Le troisième œil – 3/8 … !!!

A ce point, je commençais à me sentir mal et à me demander ce que je faisais sur le bord de la route dans l’Arizona… Verrais-je la Route 66 ?

Peg, cheveux décolorés, sa poitrine gonflée de sanglots et de peur, ses mains fortes et son histoire à dormir debout me faisait flipper.
Je ne voyais pour l’instant aucun lien avec mon rêve.

Franchement, même en ayant lu des tas d’Agatha Christie, de Mary Higgins Clark, je ne voyais pas d’issue.

Moi qui pensais vivre une histoire tranquille et rigolote sur des trajets en trucks !

Je me trouvais, désormais, embourbé dans une histoire que je ne pensais exister que dans les scenarii du cinéma hollywoodien à succès ! Je ne voyais d’issue qu’en allant au bout de ce récit.

– « Adam est revenu, ensuite ? Après les 3 jours, je veux dire ? »

– « Oui, il est revenu pour me dire que c’était le même sang sur le couteau et sur mes chaussures.

Franchement, quel scoop !

  • Qu’ils n’avaient pas retrouvé, ni la fille, ne le gosse.
  • Que cette histoire de 3ème œil était bizarre et qu’on voulait m’interroger davantage.
  • De toute façon, comme j’étais seule, je n’avais pas d’alibi et donc, j’étais suspectée d’assassinat, puisque ce n’était pas mon sang sur le couteau, ni sur mes chaussures.
  • Après ça, la descente aux enfers !
  • Je dormais en prison, incarcérée avec plusieurs codétenues, pas de lavabo, rien !

Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés au motel pour assurer les nuits. Ça a été, interrogatoires sur interrogatoires, pour que je dise et redise encore les mêmes trucs. Puis ils ont trouvé que ce serait une bonne idée d’interroger mon collègue qui aurait peut-être vu quelque chose. Ils ont mis deux jours à le trouver, il était parti voir sa mère hospitalisée. »
– « Et il avait vu quelque chose ? »
– « Je ne crois pas, on ne m’a rien dit. Après une semaine de recherches en travaillant de concert avec les collègues des états voisins, ils ont trouvé qui était la propriétaire du sang : une prostituée, Olga Lioubov.

Ils l’ont découvert parce qu’elle s’était fait prendre une fois pour trafic de stupéfiant ou je-ne-sais-quoi. Et effectivement, elle avait disparu. Du moins ses collègues ne l’avaient pas vu sur leur emplacement de « tapinage », depuis le fameux soir.»
– « C’était un bon début ça ! » Lui dis-je. « Au moins ils avaient une piste, un nom, un endroit par lequel commencer à chercher ! »
– « Tu te fiches de ma gueule ou quoi ? » Cria-t-elle.

Je me suis rendue compte que je venais de dire une connerie qui ne devait guère être compatible avec ma soi-disant position d’agent spécial du DEPARTEMENT of INVESTIGATION FBI.

– « Non ! Non ! Excusez-moi ! J’essaye simplement de tout reprendre depuis le début en faisant abstraction de toutes les informations que j’ai déjà eues ma connaissance. C’est ma méthode personnelle de travail. Elle me permet d’inspecter en toute objectivité, sans aucun à priori. » Lui lançai-je.

J’avais l’impression d’être un équilibriste en situation précaire au bord du fil. Un mot, un geste, et je n’avais plus accès à la suite de l’histoire. Miraculeusement ma pirouette fonctionna sur Peg.

– « Drôle de méthode, mais j’y adhère. Elle a au moins le mérite de ne pas me condamner d’avance. Où en étions-nous ? »
– « Olga Lioubov, un nom à consonance de pays slave visiblement. »
– « J’ai ce nom en horreur. C’est lui qui t’a attiré à moi comme les mouches sur le miel. »
– « Moi ? »
– « Oui toi ! Toi et les tiens ! Les fédéraux ! Le jour suivant, deux de tes collègues ont débarqués. Costard noir, chemise blanche, lunette noire, y-a pas à dire, les créateurs de « Men in Black » n’ont pas eu à aller chercher bien loin pour trouver le look de leurs personnages. »

– « Nous ne sommes pas tous comme ça ! »
– « Houai ! Il vous arrive de vous déguiser aussi pour tromper les innocentes jeunes filles. »
J’avais gaffé de nouveau. Quelques secondes passèrent. J’ai bien cru que l’huître allait définitivement se refermer, mais finalement Peg reprit quand même son récit.
– « Tes deux collègues m’apprirent alors l’incroyable : Olga Lioubov n’existait pas ! Je leur ai répété au moins mille fois que je l’avais vue, morte, à mes pieds.
Et puis il restait le couteau, les analyses de sang. Je ne comprenais pas, comment ils pouvaient prétendre l’inexistence de cette jeune femme. Ce qu’ils me racontèrent alors me sidéra. Olga Lioubov était une femme de papier, une invention du F.B.I. pour tromper la vigilance des narcotrafiquants. Ils l’avaient créée de toute pièce, lui inventant un passé douteux à Moscou faisant d’elle une pièce importante de la mafia russe. Ils espéraient par ce stratagème faire sortir le loup du bois comme on dit. »
– « Mais ce n’est pas croyable ! »
– « Attends ! Pour parfaire le tout et pour rendre le personnage crédible, le F.B.I lui avait inventé une vie complète, avec parcours scolaire, traces de maladie, aventures amoureuses. Ils avaient même été jusqu’à inventer un grave accident survenu lors d’un attentat dans un train qui ralliait Moscou à Saint-Pétersbourg au cours duquel elle avait failli perdre la vie, Attentat qui fit 25 morts, tout de même !

Dans son dossier médical bidon, il y avait des fausses prises de sang, des fausses empreintes dentaires, des fausses radiographies, des fausses analyses A.D.N. En elle, tout était faux, elle n’existait pas, ce n’était qu’un fichier informatique. Ils avaient même de fausses empreintes digitales. »
– « Et ses copines du trottoir ? »
– « Encore une invention, je ne savais plus quoi répondre à tes collègues. Comment veux-tu que j’explique qu’une femme qui n’existe pas est venue se faire assassiner pratiquement sous mes yeux ? Mais il y eut pire ! »
– « Pire ? »
– « L’un de tes amis me présenta vingt photos différentes de jeunes filles : des blondes, des brunes, des rousses. Bien évidemment, je reconnu immédiatement la jeune morte, un visage ensanglanté cela ne s’oublie pas tu sais !
Il hante encore mes nuits aujourd’hui. C’était bien la photo qui se trouvait dans le dossier de l’imaginaire Olga Lioubov. Je croyais être tirée d’affaire : la morte ne pouvait être que le mannequin qui avait posé pour la photo. »
– « Seulement… » Rajoutais-je pour connaître ce qui pouvait être pire.
– « C’était une image de synthèse. Cette photo n’était que la représentation d’une création d’ordinateur. Je crus devenir folle, pense-donc, mes pieds avaient baigné dans le sang d’une femme virtuelle. »

Au même instant, à la radio un speaker annonçait que dans une clinique privée, Bob Baker, chirurgien, fêtait sa millième opération esthétique.
– « Il y a tout de même un truc qui m’échappe… »
– « Seulement un ? »
– « Façon de parler. Pourquoi ne vous ont-ils pas relâché, s’ils étaient au courant du dossier ? »

Je posai la question, et en fait j’imaginai assez bien la situation.
Quelqu’un devait avoir trouvé le dossier et en voulait à l’État. Restait à savoir si c’était un piège tendu par le F.B.I., si la C.I.A. n’avait pas fourré son nez dedans ????
En gros, qui était le Marionnettiste de ce jeu, où qui était la Mangouste et qui payait.
Ce qui devait être sûr, si Peg ne me menait pas en bateau, c’est qu’une jeune femme avait été « déguisée » et plutôt bien, en Olga Lioubov, donc que quelqu’un avait eu accès aux informations top secrètes d’un dossier d’État.
Le vrai bin’s quoi ! Rien d’étonnant que les types soient énervés.

– « Ils voulaient que je dise ce que je savais, ce que j’avais vu, les détails. J’imagine qu’ils voulaient savoir si c’était EXACTEMENT la même fille ou pas. Pour moi, tout commençait à se mélanger, le sang, les cauchemars, la nuit, leurs costumes. J’étais à bout vraiment. Et plus j’étais crevée, et plus ça devenait flou. » Me dit-elle cette fois assez calmement.
Puis elle est repartie crescendo.
– « Mais ça, eux, ces deux couillons, forcément, ils ne le voyaient pas, que je n’en pouvais plus, que je m’en foutais de leur histoire, que je voulais des vacances, que je voulais dormir, que je voulais oublier !!!! Et ils remettaient ça : un café ?
Reprenons, madame. Reposez-vous un peu, on revient demain… Je t’en fiche des cafés et des « madame ». Ils laissaient même quelqu’un la nuit, si JAMAIS j’avais voulu partir »
– « Ils ont fini par vous lâcher ? »
– « Après une semaine entière de cette torture, oui. Ils sont partis. Ils ont vu que je n’avais pas de scoop, alors ils m’ont laissée dans un état pitoyable, mais ils sont partis. Je suis donc sortie de détention complètement vidée. Il fallait juste que je reste dans l’État pendant 2 mois et qu’ensuite, si je déménageais,  que je leur laisse mes coordonnées. »

Voilà, elle commençait à se calmer.
Apparemment, je n’en apprendrais pas beaucoup plus, sauf si elle avait suivi l’affaire par la suite, à la télévision ou dans les journaux, mais j’en doutais.
Elle avait dû se barrer aussi vite que possible, changer de boulot, essayer d’oublier, gagner ses galons de « truck-driveuse »…
La nuit allait bientôt arriver et nous étions toujours là.

– « Bon ! L’aventurier, ce n’est pas le tout, mais je sens qu’on va devoir passer la nuit-là. »
L’obscurité approchant, l’air devenait plus frais, mais il fallait le dire vite !
L’Arizona n’étant quand même pas l’Alaska, cette semi fraîcheur nous faisait effectivement du bien, surtout aux neurones ! Les miens s’affolaient comme les voitures d’un grand prix, moteur à fond dans leur petit espace, avant le départ.
Restait la question de l’enfant, elle ne m’en avait pas reparlé…
– « Tiens ! Et l’enfant ? Ils n’ont pas posé de questions, sur l’enfant ? » Tentai-je, avec un air le plus innocent possible, afin d’éviter, voire limiter au mieux une réponse enragée.
– « Je ne sais pas. C’est le dernier truc sur lequel ils ont insisté. Forcément, dans leur dossier, il n’y avait pas de photo et il n’était pas question d’enfant. Pas prévu au programme le bambin ! Pas de père virtuel. Je ne sais pas, mais si ça se trouve, leur nana était stérile. Alors avec leur Olga numérique, du coup, ça posait quelques problèmes. Les maternités virtuelles devaient leur paraître aussi bizarres qu’extraordinaires ! Vas chercher l’ordinaire dans leur histoire depuis le début ? Sauf que là, ils n’avaient pas de photos de bébés, je n’avais pas de sang sur les mains, pas gardé de biberon. Et puis la tâche, tu sais, celle sur le front, je l’ai décrite et dessinée 3 fois.
J’ai toujours dessiné la même chose ! Ils ont donc admis que ce devait être le bon dessin. De toute façon, il ne pouvait rien tirer d’autre de moi »

Ses expressions devenaient presque drôles dans leur ironie. La thérapie aurait-elle fonctionné ?
Il n’empêche que ce dessin sur le front de l’enfant qui accompagnait la fille « retouchée esthétiquement » et maquillée en Olga Lioubov était vraiment bizarre.
Peut-être y-avait-il une autre piste pour eux ? Un autre début au moins ? Je ne sais pas, ça aurait pu pousser à démarrer une recherche sur les enfants amenés aux urgences en telle année…
J’avais encore le temps de réfléchir, mais ça commençait à me botter d’aller creuser l’histoire près du motel.
Il faudrait que je trouve quelqu’un d’autre que Peg pour m’y conduire, évidemment ! Je me persuadais que d’aller faire un tour dans ce motel pourrait peut-être être intéressant…

À SUIVRE

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

25 réflexions sur « Le troisième œil – 3/8 … !!! »

  1. Un sacré thriller, une enquête qui prend aux tripes!
    A savourer, avec une bonne boisson chaude à ses côtés en laissant l’imagination galoper sur les rivages de l’inspiration.
    Quelle galère avec les Fédéraux, pas envie de les croiser ceux-là en vrai, lol!
    Bravo et merci pour ton récit, un vrai plaisir de lecture
    Gros bisous ma Zaza
    Cendrine

  2. Un petit coucou
    Je ne reçois plus tes notifications
    Il doit y avoir un soucis
    Je te souhaite une bonne journée
    Gros bisous créoles

  3. ..comme d’hab, tu nous lâches quand on veut connaître la suite…
    à demain alors…
    Bises du jour
    Mireille du sablon

  4. …mais t’as déjà publié sous le pseudo de ZAZA- Rambette , toi !!
    Biz et bonne journée.
    Ton île est envahie, j’ai vu une queue pas possible sur FB.

  5. Ouh la , il y a de quoi devenir complètement à l’ouest quand il t’arrive ce genre de choses , je trouve qu’elle s’en sort bien Peg .
    Vivement la suite
    Bonne journée
    Bisous

  6. Quel bagout… mais non, ce mot n’est plus utilisé : quelle verve, alors ! La pauvre, elle s’en voir durement. Mais j’ai noté que l’on parle très rapidement d’un chirurgien esthétique : un rapport va-t-il se dessiner avec lui dans le prochain chapitre à venir ? Chris tout haletant

  7. Coucou Zaza, oh comme tu es passionnée quand tu écris ces pages du thriller, on est dedans on y croit…
    Je viens de voir les photos sur le côté de ton blog et je suis heureuse que tu sois une « namoureuse » des animaux, elle est jolie ta tribu.
    Je t’embrasse avec un superbe soleil et un ciel magnifiquement bleu.

  8. Bonjour Zaza
    Ca commence ou ça continue à sentir le bizarre …
    Des coïncidences avec lui qui débarque et des mystères avec la fille qui n’existe pas
    Alors à demein
    Bisous

  9. Mince une morte virtuelle…Soit la nanas est camée a mort et délire soit on veut lui faire croire qu’elle délire….Mais c’est hyper tortueux! Bisoussssss

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