Le coffre-fort musical … !!! 3/4

Chapitre III

Nestor commanda un whiskey.  
Il le but lentement épiant la porte de la salle.  
La blonde ne sortait toujours pas.  

Puis un homme entra, portant une sacoche noire à la main. Un médecin, certainement !  
Nestor Boyaux comprit que l’acolyte de la blonde avait certainement eu maille à partir avec une balle de revolver. Il se tint prêt à toute éventualité, mit la main à sa poche, et rechargea son revolver de cette seule main, un truc qu’il avait longuement pratiqué.  
Puis d’un pas décidé, il marcha vers la porte.  
Le barman voulut l’arrêter, mais quand Nestor le regarda avec un air féroce. Le barman haussa les épaules, et se remit à laver des verres sans plus s’occuper de l’intrus.   
Nestor poussa doucement la porte.  
La blonde était à genou, près du blessé, qui gisait encore à terre.  
Nestor regarda le blessé et constata de loin que l’apparence du blessé pouvait faire craindre une blessure grave…  
Nestor referma la porte… Il sortit du bar et repris sa marche sur le trottoir.  
Rien de bien spécial.  
La foule avait considérablement diminuée.  
Il était près de deux heures du matin, et seuls restaient dans les rues, les flâneurs, les attardés, et les fêtards.  
Nestor estima que la situation était bloquée. Il manquait des pièces essentielles à ce puzzle.  
Il lui fallait plus de détails sur cette affaire et s’en retourna chez lui.

Démaquillé et ayant retrouvé l’aspect de Nestor Boyaux, il s’installa au téléphone.  
Il joignit d’abord Gilles Héparbal. Le policier dormait.  
– « Gilles Héparbal », c’est Nestor Boyaux à l’appareil.  
– « Oui ?… Qu’est-ce qu’il y a ? »  
– « Abdul Lepez, qui a été assassiné ce soir. Je voudrais des détails. »  
– « Comme quoi, par exemple ? »  
– « Pour qui travaillait-il »?  
– « Pour lui-même. »  
– « Et ses clients habituels ?  
– « Nous n’avons jamais pu le prouver, mais il est de rumeur que Lepez travaillait surtout pour la pègre, leur fabriquant les clés dont ils pouvaient avoir besoin. »  
– « Et autres travaux du genre. »  
– « C’est bien ça. »  
– « Et avez-vous découvert autre chose au sujet de son crime? »  
– « Non. »  
– « Dis-moi, y-a-t-il, en ville, un nouveau-venu dans le monde de la pègre ?… »  
– « Ah, oui… Tony Truand, un malfrat qui débarque de Paris, mais je t’assure qu’il a la réputation de régler ses affaires sans dézinguer et faire de morts. »  
– « Il a sa bande avec lui ?  
– «  Oui. »  
– « Qu’est-ce qu’il fait ici ? »  
– « Voici, je te dis ça en toute confidence, mais nous croyons avoir un motif certain de questionner Tony Truand. Tu connais l’autre Tony ? Celui qui contrôle le jeu ici à Rennes ? »  
– « Oui, bien sûr, il s’agit de Tony Gencyl ! »  
– « Voici, il vient de porter plainte ce soir concernant un vol de deux millions d’euros. »  
– « Mazette ! Dis-moi, Gilles, sais-tu où se terre Tony Truand, le nouveau venu en ville ? »  
– « Oui… il est au Magic Hôtel Hall, au 17 rue de la Quitaine, non loin du Boulevard de Chézy.

– « Avec sa bande ? »  
– « Naturellement ! »  
Nestor raccrocha.  
L’affaire était simple. Abdul Lepez avait reçu de Tony Gencyl, la combinaison musicale du coffre-fort, probablement pour la réparer.  
L’autre Tony, Tony Truand, arriva en ville, surveilla les allées et venues d’Abdul Lepez, car il savait que Lepez avait la combinaison en sa possession. Il tua Abdul Lepez, s’empara de la combinaison, ouvrit le coffre-fort de notre Tony Gencyl en lui dérobant les deux millions d’euros se trouvant dans le coffre-fort… et voilà… !  
Mais comment le faire-valoir ? Restait à trouver la preuve et la bonne. 
Nestor pouvait jurer que le grand mince, était un des hommes de Tony Truand.  
Mais il ne pouvait certainement pas le jurer devant un juge et un jury.  
La personnalité de Nestor dans son activité de semi-retraité ne se prêtait pas au témoignage à la cour.  
C’était un dilemme.  
Nestor se creusa la tête.

« Cherche une idée, Nestor, fais travailler tes neurones, non d’un petit bonhomme ! »  
Il téléphona à Benoît Tement.  
– « L’affaire se développe, rejoins-moi dans une demi-heure, au Magic Hôtel Hall, 17 rue de la Quitaine, non loin du Boulevard de Chézy.   
– « Mais il est deux heures du matin !  
– « Ça ne fait rien. Notre hôte ne se couche pas si tôt… »  
– « Ça marche ! Je serai là-bas dans une demi-heure. »  
Nestor raccrocha.  
Il sortit, marcha les quatre rues qui le séparaient d’une station de taxis.  
Ce soir, il se servira de ce facile moyen de locomotion. Il n’aura pas besoin de sa voiture.  
Il monta dans la voiture et demanda d’être conduit au Magic Hôtel Hall.  
Benoît Tement n’était pas encore arrivé. Il attendit.  
Quelques minutes plus tard, Benoît arrivait. Il entra, suivi à deux pas de la belle blonde.  

Un moment, Nestor crut que la jeune femme était avec Benoît Tement, mais il s’aperçut aussitôt de son erreur.  
Elle passa tout droit, arrêta un instant au « desk », demanda une clé, puis fila vers l’ascenseur.  
Benoît Tement la regardait aller.  
– « C’est ça, la blonde dont je te parlais… »  
– « Non ! Eh bien quel châssis … » 
– « Regarde-la aller… C’est du beau butin, hein ? »  
– « Solide, tu m’étonnes ! »  
– « Mais elle fraie avec de drôles de poissons, tu sais… »  
– « Je le suppose ! »  
Benoît Tement réajusta sa casquette

– « Qu’est-ce qu’on fait, on la suit ? »  
– « Quelque chose comme ça. Es-tu armé ? »  
– « Oui. »  
– « Nous allons jouer – la grande aventure -. »  
– « Quelle sorte d’aventure ? »  
– « La vie ou la mort… c’est l’enjeu, mon vieux… »  
– « Tu tiens un bon filon pour s’en sortir indemne ? »  
– « Je crois que oui. Il y a dans cet hôtel, sous les apparences d’un simple chevalier d’occasion, un très dangereux criminel. Il a surtout beaucoup d’audace. Si nous jouons et perdons, notre peau ne vaut pas cher. »  
– « Si nous gagnons ? »  
– « Nous vengeons la mort d’un bon zigue, qui n’a eu pour tout défaut de ne pas savoir choisir sa clientèle. »  
– « C’est tout ?… »  
– « Et nous allons débarrasser la terre d’une sale engeance. »
– « Est-ce qu’on monte ? »  
– « Oui. »  
– « Naturellement. »  
Nestor emboîta le pas derrière Benoît Tement. Puis, rendu à l’ascenseur, dont la porte était ouverte, Benoît s’inclina avec grande déférence.  
– « Après vous, cher maître… »  
– « Avec ce qui nous attend en haut, tu as encore le courage de rire, toi ? »  
– « J’aime les risques… »  
– « Pfft… »  
Le garçon d’ascenseur écoutait ce que disaient les deux hommes. Alors Nestor Boyaux lui demanda :
– « Tony Tuand, quelle chambre ? »  
– « 289… »  
– « Merci. »  
L’ascenseur grimpa au second en un clin d’œil. Un épais tapis feutré couvrait le plancher du corridor.  
– « Nous y sommes, » dit Nestor en lisant un numéro sur une porte.  
– « C’est une suite, » en conclut Benoît…  
– « Dame, Le Tony Truand roule dans la catégorie des gros requins. »
– « Comment ça ? »  
– « Tu vas voir. »  
Nestor frappa à la porte, et attendit.  
Un temps s’écoula.  
Un murmure étouffé se fit entendre de l’autre côté de l’huis.  
Nestor fit un clin d’œil à Benoît Tement. Puis il frappa de nouveau. Les murmures cessèrent.  
La porte s’ouvrit brusquement.  
Un des lieutenants de Tony Truand, un de ceux qui avaient pris part à la fusillade de la soirée, se tenait debout, revolver au poing.  
Nestor Boyaux mit un doigt sur sa bouche…  
– « Chut… Est-ce que Tony Truand est ici ? »  
– « Que lui veux-tu ? »  
– « Je viens au sujet… de Tony Gencyl ? »  
– « Tony ? »  
– « Oui… Tony… au sujet du coffre-fort musical… »  
Le supposé Tony Truand sortit de derrière la porte.  

C’était bien le type qui était resté assis et avait interrogé Nestor dans la salle à l’arrière du bar.  
– « Entrez tous les deux, vite ! »  
Nestor Boyaux entra, suivi de Benoît Tement.  
Ils marchèrent le long d’un court corridor. Puis se trouvèrent dans un petit salon, formant une antichambre de la suite.  
Deux autres des hommes de Tony Truand étaient là, ainsi que la belle blonde. Tony Truand escorta Nestor Boyaux et Benoît Tement jusqu’au milieu de la pièce.  
Puis il s’assit.  
– « Qu’est-ce qui se passe ».  
Nestor Boyaux se mit à sourire.  
–  « Dans un instant, Tony Truand, je vais te révéler ma véritable identité. Je te demande de retenir tes hommes, et de ne pas tirer avant que j’aie pu expliquer le but de ma visite. Ensuite, nous aviserons… Tu ne me connais sans doute pas, mais je suis le célèbre détective, Nestor Boyaux, et dans le milieu de la pègre, ma réputation n’est plus à faire. »  
Tony Truand se mit à rire…  
– « Va conter ton histoire à d’autres. »  
Nestor sortit de sa poche une petite plaque en platine sur laquelle était gravé entre deux ailes noires les lettres N & B, l’emblème du Vengeur du crime. 

Tonny Truand regarda la plaque d’un air songeur…  
– « J’en ai entendu parler… Tu serais donc bien le fameux Nestor Boyaux. Que veux-tu ? »  
– « Une explication. »  
– « Laquelle ? »  
– « D’où tu viens, tu n’as pas la réputation de tuer pour arriver à tes fins. Ce soir, tu aurais pu t’emparer de la clef musicale du coffre-fort de Tony Gencyl sans avoir à occire Abdul Lepez. Mais nous sommes arrivés trop tard. Qui avait pour mission de le filer ?  
– « Irène Dunjour, ici présente, avec son mari. »

– « Celui qui fut blessé ce soir ? »  
– « Oui. »  
– « Comment s’est-il trouvé blessé puisque vos armes étaient chargées à blanc ? »  
– « Nous pensions que c’était toi qui l’avait blessé ?  
– « Je n’ai pas tiré un seul coup de feu. »  
Tony Truand se frotta le menton.  
– « Nestor Boyaux, je crois que quelque chose de pas trop joli se passe. Nous ne sommes pas des anges. Je parle de moi et de mes hommes. Nous vivons hors la loi. Mais nous ne tuons jamais pour arriver à nos fins, et nous tentons d’être aussi logiques que possible. Nous sommes venus ici pour dévaliser le coffre-fort de Tony Gencyl. Nous savions qu’il y aurait, cette semaine, une grosse somme dedans. Et, d’ailleurs, j’avais une vengeance à exercer contre lui. Mais toute l’affaire s’est écroulée quand Abdul LePez a été tué. En fait, nous repartons pour Paris demain matin. »  
Ce fut au tour de Nestor de se frotter le menton.

– « Ainsi, Tony Truand, l’affaire se complique. »  
Nestor réclama un whiskey.  
Il le but lentement épiant la porte de la salle.  
La blonde ne sortait toujours pas.  Nestor s’interrogeait, il ne connait pas tous les détails.  
La belle blonde s’interposa.  
– « Moi, j’en ai assez. Notre voyage a été un fiasco depuis le début. Une série de désagréments… »  
Nestor Boyaux la regarda.  
– « Tant que ça, madame Irène Dunjour ?  
– « Tant que ça, monsieur Nestor Boyaux. »  
Nestor semblait indécis…  
– « Je ne sais vraiment par quel bout continuer. Il est certain que l’assassin de Lepez est aussi le malfaiteur qui a dévalisé le coffre-fort de Tony Gencyl… Mais qui est-il ? »  Tony Truand haussa les épaules.  
– « Faites ce que vous voudrez, mais moi, mon affaire est manquée et je retourne chez moi… »  
Nestor Boyaux comprit que Tony Truand se lavait les mains de toute l’affaire. »  
– « Ça va, Tony Truand, si c’est l’attitude que tu adoptes, je te laisse tranquille, tu y as droit… »  
Mais il venait à peine de débiter cette première réplique  que la blonde nommée Irène Dunjour annonça : 
– « Si nous partons demain matin, je vais faire mes malles. »
Et elle sortit par la porte du corridor. 

A SUIVRE …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

25 réflexions sur « Le coffre-fort musical … !!! 3/4 »

  1. L’affaire n’est pas si simple qu’il y paraissait au départ pour Nestor Boyaux. Soit l’un des truands ment soit le coupable est ailleurs. Vivement la suite. Bises et bonne journée, Zaza

  2. Bonjour Zaza.
    Le 1er Avril est passé et les poissons sont retournés à l’eau et moi je reviens.
    Je te souhaite un bon mois d’Avril.
    Bisous de nous deux.

  3. JE PREFERE LIRE PLUSIEURS CHAPITRES COMME JE LE FAIS AVEC MON LIVRE j’y prends plus de plaisir , et cela me change !!! moi je lis les premières femmes médecins une toute autre ambiance , mais terrible aussi bisous ZAZA

  4. Bonjour Zaza,
    Après une page musicale , voilà une belle reprise de polar avec comme toujours un grand Nestor
    Merci pour cette suite
    bonne journée
    Amitiés

  5. Bonjour Mame Zaza
    Bon laissons la blonde faire ses malles et Nestor se frotter le menton.
    Belle journée ma belle encore un peu fraicche
    Bisous et caresses mes 4 et douze pattes

  6. Coucou Zaza, je me régale en te lisant, les noms me font MDR, quel suspens, quelle imagination, Merci, cela fait du bien même s’il y a un meurtre. Bisous MTH

  7. Les noms de tes personnages me ravissent chaque fois.
    Bravo pour cette nouvelle page, j’attends la suite avec impatience.
    Bisous et douce soirée.

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