La Femme du Loup Gris … !!! 2/3

Extraits des Contes Populaires de Basse Bretagne

9782737340895

Kement-ma holl oa d’ann amer
Ma staote war ho c’hlud ar ier.

Tout ceci se passait du temps
Où, sur leur perchoir, pissaient les poules.

************

Alors, elle se fit faire une paire de chaussures de fer, et une paire de chaussures d’acier, s’habilla en simple paysanne, un panier au bras et se mit en route.

Elle marcha, marcha, nuit et jour; elle alla loin, bien loin, plus loin encore… Partout elle demandait des nouvelles de la montagne de Cristal, située par-delà la mer Bleue et la mer Rouge, et personne ne pouvait lui en donner.

Voilà sa paire de chaussures de fer usée ! Elle enfile alors ses chaussures d’acier contenues dans son panier et continue son chemin… Bref, elle marcha tant et tant, allant toujours devant elle, que ses chaussures d’acier étaient aussi presque usées, quand elle arriva au bord de la mer.

Elle se trouve devant toute petite maison en pierre, sur la côte sauvage.

Elle s’en approcha, poussa la porte, et aperçut à l’intérieur une petite femme, vieille comme la terre, et dont les dents étaient longues et aiguës comme celles d’un râteau de fer. 

– « Bonjour, Grand-mère ! » Lui dit-elle.
– « Bonjour, mon enfant. Que cherchez vous par ici ? » Répondit la vieille.
– « Hélas ! Grand-mère, je cherche mon mari, qui m’a quittée et s’est retiré sur la montagne de Cristal, par-delà la mer Bleue et la mer Rouge. »
– « Et vous avez fait beaucoup de chemin et souffert beaucoup pour venir jusqu’ici, mon enfant ? »
– « Oh ! Oui, mon Dieu, beaucoup de chemin et bien du mal !… et peut-être en pure perte ?… J’ai déjà usé une paire de chaussures de fer, et les chaussures d’acier que j’ai aux pieds sont aussi presque usées … Pouvez-vous me dire, Grand-mère, si je suis encore loin de la montagne de Cristal ? »
– « Vous êtes sur la bonne route, mon enfant; mais, il vous faudra encore beaucoup marcher et souffrir, avant d’y arriver. »
– « Au nom de Dieu, venez-moi en aide, Grand-mère. »
– « Vous m’intéressez, mon enfant, et je veux faire quelque chose pour vous. Je vais appeler mon fils, qui vous fera passer la mer Bleue et la mer Rouge et vous mettra, en peu de temps, au pied de la montagne de Cristal. »

Elle poussa un cri perçant, sur le seuil de sa porte, et, un instant après, Luduennic vit venir à elle, à tire d’ailes, un grand oiseau qui criait : « Oak ! Oak !… »

C’était un aigle. Il descendit aux pieds de la vieille et lui demanda :

– « Pourquoi m’appelez-vous, mère ? »
– « Pour faire passer la mer Bleue et la mer Rouge à cette enfant et la déposer au pied de la montagne de Cristal. »
– « C’est bien », répondit l’aigle. « Qu’elle ne bouge pas, nous allons partir. »

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Luduennic se lassa prendre par les serres de l’aigle et celui-ci s’envola, bien haut, traversa la mer Bleue et la mer Rouge et déposa son fardeau au pied de la montagne de Cristal. Puis il s’en alla, la laissant seule ! Mais, la montagne était haute, la pente roide et glissante, et la pauvre Luduennic ne savait comment s’y prendre pour arriver jusqu’au faîte.

Elle aperçut un renard qui jouait avec des boules d’or, semblables à celles que lui avait jetées son mari, dans sa fuite précipitée, et qu’elle avait encore dans ses poches. Le renard faisait rouler ses boules d’or du haut de la montagne, puis il venait les reprendre, en bas. Il l’aperçut, et lui demanda ce qu’elle cherchait par là.

Luduennic lui conta son histoire.

– « Ah ! Oui », répondit-il, « Vous êtes Luduenninc, sans doute, la dernière fille  du roi de Bretagne ? Votre mari doit se remarier demain avec la fille du maître du beau château qui est sur le haut de la montagne de Cristal. »
– « Mon Dieu ! Que me dites-vous là ? » S’écria la pauvre fille. « Je voudrais bien lui parler; mais, comment gravir cette montagne ? »
– « Prenez-moi la queue avec les deux mains, tenez bien, et je vous ferai monter jusqu’au sommet, » répondit le renard.

Luduennic prit, avec ses deux mains, la queue du renard et put monter ainsi jusqu’au sommet de la montagne. Le renard lui montra le château où était son mari et retourna ensuite à ses boules d’or.

Comme elle se dirigeait vers le château, elle aperçut des lavandières qui frottaient du linge sur un étang. Elle s’arrêta un moment à les regarder.

Les Lavandières de Jean-François Millet

Une d’elles tenait une chemise sur laquelle paraissaient trois taches de sang, et elle faisait de vains efforts pour les effacer. Voyant que c’était peine perdue, elle dit à sa voisine :

– « Voici une chemise fine qui a trois taches de sang dont je ne puis venir à bout, et pourtant le seigneur veut la mettre demain, pour aller se marier à l’église, car c’est sa plus belle. »

Luduennic entendit ces paroles, et, s’étant approchée de la lavandière, elle reconnut la chemise de son mari. Elle leur proposa:

– « Si vous voulez me confier la chemise, un instant, je crois que je viendrai à bout d’en faire disparaître les taches. »

La lavandière lui donna la chemise. Elle cracha sur les trois taches, trempa le linge dans l’eau, frotta, et les taches disparurent. Pour reconnaître ce service, la lavandière invita Luduennic à venir avec elle au château, où on lui trouverait de l’occupation, tout le temps que dureraient la noce et les fêtes.

Le lendemain, au moment où le cortège était en marche pour l’église, Luduennic se trouva sur son passage, et près d’elle on remarquait une belle boule d’or placée sur un linge blanc. La belle fiancée vit la boule d’or, l’admira et témoigna le désir de la posséder. Elle envoya sa femme de chambre pour la lui acheter.

– « Combien voulez-vous me vendre votre belle boule d’or ? » demanda-t-elle à Luduennic.
– « Dites à votre maîtresse que je ne donnerai ma boule d’or ni pour de l’argent ni pour de l’or. »
– « Ma maîtresse a pourtant bonne envie de l’avoir », reprit la chambrière.
– « Eh bien ! Dites-lui que si elle veut me laisser coucher cette nuit avec son fiancé, elle l’aura ; mais pour rien autre chose au monde. »
– « Jamais elle ne voudra consentir à cela ».
– « Alors, elle n’aura pas ma boule d’or; mais, allez lui rapporter ma réponse. »

La femme de chambre revint vers sa maîtresse et lui dit :

– « Si vous saviez, maîtresse, ce que demande cette fille pour sa boule d’or ?… »
– « Combien en demande-t-elle donc ? »
– « Combien ?… Oh ! Elle ne demande ni de l’argent ni de l’or. »
– « Quoi donc ? »
– « Il lui faudra, dit-elle, coucher cette nuit avec votre fiancé, sinon vous n’aurez pas sa boule d’or. »
– « Coucher avec mon mari, la première nuit de mes noces !… Quelle effrontée ! »
– « Elle est bien décidée à ne pas céder sa boule à moins. »
– « Il me la faut, pourtant, coûte que coûte. Je ferai boire un narcotique à mon mari, avant de se coucher, de façon à le faire dormir profondément, toute la nuit, et il n’y aura pas de mal. Allez dire à cette fille que j’accepte, et apportez-moi la boule. »

La femme de chambre retourna vers Luduennic et lui dit :

– « Donnez-moi votre boule d’or et accompagnez moi au château, ma maîtresse accepte. »

Voilà la princesse en possession de la boule d’or et heureuse.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

32 réflexions sur « La Femme du Loup Gris … !!! 2/3 »

  1. Je ne dormais pas alors je suis venue lire ton conte. J’attends avec impatience la suite. Je me suis régalée à lire. Je me demande dans quel état était ses pieds la pauvrette. Une histoire qui vaut son pesant d’or c’est bien le cas à la fin avec ce que veut posséder la princesse. Gageons qu’elle perdra son prince… Et notre héroïne bien malgré elle va le reconquérir.

    Dors bien ne te lève pas je vais fermer ta porte… Rire!!

    Bisous d’EvaJoe

  2. Bonjour Zaza .
    J’espère qu’il fait beau chez toi car ici il pleut .
    Mais mis à part le fait que nous ne pouvons pas sortir , rien d’alarmant s’il pleut chez nous .
    Nous avons de la chance d’habiter en montagne .
    Je pense aux pauvres gens victimes des inondations .
    J’espère que ça va comme tu veux .
    Bon Mardi .
    Bisous de nous deux .

  3. Et bien qu’elle imagination et talent de conteuse j’aime ces illustrations bien choisies bisous à demain pour le final

  4. Re kikou ma Zaza
    Quel magnifique conte passionnant, je vais essayer de venir pour découvrir la suite car c’est vraiment superbement bien raconté et prenant.

    Prends bien soin de toi ma Zaza et plein de gros bisous ensoleillés de mon ti rocher.

  5. Bonjour Zaza…..
    voilà une bien jolie histoire sur cette Bretagne…..
    à suivre donc…..
    bonne journée
    amitiés

  6. Ah non, pas encore attendre demain … que va-t-il se passer à présent …
    A te lire, j’arrive à « voir » les images. De belles images car tes mots nous emmènent dans un autre monde, un monde étrange, dur et féérique en même temps …
    A demain !
    Gros bisous

  7. ….je reviens demain, ne bouge pas, j’ai hâte de connaître la suite!
    Bises du soir de Mireille du Sablon

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