Ah la vache … !!! – 3/9

Chapitre III

Le chef, Léo Parre, se grattant la tête demanda à notre Nestor :

– « Mais où voulez-vous en venir ? »
– « Un fait est maintenant clair : le docteur Ruddy Manterre a pénétré dans la chambre de madame Javell entre ma première visite et la seconde.
Regardant le docteur, Nestor rajouta :
– « J’ai le calepin en ma possession, docteur, et je vous assure que la police connaît un petit truc qui lui permet de lire ce qui pouvait être écrit sur la première page d’un livre, en se servant de la deuxième. »
Le docteur perdit contenance :
– « Je ne l’ai pas tuée…  Et je vous le jure ! »
Le chef de police municipale questionna :
– « Mais vous avouez être entré dans la chambre de la victime quelques instants avant le meurtre. »
– « Non ! Lorsque je suis entré dans la chambre, madame Javell était déjà morte. »
– « Ah ! »
– « J’avais été attiré par le coup de feu. En entrant dans la chambre, je vis le calepin. La première feuille était remplie. »
– « Qu’y avait-il d’écrit ? »
– « Madame Aude Javell déclarait qu’après mure réflexion, elle préférait appeler l’hôpital du nom du docteur Yvon Léveillé au lieu du mien. »
– « Qu’avez-vous fait ? »
– « Je ne sais pourquoi, j’ai arraché cette feuille au lieu d’enlever le calepin au complet. Ensuite, je suis sorti. »

Nestor déclara :
– « Pourtant vous n’êtes arrivé qu’après nous et monsieur Jude Javell. »
– « Je sais, je sais, » répondit le docteur. « En sortant de la chambre, j’entendis des bruits de pas. C’était vous et Nick Hottine. Je voulus vous suivre, mais quelqu’un d’autre venait. Je me cachai à nouveau. Cette fois, c’était Jude Javell. Lorsqu’il fut passé, je sortis de ma cachette et allai vous rejoindre. »
– « C’est tout ? » fit le chef.
– « C’est tout. »
Nestor déclara alors :
– « Donc, chef, tout à l’heure, vous n’aviez qu’un seul suspect : moi…. Maintenant vous en avez quatre :
1 – Moi, puisque tout à l’heure, vous émettiez un doute dans ma recherche d’eau.
2 – Nick Hottine qui a eu le temps d’aller tuer madame Javell pendant que j’allais chercher de l’eau.
3 – Mellick Hottine qui vous a menti en disant qu’il n’est pas sorti de sa conciergerie. Non seulement, il en est sorti, mais il s’est rendu derrière la maison où se trouve l’escalier qui passe sous la fenêtre de madame Javell.
4 – Le docteur Ruddy Manterre qui déclare être entré dans la chambre de madame Javell quelques secondes après le meurtre. Peut-être ment-il ? Peut-être a-t-il tué madame Javell pour s’emparer de la feuille ? Il a un excellent mobile ! »
Le chef avait écouté en silence. Se tournant vers le groupe, il demanda :
– « L’escalier sous la chambre de madame Aude Javell, quelqu’un s’en servait il ? »
– « Oui, » répondit Nick Hottine.
– « Comment ça ? »
– « On entrait souvent dans les chambres en se servant de l’escalier. Les fenêtres sont très larges et ça nous faisait une seconde porte. »
Jude Javell prit la parole.

– « Il y a quelque chose que je ne comprends pas. »
– « Quoi donc ? »
– « Comment se fait-il que ma belle-sœur ait fait demander monsieur Nestor Boyaux pour photographier cette vache alors que Nick pouvait faire le travail ? »
– « Vous vous occupez de photographie ? » demanda Nestor à Jude Javell. »
– « Oui, tout comme ma belle-sœur. Nous avions même fait équiper une chambre noire pour permettre de développer des photos argentiques. La photo était notre marotte. »
– « Je comprends », fit le chef.
Nestor déclara :
– « Quand nous aurons répondu à la question que monsieur Jude vient de poser, je crois bien que nous aurons presque résolu le mystère. »
Le chef de police municipale s’approcha de Nestor Boyaux :
– « J’aimerais vous dire quelques mots. »
– « Certainement. »
Le chef appela son adjoint.
– « Restez ici. Je ne veux que personne ne sorte d’ici. »
– « Compris chef. »
Nestor sortit en compagnie de Léo Parre.
Ce dernier l’emmena dans un autre petit appartement.
– « Asseyez-vous. »
Nestor obtempère.

Le chef reprit :
– « Monsieur Nestor Boyaux… »
Nestor remarqua que le chef avait dit monsieur. Léo Parre continua :
– « Je voudrais vous demander une faveur. »
– « Ah ! »
– « Vous comprenez que devant les autres, je ne pouvais pas vous approuver et vous innocenter immédiatement. »
Nestor sourit.
Il commençait à se douter où le chef voulait en venir.
Ce dernier continua :
– « Je vous connais de nom. Je sais que vous êtes habile à démasquer les coupables… »
– « Et vous voulez que je vous aide. »
– « Justement. »
Nestor haussa les épaules.
– « Si vous n’êtes pas capable de résoudre cette affaire, vous n’avez qu’à faire appel à la crime de Rennes. C’est à elle de trouver l’assassin. »
– « Je sais, je sais… »
– « Alors pourquoi ne le faites-vous pas ? »
– « Parce que je veux trouver le coupable avant elle. Vous comprenez ? »
– « Pas vraiment… »
– « Eh bien, je veux me présenter comme maire de Verne-Sur-Seiche pour les élections de mars 2020. »
Nestor sourit :
– « Ah, ah ! Et cela augmenterait votre prestige auprès de vos concitoyens si vous trouviez vous-même le coupable. »
– « Un peu. »
Il y eut un court silence :
Le chef demanda, inquiet :
– « Vous n’allez pas refuser. »
Un nouveau silence.
Puis Nestor dit lentement :
– « Écoutez bien Léo Parre. Vous êtes un fanfaron. Vous croyiez tenir le coupable et vous vouliez m’arrêter. N’essayez pas de me convaincre du contraire. Maintenant que je vous ai prouvé qu’il y avait plusieurs suspects, vous n’êtes plus aussi sûr de vous. Et comme de juste, vous me demandez de l’aide ! »
– « Alors c’est un refus ? »
– « Heureusement pour vous, cette affaire me passionne. Je vais m’efforcer de démasquer l’assassin, mais remarquez bien que je ne le fais pas pour vous ! Vous me déplaisez énormément et votre figure ne me revient pas. »
Le chef de police municipale se leva :
– « Malgré vos paroles un peu… brutales, j’accepte votre aide. Je dirai même que je laisse tout entre vos mains. vous aurez carte blanche ! Mais nous travaillerons ensemble, c’est compris. »
– « Très bien. »
Nestor se leva à son tour. Nestor s’apprêtait à sortir lorsqu’il s’arrêta devant une belle bibliothèque.

– « La bibliothèque de la maison ? » demanda-t-il.
Le chef précisa :
– « La bibliothèque personnelle de madame Aude Javell. »
– « Tiens… tiens. »
Il se mit à examiner les livres.
– « C’est curieux, » dit-il.
– « Quoi donc ? »
– « Ce sont tous des traités sur les crimes, les criminels … »
– « C’est parce que vous ne connaissiez pas madame Javell. »
– « Comment ça ? »
– « Depuis la mort de son mari… »
– « Vous voulez dire, depuis son suicide ? »
– « Oui. Eh bien madame Javell s’ingénie à étudier les crimes. Elle voulait prouver que son mari était innocent. »
– « Tiens, tiens. Mais comment se fait-il que Jude Javell, le beau-frère de madame Javell, vivait sous ce toit ? »
– « Ils sont en indivision sur cette propriété. »
Nestor retourna s’asseoir.
– « Chef, Léo Parre, » dit-il,  « je voudrais que vous me racontiez une histoire ? »
– « Une histoire ? »
– « Oui, celle qui s’est déroulée, ici, il y a vingt ans. »
– « Mais voyons, c’est du temps de perdu. »
– « Pas pour moi. J’ignore tout de cette affaire. Je n’en connais que les grandes lignes. »
– « C’est vrai que vous étiez en activité sur Paris, il y a vingt ans. Eh bien voici :
– – Un beau jour, on trouva morte, dans une des chambres de la propriété, Sarah Freichi, la belle-sœur d’Alcide Javell et par conséquent la sœur aînée d’Aude.
Près d’elle, on retrouva Alcide, l’époux d’Aude Javell, ivre-mort. Dans la main, il tenait un tisonnier taché de sang.
L’enquête ne fut pas très longue.
On déclarera la culpabilité d’Alcide. Il fit de la préventive en attendant son procès et se suicida.
Mais madame Aude Javell a toujours cru à l’innocence de son mari.
Depuis le jour de la mort de Sarah Freichi, la chambre dans laquelle elle avait été tuée est toujours restée fermée à clef. Personne ne pouvait y entrer sauf elle.
Il paraît que tout est resté, tel que le soir du crime.
La police a même rapporté le tisonnier et il a été déposé, là où il a été trouvé.
C’est tout ce que je sais à propos de cette affaire – – » finit par narrer le chef.

Le chef de police Léo Parre a changé de ton et s’en remet entièrement à Nestor Boyaux.
Que ne ferait-on pas pour gagner des élections !

A SUIVRE …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

28 réflexions sur « Ah la vache … !!! – 3/9 »

  1. …quand les vieilles histoires remontent à la surface, suspense assuré!
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  2. Ah, tu me mets les neurones à l’envers, Zaza et j’en viens à soupçonner tout le monde. Histoire passionnante. Vivement la suite. Bises et bon mercredi à toi

  3. Bonjour Zaza,
    Toujours aussi passionnant mais tout reste a en suspense , Nestor en tant que grand sera t’il beau jouer envers le chef attendons la suite
    passionnant
    Bonne fin de journée
    Amitiés

  4. Amener la police sur les lieux d’un crime passé pour blanchir son mari et laver son honneur et surtout démasquer le coupable … Aude est très forte.
    Alez messieurs au travail
    Bisous ma belle ta copine te miaoune 12 jours encoleretter c’est long long long

  5. J’ai lu les précédents épisodes pour comprendre cette histoire de vache.
    En remontant dans le passé, Nestor va sûrement voir des pistes. J’aime bien les noms des protagonistes . Bisous

  6. Ah , le passé aidera certainement Nestor à résoudre l’affaire , en attendant le chef Léo Parre a trouvé le moyen de faire pencher la balance des élections de son côté avec le talent de Nestor nul doute qu’il aura débrouillé l’affaire .
    Bonne journée
    Bises

  7. …voila qu’on decouvre les aspirations du chef de la Police et le suicide du mari de la victime , pas de probleme Nestor va nous debrouiller tout ça !! merci chere Zaza bonne journee, bisous

  8. c’est vraie que l’ont remonte dans le passée,mais bien pensé dans ton histoire , j’ai rentré mes plantes car il commence a gelé je trouve l’hiver précoce ,je te souhaite un très bon Mercredi,bises

  9. Ces incursions dans le passé sont certainement très utiles.
    Je ne vois pas en quoi pour le moment mais j’ai confiance dans les épisodes suivants pour me l’apprendre…
    Gros bisous,
    Mo

  10. Toujours aussi alléchée je suis!
    Et je « bave » sur la bibliothèque, fichtre!!!
    Que de trésors il doit y avoir dedans…
    Mystère en feuille volante… C’est très réussi, merci ma Zaza
    On veut la suite!!!
    Gros bisous et douce journée
    Cendrine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.