L’Arbre – Défi n° 257 – Pour Evy … !!!

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Et, où aux choix 
Liste de mots : « Clairière, Noblesse, Rugueuse, Attaché, Vieux, Rêvasser, Bruissement, Chant, Sentiment, Temps »

Petit sapin devenu grand !

Dans ce qui avait été une grande clairière poussaient une multitude de petits sapins, tous pareils, bien verts et bien ronds. Depuis qu’ils étaient sortis de terre, ils grandissaient et n’avaient jamais rencontré autre chose que leurs semblables.
Un seul était resté beaucoup plus petit que les autres !
Lorsque l’hiver arriva, des hommes commencèrent à venir leur rendre visite, à soulever leurs branches, à mesurer leurs troncs, et dessiner des marques sur leur écorce. Ils étaient intrigués, surtout le plus petit qui s’interrogeait :
– « Pourquoi personne n’a rien marqué sur mon tronc. »
Un jour, les bucherons arrivèrent. Réveillés à grand bruit alors qu’ils rêvassaient, ce fut bientôt l’affolement. De grandes scies hurlantes coupaient des troncs rugueux. D’énormes pelles arrachaient les petits sapins du sol avec leurs racines. Les pauvres, quelque-soit la taille, tremblaient de toutes leurs aiguilles. Ils tentaient en vain de se rapprocher les uns des autres pour se rassurer, mais les bûcherons poursuivaient impitoyablement leur travail.
Lorsque la nuit se mit à tomber, les survivants se faisaient vainement des signes d’encouragement pour garder le moral.
Mais le lendemain, le travail des bucherons reprit !
A la fin de cette semaine terrifiante, le petit sapin se rendit compte qu’il restait tout seul dans la sapinière. Il ne savait pas s’il avait eu ou non de la chance, il regrettait seulement l’absence de ses frères à qui il était attaché. Ce sentiment de solitude le fit trembler, il se mit à pleurer.
Le printemps revint, les hommes aussi. Ils s’agitaient autour de lui sur le sol libéré, ensemençant les graines de sapin, en couches successives dans la terre labourée.
Quelques années plus tard, des pousses de petits sapins commencèrent à sortir du sol.
Le tout petit sapin était alors devenu le plus grand. Les autres le regardaient avec des bruissements d’admiration. Il s’était bien développé grâce à tout cet espace libéré et présentait maintenant une silhouette pleine de noblesse.
Ce n’est que quelques années plus tard que les hommes revinrent et s’intéressèrent à lui. Le petit sapin avait tellement prospéré que les hommes arrêté à son chevet discutaient longuement !
Le lendemain il vit arriver une énorme pelle qui s’attaqua au terrain autour de ses racines et en un rien de temps, il se retrouva couché derrière un camion, les racines empaquetées de plastique noir, assoiffé, effrayé et trimbalé à travers un paysage inconnu et étrange.
Ils arrivèrent sur la place d’un petit village où une multitude d’humains de toutes tailles l’entouraient en riant. On planta ses racines dans un énorme pot rempli d’une terre neuve et nourricière, on lui donna à boire. Il revivait enfin !
Ce fut une semaine de folie, il fut fêté, décoré, tous les petits humains se groupaient autour de lui pour l’admirer, le complimenter, il y eut de la lumière de la musique, des chants, des rires, le petit sapin devenu grand était aux anges jamais il ne s’était senti aussi important.
Hélas tout a une fin et un beau matin on grimpa autour de lui et on lui retira toutes ses belles décorations. Voilà qu’il était à nouveau effrayé et perdu.
Quand il se retrouva à nouveau en pleine terre, même si celle-ci n’avait pas le même goût que dans son souvenir, il osa regarder autour de lui. Il était entouré d’arbres inconnus de diverses formes et tailles. Il sentit leur méfiance devant l’étranger qu’il était, avant de percevoir près de lui la présence d’un congénère.
Oh le pauvre n’avait pas fière allure… il devait avoir bien des saisons derrière lui, mais c’était bien un sapin ! De forme un peu irrégulière, un peu penché, mais un sapin.
– « Ne crains rien, » lui dit celui-ci, « je suis arrivé il y a longtemps. Comme toi, la première année, on m’avait déterré et rempoté, décoré et fêté pour Noël. Ensuite j’ai été replanté dans ce jardin et maintenant, tu vois, je suis vieux. Les hommes ne m’ont pas abandonné. Dans ce jardin, au calme, pour un arbre c’est une longue vie encore… et cela sera aussi ton destin.
Alors le jeune sapin frémit de soulagement jusqu’à la pointe de ses épines et continue toujours à couler des heures heureuses parmi ces nouveaux amis…