L’héritage d’un inconnu ! – 3/11

Chapitre III

Nestor sonna à une belle demeure de Rueil-Malmaison.
Un domestique vint répondre.
– « Madame Anna Grahm, s’il-vous-plaît ? »
– « Votre nom, monsieur ? »
– « Nestor Boyaux. »
– « Un instant, je vais voir si madame peut vous recevoir. »
Il fit entrer Nestor dans un petit salon.

Le domestique se retira et ne resta absent que quelques secondes.
Lorsqu’il revint, il fit signe à Nestor.
– « Si vous voulez me suivre, monsieur. »
Il le fit passer dans un grand salon.
Au fond de la pièce, assise dans un fauteuil, une femme âgée d’une quarantaine d’années était plongée dans la lecture d’un roman.
Elle leva les yeux en voyant apparaître Nestor.
– « Monsieur ! »
– « Madame. »
Elle lui fit signe de s’asseoir.
– « Mon domestique m’a dit que vous vous nommiez Nestor Boyaux ? »
– « C’est juste madame. »
– « N’est-te-vous pas le célèbre détective privé parisien ? »
– « Cela-même, madame ! »
Elle sourit :
– « J’ai souvent entendu parler de vous et je me demande bien ce qui me vaut l’honneur d’une telle visite. »
– « Je vais vous expliquer, madame. »
Il y eut un silence. Puis il reprit :
– « Vous avez lu les journaux de ce matin, madame ? »
– « Oui. »
– « Vous devez alors avoir vu la photographie d’un homme qu’on a trouvé mort en périphérie de Saint-Rémy-les-Chevreuses. »
– « En effet, j’ai vu cet appel à témoin et la photographie de cet homme. »
– « Eh bien, cet homme, je crois que vous le connaissez, madame. »
– « Ah ! »
– « Son nom vous dira probablement quelque chose. Il se nomme Luc Harne. »
Madame Grahm se leva, pâle :

– « Qu’est-ce que vous dites ?… Luc Harne ? »
– « Oui, madame. »
Elle se rassit et se passa la main sur le front.
– « Mon Dieu ! »
Il y eut un long silence. Anna Grahm étendit le bras et sonna son domestique.
Ce dernier parut :
– « Madame ! »
– « Gaston, apportez-moi le journal de ce matin, S’il-vous-plaît. »
– « Bien madame. »
Lorsqu’elle l’eut entre les mains, elle le déplia et regarda longuement la photographie.
– « Vous le reconnaissez ? »
–  « … Oui… mais il a beaucoup vieilli cependant, on dirait un homme de plus de soixante ans. Ses cheveux tellement ont blanchi. »
– « Quel âge a-t’ il ? »
– « Il a… avait quarante-six ans. »
– « C’est presque impossible. »
– « La souffrance fait énormément vieillir quelqu’un. »
Au bout d’un moment, elle reprit :
– « Mais comment se fait-il que vous sachiez que je connaissais Luc… c’est-à-dire, monsieur Harne ? »
– « Je vais tout vous raconter, madame. »
Et Nestor lui fit un long récit.
Il lui raconta comment deux hommes avaient attaqué Luc Harne et ensuite les dernières paroles du moribond.
– « Alors vous avez pris les papiers ? »
– « Oui, mais je n’en ai soufflé mot à la police. »
– « Et ces papiers ?… »
– « Ils sont à vous, madame. »
– « À moi ? »
– « Oui. Il y a une lettre, un morceau de parchemin puis une photographie de jeune fille. »
– « C’est tout ? »
– « Non, il y a aussi une lettre qui vous est adressée. Regardez ! C’est écrit qu’en cas de mort, tous, ces papiers doivent vous être remis. »
Nestor lui tendit la lettre et les autres papiers.
– « Maintenant que j’ai accompli ma mission, madame, permettez-moi de me retirer. »
– « Un instant, monsieur Boyaux. Je vous dois des explications. »
– « Mais non, madame. »
– « Si, si, asseyez-vous. »
Nestor obéit.
Madame Anna Grahm ouvrit l’enveloppe.
Elle se mit à lire la lettre.
Lorsqu’elle eut terminé, Nestor vit que deux grosses larmes avaient perlé de ses yeux.

Elle tendit la lettre à Nestor Boyaux :
– « Lisez, monsieur. »
– « Mais… »
– « Lisez, lisez. »
Nestor prit la lettre et lut :

« Ma chère Anna,
Si jamais cette lettre te parvient, c’est que je serai mort avant d’avoir atteint mon but.
Anna, j’ai hérité. Hérité de mon père. Oh pas grand-chose, un simple morceau de parchemin. Mais ce morceau de parchemin contiendrait la clef d’un secret que personne ne connaît.
Un de mes ancêtres aurait caché tout un trésor dans les ruines de l’ancien château de mon père à Rochefort-en-Yvelines.
Jamais personne ne l’a découvert. Seul ce morceau de parchemin couvert de chiffres peut nous conduire vers lui.
Ce trésor, je veux le découvrir. Il ne m’appartient pas. Je veux réparer. Si je le découvre, il appartiendra tout entier à Lucie. Si je meurs auparavant, ces papiers te reviendront.
Tu pourras en faire ce que tu voudras, mais sache que ce parchemin vaut une fortune et que cette fortune appartient à ta fille… à notre fille.
Et c’était signé : Luc. »

Nestor Boyaux replia la lettre qu’il tendit à madame Grahm.
– « Monsieur Boyaux, j’ai une longue histoire à vous raconter. Une histoire qui date de dix-sept ans en arrière. »
– « Madame, je ne voudrais pas… »
– « Laissez, monsieur. Je veux vous raconter. Luc Harne a été mon premier amour. Nous nous sommes aimés à la folie. Trop peut-être. Mon père ne voulait pas que Luc m’épouse. Pour sauver notre nom du déshonneur, il m’a forcée à épouser Lucas Grahm. Oh, je n’ai pas à me plaindre. Lucas a toujours été bon pour moi. Mon père chassa Luc Harne qui travaillait à son usine. Jamais je n’entendis parler de lui. Six mois plus tard, j’eus une fille. Une fille qui a maintenant dix-sept ans. Vous avez vu sa photographie, c’est la fille de Luc… c’est notre fille comme il dit si bien. C’est tout, monsieur. Vous en savez aussi long que moi. »
Nestor Boyaux était ému.
– « Vous n’auriez pas dû, madame, me raconter tout ce passé. Ce passé qui semble vous chavirer. »
Il y eut un long silence et il reprit :
– « Que ferez-vous de ce parchemin ? »
– « Que voulez-vous que je fasse ? Je le garderai en souvenir de Luc… »
– « Mais madame… c’est une fortune… »
– « Je sais, mais je ne peux pas… moi-même. »
Nestor Boyaux prit vivement une décision.
– « Madame, » dit-il, « la bonté, l’honnêteté de monsieur Harne m’ont profondément touché. Je voudrais faire quelque chose. »
– « Mais… »
– « Laissez-moi ce parchemin, et cette lettre du notaire. »
– « Monsieur ! »
– « Tout d’abord, j’adore les aventures. J’ai idée que cette course au trésor sera passionnante et puis je ne peux laisser ensevelie une fortune qui appartient à mademoiselle votre fille. »
Les yeux de madame Anna Grahm s’étaient brouillés de larmes.
– « Je vois que l’on ne ment pas quand on parle de votre grand cœur. »
Elle tendit le parchemin et la lettre du notaire à Nestor Boyaux.

– « Prenez, monsieur. Le parchemin est à vous, je vous le donne. »
– « Merci, madame, mais je ne l’accepte qu’au nom de votre fille. »
– « Faites ce que vous voulez, monsieur. »
Nestor Boyaux se leva.
Anna Grahm lui tendit la main…
– « Merci, merci infiniment, monsieur. »
Avant de sortir, Nestor se retourna :
– « Madame, pourrais-je vous demander quelque chose ? »
– « Quoi donc ? »
– « Ce sera peut-être difficile pour vous, mais… Luc Harne n’a pas été identifié… »
– « Je vous comprends. J’irai l’identifier. Je dirai que c’était un ami. »
– « C’est un service à rendre. Car sans vous, monsieur Harne reposerait sans doute dans une sépulture anonyme.
Nestor, rendu la porte de la demeure d’Anna Grahm enfouit le parchemin et la lettre dans son portefeuille.
– « Au revoir, madame. »
– « Au revoir et merci. »
Il sortit.
Nestor Boyaux se lancera donc dans sa course au trésor.

Réussira-t-il à découvrir la cachette de l’ancêtre des Harne ?

A SUIVRE

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

25 réflexions sur « L’héritage d’un inconnu ! – 3/11 »

  1. Il avait bien fait Nestor de dérober tout cela, même si la dame qui a aimé Luc et en eut une fille n’en veut pas… la chasse au trésor c’est pas tous les jours, à suivre… autant que ça tombe entre de bonnes mains ,-) bises

  2. Une chasse au trésor… on ne peut qu’en redemander!
    Un rencontre qui s’est révélée des plus intéressantes et qui promet des révélations palpitantes, merci ma Zaza
    Grosses bises et bon vendredi
    Cendrine

  3. La suite est exactement telle que je l’imaginais !
    Par contre, en me penchant sur le parchemin, ça ne va pas être facile à décrypter à moins que les chiffres ne soient des lettres … ???
    Ah, si j’avais le temps …
    Tu vois, je me donne à donf dans ton enquête ! Lolll
    Mais ce doit être parce que j’ai eu le même chat que nestor …
    Je me suis toujours prise pour sa secrétaire …
    Bonne fin de semaine, avec un froid glacial mais du soleil !
    J’en profite pour ne rien faire, à part quelques pas dehors …
    C’est si bon, cette grisaille disparue et les jours qui rallongent, enfin, dans notre tête.
    Bisoux, ma zaza ♥

  4. La chasse est ouverte, je suis sûre qu’il va trouver, mais attention au danger qui guète ! (petit doublons dans ton texte, tu ne radotes pas déjà quand même ! :D )

  5. A peine arribée de Groix et quelques jour pour souffler je vais voir Madame Zaza qui m’entraine sur la piste de nestor … Je dois courir car je suis en retard …
    Je reprend mon souffle et comme la Zaza le dit ~~~~~~~à suivre
    Bisous

  6. ..en route pour une nouvelle aventure, je me doutais bien qu’elle ne s’arrêterait pas à la simple visite…
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  7. Chouette c’est parti pour une chasse au trésor , il va falloir qu’il se méfie Nestor , il y a certainement d’autres candidats .
    Bonne journée
    Bisous

  8. bonjour Zaza, partante pôur cette chasse au trésor, j’ai adoré te lire dans cette histoire avec de nouveaux personnages et nestor que j’aime beaucoup, bisous et bonne fin de journée MTH

  9. Ah, c’est donc Anna Grahm : il suffisait d’y penser ! Petit détail : elle lui demande « N’êtes-vous pas (le célèbre Nestor Boyaux) ? Alors, c’est lui qui va mener l’enquête ; espérons qu’il réussira ! Chris

  10. Bonsoir Zaza,
    Vraiment passionnant , il me tarde de pouvoir lire le chapitre 4 pour la suite
    bonne soirée et bon weekend
    Amitiés

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