la phase de … mais … qu’avez-vous ?! »
Il s’arrêta en plein milieu de sa phrase, en me voyant soudain grimacer de douleur.
Je me pris le bras de l’autre main et vis que la plaie suintait au travers de la chemisette.
– « Rien, rien, juste une mauvaise plaie qui ne veut pas cicatriser. Puis-je vous piquer un kleenex, sur la table ? »
Il me tendit le paquet.
Je remontai la manche de ma chemisette et entrepris d’essuyer délicatement le pus qui coulait. Je grimaçais de plus en plus.
– « Montrez-moi ça ! Incroyable ! Vous avez « l’œil » vous aussi, exactement comme le petit Mike !
Et après, vous affirmez ne pas être son père. Voilà, la preuve est là, sous nos yeux, en plus de la ressemblance évidente !! Vous êtes, vous aussi, en phase « solaire » ! Vous êtes en danger, cachez vite votre plaie, si quelqu’un arrivait et la voyait … Mike a été enlevé, car c’était le moment qu’ils attendaient. Nous n’avons pas eu le temps de le mettre à l’abri chez les indiens, on devait l’y accompagner le lendemain. Ils sont sûrement à votre recherche aussi ! Ils ont exactement trois lunes pleines, pour réunir tous les porteurs de « l’œil » ! Il faut vous cacher ! »
– « Mais enfin ! Va-t-on m’expliquer ce que signifie tout cela ? Je ne comprends rien à cette histoire « d’œil », ni ce pourquoi je suis impliqué dans tout ça. Je débarque en Arizona où je n’ai jamais fichu les pieds de ma vie, pour y découvrir un fils dont on m’attribue la paternité. J’ai une tache qui suinte de temps à autres depuis toujours, sans me souvenir d’où elle me vient. La même plaie qui me fait souffrir en ce moment m’attribuerait la paternité de ce présumé fils ! Et tout cela me met dans un danger imminent ! Avouez que j’ai de quoi être un tantinet abasourdi !
QUI est à notre recherche et pourquoi ? Et puis à la fin, allez-vous me croire, lorsque je vous confirme que je ne suis au courant de rien ?! Serai-je sous le coup d’une amnésie totale, pour ne me souvenir de rien ?? A moins que vous soyez en train de profiter de mon ignorance pour me faire endosser des choses qui vous arrangent… ?? »
– « Normal que vous ne vous souveniez de rien, surtout pas de « l’œil » que l’on vous a incrusté à votre naissance, ni de tout le reste d’ailleurs ! Ça fait partie du pacte, le pacte du soleil, un truc indien !

Je vous raconterai en détail, ici les yeux ont des oreilles ! Tout ce que je peux vous dire c’est qu’à la base, c’est une machination politique, un plan des indiens Navajos qui voudraient bien récupérer leurs terres d’origine (Le Texas, le sud de l’Utah, l’Arizona et le Nouveau-Mexique).
Le gouvernement américain les en a chassés pour exploiter des gisements d’uranium et des mines de charbon. Encore une sale histoire d’enjeu économique crée par ces foutus amerloques et les Navajos se sont toujours juré de récupérer un jour leurs terres. Et ils sont dans leurs droits ! Vous savez, ils ont plein de rites, ils font beaucoup marcher la magie. Alors vous, vous faites partie de « l’enjeu » avec d’autres personnes. Vous serez en sécurité avec les Navajos, ils ne vous veulent aucun mal, rassurez-vous ! En revanche, il semble qu’il en soit autrement avec le F.B.I. ! Donc, un conseil : fuyez tout de suite de ce commissariat !
Allez à Chelly, retrouver la tribu des Navajos.

Là-bas vous serez en sécurité, vous pourrez vous cacher et vous serez en mesure de comprendre ! Dès que nous serons libérés Carla et moi, nous vous rejoindrons là-bas et déciderons ensemble de la marche à suivre pour la suite des évènements ! Il faut retrouver Mike ! Bon courage, et faites-moi confiance ! » Souffla-t-il.

Sous l’avalanche d’informations donnée par Jack, en désordre, d’un ton saccadé et chuchoté, je sentis mes jambes flageoler. Et si cet homme avait raison ?
Le temps pressait, le policier et Carla revenaient, et je n’avais plus la possibilité de poser toutes les questions qui se bousculaient dans ma tête.
Jack griffonna à la va-vite une adresse sur un petit bout de papier, et eut juste le temps de me le glisser dans la poche.
Le policier accompagné de Carla entrait déjà dans la cellule.
Il fallait que je retrouve de suite mes esprits !

– « Bon, j’ai tous les éléments que je voulais concernant l’enquête ! Ces gens-là n’ont rien à voir dans toute cette histoire ! » Affirmai-je au policier en montrant Jack et Carla du menton.
« Mon travail est terminé, je vous laisse ! »

Je glissai un regard entendu à Jack et quittai la pièce, sans me retourner, le diable aux trousses !
J’espérais atteindre la porte du commissariat sans être importuné par quiconque. J’avançais d’un pas ferme et soutenu, n’osant pas me retourner, le regard fixe, droit vers la sortie. Je ne voulais surtout pas avoir à répondre à la moindre question, avoir à supporter le moindre regard. J’atteignais enfin mon but. J’étais sorti du poste de police. Mais une fois sur le parking, une voix retentit dans mon dos. Dans la seconde qui suivi mon rythme cardiaque passa du simple au double.
– « Je l’ai Agent Carson! Je l’ai !» Me criait-on.
Je me suis retourné lentement, sentant bien que je ne pouvais m’éclipser sans avoir à affronter ce mystérieux interlocuteur. Ayant fait un demi-tour complet, je vis un policier s’avancer vers moi un dossier à la main.

– « Qu’avez-vous donc, Gorman ? » Lui dis-je en lisant son nom sur son uniforme.
– « Le rapport d’analyse concernant le sang du couteau ! »
– « Montrez-moi ça ! »

Je n’en croyais pas mes yeux, le sang sur le couteau avait été identifié comme étant celui d’Olga Lioubov.

Qu’un cadavre disparaisse à la vitesse de l’éclair, je voulais bien l’admettre, mais comment cette femme avait-elle pu ressusciter pour se faire assassiner de la même façon deux ans plus tard ?
Il y avait là une question à laquelle je ne trouvais pas de réponse logique. D’autant que je savais qu’elle n’avait jamais existé.
J’avais, jusqu’à maintenant, pensé qu’un mannequin avait pris la place de la virtuelle Olga à l’hôtel « Arizona Dream » mais si quelqu’un avait voulu reproduire la mise en scène comment avait-il fait pour avoir une femme à l’ADN similaire ? Mon esprit s’embrouillait de plus en plus.

Le vôtre aussi je suppose !

A SUIVRE

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

28 réflexions sur « Le troisième œil – 5/8 … !!! »

  1. Oh que oui, tout s’embrouille! bon courage pour la suite mais je te fais confiance….
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  2. Bonjour Zaza
    Désolée je n’ai pas le temps…
    J’ai eu de gros soucis hier pour valider les commentaires du coup je suis en retard.
    Aujourd’hui je vais voir mon mari donc pas présente, je vous donnerais des nouvelles dans une publication.
    bon week-end
    bisous

  3. oui là chère Zaza on est un peu dans la choucroute , ou la melasse comme tu veux !! mais je suis sur que tu vas eclairer nos lanternes dans la suite, on te fait confiance, bon we, bisous

  4. Bonjour Zaza quel embroflio,dans quel guépier t’es tu fourrée? C’est passionnant, bisous et bonne journée MTH

  5. Zut! je n’ai pas suivi l’histoire et me suis contentée( pas trop le temps) de lire cet article. Je ne sais où tu vas puiser autant d’imagination, ma chère Zaza. Gros bisous, ma belle, et très agréable week-end

  6. En effet, comme l’agent improvisé du FBI, mon esprit est des plus embrouillé, mais…tu vas sûrement le remettre à l’endroit. Excellent!
    Bises et belle journée

  7. Oui et pas qu’un peu….Les Indiens dans le coup mince alors heureusement c’est pour une bonne cause mais quand même incruster des yeux dans la peau des gens! C’est glauque….Bisoussss

  8. Non pas embrouillée, conquise!
    L’alias James Carson fonctionne bien, je trouve… et on vibre de savoir la suite avec les porteurs de l’oeil et les indiens. Tu nous embarques dans une histoire qui serait très bien en série ou en fim alors merci ma Zaza
    Je t’envoie plein de gros bisous et te souhaite un excellent dimanche ainsi qu’à Poux Ronchon
    Cendrine

  9. le second de nos petits enfants, plus jeune était passionné pas les légos, il voulait toujours le modèle qu’il n’avait pas encore fait….il ouvrait la boite, ouvrait les explications et hop l’après midi passait sans bruit….lui qui était speed….mais ces deux dernières années je pense qu’il a arrêté, il est plus sur le sport….passe un doux dimanche

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