Notre moussaillon Jill reprend la barre pour cette quinzaine chez les Croqueurs de Mots. Voici ce qu’elle nous dit : ICI
Le thème de ce premier jeudi de poésie est
« L’Injustice »
L’enfant
Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Schio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Schio, qu’ombrageaient les charmilles,
Schio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.
Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.
Ah ! Pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?
Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?
Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? Fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
Victor Hugo – 8-10 juillet 1828 – Les Orientales
La massacre de l’île de Schio – Delacroix
Dénonciation de la guerre par Victor Hugo qui fait sortir cet enfant de l’innocence en le jettant dans le monde violent des adultes. La cruauté de la vie remplace les jeux !
Inversion des rôles : l’adulte consolateur est « dépassé » par la détermination de l’enfant.
La lutte en faveur de l’enfance malheureuse par Victor Hugo, ICI .
Bonjour Zaza… Dans ce contexte cruel, on comprend sa demande, se venger ! Une enfance jetée dans la guerre, nous avons connu avec 14 et 40 n’est pas ce qu’on appelle les meilleurs souvenirs… Merci aussi, bises de jill
Superbe écrit de Victor Hugo et magistrale évocation de Delacroix, artiste que j’aime énormément comme tu t’en étais rendue compte dans l’article que j’avais consacré à sa fontaine au Luxembourg et à ses oeuvres.
Texte et tableau nous disent bien des choses et font écho à ce qui se passe aujourd’hui, hélas, dans nombre de pays
Excellent choix ma Zaza, je t’envoie de gros bisous
Cendrine
Très beau et touchant poème. Bisous
Bonjour Zaza !
Très beau poème.
Une sortie de l’enfance on ne peut plus brutale.
Bonne journée !
Pierre
https://rotpier27.wordpress.com/
Coucou Zaza, un magnifique poème bisous MTH
Magnifique choix Zaza. Ah ce Totor, il avait ses défauts mais en plus de son génie d’écriture, il était si concerné par l’injustice ! Bizzz.
Encore une terrible poésie de Victor Hugo sur une page noire de l’Histoire et ses conséquences toujours injustes envers les civils et notamment les enfants ! bien beau tableau de Delacroix aussi bises
Joli ce texte même s’il est triste et cruel !
Très beau poème de Victor Hugo, cependant, nous remarquons que c’est toujours les mêmes qui tuent à tire larigot!
Bises
Bonsoir,
Un très beau poème qui parle de la souffrance des guerres, du malheur qu’elles engendre avec ce désir de vengeance. Terrible vision pour les enfants marqués de ce jeu de massacre des adultes.
Bises
Excellent choix Zaza, oui Victor Hugo la chante merveilleusement bien l’injustice aussi bien celle de la guerre que celle qui touche les pauvres gens . De tres belles oeuvres choisies pour l’illustrer ce poème
Bisous
Oh ! C’est vraiment un excellent choix, Zaza !
Bonne soirée,
Bises♥
Je ne l’ai même pas vraiment relu… je savais dès le premier vers le dernier.
Ce « je veux de la poudre et des balles » m’a tellement marquée lorsque je l’ai appris.
J’étais encore – déjà – une douce rêveuse qui n’avait pas envie d’entendre le désir de vengeance de l’enfant.
C’est un magnifique poème, Zaza.
Bisous et douce soirée.