Les indices de Meg !
– «Et ta surveillance a donné quoi ?»
– «Jusqu’à hier, rien ! Je l’ai filé, j’ai parcouru des kilomètres derrière lui. Discrètement, je me suis renseignée à son travail; je lui ai même parlé plusieurs fois. Rien ! Des nèfles. Il a une vie exemplaire. En fait, je n’arrive pas à croire qu’il puisse tremper dans ce turbin. Ce n’est pas un méchant homme.»
– «Qu’est-ce qui te fait dire cela ?»
– «Le jour où je l’ai retrouvé, quand le bus est arrivé place d’Italie, un immense noir, handicapé, est monté. Empêtré dans ses prothèses, il essayait, vainement, de composter son titre de transport. Le machiniste démarra brutalement. Le black, en rupture d’équilibre, bondit à contre cœur dans le couloir central, essaimant çà et là, cannes anglaises et billet. Une barre métallique arrêta cruellement la cascade. Agrippé à cette perche salvatrice, l’homme aux jambes de flanelle guignait une place libre juste à côté de lui, à peine à un petit mètre. Allait-il se lancer, oser un tel exploit. Curieux, les voyageurs attendaient la prouesse, regardaient sans bouger, espérant secrètement que ce gauche géant rate de peu la banquette. Gaëtan Tassart se leva, porta secours à l’homme sous le regard déçu des honnêtes passagers.»
– «Hum … Et depuis hier ?»
– «Depuis hier ?»
– «Oui tu disais: Jusqu’à hier, rien !»
– «Ah! Ben elle est bonne celle-là ! Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, depuis hier, il se passe des tas de trucs plus ou moins drôles ! Tu ne t’en es peut-être pas aperçu, mais …»
– «Excuse, Meg. Évidemment, depuis hier ! Au cours, d’une de tes démarches récentes, tu as dû donner un coup de pied dans la fourmilière. Tu ne vois pas ce qui a pu déclencher toute cette chienlit ?»
– «Si, je vois …»
– «Et c’est ?»
– «Lundi dernier, découragée, j’ai décidé de frapper un grand coup …»
– «Tu m’inquiètes.»
– «Vu les événements, tu peux !»
– «Alors, qu’as-tu fait ?»
– «Je suis allée sonner chez Gaëtan Tassart, et je lui ai demandé s’il connaissait Ghislaine de Maragne.»
– «Qu’a t-il répondu ?»
– «Qu’il ne la connaissait pas. Il avait l’air sincère, alors j’ai montré la fameuse photo, et je lui ai demandé ce qu’il faisait à côté d’une personne qu’il ne connaissait pas ! Il a paru troublé, mais il m’a certifié, que sur le cliché, ce n’était pas lui. Il s’est enquis du pourquoi de mes questions, et quand je lui ai dit que Ghislaine avait été assassinée, et qu’en tant que détective je recherchais l’homme de la photo, il est devenu nerveux.»
– «Et puis ?»
– «Il m’a juré ses grands Dieux, qu’il n’était pour rien dans cette pénible histoire, et prétextant un rendez-vous, il a pris congé. Le pire, c’est que je le crois, mais par contre, je suis sûre qu’il connaît son double.»
– «Que comptes-tu faire ?»
– «Dans un premier temps, je prendrais bien un whisky.»
Il se lève, ouvre le meuble bar, et constate que celui-ci est vide.
– «Plus une goutte !» Dit-il «Ne bouge pas, je vais en chercher chez moi.»
– «OK ! Tiens ! Prends ma clef et referme en sortant.»
Une fois sur le palier, il actionne la minuterie, claque la porte et descends un étage. Il est trois heures du matin, son cerveau est quelque peu embrumé. Deux cachets d’aspirine firent l’affaire ! Après avoir avalé son médicament, il cueille une bouteille de Four Roses, dans la cuisine, et remonte au sixième.
Au moment d’introduire la clef dans la serrure, il entend une voix, masculine qui vient de chez Meg. Ses jambes se dérobent sous lui, mais il les retient.
Doucement, il ouvre la porte. Il a l’atroce impression que les gonds font un bruit épouvantable. Il entre à pas feutrés, les lames de parquet craquent. Il voit Meg, un peu pâlotte, appuyée à son bureau, dans la salle de séjour.
Entre elle et lui, tournant le dos à Jacky, l’avorton qui les avaient arrangés dans l’après-midi. Il tient un pétard dans la main droite, un gros, avec un silencieux au bout du canon. D’une voix froide et presque inaudible, il s’adresse à Meg:
– «Ce n’est pas beau de fouiner dans les affaires des autres, ça peut déplaire, et en l’occurrence, ça déplaît !»
– «Je ne comprends pas ce que vous racontez.» Répond Meg.
– «Ouais ! Et en plus, vous vous foutez de ma gueule ! Remarquez, vous pouvez, vous allez payer le prix fort.»
– «Pourquoi ? Parce que je me fous de vous ?»
– « Non p’tite conne, parce que tu trimbales ton cul là où il ne faut pas. Et ça a peiné mon patron !»
– «Pauvre chou ! J’espère qu’il va s’en remettre, le biquet.»
– «N’ai pas peur pauvre gourde ! Lui, il surmontera sa douleur, mais toi, tu ne vas pas tarder à souffler ta bougie.»
Elle fait la fanfaronne Meg, mais sa voix ténue et son allure craintive racontent sa pétoche. Elle l’a vu arriver et ses prunelles font des efforts pour regarder ailleurs, de peur de trahir sa présence.
Il croit qu’elle compte sur lui pour ajourner son trépas. Il devrait avoir les chocottes, pourtant il n’en est rien. Il est serin, sûr de lui. Cette fois il ne va pas le louper cet avorton !
A droite, dans la cuisine, sur la gazinière, une grosse poêle en fonte d’aluminium lui fait un clin d’œil. Il la saisit par la queue, comme on saisit une raquette de tennis. Soudain, il suit l’intrus, et la tronche du nabot. Il arme un service canon, fléchit bien les jambes et libère brutalement un superbe coup gagnant. Ace ! L’avorton tombe dans le carré de service adverse, et ne revient pas … Il a déclaré forfait.
Le petit homme est allongé, le nez sur le sol. Il parait plus grand couché que debout. Sur l’arrière de son crâne, la poêle a fait un large plat. Ses oreilles pissent le sang. Meg s’agenouille près de lui, tâte son pouls, grimace et lui fait part de son diagnostic:
– «Bien joué Eddy, il ne fera plus chier personne ce connard !»
– «Comment ?»
– «Ben oui, il est nettoyé, ratatiné, occis. Tu lui as mis une super dose. Dommage, on ne pourra pas le cuisiner.»
– «Dommage ! Dommage ! C’est tout ce que tu trouves à déclarer ? J’anéantis un mec-ton pour les beaux yeux de mademoiselle, et la seule chose qu’elle me chante c’est «dommage» ! Mais je rêve, j’hallucine. Si tu crois que je suis un spécialiste de l’anesthésie générale !»
– «Ne te fâches pas Jacky, tu as été génial, sans toi je ne serais plus de ce monde !»
Meg se love contre lui et dépose un léger baiser sur sa bouche. Il essaie de la retenir pour prolonger l’étreinte, mais elle recule ses lèvres et souffle à son oreille.
– «Non, Eddy pas devant un mort.»
– «Oh ! Tu sais, il n’en perdra plus la vue !»
– «Je te l’accorde, mais on ne peut pas le laisser là, il faut s’en débarrasser.»
– «Hein ! Il faut prévenir les flics !»
– «Tu vas leur expliquer quoi aux Poulets ? Qu’on a joué au tennis avec la tronche de ce con ? Tu imagines que les chaussures à clous vont nous dire : «Merci d’avoir prévenu, on enlève le corps, bonne nuit à la prochaine». Sans parler des ennuis, mon, … notre enquête est foutue.»
– «Notre enquête n’est pas foutue, au contraire, si je téléphone à Tarlouse, il va nous aider.»
– «Compte là-dessus et bois de l’eau claire ! Tarlouse, s’il nous laisse à l’air libre, il nous mettra ses mulets aux fesses. Adieu notre liberté de mouvement.»
– «Mais lui, il pourra facilement trouver l’identité de feu «tom-pouce», et remonter jusqu’à son employeur.»
– «Pas sûr ! Eddy et de toute façon, même s’il trouve le boss du microbe, il n’arrivera jamais à prouver quoi que ce soit.»
– «Parce que toi, tu trouveras des preuves ?»
– «Moi, je n’en ai pas besoin !»
– «Tu me fais peur Meg !»
– «Écoute Eddy, on descend le macchabée dans ma cave et si dans sept, huit jours on n’a rien trouvé de nouveau, on crache le morceau à Tarlouse, d’accord ?»
Tout en parlant, Meg fouille le cadavre. A part un porte-clefs, qu’elle empoche, il a que dalle sur lui, pas de portefeuille, pas de papiers, rien, macache, peau de zébi.»
– «D’accord Meg, mais tu me fais peur quand même ! Et tu ne crois pas que d’ici une semaine, l’inanimé va commencer à sentir ?»
– «Peut-être un peu, mais les gens penserons que c’est un rat crevé dans un coin, sous des saloperies, et ils auront raison !»
C’est donc ainsi, qu’à quatre heures du matin, Jacky descendait, roulé dans un tapis pour faire classique, son premier trucidé !
Couché en travers de son épaule, il n’était pas bien lourd, sa tête battait son dos. Meg marchait devant, en éclaireuse. Ils le déposèrent à même le sol dans la cave de la brunette. Il le recouvrit de cartons, au cas où un gazier, par l’odeur attiré, lorgnerait dans le caveau. Son premier dessoudé !
Remontant l’escalier, arrivés au quatrième, (dans quel but … ?), ils collent leur oreille contre la porte de Gaëtan.
A suivre …
Ah oui que faire d’un cadavre… même tué en légitime défense… ! Merci Zaza, bises
Ben dis-donc, c’est sanglant tout ça et ils ont de la ressource, les deux !
Bonne journée
Cadavres exquis !
Ah, ça commence à sentir le roussi par là !
Coucou Zaza
oupsss ça devient terrible tout ça !!
Bises a toi
Meg et Eddy… couple d’enfer!
Alors, ils vont découper le cadavre en morceaux?
Vivement la suite, gros bisous Zaza, tu sais nous allécher, c’est redoutable…
Cendrine
un vrai film noir; belle journée, Zaza
bisous
ouille zut alors
@ Demain
coucou du jour ! biz
…c’est marrant de lire les comments au-dessus!!
Bonne journée ZAZA, biz
J’aime bien la coupe de cheveu de la dame
Bon mardi Zaza
je viens te faire un ti coucou avant la levée des troupes, tous fatigués, c’est à celui qui tousse le plus fort…on se croirait dans un sana, voilà ce que sont nos vacances cette année…grrrr, j’espère que pour toi tout va pour le mieux…..passe un bien doux mardi
Toi, tu as l’art de t’arrêter quand on voudrait savoir la suite ! Mais je suis bête, c’est le top des auteurs de polars : faire haleter leurs lecteurs, ben là, tu excelles ! Donc à demain.