Pour ce défi N° 260, le thème est contenue dans le titre de ce billet. Le texte qui suit est aussi un conte de ma culture bretonne !
Dans ce conte, j’ai introduit les mots imposés dans les consignes d’Evy.
« Déjà, Yeux, Faucheuse, Échappée, Monter, Année, Cœur, Jour, Traversée, Réentendre…. »
Peut-être avez-vous déjà entendu des bruits sourds, près des ruisseaux, la nuit. Comme des coups de battoir sur le linge. Alors, passez votre chemin bonnes gens, et ne cherchez pas à savoir d’où vient ce bruit : ce sont les lavandières de nuit. Ce sont les « karennezed noz » (les lavandières de la nuit…)
Guillo, c’est le bon à rien du village, paresseux du soir au matin. Il ne sait que boire, boire et chanter après avoir bu. Tout le monde le connaît à Tréhorenteuc.
Ce soir-là, Guillo a le vent en poupe. Il a passé toute la soirée au café du village et le voilà qui rentre déjà chez lui, contrairement à son habitude, sous la pleine lune, en chantant à tue-tête et de bon cœur. La nuit est trop douce pour prendre le raccourci par les prés, aussi prend-il la route qui monte vers Trébottu.
Lorsqu’il arrive au petit pont sur le Rauco, le ruisseau qui descend le Val sans Retour, Guillo entend des bruits sourds, des battements, à sa gauche, près du moulin en ruine. Intrigué, il traverse la route et longe le ruisseau pendant un bon moment.
C’est là qu’il aperçoit trois femmes, vêtues de blanc, à genoux au bord du ruisseau. Elles lavent un grand drap et le frappent de leur battoir. Ce sont les
Guillo, malgré l’ivresse, n’en croit pas ses yeux : est-ce une heure pour laver du linge en pleine forêt ? Peu importe, il fait demi-tour, mais alors qu’il repart, le voilà qui trébuche sur une grosse pierre et tombe dans le ruisseau. Les trois lavandières sursautent et se tournent vers lui.
Mon Dieu, quels visages ! La lumière blafarde de la lune éclaire ces visages sans vie, aux traits durs et profonds ; leurs yeux sont noirs et vides. Guillo, terrifié, bondit hors de l’eau, monte sur la berge, mais il n’a pas le temps de s’échapper que l’une des femmes lui crie :
– « Approche ! Viens nous aider. »
L’homme, comme pétrifié, s’approche des « karennezed noz » en titubant. Impossible de fuir, la voix l’attire comme une guêpe sur une tartine de miel. Les femmes lui tendent alors le drap qu’elles ont lavé et qui ruisselle d’eau.
– « Eh bien ! » dit l’une d’elles, « qu’attends-tu ? Aide nous à tordre ce drap. »
Sans réfléchir, embrumé par les vapeurs d’alcool, Guillo saisit l’extrémité du drap. A l’autre bout, les lavandières tordent le linge, mais lui ne bouge pas. Il parvient quand même à dire :
– « Mais qui êtes-vous ? Et pourquoi laver ce drap en pleine nuit ? »
– « Nous lavons le linceul d’un homme qui doit mourir cette nuit. Si nous ne le faisons pas, le pauvre bougre n’aura même pas un linceul pour son dernier voyage. »
Sur le coup, Guillo prend ça pour une plaisanterie et le voilà qui éclate de rire. Il est maintenant de tellement bonne humeur, qu’il se met à tordre le drap de son côté. Et il tord le drap en le tournant de gauche à droite.
– « Malheur ! » s’écria la deuxième lavandière. « Il a tordu le drap dans le sens maléfique ! »
– « Malheur ! Malheur ! » Répéta la troisième.
Ces cris résonnent dans les arbres, réveillant tous les animaux de la forêt. Quand Guillo s’est un peu remis de sa frayeur, les lavandières avaient disparu.
Il s’imagine avoir rêvé, surtout avec tout ce qu’il avait bu. Mais c’est alors qu’il ressent l’humidité du drap qu’il porte encore sur son bras.
Tout à fait dégrisé, Guillo n’a plus qu’une pensée : courir jusqu’à chez lui, sans se retourner.
Mais il n’a pas le temps de faire trois pas qu’il entend un énorme grincement. C’est le grincement des roues d’une charrette qui n’ont pas été graissées depuis des années.
Incapable de faire le moindre geste, Guillo attend, l’oreille aux aguets. Mais d’où vient cette charrette ? Il n’y a pas de chemin forestier par ici. Cependant l’attelage s’approche, et en plus de réentendre ce grincement de roues, il peut aussi ouïr le claquement de sabots sur le sol, et les branches qui se brisent sur le passage du cheval et de la carriole.
La charrette vient de s’arrêter au bord de l’eau. Le cheval se penche pour se désaltérer. C’est alors qu’un personnage vêtu de noir s’approche de Guillo, un fouet à la main :
– « Holà, l’homme ! » Crie-t-il. « Je cherche un nommé Guillo, est-ce que tu l’aurais vu par hasard ? »
Guillo ne répond pas. Ses dents claquent, ses mains tremblent, il a l’impression que sa tête va exploser. Le mystérieux personnage tourne autour de lui et dit d’une voix rauque :
– « Mais je ne me trompe pas ! Tu portes ton linceul sur le bras. C’est donc toi Guillo ! Guillo de Tréhoranteuc. »
C’est alors que la lune éclaire le visage de cet étrange personnage.
Guillo, avec une indicible horreur, voit ce visage et le reconnait : c’est l’Ankou, la faucheuse, le Serviteur de la Mort.
Alors, ne pouvant supporter cette vision, Guillo tombe à genoux sur le sol. L’année et le jour du GRAND VOYAGE avait sonné, pour lui !
On raconte qu’à ce moment il y eut un ricanement qui se prolongea dans les arbres et sur la lande.
Puis un grand bruit de branches brisées.
On raconte que le cheval hennit trois fois et que la charrette s’évanouit dans la nuit.
On raconte que personne n’a revu Guillo, Guillo de Tréhoranteuc, depuis cette nuit-là.
Culture bretonne me donne des frissons, pauvre bonhomme va… je crains qu’il ne réapparaisse jamais… merci Zaza, bon W-E pascal, spécial confiné, cette année, bises
Passionnant! Tu m’as happée dans ce récit plein de charme fantastique… Ces personnages sont envoûtants… Attention si nos routes viennent à croiser leurs chemins tissés de magie et de fantasy…
Merci pour ce texte magnifiquement écrit!
Gros bisous ma Zaza, je te souhaite un beau week-end pascal, avec d’amicales pensées en farandole sous la Lune des Fées…
Cendrine
Quelle histoire! personne ne l’a revu mais la légende perdure…
Bises du jour
Mireille du sablon
et comme tu sais toujours très bien le faire….. il m’est impossible d’écrire après toi….passe un doux samedi
C’est une légende à ne pas raconter aux enfants… ils en feraient des cauchemars.
Comme toujours, tu as réussi à nous y faire entrer.
Bravo !
Bisous et douce journée.
Surprenante saison
Apportant le confinement
Mélangeant soleil et mauvais temps
Ennui et moment de joie
Dociles nous restons chez nous
Il en va de notre vie !!!
Pâques sera cette année ,sans la joie de partager en famille,repas et chasse aux oeufs Je vous souhaite un bon weekend , chacun s’arrangera au mieux ,Mangez du chocolat ,c’est bon pour le moral et on en a besoin après cette lecture !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! bisous ZAZA
Tu nous invite à une grande lecture très intéressante
Merci à toi pour ta générosité
Bonne journée
Bisous
Bonjour Zaza,
Voilà encore un défi bien exprimé sur ce conte voir légende « Celtes »
Merci du partage
bon weekend en confinement
Amitiés
Bonjour Zaza !
Un joli conte qui fait froid dans le dos quand même !
En ces temps qui courent, la faucheuse se balade pas mal ! 😢😢😢
Bonne journée !
Pierre
https://rotpier27.wordpress.com/
J’adore les contes et légendes. Le tien est assez terrifiant!! J’ai aimé te lire.
bonne journée, bises
J’ai adoré ce récit qui met en scène l’Ankou et les lavandières de la nuit de quoi frissonner de peur…
Bises et belle journée
Oupsssss….ces contes bretons à faire peur …sourires !!!!
Merci Zaza
Bonne journée à toi
Bises
Bonjour Zaza une terrible légende tellement bien décrite qu’elle donne le frisson, , c’est du « GRAND ZAZA » bravo bisous MTH
Ca me ferait presque peur dis donc ton histoire bretonne ! Sacrée légende !!
Chez nous dans notre vallée on a aussi les lavandières d’antan mais plus gentilles
mon village s’appelle DRAP en rapport à toutes ces lavandières qui lavait leur draps dans le Paillon, le fleuve qui se jette en mer !
Bisous
Coucou Zaza, ah les contes et histoires bretonnes font toujours autant frémir qu’à l’époque. Faut dire que les gens font perdurer ces histoires sombres. La faucheuse est bien représentée et les lavandières aussi, je pense que si je lisais ton histoire à la pénombre j’en aurais des frissons.
Bon week-end de Pâques, bisous sans oublier tes boules de poils et mange du chocolat c’est bon pour le moral, enfin laisse m’en un peu quand même hein loll !
comme quoi l’intempérance peut être une mauvaise compagne ! s’il n’avait fait que boire ?
Bonjour ma Zaza belle participation j’adore les histoires bretonnes c’est une terrible légende passe un bon week end de Pâques mange pas trop de chocolats bonne journée bisous
un très beau texte, j’avoue que je ne connais pas du tout ce coté là de la culture bretonne, merci à toi. heureuse que ma danseuse avec son tutu en vraies plumes te plaisent, j’ai voulu jouer avec différentes matières. bises et bon week-end pascal. celine
un tres beau conte, un peu tragique, mais tu as bien relevé le défi, bravo Zaza, porte toi bien bises et bon weekend pascal !
Passe un doux week-end de Pâques bisous
Superbe ce conte Zaza , l’Ankou ne se préoccupe de rien, il va son chemin et rien ne l’arrête .
Bonne soirée
Bises
Bonjour Zaza,
Un régal à lire cette vieille légende Bretonne.
J’avais déjà entendu parler de l’Ankou et de vagues histoires autour de la mort.
Celle-ci est merveilleusement bien contée et tu pourrais te faire conteuse au coin de la cheminée pour le plus grand plaisir de tes visiteurs.
Bravo et merci pour ce très très beau partage.
Joyeuses Pâques !
une fête pascale un peu tristounette, il va falloir avoir un peu d’imagination pour passer une agréable journée….passe un doux dimanche
joyeuses pâques malgré tout!
Bisous
Bonjour Zaza.
Il fait un temps splendide aujourd’hui et c’est dommage de rester à la maison, mais comme nous sommes raisonnables, nous faisons avec.
Dehors il fait beau, le cerisier est en fleurs et les oiseaux chantent, ils fêtent Pâques eux aussi.
C’est avec eux que Maria et moi, nous te souhaitons de Joyeuses Pâques et à tes proches aussi.
Bisous de nous deux.
Belle histoire, c’est une légende bretonne, je la connaissais, elle est assez terrifiante!
Ça fait peur, Zaza mais, c’est tellement bien écrit ! Bravo ! Bises♥