La Femme du Loup Gris … !!! 3/3

Extraits des Contes Populaires de Basse Bretagne

9782737340895

Kement-ma holl oa d’ann amer
Ma staote war ho c’hlud ar ier.

Tout ceci se passait du temps
Où, sur leur perchoir, pissaient les poules.

************

Pendant le repas du soir, elle versa du narcotique dans le verre de son mari, sans qu’il s’en aperçoive, et tôt après, il fut pris d’un sommeil si irrésistible, qu’il fallut le conduire à son lit, avant que les danses ne commencent.

Un moment après, Luduennic fut aussi conduite dans sa chambre.
Elle se jeta sur lui, dans son lit, et l’embrassa, en pleurant de joie et en disant :

– « Je vous ai donc enfin retrouvé, ô mon époux bien-aimé ! Ah ! Si vous saviez au prix de combien de peine et de mal ! »

Et elle le pressait contre son cœur et arrosait son visage de ses larmes. Mais lui dormait toujours profondément et rien ne pouvait le réveiller. La pauvre femme passa toute la nuit à pleurer et à se désoler, sans pouvoir arracher ni une parole ni un regard à son mari.

Au point du jour, la femme de chambre de la princesse vint lui ouvrir la porte et la faire sortir secrètement.

Ce jour-là, après dîner, la jeune épouse et sa cour allèrent se promener dans le bois qui entourait le château. Luduennic avait encore étendu un linge blanc sur le gazon et placé dessus une seconde boule d’or, et elle se tenait debout auprès.

La princesse remarqua la deuxième boule d’or, en passant, et envoya de nouveau sa femme de chambre pour l’acheter.

– « Combien votre boule d’or, aujourd’hui ? » demanda-t-elle.
– « Le même prix que hier », répondit elle. La femme de chambre rapporta la réponse à sa maîtresse.
– « Eh bien ! » dit celle-ci, « Dites-lui que j’accepte, et qu’elle vous donne sa boule d’or. »

Pendant le repas du soir, le prince, à qui l’on avait encore versé du narcotique dans son verre, s’endormit à table et fut porté à son lit, pendant que l’on dansait et s’amusait dans tout le château, et, comme la veille, la pauvre Luduennic passa toute la nuit auprès de lui, à pleurer et à gémir, sans pouvoir le réveiller.

Cependant le frère du nouveau marié, qui avait sa chambre à côté, entendit les gémissements de la pauvre femme et ces paroles, qui l’étonnèrent beaucoup :

« Ah ! Si tu savais tout le mal que j’ai eu à venir jusqu’ici !… Je t’ai épousé, quand tu étais loup et qu’aucune de mes sœurs ne voulait de toi, et maintenant, tu me reçois de cette façon !… Ah ! Que je suis malheureuse !… Je viendrai encore passer une nuit auprès de toi, la dernière, et si je te trouve toujours endormi et que je ne puisse t’éveiller, nous ne nous reverrons plus jamais !… »

Et elle pleurait et se désolait, à fendre l’âme.

pleurs

Le frère du loup gris comprit, à ces paroles, ce qui se passait, et le lendemain matin, il dit à son frère :

– « Luduennic est ici ! Voici deux nuits qu’elle passe près de toi, dans ta chambre, à pleurer et à se désoler, et toi, tu dors comme un rocher, et tu ne l’entends pas, parce que ta fiancée te verse du narcotique dans ton verre. Mais moi, je l’ai entendue, et ses larmes et sa douleur m’ont vivement ému. Elle passera encore cette nuit dans ta chambre, mais pour la dernière fois. Garde toi donc bien de boire, ce soir, le vin que te versera ta seconde épouse, afin de pouvoir rester éveillé, car si tu dors encore, cette nuit, tu ne la reverras plus jamais. »

Après le repas de midi, la princesse et sa cour retournèrent se promener dans le bois, et Luduennic était toujours là avec sa troisième boule d’or placée sur un linge blanc ! Pliant une fois de plus à la requête de la princesse, elle la céda aux mêmes conditions que les deux premières.

Mais, cette fois, pendant le repas du soir, le prince ne but pas le narcotique; il le jeta sous la table, sans que la princesse s’en aperçût. Pourtant, il feignit de succomber encore à un sommeil irrésistible, et fut porté dans sa chambre et couché dans son lit.

Mais, il ne dormait pas, quand Luduennic fut introduite auprès de lui, pour la troisième fois. Ils s’embrassèrent avec transport, en pleurant de joie et de bonheur. Puis, elle raconta à son mari les différents épisodes de son voyage, et toute la peine et tout le mal qu’elle avait éprouvés à sa recherche. Il vit clairement qu’elle l’aimait par-dessus tout au monde et fit serment de retourner avec elle dans son pays et de quitter sans regret son autre femme, qui ne l’aimait pas.

Le lendemain matin, on donna de beaux vêtements à Luduennic, et elle s’habilla en princesse, ce qu’elle était en effet.

A dîner, le prince la fit asseoir à table à côté de lui, et il la présenta à la société comme une de ses proches parentes. Personne ne la connaissait, et tous les regards étaient fixés sur elle, ceux de la princesse surtout, qui n’était pas sans inquiétude et n’augurait rien de bon de la présence de cette étrangère.

Vers la fin du repas, on chanta, selon l’habitude, des chansons vieilles ou nouvelles, on raconta de beaux et rares exploits, quelques plaisanteries assez lestes même, et chacun contribua de son mieux à divertir et à égayer la société.

– « Et vous, mon gendre, ne nous chanterez-vous pas quelque chose aussi, à moins que vous ne préfériez nous conter quelque belle histoire ? » dit le maître du château.
– « Je n’ai pas grand-chose à dire, beau-père », répondit le prince. « Il y a pourtant une chose qui m’embarrasse, et sur laquelle je voudrais avoir votre avis et celui des hommes sages et expérimentés qui sont ici. Voici : J’avais un charmant petit coffret, avec une clef d’or dessus. Je perdis mon coffret et j’en fis faire un nouveau. Mais, aussitôt que je fus en possession du nouveau coffret, je retrouvai l’ancien, de sorte que j’en ai deux aujourd’hui, et un seul me suffit. Lequel des deux dois-je garder, beau-père, l’ancien ou le nouveau ? »
– « Respect et honneur toujours à ce qui est ancien », répondit le vieillard; « Gardez votre vieux coffret, mon gendre. »
– « C’est aussi mon avis: gardez donc votre fille ! Quant à moi, je retourne dans mon pays, avec ma première femme, que voici, et qui m’aime plus que l’autre ! »

Et il se leva de table, au milieu du silence et de l’étonnement général, prit Luduennic par la main et partit avec elle.

Les deux loups du vieux château de la forêt étaient des princes, fils d’un roi puissant. Ils avaient été obligés de revêtir des peaux de loups, en punition de je ne sais quelle faute.

Leur père de Luduennic mourut, peu de temps après leur retour en leur pays, et du couple. Le loup gris succéda au roi sur le trône, de sorte qu’elle devint reine.

Ses deux sœurs avaient fait de mauvais mariages. Comme elle était toujours bonne, elle oublia leurs torts à son égard, et les appela auprès d’elle, à la cour, et les remaria convenablement.

Conté par Jean-Marie Laouénan – Plouaret – 1868

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

30 réflexions sur « La Femme du Loup Gris … !!! 3/3 »

  1. Si elle n’était pas retournée le chercher son prince, cet « andouille » prenait une autre femme ! (rires). Les hommes ne changeront jamais, n’est-ce pas ?
    Comme dans tous les contes, ça finit bien.
    Belle journée.

  2. c’est toujours une réussite et un plaisir de te lire….journée un peu bousculée aujourd’hui….mais j’ai pris le temps de lire…passe un bien agréable jeudi

  3. Quel beau conte … c’est super de s’évader dans ces mots qui nous transporte dans un ailleurs fantastique.
    Bon, plus qu’à rencontrer mon prince charmant avec lequel je vivrai dans un grand château magnifique. Plus la peine de chercher un F2 ! introuvable ! je cherche bien pourtant ! Trop cher dans « Les Hauts de France » !!! c’est malin de nous avoir appelés comme çà, les prix vont grimper !!!! hi hi
    Bonne journée ma Zaza, as-tu du soleil dans ton beau pays ? ici, rien du tout, ciel tout gris ! j’espère pourtant que le soleil annoncé pas arriver.
    Gros bisous

  4. Beau billet pour ce début de journée , dans le monde actuel si chacun prenait le temps de lire ,il y aurait moins de méchanceté enfin !!!!!! big bises ma belle conteuse

  5. tU ES UNE BONNE CONTEUSE
    pOUR R2PONDRE @ TA QUESTION
    oH QUE OUI, J’AI RAYONNé SUR L’ÎLE ? MAIS CE N’EST PAS LA PREMIèRE FOIS , je dois dire qu’en cette saison, c’est plus agréable mais j’ai aussi eu le temps de constater le laisser aller de certaine ville dont les façades de maison laisse à désirer, c’est dommage , mais l’argent et l’envie manquent sans doute , cela dit , je ne critique pas car cette destination me plait, mais je n’y resterai pas toute une vie , j’aime trop ma région et suis tellement heureuse de la retrouver au retour de chacune de mes escapades , sûrement la raison pou laquellle, je pars peu de jour mais souvent , je peaufine mon programme et je m’y tiens
    Bonne journée à toi dans ta toute aussi agréable région qui est incomparable car toutes régions méritent d’être visitées et je ne suis pas du genre à chercher le bouton sur le nez mais j’apprécie l’instant où que je me trouve :)

  6. coucou
    locronan est également très beau mais en règle général tout est beau en bretagne , il y a toujours une adorable chapelle au détour d’un chemin
    bonne journée
    bisoussssssssssssss

  7. j’admire toujours l’habilité des contes pour donner une solution « morale »..;quelque soit le pays où la région on retrouve des thèmes semblables ce conte là est très beau Zaza tu en a peut être encore à nous distiller c’est toujours un plaisir de les lire
    bizzzzzzzzzzzzzz

  8. Ouf!!! J’ai eu peur. Tout est bien qui fini bien, Zaza. Joli conte qui se savoure. J’adore!! Une belle journée à toi, ma perle, et de gros bisous aussi.

  9. Oh que j’aime cette fin! comme quoi, la persévérance est toujours récompensée…..
    Gros bisous du jour de Mireille du Sablon

  10. Ah sa persévérance a été payante elle a retrouvé son mari….J’aime bien la moralité de ce conte comme beaucoup d’autres…

    Enfin tout est bien qui finit bien, puis cette reine n’est pas rancunière donc un très beau conte…

    Belle journée et bisous

    EvaJoe

    PS: c’est bizarre je n’ai pas reçu ta news, c’est bien la première fois.

  11. j’ai bien aimé ce conte !!
    le bien l’emporte sur le mal – ils se marièrent et eurent de nombreux enfants-
    de nos jours — il doit divorcer- payer une grosse pension- il va vivre en concubinage —
    LOL
    bizzz bon aprem !

  12. Bonjour Zaza,
    Encore un joli conte breton qui a le mérite d’avoir superbe …….pour tout le monde
    bonne soirée
    Amitiés

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