LES CONSIGNES DE LILOU, CLIC.

Son thème : « Les Maisons »
Le mot de Lilou : « Pas facile de choisir un thème pour octobre en évitant tous les poncifs lié à l’automne. Et puis il y a octobre rose et je pense à toutes les femmes qui subissent des traitements lourds ! je crois que j’ai déjà donné le Rose alors j’ai pensé me réfugier dans les maisons.
Une case – un immeuble – une tente – un igloo – une yourte – une grotte ; à mon avis il y a du choix ! »

Nous allons rester cette semaine encore avec Vincent Van Gogh, si vous le voulez bien !

Paysage avec maisons bleues – Vincent Van Gogh

Vincent a à peine 37 ans, le mardi 20 mai 1890, lorsqu’il arrive à Auvers-sur-Oise. Il est encore jeune et pourtant il se sent fatigué, usé, âgé. Calme et paisible, située à moins d’une heure de train de Paris, cette localité est un lieu de villégiature prisé des parisiens et des artistes de son époque. La campagne environnante si présente enchante Vincent Van Gogh.

Cartes postales d’Auvers-sur-Oise vers 1900, petite ville de deux mille habitants, à l’habitat dispersé, s’étalant sur huit à dix kilomètres, entre l’Oise et des carrières de pierre.

Vincent n’a pas de temps à perdre. Rabiboché avec son frère Théo ; il lui demande de lui envoyer du papier Ingres, mais le colis tarde à arriver.
Il n’a pas chômé ces derniers jours, en peignant 4 tableaux et terminé deux grands dessins sur papier vergé, (papier traditionnel, il se reconnaît à ses nervures, lesquelles guidaient autrefois l’écriture manuscrite) :

Vielle Vigne avec une paysanne – Vincent Van Gogh

Mais surtout le très spécial,
Paysage avec maisons – Vincent Van Gogh

La dominante bleue de votre vieille vigne l’a enchantée. Visiblement, elle l’a encouragé à persévérer dans cette couleur.
Du coup, tout de suite, il a immédiatement enchaîné sur un « Paysage avec maisons », qui traite du même motif que le premier tableau peint ici, à Auvers : « Chaumières ».
La technique et la dynamique sont toutefois complètement différentes et surtout il a utilisé une palette de bleus tout à fait surprenante et saisissante.

Le voilà donc revenu au même endroit, au hameau de Cordeville, cette fois-ci sans toile, mais avec une grande feuille. La peinture est restée à l’auberge.
Aujourd’hui pas de palette, juste une mine de plomb pour dessiner avec simplicité ce lieu si paisible. La météo est clémente, un peu venteuse, mais le soleil est au rendez-vous.
Sur place : le crayon à mine de plomb
Il débute par un dessin épuré, réaliste, presque griffonné, comme dans les estampes japonaises qu’il connait bien et qu’il aime tant.
Des toits de chaume aux formes arrondies et sur la gauche, au fond, un toit moderne en ardoise : le crayon trace les habitations au milieu de la page, juste en face de nous. Cheminées, fenêtres et murets en pierre apparaissent graduellement sur la feuille. Le hameau prend forme, surmonté par un enroulement de cimes d’arbres, qui renforce la ligne dynamique du premier plan.
À l’atelier : Le pinceau, la peinture, la couleur
L’envie d’animer et de colorer ce croquis est trop forte, l’inspiration le presse de rejoindre l’atelier sans tarder. Il a vraiment besoin de se changer les idées entre deux tableaux, de faire des essais. À peine arrivé dans l’atelier, il sort la peinture à l’huile et l’aquarelle.
Choisissant une dominante bleue qui confère une caractéristique unique dans son œuvre au dessin réalisé en extérieur, il parachève « Paysage avec maisons » au pinceau avec un tracé tout en rondeur et en arabesque, avec une ligne mouvementée, très contournée, à l’huile comme à l’aquarelle.
Ici, partout, les tons bleus l’emportent et nous emportent.
Ce grand dessin expérimental nous offre un paysage réel et onirique, calme et dynamique, équilibré et enchevêtré, absolument subjuguant.
Le résultat est éblouissant.
Van Gogh, un regard unique, universel et intime
Le dimanche 27 juillet 1890, un coup de feu a retenti à Auvers-sur-Oise.
Un champ de blé a saigné…. Il est retourné à l’auberge tant bien que mal.
Il voulait se tirer une balle dans le cœur. A-t-il a hésité au dernier moment ? Le recul du pistolet, la violence de son geste l’ont-ils surpris ?
Il n’avait jamais exprimé la volonté de mettre fin à ses jours.
Dans son dernier courrier à Théo, il laissait transparaître une certaine sérénité.
La balle se loge dans l’abdomen. Son cœur bat toujours, mais la blessure est grave, très grave. Il agonisera pendant vingt-neuf heures…

« Ce fut une fin héroïque et brutale, l’aboutissement fatal d’une existence sans issue, tumultueuse, dominée par la maladie qui ne fut pas assez totale pour anéantir le cœur et exclure complètement la raison. » – Paul Gachet, 1956, Ouvrage des musées nationaux.