Les consignes de Ghislaine, CLIC
Il pleut, il mouille sur la Bretagne et un peu partout sur la France depuis les dernières grandes marées, c’est pour cela que je vous propose cet atelier d’écriture, ce matin !
J’ai choisi d’introduire dans mon histoire les mots imposés : « Sens, ressentir, émois, cœur, battre, fort. » en m’inspirant de la photo proposée par Ghislaine.
Le mystère du congélo !
— Marie… Va demander à Charlotte si elle peut nous dépanner d’une baguette. Arthur a encore oublié de passer à la boulangerie.
Et voilà, comme d’habitude, c’est Marie qui doit aller chez Charlotte, en pleine nuit, sous la pluie, pfttt !
— Pourquoi moi ? Je fais mes devoirs ! Jean peut y aller, il ne fait rien.
— Marie, sois gentille, tu es la plus grande. Jean est fatigué. Moi, à 13 ans, je m’occupais de mes quatre frères. Je leur donnais le bain, je…
J’ai mis mon casque sur les oreilles, je connaissais la suite par cœur. Ma mère me saoule !
Jean, c’est mon frangin, un petit morveux de sept ans. Enfin, mon demi-frangin. C’est le bébé d’amour de ma mère. Je la comprends, c’est le fils de son amoureux, Arthur avec qui elle a refait sa vie, un beau rital aussi débile qu’il est beau. Mon beau-père quoi ! Alors que moi, je suis la fille du gros naze qui s’est barré avec sa secrétaire il y a huit ans.
Furieuse, j’enfile une veste, une paire de baskets, pousse Jean en passant, et sors en claquant la porte pour montrer à quel point j’en ai marre de cette famille.
Charlotte est une dame d’environ cent cinquante ans qui habite dans une vieille maison à moitié délabrée. La pauvre est aussi délabrée que sa maison. Elle est sourde comme un pot, elle a une moustache, de grands poils au menton et des chicots tous pourris.
Ding ding dong !
— « Salut la vioque, tu n’aurais pas un bout de pain ? Le mec de ma mère, tête en l’air, a oublié d’en acheter. »
— « Oh, ma p’tite Marie, qu’est-ce qui t’amène à c’t’heure ? »
— « Vous n’auriez pas une baguette pour nous dépanner s’il vous plait ? »
— « Commeeeeennnt ?
— « Vous n’auriez pas une baguette pour nous dépanner s’il vous plait ? » Hurlai-je dans son sonotone. » »
— « Une brrraaagueeeeette ? »
— « NON, UNE BAGUETTE ! »
Je n’en peux plus, je crois que je me suis fait une luxation des cordes vocales. Elle ne s’arrange pas la Charlotte.
— « Ah ! D’accord, je n’avais pas compris. Il faut parler plus fort ma chérie, mes oreilles n’ont plus vingt ans. Il doit m’en rester une dans le congélateur. Entre deux minutes, tu vas être trempée avec ce sale temps. »
J’accepte l’invitation à contrecœur, la maison n’étant pas des plus accueillantes.
Je ferme la porte et regarde la proprio déambuler comme elle peut dans le long couloir sombre. On se moque d’elle avec mes copines, mais en réalité elle me fait de la peine. Toute seule dans cette maison lugubre, personne ne vient la voir. Il parait qu’elle a perdu son mari dans un accident de tracteur, il y a très longtemps.
— « Eh ! La vioque, t’es tombée dans le congélo. »
Qu’est-ce qu’elle fout ? Je ne l’entends plus.
— « MADAME CHARLOTTE, ÇA VA ? »
Pas de réponse. Je suis en émoi et je commence à flipper grave.
— « MADAME CHARLOTTE, C’N’EST PAS DRÔLE ! »
Qu’est-ce que je raconte, Charlotte n’est pas du genre à faire des blagues. J’ai le cœur qui se met à battre très fort. J’aurais dû prendre mon téléphone. Qu’est-ce que je fais ? OK, je laisse tomber, je vais chercher du secours !
— « MADAME CHARLOTTE, JE REVIENS TOUT DE SUITE. »
Pas de réponse.
J’attrape la poignée de la porte d’entrée, je tire, elle résiste, je tire encore plus fortement, elle résiste encore. Ce n’est pas une petite poignée de porte toute pourrie qui va m’empêcher de sortir. Je mets mon pied en appui, je sens que ça vient…
Je reste quelques secondes sans réaction, assise dans le couloir, un peu sonnée, la poignée de porte dans la main… Je n’y crois pas, c’est un cauchemar.
— « AU SECOURS ! »
Ma pauvre fille, tu n’as aucune fierté.
Non c’est vrai, aucune. Et tu sais ce qu’elle te dit ma fierté !
Oui, il m’arrive de discuter avec moi-même, surtout quand on n’est pas d’accord. Et puis, de cette façon, j’ai l’impression d’être deux. On est plus courageux à deux, non ? Allez, les filles, on reste calme…
Analysons le ressenti de la situation : je suis enfermée dans une maison délabrée qui peut s’écrouler d’un moment à l’autre.
La Charlotte a été égorgée par un serial killer qui était caché dans le congélo. Et quand il aura fini de boire le sang de sa victime… qu’est-ce qu’il va me faire ?
Ma pauvre fille, ne penses-tu pas que ton analyse est teintée d’un petit excès de pessimisme ?
Tu as raison, me répond l’autre Marie, je recommence : je suis chez Madame Charlotte, la fringante centenaire qui va bientôt revenir avec une baguette dans une main et une caisse à outils dans l’autre pour réparer la poignée de la porte.
Eh bien voilà, tout s’arrange. Un peu de patience. Comme l’autait dit ce cher Arthur, la patience est la mamma de toutes les vertus.
Je me sens un peu rassurée par cette conversation avec moi-même. Cependant, la patience et moi, on n’est pas copines.
Je me risque à faire un pas dans le couloir, puis deux, puis je me lance dans un sprint jusqu’à la porte du fond. Je risque un œil à gauche, c’est la cuisine.
Personne en vue. J’avance sans bruit vers le congélo en tremblant.
Je ne peux plus reculer. Je sais que je vis mes derniers instants.
Maman, Jean, je vous aime. Vous allez me manquer. Même toi Arthur, tu es un peu bête, mais tu me fais rire.
Adios.
J’ouvre doucement la porte du congélo, tout doucement, centimètre par centimètre. Un grincement furtif et, soudain, une lumière jaune éclaire faiblement l’intérieur du congélateur.
C’EST HORRIBLE ! De gros yeux injectés de sang dans une tête écorchée me transpercent d’éclairs glaçants !
— « AU SECOURS ! À L’AIDE ! JE NE VEUX PAS MOURIR. »
Je cours en direction de la fenêtre située dans la pièce à côté en hurlant, par laquelle je vais tenter de m’échapper dans une opération de la dernière chance, mais… quelle n’est pas ma surprise ! Madame Charlotte est dans son fauteuil, avec son tricot. Elle me regarde en souriant, quoique légèrement étonnée.
— « Madame Charlotte, vous êtes VIVANTE ! »
— « Oh ! Marie, ma pauvre petite, j’ai complètement oublié de te donner ta baguette. »
— « Mais… Dans le congélateur… c’est quoi ??? »
— « Commeeeeennnt ? »
— « C’EST QUOI DANS LE CONGÉLATEUR ??? »
— « C’est Robert, oui c’est Robert », me répond-elle les larmes aux yeux.
— « ROBERT ?! MAIS C’EST QUI ROBERT !!! » Hurlai-je, terrifiée.
— « Il est mort il y a très longtemps, je l’aimais bien, alors je n’ai pas pu le manger. »
Au même moment, j’ai entendu avec soulagement la porte d’entrée s’ouvrir dans un grand fracas.
Ma mère, inquiète de ne pas me voir revenir, a ordonné à Arthur d’aller voir si je ne traînais pas avec ce « vaurien » de Maxou. Quand il a entendu mes hurlements, ni une ni deux, il a démoli la porte.
Depuis ce jour, Arthur et moi avons des rapports apaisés. Ce n’est pas le grand amour, mais on rigole bien quand même.
Ça fait pourtant trois ans déjà… La pauvre Charlotte est allée rejoindre son mari et la maison a été démolie, remplacée par un parking.
Et quand on reparle de cette aventure en famille…
— « Marie, j’n’ai pas compris, c’est qui Robert ? » demande Jean.
— « Robert, c’était le mari de Charlotte. Il élevait des moutons. Quand il est mort, Charlotte en a gardé un qui lui a tenu compagnie quelques années. »
— « Et elle lui avait donné le prénom de son défunt mari ! » S’esclaffe Arthur, d’un rire niais…
La situation n’est pas si drôle mais j’ai ri en lisant le dialogue de sourd
Pas facile les famille reconstruite …
Bonne journée ZaZa
Bonjour Zaza !
Quelle aventure et que de rebondissements !
Tu as l’imagination débordante ! Bravo ! 👍👍👍
Bon samedi et fais attention si tu vas sortir quelque chose du congélateur … on ne sait jamais ! 😏😉🤪
Pierre
Les » familles reconstruites » c’est mieux comme cela
Un beau roman !…
Merci !
La photo d’en-tête m’a ramené des années en arrière!
Bon samedi qui semble s’éclaircir
Waouh, t’es trop forte, il fallait y penser, belle écrivaine d’histoires ! J’adooore ! de l’humour, j’ai bien ri malgré l’histoire version thriller ! Bravo. Je retourne à mon samedi chez moi, te disant à bientôt. Beau week-end à toi et bisous à tes personnages et tous.
Quelle aventure! J’admire ton imagination, j’ai bien ri en te lisant.
Belle journée
bises
Coucou Zaza, trop bien ton histoire ,je retrouve intacte ton talent d’écrivaine, j’ai vraiment aimé cette horrible histoire si bien contée bisous bonne journée MTH
Quelle aventure !!
Que j’ai lue avec plaisir…
C’est super bien écrit… Et tu as une imagination vraiment débordante pour nous raconter des histoires
Bizzz
mais quelle histoire pour une baguette
BRAVO ma Zaza
Tu sais ménager le suspense, il faut lire jusqu’au bout!
Bises de Mireille du sablon
Je trouve belle cette histoire bon Samedi bises
Drôle d’histoire bien racontée !
histoire macabre quelque peu mais teintée d’amour malgré tout de cette famille recomposée. Pauvre vieille dame quand même. Bon weekend bises et, à bientôt
Mazette, de quoi avoir des sueurs froides !!!!!!!!!!!!!!! Tu es douée pour se faire, bises JB
bravo Zaza quelle affaire ce Robert !! bravo super bien tournée cette histoire amities et bises
Bravo Zaza pour cette histoire qui donne des sueurs froides
Bonne soirée
Bises
Si ce n’était pas si rigolo ton histoire, on aurait eu la peur de nos vie !!
Ma foi rire de bon matin comme ça j’aime très beaucoup mdr !!!
Merci ma Zaza pour ces dialogues de talent !