Les consignes d’EVY, ICI, pour cet atelier d’écriture 312
Et, ou, aux choix,  
L’utilisation des 10 mots : « Inexplicable, Rythme, Pluie, Couleur, Esprit, Phase, Couler, Extase, Alchimie, Histoire… »

Assise sur la plage, le visage tourné vers le ciel, elle observe toute en extase.
La brise du large fraîchit, annonçant un grain pour le lendemain, une pluie sans conséquences.
– Qu’est-ce que tu regardes ?
– Les nuages.
– Les nuages ?
– Oui, les nuages.
Les deux coudes bien plantés en équerre dans le sable, elle a du mal à lui expliquer l’inexplicable.
– Qu’est-ce que tu peux bien voir ?
Plusieurs secondes s’écoulent avant qu’elle ne réponde.
– Tout un univers ! Des animaux, canard, vache, ours, dragon… Quelquefois, des visages…
Levant les yeux à mon tour.
– Où ça, le dragon ?
– Pas aujourd’hui, non. Mais si tu cherches, tu vas trouver ce qui se cache dans le ciel.
– Je ne vois rien.
– Pas si vite. Laisse à tes yeux le temps de s’habituer.
Mon regard balaye la couleur blanche effilochée qui marbre le bleu du ciel, ces cirrus certainement.

– Je t’assure, je ne vois rien de spécial.
Elle sourit.
C’est un langage qui ne s’apprend pas trois secondes.
Un grand silence rythme la conversation. Elle tend lentement son index vers le ciel.
– Tu vois là-bas ? Une colombe en plein vol…

Je cherche vainement à distinguer quelque chose qui semble être une colombe.
– C’est vague, non ?
– Les nuages, c’est comme ça que nos défunts communiquent en SYMBIOSE avec nous.
Je détourne les yeux. Je la regarde fixement. Mais il ne souriait pas et semblait très sérieuse.
— Quelle est cette histoire que tu me chantes là ? Qui t’a raconté un truc pareil ?
— Personne. C’est ce que j’ai envie de croire.
Elle n’a pas l’air de plaisanter, non. Je relève la tête et regarde le ciel. Je ferme les paupières, les ouvre de nouveau.
J’observe longuement les stratocumulus. Leur traîne vaporeuse, ce mouvement presque imperceptible qui les tourmente et modifie graduellement leur forme, qui les déchire en silence et les rassemble au gré des vents.
Au bout d’un long moment, j’aperçois enfin quelque chose.
– Là-bas, on dirait un petit cœur.

Elle sourit.
– C’est pour toi.
– Comment, pour moi ?
– Un message. C’est pour toi.
– Tu veux dire que quelqu’un essaie de me dire quelque chose ?
– L’esprit d’une personne toujours en phase avec toi, et qui a disparu.
Je ferme les paupières. C’est une belle idée peut-être, mais le ciel est si vaste. Et la plage si longue. Et il y a tant de monde.
– Comment tu sais que c’est pour moi ?
– Parce que tu l’as trouvé.
– Mais c’est peut-être pour quelqu’un d’autre.
– Oui, c’est peut-être pour quelqu’un d’autre.
Ma gorge se resserre, une larme coule sur mon visage …
– J’aimerais tellement que ce soit pour moi.
– Si tu apprivoises ce langage, tu finiras par en comprendre l’alchimie, et tu communiqueras ainsi avec les anges !