La révolte des bonnets rouges fait parti des faits historiques directement liés à la vie des enclos paroissiaux.
Les enclos paroissiaux ont traversé l’histoire, le plus souvent sans dommages mais quelques fois les événements, les guerres, les révoltes ont laissé des traces.
Dans un premier temps remontons le temps et découvrons cette révolte.
L’histoire de la révolte des bonnets rouges
Cette révolte appelée aussi « révolte du papier timbré » fut l’une des plus sanglantes de l’histoire de la Bretagne.
Par Jean-Bernard Chalette (1631-1684) – Toile exposée au Musée des beaux-Arts de Rennes
En 1673, Colbert veut lever de nouveaux impôts en Bretagne. Il décide d’augmenter les impôts (aides, gabelle, taille, …) et d’en inventer d’autres : taxe douanière, taxe sur la vaisselle d’étain, sur le papier timbré… :
la gabelle (taxe du sel)
Rôle de la taille (Cet impôt peut peser sur les individus (taille personnelle) ou sur la terre (taille réelle) suivant les régions)
le papier timbré (qui taxe tout document officiel)
Or, depuis l’union de la France et de la Bretagne en 1532, tout nouvel impôt doit être accepté par les États Généraux de Bretagne. Bien sûr, ceux-ci s’opposent à cette taxe supplémentaire, mais Louis XIV passe outre.
Dans un contexte économique difficile, la contestation s’étend aux campagnes de basses-bretonnes. L’explosion a lieu à proximité de Châteaulin le 9 juin 1675.
Ancien château de Châteaulin – Dessin d’Eugène Cicéri
La révolte des Bonnets rouges du Poher et des Bonnets bleus du pays bigouden vient de commencer. Son souvenir et celui de la répression qui suivra, va marquer durablement les esprits en Basse-Bretagne.
Le 9 juin 1675 au matin, le marquis de la Coste, lieutenant du roi pour la Basse Bretagne, se rend à Châteaulin, où il doit s’assurer du maintien de l’ordre et de l’exécution des nouveaux édits sur le tabac et le papier timbré qui servait à rédiger les actes.
Quelques jours plus tôt, un huissier avait été molesté dans cette même ville, alors qu’il lisait les textes des édits. Un incident révélateur de la tension qui était alors perceptible dans les campagnes basses-bretonnes, même si elles sont relativement calmes par rapport aux villes de Bretagne, secouées par de violentes émeutes depuis avril.
- Des troubles ont éclaté à Saint-Malo et Lamballe.
- A Guingamp et à Nantes, on a exécuté des meneurs.
- A Rennes, le gouverneur de Bretagne, le duc de Chaulnes, est pratiquement assiégé dans son hôtel.
Le tocsin sonne…..!!!!!
Dans ce contexte, la venue du marquis de la Coste est perçue comme une provocation. Dans trente paroisses autour de Châteaulin, le tocsin retentit et des bandes de paysans en armes s’assemblent.
L’une d’elles rencontre le cortège du marquis. Les esprits s’échauffent et De la Coste blesse d’un coup d’épée un des paysans qui tenait des propos insolents.
Les agents de l’administration sont aussitôt pris à parti… Blessé d’une balle à l’épaule, le marquis de la Coste ne doit son salut qu’en promettant l’annulation des édits.
Au même moment, une autre troupe rassemblée à Briec reçoit une fausse information selon laquelle le marquis se trouve au château de la Boissière à Edern.
L’actuel château de la Boissière – Edern
Des dizaines de paysans des paroisses de Landudal, Trégourez et Plogonnec se rendent au château qu’ils pillent et brûlent en partie.
Château de Boissière en flamme
« Nulle sûreté par la campagne »
Le tocsin de la révolte vient de sonner dans l’évêché de Cornouaille et son retentissement est immédiat.
Le duc de Chaulnes
quitte Rennes pour la citadelle de Port-Louis où il s’enferme en attendant des troupes en provenance du sud de la France.
Port Louis
De Gonville, commissaire des guerres, écrit à Louvois, ministre des armées :
« Il n’y a, Monseigneur, nulle sûreté par la campagne, il n’y a que les plus proches de Brest où le calme est ».
Les insurgés du Poher choisissent un bonnet rouge comme signe de ralliement, ceux du pays bigouden, un bonnet bleu.
Le premier dimanche de juillet 1675, à Spézet, une foule importante se rassemble devant la maison du notaire Porcher.
« Ils se mirent à fouiller toute ladite maison et à esfondrer les coffres, armoires et autres meubles « , témoigna Ysabeau Bouriquen, la servante de maître Porcher.
Quant au papier timbré, servant aux actes notariaux, « après les avoir fait trier, ils en déchirèrent une grande partie et en emportèrent à brassées, hors ladite maison. »
Le 11 juillet, près de 6.000 paysans de Saint-Hernin, Kergloff et des paroisses environnantes prennent d’assaut le château de Kergoat à Saint-Hernin, dont le propriétaire, Toussaint de Trevigny, était connu pour sa dureté contre les paysans et avait déjà eu affaire, ponctuellement, à des actes de révolte.
Les insurgés tuent l’intendant, le sieur de Kervilly, et plusieurs serviteurs.
Les titres et parchemins sont détruits, les canons enlevés et le château brûlé.
En ce mois de juillet 1675, les notaires, les « fermiers du devoir » et les nobles sont partout attaqués et le papier timbré brûlé.
Étendue de la révolte
La révolte passée, la marquise de Montgaillard de Poullaouen, estimera « à plus de 200 maisons de noblesse », le nombre de manoirs et châteaux pillés.
A SUIVRE
Particulièrement édifiant!
Très bien documenté et illustré, merci ma Zaza
Et c’est là qu’on se dit que de tous temps les gouvernants ne peuvent pas s’empêcher de nous coller des taxes, c’est compulsif chez eux ou quoi? Et le Peuple est censé fermer sa gueule et payer, pourquoi pas avec le sourire???
Non mais sérieux…
Gros bisous pas surtaxés en je ne sais pas quoi, juste de gros bisous!
Cendrine
Merci pour cette page d’histoire si magnifiquement présentée, Zaza !
Bon début de semaine !
Bisous♥
C’est idem maintenant.. tout n’est que taxes..
Quelles belles illustrations, bravo Zaza, bonne journée gros bisous !
Il faut se méfier des impôts de trop…
J’attends la suite avec impatience.
Bisous et douce journée.
rien de changé Zaza les taxes « on » leur trouve de jolis noms nouveaux comme « participation » !
une page d’histoire ; merci de nous rafraichir la mémoire, ces moments agités et violents pourraient amener à réfléchir ??
Finaelment « ils » n’ont rien inventé. Ces bonnets rouges se sont bien révoltés. Un grand merci pour cette page d’histoire, Zaza, un vrai régal. Gros bisous et douce journée
..je comprends mieux le principe du « bonnet rouge »…la révolte quoi…
Bises du jour,
Mireille du sablon
Bonjour ma Zaza merci pour cette page d’histoire magnifiquement présentée ah! les impôts bonne fin de journée à toi bisous
L’impôt sur le papier timbré a rudement bien perduré, depuis Louis XIV et la fin de la monarchie ! Chris
Ben mince je ne connaissais pas les bonnets bleus :) je pensais rouge aussi pour les bigouden, c’est hyper bien détaillé ton article, merci, bises
Un très beau passage et puis sur la dernière heureusement qu’ils ont été là.
belle page d’hisoire, pas tres connue, merci Zaza bisous
Merci pour cette page d’histoire que je découvre dans ton billet je vais de suite lire la suite
Bonne journée
Bises
c’est bien de nous raconter ces histoires ; depuis toujours, l’état a besoin d’argent et cela continue ! Si l’argent sert pour la communauté rien à dire, mais ce n’est jamais qu’en partie. Bises et merci
Merci pour cette page d’histoire, il faut croire que nos « dirigeants » ne comprennent pas le pays…
Bonne soirée
Bises