RAPPEL DES RÈGLES :

• Une définition.
• Un mot à trouver.
• Faire des anagrammes avec 5 lettres minimum – pas utile de faire beaucoup de mots 5 ou 6 sont largement suffisants pour un texte passionnant.
• Vous faites un texte avec les mots.
• Cerise sur le gâteau un texte en rapport avec le mot mystère

AAEEEICNNTRM – MANÉCANTERIE – 12 lettres pour ce nom féminin

Le mot de Lilou : « Un indice – Vois sur ton chemin . »
Définition : « Imaginer que vous êtes à la place de Gérard Jugnot et que vous dirigez »

À vos dictionnaires ! –– Les anagrammes utilisées

« Antan, amère, récit, merci, aimer, écrit, crétin, manécanterie, acérée, craint, minet, étamé, acier, maniéré, taire, cinéma, Catane, Martin, tierce, matin, centenaire, IRCAM. »

---

Orgue à chats : un traitement guérissant la dépression d’antan, au XVII^ème siècle ?
À tous ceux qui liront cette légende amère et sordide dont je vais vous faire le récit : aux âmes sensibles, merci de s’abstenir, vous n’allez pas aimer…

D’après un écrit du père Athanasius Kircher, il s’agit d’un instrument qui aurait été imaginé un inventeur, loin d’être un crétin.
Cet orgue avait pour but d’accompagner une manécanterie de jeunes garçons interprétant des chants liturgiques et profanes, officiant dans un asile retenant les problèmes mentaux !
Au lieu de cordes, son instrument contenait un certain nombre de queues de chats vivants engagées dans des gaines étroites au-dessous desquelles s’élevaient et s’abaissaient les marteaux correspondants aux touches, munis à leurs extrémités, d’une pointe acérée. Cela craint tout de même…
Les minets avaient été choisis de différents sexes et de différents âges et rangés les uns à côté des autres, dans des cages en fer étamé ou en acier séparées, selon l’acuité de leur voix.
Sous les doigts agiles du pianiste maniéré, les pointes des marteaux allaient attaquer avec art les queues des différents animaux qui, dans ces conditions, ne pouvaient pas se taire.
Ceux-ci répondaient d’abord par des miaulements brefs et nets, mais bientôt, mis en fureur par la fréquence des piqûres, ils modulaient, crescendo et rinforzando, des sons capables de dérider les plus moroses et de mettre en danse les souris elles-mêmes, et « vel sorices ipsos ad saltum » – **ou, les moineaux eux-mêmes, dans la forêt**. Quel cinéma !
Le père Scott, élève du père Kircher et le continuateur de ses savants ouvrages, parle d’un concert analogue qui avait été donné à Palerme et dont le souvenir était tout récent lorsqu’il habitait cette ville.
Un vieux farceur de Catane avait parié de faire déchiffrer à des ânes, un morceau de musique ; il étudia les dispositions des nombreux baudets qui, en Sicile, servaient à effectuer tous les transports et il en choisit quatre des plus vigoureux dont les voix s’accordaient naturellement.
Au premier, appelé Martin, le second donnait la tierce majeure, le troisième, la quinte et le quatrième l’octave.
Il peignit alors ces quatre notes sur une large bande d’étoffe qu’il trempa « in urinam asinæ » – **dans l’urine de l’âne**.
On était alors au printemps, saison où tous les animaux chantaient leurs amours ; excités par l’odeur, les quatre baudets n’y faillirent point au moment où leur imprésario, un beau matin, déroula devant eux le cahier de musique préparé à leur intention.
C’est ainsi que ce centenaire rusé gagna son pari et la gravure ci-dessous passa à la postérité avec la représentation de ce quatuor mémorable.

Un orgue à chats a été reconstitué en 2010, peut-être pour le proposer à l’IRCAM⁽¹⁾ – avec des chats en caoutchouc qui couinent, bien entendu – lors d’un éco-festival tenu à Londres, auquel assistait Charles III, alors prince de Galles, à la plus grande joie de celui-ci…

⁽¹⁾ Centre de recherche et de créations musicales, lié au Centre Pompidou, initié par Pierre Boulez en 1970.