Les consignes de Fardoise, CLIC, pour les 18 et 25 février 2023.

Son thème : « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée »

Cette semaine ce ne sera pas une porte mais d’une porte-fenêtre ouverte donnant sur le port de Collioure, dans les Pyrénées-Orientales.

Fenêtre ouverte à Collioure – Henri Matisse

Henri Matisse est un artiste peintre, dessinateur et sculpteur français né le 31 décembre 1869 à Cateau-Cambrésis et mort le 3 novembre 1954 à Nice.
Initié à la peinture alors qu’il se remettait d’une appendicite à l’âge de 19 ans, Henri Matisse a abandonné son travail de greffier pour composer des natures mortes et des intérieurs conventionnels d’inspiration hollandaise à l’aide d’une palette sombre.
Après avoir déménagé du nord de la France à Paris en 1891, ses couleurs s’éclaircissent et son style évolue sous l’influence de Paul Cézanne, Paul Gauguin et d’autres.
En 1904, alors qu’il travaille le long de la côte méditerranéenne, il libère pleinement ses couleurs dans des teintes audacieuses qui éliminent les ombres et définissent les formes.
Le « Fauvisme » est né et Henri Matisse en est le chef de file.
Ce mouvement se caractérise par l’emploi d’une touche spontanée et des couleurs irréalistes, très contrastées en rupture avec la douceur de « l’impressionnisme ».
Ainsi, tout commence lorsqu’il passe l’été 1904 avec Paul Signac qui lui enseigne les principes du néo-impressionnisme et de la division de la couleur.
De cet enseignement, Matisse tire un engouement pour l’utilisation de la couleur, qu’il transmet à son ami André Derain durant l’été qu’ils partagent, en 1905 à Collioure, dans le Sud de la France.
Pour Matisse, le fauvisme a été une étape brève mais cruciale dans son objectif de s’exprimer par la couleur.
Au cours de ses voyages à travers l’Afrique du Nord et l’Espagne mauresque de 1906 à 1913, son sens de l’abstraction s’est accru, exprimé dans des toiles murales qui exploraient l’intensité des couleurs en relation avec la forme humaine et les objets d’atelier.
Au cours des années 1920, Matisse est revenu à une modélisation plus conventionnelle, à un espace cohérent et à un travail au pinceau mélangé, représentant des personnages en costumes exotiques dans l’intérieur gainé de textile de son atelier niçois. Cependant, avec une commande pour concevoir une peinture murale pour la Barnes Collection à Philadelphie, Matisse a réintégré la mêlée avant-gardiste.
Tout au long des années 1930, ses peintures sont devenues plus audacieusement décoratives à mesure que l’illusion de profondeur était comprimée en plans de couleur unis. Cela aboutit à son retour à la technique du découpage, qu’il avait d’abord explorée en concevant des costumes et des décors pour les Ballets russes en 1919. En découpant des feuilles de papier peintes avec des teintes méticuleusement mélangées, Matisse « peignait avec des ciseaux ». Ces ensembles lui ont permis de continuer à créer de l’art malgré sa santé défaillante une fois qu’il a atteint le début des années 70. Il a également traduit ces formes, ainsi qu’un amour ravivé du dessin, en arts du livre.
Tout au long de sa vie, Matisse a publié des déclarations personnelles d’artistes et a consacré au moins une heure par jour à écrire des lettres à ses amis et à sa famille. Ces documents écrits et visuels illuminent un homme consommé par la couleur, fasciné par le motif et amoureux de l’acte de création dans une large gamme de matériaux et de formes.

Et si nous parlions maintenant de la toile ci-dessus que je vous propose !

« Fenêtre ouverte à Collioure » exprime des sensations personnelles et ne crée pas une impression du monde extérieur.
À travers les couleurs, le spectateur ressent l’émotion de Matisse, celle du bonheur de peindre à Collioure dans le midi où brille la lumière du soleil.
La simplicité des formes met l’accent sur l’interrelation des différentes parties de la toile plutôt que sur la représentation du port.
Le tableau ne paraît ni descriptif, ni abstrait ; la priorité est à l’expression de l’atmosphère.
Une phrase de Matisse : « le bateau qui passe vit dans le même espace que les objets familiers autour de moi ».
Pour ce faire, Matisse utilise des touches imprécises et larges, des formes simplifiées mais bien délimitées et des couleurs détonantes.
Ce tableau se divise en trois :
Le premier :        L’intérieur de la pièce aux murs peints. Les portes fenêtres, dont les boiseries également peintes, sont grandes ouvertes.
Le second :          Le balcon orné de pots de fleurs est encadré par une guirlande de lierre.
Le troisième :     Le port où les bateaux sont à quai, l’eau et le ciel.
Matisse rejette la profondeur de la perspective, le mur de la fenêtre est dans le même espace que les bateaux. Il crée une composition aplatie.
La fenêtre n’apporte pas de lumière directionnelle.
Le spectateur voit les bateaux encadrés par la fenêtre comme un tableau dans le tableau.
L’absence de lumière naturelle est renforcée par les couleurs vives et éclatantes.
L’ensemble du tableau explose de couleurs.
Ce sont les ruptures de couleurs qui déterminent les formes. De larges aplats de couleurs vives s’entrechoquent sans transition. Par ses oppositions de tons, la couleur devient le dessin.
Certains traits dirigent le regard du spectateur, les verticales des portes fenêtres et les mâts des bateaux.
La facture de « Fenêtre ouverte à Collioure » est entre le pointillisme de Seurat et les aplats de Gauguin. À l’intérieur de la pièce, c’est une juxtaposition d’aplats monochromes. Sur le balcon, ce sont des tâches de couleurs plus ou moins grandes.
Pour les bateaux et l’eau, la touche épaisse s’étire en traits et pour le ciel, des ondulations…
Pour aérer la composition et signifier le lointain, le port est peint avec des couleurs claires et du blanc.
Matisse utilise des couleurs pures.
Il se détache de la réalité, les reflets des fenêtres sont abstraits, tout comme les couleurs utilisées.
Le peintre cherche la vibration de la lumière.