Défi n° 154 Thème : « Pâques »
A Pâques
Frère Jacques, frère Jacques,
Réveille-toi de ton sommeil d’hiver
Les fins taillis sont déjà verts
Et nous voici au temps de Pâques,
Frère Jacques.
Au coin du bois morne et blêmi
Où ton grand corps s’est endormi
Depuis l’automne,
L’aveugle et vacillant brouillard,
Sur les grand-routes du hasard,
S’est promené, longtemps, par les champs monotones ;
Et les chênes aux rameaux noirs
Tordus de vent farouche
Ont laissé choir,
De soir en soir,
Leur feuillage d’or mort sur les bords de ta couche.
Frère Jacques,
Il a neigé durant des mois
Et sur tes mains, et sur tes doigts
Pleins de gerçures ;
Il a neigé, il a givré,
Sur ton chef pâle et tonsuré
Et dans les plis décolorés
De ta robe de bure.
La torpide saison est comme entrée en toi
Avec son deuil et son effroi,
Et sa bise sournoise et son gel volontaire ;
Et telle est la lourdeur de ton vieux front lassé
Et l’immobilité de tes deux bras croisés,
Qu’on les dirait d’un mort qui repose sous terre.
Frère Jacques,
Hier au matin, malgré le froid,
Deux jonquilles, trois anémones
Ont soulevé leurs pétales roses ou jaunes
Vers toi,
Et la mésange à tête blanche,
Fragile et preste, a sautillé
Sur la branche de cornouiller
Qui vers ton large lit de feuillages mouillés
Se penche.
Et tu dors, et tu dors toujours,
Au coin du bois profond et sourd,
Bien que s’en viennent les abeilles
Bourdonner jusqu’au soir à tes closes oreilles
Et que l’on voie en tourbillons
Rôder sur ta barbe rigide
Un couple clair et rapide
De papillons.
Pourtant, voici qu’à travers ton somme
Tu as surpris, dès l’aube, s’en aller
Le cortège bariolé
Des cent cloches qui vont à Rome ;
Et, leurs clochers restant
Muets et hésitants
Durant ces trois longs jours et d’angoisse et d’absence,
Tu t’éveilles en écoutant
Régner de l’un à l’autre bout des champs
Le silence.
Et secouant alors
De ton pesant manteau que les ronces festonnent
Les glaçons de l’hiver et les brumes d’automne,
Frère Jacques, tu sonnes
D’un bras si rude et fort
Que tout se hâte aux prés et s’enfièvre aux collines
A l’appel clair de tes matines.
Et du bout d’un verger le coucou te répond ;
Et l’insecte reluit de broussaille en broussaille ;
Et les sèves sous terre immensément tressaillent ;
Et les frondaisons d’or se propagent et font
Que leur ombre s’incline aux vieux murs des chaumières ;
Et le travail surgit innombrable et puissant ;
Et le vent semble fait de mouvante lumière
Pour frôler le bouton d’une rose trémière
Et le front hérissé d’un pâle épi naissant.
Frère Jacques, frère Jacques
Combien la vie entière à confiance en toi ;
Et comme l’oiseau chante au faîte de mon toit ;
Frère Jacques, frère Jacques,
Rude et vaillant carillonneur de Pâques.
A chaque fois que je lis un poème de cet auteur, je sais pourquoi je l’aime tant, je ressens la vibration des mots, intensément dans le coeur et ça tintinnabule!
Merveilleux choix, merci ma Zaza
Gros bisous de Printemps et que Pâques scintille en livrée de toutes les couleurs!
Cendrine
un merveilleux poème, par un merveilleux poète ! bon we pascal, chere Zaza bisous
Je découvre ce poème grâce à toi…
Une belle découverte !
Merci !
bravo tu me fait me remémorer des poètes (qui avait été un peu bousculés à l’école) belle envolée
Je découvre ce poème d’Emile Verhaeren , je connaisais ceux de l’hiver mais pas celui là .
Merci pour ce frère Jacques annonçant Pâques .
Bisous
Ravissant poème chantant aussi l’éveil de la nature, mais c’est naturel Verhaeren est un grand poète.
Bises
Bonjour Zaza !
Un poème qui complète bien ton article précédent !
Bon après-midi !
Pierre
https://rotpier27.wordpress.com/
J’♥ beaucoup, Zaza !
Manifique partage !
Bises♥
Très très beau et chantant… Bisous Zaza et bonnes Pâques
Bonjour Zaza.
Un petit coucou en ce Dimanche, pour te souhaiter une bonne fête de Pâques.
Bisous de nous deux.
Défi très réussi avec ce beau poème
Biz
Sur les mots choisis du poète Cheminent depuis l’automne toutes les routes des saisons
Et Pâques qui cette année est tôt très tôt se retrouve encore emmitouffé voire encapuchonné
Et frère Jacques fait carillonner les cloches pour nous réchauffer.
Beau poème pour défi relevé
Bisous Zaza
toujours un plaisir de lire un poème d’Emile Verhaeren. Le printemps est là, mais les temps sont encore froids.
J’espère que tu as passé une bonne journée. Bises.
Bonsoir ma Zaza un poème que je connais pas et j’aime beaucoup j’ai ma soeur pour pâques je repasse lundi soir sur vos blog passe une bonne soirée et un bon lundi de pâques c’est en ligne bisous