Nestor Boyaux reprend du service – 4/8 … !!!

Chapitre IV

BOUTONS reprit, plus persuasif que jamais !

– « Eh bien, monsieur BOYAUX, je connais parfaitement cet univers, ainsi que tous ceux qui le fréquentent. Ce sont tous des bons diables qui m’ont rendu service. »
– « Où veux-tu en venir ? »
– « Je ne voudrais pas qu’il leur arrive le moindre mal. J’aimerais mieux qu’on me coupe le bras ou qu’on m’enlève tous ces boutons dont je suis si fier. »
– « Tu parles sérieusement, BOUTONS ? »
– « Oui. »
– « Qu’est-ce que tu veux exactement. »
– « Si vous le voulez bien… »
– « J’accepte d’avance ce que tu me demanderas. »
– « Vous êtes en bon terme avec les gens de la police ? »
– « J’ai quelques amis, en effet. »
– « Eh bien alors, promettez-moi de ne plus vous souvenir de ces hommes, après que je vous les aurai présenté ? »
– « Oui. »
– « Si vous découvrez quoi que ce soit contraire à la loi, vous me promettez de ne pas vous en servir contre eux ? »
– « Mai oui. »
– « Parole, hein monsieur BOYAUX ! »
– « Parole d’honneur », répéta Nestor.
– « Eh bien, asseyez-vous sur ce tas de planches et finissez de fumer votre cigarette, tandis que je vais rôder aux environs en quête de nouvelles. À tout à l’heure. »
– « Tu ne t’absentes pas longtemps ? »
– « Non, non. »
Et Paul UTION, dit BOUTONS, sans plus attendre, disparut dans la nuit profonde.

Une heure s’était écoulée lorsque Nestor vit revenir son jeune ami.
Il était accompagné d’un homme de haute taille, grand, efflanqué, un de ces individus débardeurs de jour et bandits la nuit.
Le gamin s’approcha en courant vers Nestor.
– « Monsieur Phil TRAHUILE, monsieur Phil TRAHUILE ! »
Nestor comprit immédiatement que le gamin l’avait surnommé Phil TRAHUILE pour lui donner une identité de couverture.
– « Je vous ai amené un vieil ami, le Capitaine Sam TROULEFION. Il m’assure pouvoir vous aider à retrouver votre ami. »
Les deux hommes se serrèrent la main.
– « J’ai expliqué tout à l’heure au Capitaine que votre ami de Suisse, monsieur Alex, était perdu et que vous vouliez le retrouver coûte que coûte, n’est-pas ! »
– « C’est vrai. »
– « Tout ça a suffi au Capitaine, du moment que je lui ai promis que la police ne se fourrerait pas le nez dans cette affaire et dans les siennes. »
– « Merci BOUTONS », répondit Nestor.
Nestor regarda le gamin dans les yeux.
– « Maintenant, si tu posais quelques questions ? »
– « Des questions ? »
– « Oui. »
– « Je les ai toutes posées et on m’a répondu. »
– « Et le Capitaine Sam TROULEFION, que fait-il dans tout ça ? »
– « Il connaît tout le truc. »
Nestor BOYAUX ne comprenait pas.
– « Tu dis ? Explique ! »
– « Je vais tout vous raconter. »
Le Capitaine, debout près d’eux, demeurait silencieux.
BOUTONS reprit :
– « Ce matin, le Capitaine Sam TROULEFION était sorti de bonne heure pour faire un p’tit tour près du canal. »
– « Et puis ? »
– « Le Capitaine monta sur le quai. C’est alors qu’il aperçut quatre individus qui descendaient la rue. »
– « Il les connaissait ? »
– « Non, et ces gens, ne lui disaient rien qui vaille. Aussi après s’être retourné pour les regarder, il se mit à les guetter tout en évitant de se faire voir. Les hommes descendirent sur le quai. L’un d’eux avait les mains liées derrière le dos et un masque lui couvrait le visage. »
– « Qu’est-ce que tu dis ? »
– « La vérité. Il n’y a pas d’erreur, cet homme devait être votre ami. »
– « Tu as raison. Mais les autres ? »
– « Des inconnus. L’un des trois hommes dont je vous ai parlé avait un linge ensanglanté sur la tête. Un autre saignait du nez. Capitaine Sam crut comprendre que les gars avaient dû se battre et que le plus grand avait eu le dessus. »
– « Et puis ? »
– « Ben voilà. Ils sont allés presque jusqu’au bout du quai. Un de la bande a tiré à lui une barque. Les hommes y montèrent et tous partirent en ramant vigoureusement. »
Nestor semblait s’impatienter.
– « Nous ne sommes pas plus avancés qu’avant. »
– « Vous croyez ? Eh bien vous ne connaissez pas le Capitaine Sam TROULEFION ! »
– « Mais explique-toi, parle ! »
– « Eh bien, Sam connaît le bateau en question. »
Nestor sourit :
– « Je commence à comprendre. »
– «  Le Capitaine Sam sait à qui ce bateau appartient et l’endroit du quai où il était amarré. Tout de suite, il comprit que les hommes avaient dû louer cette barque et qu’ils la ramèneraient à son propriétaire aussitôt qu’ils en auraient fini. Par conséquent, le propriétaire doit connaître la direction que la barque a prise en partant d’ici… »
Nestor l’interrompit :
– « Et si cette barque avait été volée ? Si les bandits n’ont nullement l’intention de la ramener à son propriétaire ? »
– « Capitaine Sam dit que c’est impossible. »
– « Ah, pourquoi ? »
– « Parce que le propriétaire n’est pas homme à se laisser voler sa barque et en plus il l’amarre là où personne ne pourrait la découvrir. »
– « C’est tout ce qu’il a dit ? »
– « Il prétend que ce n’est pas la peine de se mettre à la poursuite des bandits tout de suite parce que Firmin DUSTRIEL, le propriétaire de la barque se repose, en prévision de son travail de ce soir. »
– « Ah, j’y suis. »
Nestor se tourna du côté du Capitaine Sam TROULEFION. – « Croyez-vous, Capitaine, qu’il nous sera possible de donner la chasse à ces hommes ? »
– « Bien entendu. »
– « D’après ce que vous me dites, j’en conclus que vous savez à peu près où les trouver ? »
– « Moi ? Mais je vous gagerais tout ce que vous voulez que je vous conduis tout droit là où ils se trouvent. »
– « Où donc ? »
– « Sur l’autre berge, en face. »
– « Mais à quel endroit de la berge ? »
– « Ce serait trop long à vous expliquer. D’ailleurs, il n’y a pas beaucoup de maisons à cet endroit. De plus, Firmin DUSTRIEL pourra nous renseigner comme il faut. »
– « Comme ça », reprit Nestor, le moyen le plus simple c’est d’aller trouver votre ami Firmin et de l’interroger à ce sujet ? »
– « Vous y êtes, il n’y a qu’à faire comme ça. »
– « Mais BOUTONS prétend qu’on ne peut le voir qu’à la fin de l’après-midi ? »
– « En tout cas, pas avant quatre heures. De quatre à six, c’est le meilleur moment. »
– « Alors, vous savez où le trouver ? »
– « Oui. »
– « Traverserons-nous le canal en prenant un bac ou bien un pont ? »
– « C’est comme vous voudrez. BOUTONS m’a dit que ce serait mieux de vous faire traverser dans mon bateau. »
– « Où est votre bateau ? »
– « Avant de traverser, reprit le Capitaine Sam, j’ai une proposition à vous faire. »
– « Qu’est-ce que c’est ? »
– « Vous feriez mieux de venir jusque chez moi tout d’abord. »
– « Pourquoi donc ? »
– « Je vous donnerai là un chapeau qui ne ressemblera guère à celui que vous portez et quelques autres articles qui vous feront un peu plus ressembler à ce que je voudrais que vous paraissiez. »
– « L’idée n’est pas mauvaise », fit Nestor.
Une demi-heure plus tard, Phil TRAHUILE, alias Nestor BOYAUX, transformé, avait l’apparence d’un vieux loup de mer. Les deux hommes et l’enfant montèrent dans la barque de Sam TROULEFION pour regagne la berge d’en face, à la rame.
Les eaux du canal étaient calmes.
La barque était déjà parvenue au milieu, lorsque tout à coup, le Capitaine Sam levant ses avirons un instant se pencha vers Nestor en le regardant dans les yeux, il lui dit :
– « Avant d’aller plus loin, monsieur, il y a quelque chose que je veux vous demander. »
– « Qu’est-ce que c’est ? »
– « BOUTONS a répondu de vous, c’est très bien. Mais j’ai besoin de votre parole pour ce que je veux vous dire. »
– « Parlez ! »
– « Peut-être savez-vous, que chacun d’entre nous, ici, nous avons chacun notre façon de faire des affaires. »
– « Je comprends ! »
– « Bien des gens mêmes, considèrent notre commerce comme malhonnête. Quelquefois, la police est venue fourrer son nez dans nos affaires. On nous a surnommé les pirates. »
– « Compris », fit Nestor.
– « Pendant la petite expédition que nous entreprenons en ce moment, il y a des chances que je rencontre quelques amis qui se livrent au même commerce que moi. »
– « Oui. Et puis ? »
– « Faudra bien que je vous présente à ces gars-là et que je réponde de vous. Je vous présenterai à eux en leur disant : – Voilà un copain qui a le même métier que nous, seulement, il est finistérien et vient de Kerlouan en Pays Pagan – Naturellement, ils me croiront. Ils pourraient cependant vous poser des questions et je me demande si vous pourriez y répondre comme il faut ? »
 
Que de machiavélisme et de mensonges pour protéger la véritable identité de Nestor BOYAUX !
S’ils ne s’emmêlent les crayons ils auront de la chance…

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Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés © Afficher tous les articles par ZAZA-RAMBETTE