Jacky va-t-il s’en tirer ???
En deux temps, trois mouvements, la lourde de sa cage est déverrouillée.
Un crochet au foie stoppe son hystérie. Deux guignols le chopent sous les aisselles et un troisième le soulève par les pieds.
Il a juste le temps d’apercevoir la belle de nuit lui faire un clin d’œil, déposer un baiser dans le creux de sa paume, et de le souffler dans sa direction. Elles sont comme ça les marchandes d’amour ! Toujours prêtes à négocier leur cul, mais à partager leur cœur !
Sans égards pour son anatomie, ses porteurs l’enfoncent sur une chaise, puis se tournent, au garde-à-vous, vers leur supérieur, en espérant un ordre.
– «Vous pouvez disposer, messieurs,» éructe le chef Royco, «je vais m’occuper personnellement du sieur Gobé».
Les trois lèches-bottes claquent les talons, effectuent un demi-tour réglementaire, et quittent les lieux !
L’enquêteur qui est devant Jacky, n’a pas l’air d’un mauvais bougre, cependant, les apparences sont souvent trompeuses, et les cognes n’inspirent que très rarement une grande sympathie. D’ailleurs, en ce moment et pour Jacky, la police française il s’en fout, la seule chose qui l’intéresse, c’est Meg. Que lui est-il arrivé ?
– «Monsieur l’inspecteur, pouvez-vous me donner …»
– «Minute l’artiste ! Ici on parle quand j’en donne l’autorisation, pas avant.»
– «Peut-être avec vos cires pompes, mais pas avec moi ! J’exige des nouvelles de mademoiselle Duchemain !»
– «Il exige ? Je rêve ! Tu n’as rien à exiger mon gars. Au cas où tu n’aurais pas bien compris, je vais me faire un plaisir de t’expliquer, bonhomme. Tu es chez nous pour vingt ans, minimum ! Alors tes exigences, tu peux t’les mettre ou je pense.»
– «Qu’est-il arrivé à Meg Duchemain ?»
– «Écoute casse-couilles, on va commencer par le début : Nom, prénom, profession ! Enfin, le grand jeu quoi ! D’accord ?»
– «Qu’est-il arrivé à Meg Duchemain ?»
– «Têtu ! Hein ?»
– «Têtu ! Et ce n’est rien de le dire !»
– «Pourquoi la santé de cette Meg Duchemain, te tient-elle tellement à cœur ?»
– «Parce que Meg Duchemain est mon amie !»
– «Ton amie ?»
– «Mon amie ! Et si j’ai buté Looser, c’est parce qu’il la tabassait et qu’il était sur le point de lui tirer une balle dans le ventre.»
– «Évidement, vu comme cela, ça change tout.»
– «Bien sûr que ça change tout ! Quand vos sbires sont arrivés rue François Coppée, Meg n’était qu’évanouie. Ici, une heure plus tard, on m’annonce qu’elle est dans un monde meilleur. J’ai le droit de savoir ce qui s’est passé, et tant que je n’aurai pas d’explications, je fermerai ma gueule.»
– «Tu ne diras plus rien ? Tu es sûr ? Il est sûr … ! Bon, écoute, je suis bon prince, et en plus je n’ai pas trop de temps à perdre. Alors, exceptionnellement, pour deux minutes, on va inverser les rôles. Je vais répondre à ta question et ensuite tu répondras aux miennes, OK ?»
– «OK ! Qu’est-il arrivé à Meg Duchemain ?»
– «Oh ! T’es fatigant, change de disque ! L’agent qui t’a annoncé son décès a balancé ça, comme ça, sans savoir. Il t’a chargé pour voir ta réaction, pour faire du zèle, ou parce qu’il est con, je n’en sais trop rien. Mais, ce que je peux te dire, c’est que ta Meg Duchemain est bien vivante.»
Il embrasserait ce flicard. Meg est sauve. C’est bien vrai ! Et lui, il ressuscite.
– «Où est-elle commissaire ?»
– «Inspecteur, inspecteur ! D’après les collègues qui t’ont alpagué, ton amie se trouvait dans le cirage. Ils ont tout de suite appelé les urgences, et le SAMU s’est pointé dix minutes plus tard. Le toubib qui a examiné mademoiselle Duchemain, bien que peu inquiet, a préféré la faire transporter le plus rapidement possible vers un service de réanimation. Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire pour le moment.»
– «Où est-elle hospitalisée ?»
– «Je ne sais pas, il faudrait appeler l’antenne du SAMU.»
– «Eh bien ! Téléphonez !»
Le roussin le regarde avec un air très agacé. Il pense fortement qu’il commence sérieusement à les lui briser menu et la moutarde lui monte au nez. Néanmoins, il enfonce sèchement une touche de son interphone et …
– «Dupond ?»
– «Inspecteur Wibert ?»
– «Oui ! Dites-moi mon petit Dupond, est-ce que vous pourriez vous renseigner auprès du SAMU, pour savoir où ils ont débarqué une certaine Meg Duchemain ?»
– «C’est la pisseuse de la rue François Coppée ?»
Wibert adresse à Jacky une mine confuse et agresse son micro.
– «Ça vous écorcherait la gueule d’être un peu plus poli ? La pisseuse, comme vous dites, se nomme Meg Duchemain, et c’est bien la VICTIME de la rue François Coppée !»
– «Excusez, Inspecteur. Je me renseigne et je vous rappelle.»
– «Il ne faut pas lui en vouloir !» Justifie Wibert, «notre métier n’est pas de tout repos et …»
– «Et dans la police aussi, vous êtes obligés d’embaucher un certain pourcentage d’handicapés.» Coupa Jacky ! «Mais n’en faites pas un apostolat.»
– «Ne tirez pas trop sur la ficelle Gobé. Ma patience a ses limites et il ne faut pas trop abuser.»
– «Tiens, vous ne me tutoyez plus ? Je suis redevenu un citoyen normal ?»
Il est devenu blanc comme un linge, le petit poulet, et heureusement que le téléphone sonna, car il était sur le point de lui souhaiter la saint Jacky.
– «Allô ! Qui est à l’appareil ? Bon … bonsoir commissaire, ici l’inspecteur François Wibert. Que puis-je faire, pour vous être agréable ? Monsieur Gobé ? Oui, il est justement dans mon bureau. Que je vous le passe ? Mais, bien sûr commissaire, tout de suite commissaire.»
Wibert bouche le micro du combiné avec la paume de sa main gauche, et à l’intention de Jacky :
– «Monsieur le commissaire divisionnaire Tarlouse ! Il désire vous parler.»
Jacky s’empare du téléphone.
– «Allô ? Commissaire Tarlouse ? Oui, ici Gobé. Vous venez immédiatement ? OK ! Je vous attends. A tout de suite commissaire.»
Il raccroche le combiné et se tournant vers l’inspecteur :
– «Tarlouse sera là dans un quart d’heure.»
– «Vous le connaissez ???»
– «Tarlouse ? Ça serait malheureux ! On travaille sur la même affaire. Il va en faire une tête, quand il va savoir qu’on m’a bastonné et enfermé au ballon. Enfin ! Ça va mettre de l’animation dans votre bouiboui. En attendant, inspecteur, si vous voulez bien me faire reconduire dans ma cellule !»
– «Mais vous n’y pensez pas! Et puis ces menottes !»
Il remet en marche son interphone.
– «Dupond ! La clef des bracelets, pour monsieur Gobé, et magniez-vous l’train !»
Au loin, une cloche sonne minuit. Déjà samedi, et Jacky n’a pas l’impression qu’il va dormir beaucoup. L’inspecteur Wibert a lui-même déverrouillé ses gourmettes en acier. Jacky a quitté son bureau et il se promène dans la grande salle du commissariat. Une fois sa liberté recouvrée, instinctivement, il s’est rendu auprès de madame Gigi. Malheureusement, le charme était rompu. Il ne faisait plus partie des gueux. Il était devenu un traître, banni de la cour des miracles !
– «Alors micheton ? On a pactisé avec les chiens du pouvoir ? Tu leur as vendu quoi, pour ta liberté ? Tes poteaux ? T’as baissé ton froc comme une lopette ?»
– «Écoute Gigi. Je n’ai donné personne, ni mes amis, ni mon prose. Et sans vouloir être désagréable, tu me parais mal placée pour cracher sur les pouilleux qui vendent leur trou d’balle.»
– «T’as p’t’être raison mon prince. Mais moi, j’n’ai jamais été maquée avec des perdreaux ! Des blafards, des blacks, des asiates, des beurs oui ! D’accord ! Mon cul est daltonien, il ne voit pas les couleurs. Mais des poulets, NEVER ! C’est une tradition dans ma famille ! Jamais d’fautes de goût !»
Elle avait tout dit, Ginette Trouvetou. Hors de la cage il n’était plus de son monde !
Zéro heure dix, il commence à s’ennuyer ferme, quand soudain, Fabien Tarlouse fait son entrée. Les autres devaient être des cakes dans leur boulot, Tarlouse, un ponte, un BIG chef !
Tout le monde se précipite pour lui montrer le chemin. C’est tout juste, si certains couards ne s’aplatissent pas pour lui servir de tapis. Il n’en a que faire de tous ces pleutres. Tarlouse, il avance, il écrase, il aperçoit Jacky. Incurvant sa trajectoire dans sa direction, il s’arrête net, lorsque la proximité lui permet de distinguer les détails.
– « Ben dites donc ! Vous êtes salement arrangé !»
– «N’est-ce pas ? Commissaire. Je dois ce grimage à vos collègues ! Ils s’y entendent pour la décoration. Ce sont de très bons visagistes ! »
– «Où est ce connard de Wibert ?» Tonitrue Tarlouse.
– «Ici commissaire, je …»
– «Allons dans votre bureau ! Gobé, suivez-nous !»
Pour un savon, ce fut un savon ! L’inspecteur était dans ses petits souliers. Jacky doit avouer qu’il ne fut pas épargné, car lorsqu’il émit l’idée de réclamer des dommages et intérêts, l’œil noir du commissaire l’a fusillé, et sa voix de basse lui a expliqué que :
– «Si vous étiez restés tranquilles, vous et votre acolyte en jupon, rien de tout ceci ne serait arrivé. N’oubliez quand même pas que dans cette affaire de merde, vous avez déjà allongé deux bipèdes : Manuel Rodriguez et Jacques Looser. Pour ce dernier, alors que vous êtes allés l’agresser chez lui, je vous trouve un peu cavalier de vous retrancher derrière la légitime défense ! Il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin.»
Pas tout à fait idiot, le raisonnement de Tarlouse tenait la route. Il n’a pas tort ! S’ils n’avaient pas débarqué chez Jacquot !
Il l’a donc joué couilles de moineau, a enfilé son profil bas. En un mot, il a fermé sa gueule et a baissé la tête.
– «Bon, ce n’est pas tout ça !» Coupa le commissaire ! «Moi, j’ai une affaire sur les bras, Wibert !»
– «Oui ? Monsieur le commissaire !»
– « Gobé n’a jamais mis les pieds dans votre havre de paix.»
– «Il n’a jamais …?»
– «Il n’est jamais venu ici ! Quand vous avez découvert le corps de Looser… Il était seul !»
– «Looser était seul ?»
– «SEUL ! Sans personne. En tête à tête avec lui-même, en discussion avec les murs, SEUL ! Vous n’avez jamais vu, ni Meg Duchemain, ni Jacky Gobé ! Looser était SEUL ! Compris ?»
– «Compris mais, monsieur Gobé !»
– «Vous ne CONNAISSEZ PAS Gobé !»
– «Looser était seul commissaire.»
– «Ah! Quand même! Allez Gobé, venez, on file d’ici.»
– «Commissaire ?» Osa doucement Wibert.
– «Oui ? Qu’est-ce qu’il y a encore ?»
– «Ben ! J’ai trois flingues qui n’appartiennent à personne.» Ironisa timidement l’inspecteur, en posant sur son bureau trois sacs plastiques, contenant les pétards.
– «Laquelle de ces seringues a décapsulé Looser ?» Demanda Tarlouse.
– «Celle-ci» Répondit Wibert en poussant une des armes vers eux.
Le commissaire la prit, la retira de son enveloppe transparente, la mit dans sa poche, puis à l’intention de Jacky, en désignant les deux autres du menton.
– «Récupérez ces deux-là, Gobé, mais de grâce, faites une pause, mettez-les dans vos poches et arrêtez de jouer avec. Un client pour les taupes, ça suffit pour aujourd’hui !»
A suivre …
Merci Zaza, tu as dû être dans le milieu un jour, on s’y croirait ! Bon dimanche, bises
J’allais éteindre l’ordinateur et aller me coucher quand j’ai vu arriver ta newsletter alors je n’ai pas résisté… Jacky m’a donné des émotions, ouf, la situation évolue et nous sommes rassurés pour Meg… Toujours ce langage plein de verve que j’adore avec l’évocation des flics haute en couleurs, bravo Zaza et merci pour ces moments de suspens et de littérature qui nous réjouissent chaque jour, gros bisous et amicales pensées
Cendrine
Il est bien magnanime, ce commissaire Tarlouze en laissant les pétards à Jacky ! C’est pour qu’il recommence ou quoi ?
Bon, je régale mes neurones en te lisant avec ce langage fleuri.
Bon dimanche (bien au chaud)
Que d’émotions et je te suis avec admiration pour tout ce que tu peux transcrire , le top , sacré commissaire !
Bon dimanche :)
Rassurée pour Meg et Jack y qui récupère ses armes tout baigne et il va pouvoir nous étonner encore bon dimanche ma belle plein de bises
Bonjour Zaza
Et voilà une affaire de reglée et rondement on va dire ….Sourires
Bon on s’y remet ?
Bises et bon dimanche ZAZA
jacky va s’en tirer ils sont fort les jacky :-) ,belle journée
Sauvé par le Gong, le Jacky ! Je ne suis aps sûre qu’il va s’arrêter, il reste 10 épisodes !
bon dimanche
sympa le flic. passe un bon dimanche. gros bisous ma Zaza. cathy
de rebonds en rebonds … on va avoir le tournis !
Ah Jacky et la police c’est une pièce de théâtre non stop, j’aime beaucoup la fresque de la hierarchie .
Pour répondre à ta question pour la crèche , non elle n’est pas propre à l’église Ste Ségolène c’est une création originale de deux artistes Anne et Karl Blanchet qui parcourent l’Europe pour montrer cette réalisation http://www.karlblanchet.net/ leur site , l’exposition est déjà allée sur Bruxelles , la seule contrainte un endroit suffisamment grand pour tout contenir
Bon dimanche Zaza
Bisous
Ca a quand même du bon de faire risette à la poularde…
Bises et belle journée
Ouf! Une bonne nouvelle, Meg est vivante, pour le reste on attend… Beau dimanche, Zaza et gros bisous
C’est un épisode que j’adore !
Comme quoi, il vaut mieux avoir des connaissances haut placées. :)
On s’y croirait !
Tu as un don fou pour faire parler tes personnages… j’en suis totalement incapable.
Bisous et douce journée Zaza.
Il retombe toujours sur ses pattes le Jacky! Heureusement qu’il ne se laisse pas faire .
Bon ,on est rassuré pour Meg !
Bisous nouvelle Agatha !
un regal je vous dis !! un veritable regal cette histoire , merci Zaza grosses bises