Défi d’écriture NR 59 pour Ghislaine… !!!

défi écriture Ghislaine

Ghislaine nous propose deux choix pour le défi écriture N° 59 !

Composer un texte avec :

« Apparence, file, situation, secret, cesser, devoir, offrir, entrer. « 

Ou

Choisir 8 mots, voire plus avec la terminaison « oui »

Ephad !

ephad

Il attend, les yeux mouillés.
C’est un dimanche de fin d’été, lourd, caniculaire.
A l’apparence vieillie, il attend toujours.
Sa vie se raconte en lui, sans réj
ouissance, comme un scénario qu’il connaît par cœur même si certaines scènes sont embellies et d’autres quelque peu confuses.
Son décor et sa situation: les couloirs de l’hôpital où tout est propre, il n’y a pas d’odeur, presque pas… Tout est aseptisé, blanc et gris. D’autres attendent comme lui, à la file. Ils sont vieux et rouillés.
C’est un dimanche, et les visiteurs se font rares, ils n’ont pas encore fini de manger, la tamb
ouille n’est très engageante. Ils sont entre copains pour les plus valides, dans les jardins bouillants, ou bien ils vont en salle climatisée s’offrir un brin de fraîcheur qui excusera l’inévitable ennui de leur journée dominicale.
Le bruit est étouffé, dans cette chaleur à peine supportable, par le ronron lancinant de quelques ventilateurs supplémentaires, égratignant la sensation exténuante et répétée de la solitude, jamais apprivoisée.
Lui.
Il attend.
Ses voisins de chambre somnolent. Ils sont loin, perdus aussi dans des pages bien à eux dont personne n’a peut-être envie de déchiffrer le secret. Les infirmières, en sous effectifs, passent et esquissent un sourire et puis s’en vont, sans cesser de s’activer… Parfois, elles ferment la porte de la chambre. Le monde, alors, devient clos, tellement fermé en lui-même que plus personne ne peut s’emparer de l’espace. Chacun des habitants rêve d’un soleil à devoir faire lever le jour, au-delà des murs trop blancs.
La vieillesse, il la connaît… Elle a su rentrer dans sa vie doucement et lui faire comprendre que maintenant, tout dépendait des autres. Alors, il râle après elle ; parfois, il s’en moque et la défie. Parfois, aussi, il pleure.
Un homme ne pleure pas, mais ses larmes sont si vieilles… On lui pardonne cette faiblesse-là…
Tout à coup, on frappe à la porte de sa chambre. Il lève un œil. Il soulève son cœur et un sourire généreux, pareil à celui d’un enfant comblé, se dessine autour de ses rides.
— « Vous voilà… enfin ! », bafouille-t-il !
Mais non, fausse joie, ce n’est
sont pas ceux qu’il attend. Au fond de lui, il se verrouille un peu plus, parle seul, invoque le bon vieux temps – qui n’a pas toujours été si bon –, finit par allumer sa télé, puis l’éteint et s’endort tout embrouillé !
Il rêve déjà à celle qu’il a aimée et qu’il aime encore. Elle lui tient la main… et c’est juste bien.
Il l’attend.
Elle ne sera pas en retard. Elle ne l’est jamais.
Elle est son âme et sa vie.
Et si ses doigts tremblent se remémorant sa photo, c’est de bonheur… Il se souvient.
Et plus rien d’autre n’existe que ses vingt ans, tout à coup retrouvés.
Demain, demain, c’est lundi.
Le bulletin météo annonce encore du soleil sur la France.

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

31 réflexions sur « Défi d’écriture NR 59 pour Ghislaine… !!! »

  1. C’est un texte profondément poignant, une tragédie humaine qui se déroule sur l’écheveau de la vie en attendant que la Parque Atropos coupe ce fichu fil… Alors, dans le grand tout où certains pensent qu’il n’y a rien il faudra bien se laisser glisser, être arraché au monde d’ici-bas… mais dans une parcelle de nous, je le crois, demeurera cette inaltérable lumière de rubis qu’on appelle l’amour et qui nous ranime lorsque nous perdons pied…
    Un texte magnifique oui et des lieux où j’ai passé beaucoup de temps, enfant et adolescente, visitant des personnes âgées de ma famille et d’autres avec qui je m’étais liée d’amitié…
    Des êtres qui attendent… Des visages noyés d’ombres, des battements de coeur comme le balancier d’une horloge…
    Il est absurde d’attendre Godot mais même l’absurdité a un sens alors quand c’est la Faucheuse qu’on attend, il y a de la clarté dans le noir… Clarté d’une photo, d’un souvenir…
    J’ai beaucoup aimé ton texte, merci ma Zaza et merci également pour ta visite d’amitié, avec un clin d’oeil également pour l’oeuf orphique qui me fascine aussi…
    Gros bisous à tous les deux et bon lundi de Pâques, avec tendresse et amitié
    Cendrine

  2. Oui j’avais aussi écrit sur ce thème il y a longtemps …
    C’est on ne peut vrai la vie la-bas n’est faite que d’attente et de frustration
    ça me remue trop les tripes
    Bon lundi à toi
    Bises

  3. ..tes mots sont si vrais… que nous soyons jeunes, immobilisés et trop dépendants dans une chambre d’hôpital ou âgés dans un établissement spécialisé, l’attente est terrible!
    Je peux comprendre que cette solitude soit insupportable….
    Bises du jour,
    Mireille du sablon

  4. C’est un si beau texte emouvant si triste aussi c’est ce qui nous attend … bonne journée Zaza gros bisous

  5. Je reste bouleversée par tes mots…..Ton texte est prenant , si actuel et vrai qu’il nous renvoie à notre
    propre solitude qui un jour fatalement sera là. Inexorablement……….
    Tes mots font réfléchir et mieux comprendre «  »nos Vieux «  » car un jour ce sera nous………
    Les enfants n’ont déjà plus le temps pour nous alors que l’on est encore «  » en forme «  » si on peut dire
    Ou quand ils ont besoin de nous pour pouvoir partir quelques jours……..
    Et qu’en est il pour tout ceux qui ne peuvent s’offrir un lieu de retraite ??
    Qu’en est il de ceux là ???
    Merci d’avoir écrit ce texte Zaza ! Il devrait servir de reférence dans les maisons de retraite,
    être placardé dans les mairies etc…………
    Je n’ai plus mes parents hélas, mais je me suis occupé d’eux beaucoup,
    je les aies pris chez nous plusieurs années et ma dernière aussi………..
    Je suis heureuse qu’ils soient partis sachant qu’on à été là pour eux mais nous ??
    Quelqu’un sera t il là ??

  6. La fin de vie est si triste, on se dit que l’on ne compte plus pour personne, que l’on est totalement oublié, rayé par ceux que l’on a tant aimés, lesquels nous feront l’aumône d’une petite visite ? Je suis bouleversée par ton texte Zaza…
    Bisous

  7. Bonjour Zaza,
    Voilà un très joli texte qui répond au défit …….mais bien triste …..car bien le reflet de la réalité ;
    Bonne journée
    Amitiés

  8. Ton texte si réaliste Zaza m’a fait frissonner … parfois je me demande ce qui nous attend nous qui vieillissons aussi et çà m’angoisse, beaucoup disent « il ne faut pas penser à çà » … et pourtant !!
    Merci Zaza et douce semaine à venir par chez toi !
    Je t’embrasse !
    Nicole

  9. Coucou Zaza,
    C’est tout à fait cela, j’ai longtemps visiter deux vieilles dames dans deux Ephad, j’en revenais avec le moral à zéro. Je crois que je préfèrerai passer l’arme à gauche tout de suite plutôt que d’y aller…
    Bises et belle journée

  10. Coucou Zaza
    C’est hélas une réalité et mon mari l’a vu de ses propres yeux, des petits vieux de plus de 80 ans, seuls vraiment seuls au monde, l’une d’entre elle cherchait toujours sa chambre, elle était perdue dans ce grand couloir. Je ne savais que faire quand je la voyais, car une fois dans sa chambre elle repartait dans le couloir. Oui c’est triste de vieillir, on devrait avoir une pillule pour décider quand on voudra partir.
    Car après tout on a pas demander à venir au monde, donc qu’on nous laisse choisir notre départ… Le plus terrible dans tout ça c’est qu’on ne se rend pas compte de notre état, et si la souffrance est là, c’est terrible…mon mari les entendait hurler la nuit…la douleur ou la peur il ne savait pas.Oui vieillir c’est pas drôle.
    bisous ma Zaza

  11. Coucou Zaza
    Un texte vraiment bouleversant qui retrace bien la réalité…. J’en sais qq chose : j’ai travaillé qqs années dans ce qu’on appelait royalement « maisons de retraite » ! Puis lgtps en bénévolat ! J’ai du arrêter d’urgence tant mon moral dégringolait, suivant prescription médicale… C’est dire !
    Une frousse bleue de devoir y aller un jour…. l’envers du décor n’y est vraiment pas réjouissant ! Je parlais amour, tendresse … on me répondait avec calculette et interdiction de toucher ou seulement parler aux « résidents »…. pdt mon travail ! tout était millimétré à la seconde près et je … devais tenir la cadence ! point barre…. J’en ai vu des choses atroces….
    Merci Zaza…

  12. Je ne voulais pas lire ton défi avant d’avoir fait le mien , j’arrive maintenant et je suis vraiment bouleversée par ton écrit qui retrace si bien tout ce que j’ai vu dans les EHPAD . Je comprends oh combien la nécessité d’un changement dans ces structures qui ne peuvent plus assurer une prise en charge correcte des personnes âgées .
    Merveilleux texte Zaza qui prend vraiment aux tripes
    Bisous

  13. bonjour mon amie
    comment vas tu ce matin !!
    Voici quelques mots d’amitié pour te dire bonjour.
    Que ce petit message amical te porte bonheur
    et t’ouvre les portes d’une belle journée.
    levée tard ce matin !!! le soleil est déjà haut
    Bisous affectueux

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