Le lendemain, Môna vint à son ouvrage comme à l’ordinaire.
Seulement, elle portait la cape de deuil de sa mère dont la capuche cachait presque entièrement sa tête. Elle était toute pâle.
– « Qu’avez-vous donc Môna ? » lui demanda la ménagère.
– « Oh ! Rien, dit-elle, un peu patraque mais cela va passer. »
Et elle entama sa couture, tout en gardant la capuche de sa cape sur sa tête.
Mais, au lieu de passer, le mal ne fit que croître, au point de forcer Môna Paranthoën à quitter son travail. Elle s’en alla, en gémissant.
Elle disparaissait, et à peine au tournant du sentier qu’elle venait d’emprunter, il s’éleva un grand tumulte dans le village. Des gamins qui jouaient sur la grève étaient subitement remontés, criant à tue-tête :
– « Venez voir ! Venez voir ! »
– « Quoi ? »
– « Ce qu’il y a « au cimetière des noyés »! »
Tout Buguélès, hommes et femmes, descendirent derrière eux jusqu’à la mer. Quand ils furent arrivés à l’endroit, voici ce qu’ils virent.
Au pied de la croix, une manche de veste sortait du sable et, de la manche, sortait une main, et les doigts de cette main étaient affreusement crispés, sauf un, l’annulaire, qui se dressait, rigide et menaçant. On eût dit qu’il désignait avec colère quelqu’un, tout là-haut, dans les landes maigres qui dominent les petites maisons éparses des pêcheurs. A sa base, il portait une entaille profonde.
Une des femmes qui était là parla ainsi :
– « C’est le doigt de la bague: on la lui a volée et il la réclame. »
– « Ré-enfouissons toujours cette main », répondit un des hommes.
Et ils la recouvrirent de sable.
L’assistance se dispersa en échangeant mille commentaires.
Quand ceux qui étaient partis en mer rentrèrent, le soir, on leur conta la chose. Ils furent de l’avis commun: cela sentait le sacrilège.
Tout le village s’endormit fort tard dans les chaumières et ils dormirent très mal.
Au petit jour, les plus impatients coururent au cimetière des noyés. De nouveau, le doigt fatal se dressait sur le sable lisse. Et ils ré-enfouirent le doigt, la main, tout, comme ils l’avaient fait la veille. Puis ils allèrent quérir çà et là d’énormes galets et des quartiers de roches qu’ils entassèrent par-dessus.
Oui, mais deux heures plus tard le doigt reparaissait. Les pierres, pourtant lourdes, semblaient s’être écartées d’elles-mêmes, respectueusement et formaient un cercle à distance. Alors, on eut recours à d’autres moyens.
Le recteur de Penvénan,
accompagné d’un chantre et d’un enfant de chœur, vint conjurer le mort en l’aspergeant d’eau bénite. Mais le beau capitaine n’était probablement pas chrétien car il ne se laissa pas conjurer.
– « Il redemande sa bague ! » répéta la femme qui avait parlé la première fois.
Maintenant, chacun pensait comme elle. Mais où la trouver pour la lui rendre ?
L’enfant de chœur, agenouillé dans le sable, s’exclama :
– « Ce doigt-là a été ressoudé par la puissance de Dieu ou du diable après avoir été coupé avec des dents. Et, certes, ces dents-là étaient aiguisées et fines. »
Il n’avait pas achevé que, par la route goémonière qui mène de la mer aux maisons de Buguélès, apparaissait Môna Paranthoën, la couturière. Du moins, les ménagères la reconnurent à sa robe de double-chaîne et à l’élégance fraîche de son tablier. Car de son visage on ne voyait rien, tellement il était entortillé de linges et de bandages.
Sur son corps si souple, elle avait l’air de porter une tête monstrueuse.
Elle avançait lentement, exhalant une plainte sourde à chaque pas qu’elle faisait.
Lorsqu’elle fut arrivée au groupe, elle pria d’un geste qu’on la laisse passer.
Entre le pouce et l’index, elle tenait une grosse bague d’or …
Vous devinez le reste !
Les hommes voulurent faire un mauvais parti à Môna Paranthoën. Mais elle écarta les linges qui couvraient sa figure et leur montra sa bouche aux dents, pleines de pus.
On se contenta de la fuir, comme une pestiférée.
Je l’ai rencontrée plus d’une fois, vaguant par les chemins, la tête toujours enveloppée de haillons. Elle ne pouvait plus parler, mais elle geignait lugubrement.
Quant au capitaine étranger, depuis lors, il repose en paix, sa belle chevalière en d’or au doigt, et rêvant, je l’imagine, de la « douce » qui la lui avait donnée !
Moralité laissons les morts en paix et surtout ne les dépouillons jamais des choses qu’ils tiennent par-dessus tout, merci Zaza, bises
Bbbbbrrrrrrrrr eh bien dans ma nuit je frisonne ! Bisous Zaza !
Terrible heureusement que je ne vais pas me coucher après avoir lu cela. Je ferai des cauchemars. Bisous.
bonne journée
Waouh ! Ne dépouillons pas les morts !!
pouah entrain de déjeuner !!! …. une belle leçon !
Bisous & douce journée ☼
Quelle affaire, elle est bien punie, la pauvre.
Oupsss , une belle leçon de vie , laissons aux morts leur histoire ..
Bises Zaza
..moralité: ne pas toucher à tout ce qui brille surtout si c’est caché!
Bises du jour,
Mireille du sablon
Bonjour Zaza !
Il ne faut pas commettre de sacrilège sur les morts,
ils peuvent se venger … capitaine ou pas !
Bonne journée !
Pierre
https://rotpier27.wordpress.com/
Terrible châtiment !
Attention tout ce qui brille n’est pas OR hihihi frémissante cette histoire , tu fais concurrence à ce que je lis actuellement , LE POIDS DES OMBRES de Marie Laberge hihihihi bonne journée ma douce bises ( tu as vu mon arbre sinon ils sont sur la page d’accueil colonne gauche )
Ouf je ne suis pas venue te lire en pleine nuit sinon je serai toute tremblante. Toutefois je n’aurai jamais eu l’idée de détrousser un mort.
Une histoire lugubre mais qui tient la route.
Bisous
EvaJoe
Bien sûr si elle avait mordu le doigt sans prendre la bague le châtiment aurait été de même mais prendre en plus la bague donne à l’histoire une résonnance des contes bretons.
Gardons nous de la cupidité.
Belle journée Zaza
Bisous
unee belle histoire;
oui, 12 000 km, pas la porte à côté mais aucun décalage horaire car sur le même fuseau et ça, c’était génial;
belle journée, Zaza
bisous
Fallait être inconsciente et poussée par l’attrait de l’or pour oser mordre une chair mortifère. Une punition annoncée ! Merci pour ce conte plein d’enseignement Zaza. Bisous
la soif de richesse en a conduit beaucoup à leur perte, il en est qui aurait du …. moralité on a pas fini de dire des contes …
Il est terrible de dépouiller une personne, vivante ou morte et même si l’on dit que la chance sourit aux audacieux, cette audace là n’a pas été « payante » pour celle qui a cru obtenir avantages et richesse aux dépens d’un infortuné!
Très belle fable, une histoire édifiante comme on raconte au coin du feu afin de transmettre des valeurs indispensables à l’intégrité de chacun.
Merci Zaza, gros bisous et une excellente journée
Cendrine
Bien fait! » Tu ne voleras point » On m’as toujours dit. Brrr!!! heureusement qu’il fait jour… Gros bisous, ma Zaza.
BIEN MAL ACQUIS NE PROFITE JAMAIS …
Elle ne l’ avait pas volé d’ être ainsi punie la vilaine .
Gros bisous marseillais sous le soleil .
A bientôt ma Zaza .
Renée (mamiekéké).
http://quinousse.q.u.pic.centerblog.net/e434a8c0.gif
Ouf ! Elle s’est mise dans de beaux draps, la pauvre … ouf !
Bonne soirée Zaza !
Bises♥
Comme dit Juju Brrrrrrr ! mais il faut avouer quand même qu’elle l’avait bien cherché !
la cape n’est pas démodée les rebeus ont les même :-) bisous
Eh oui elle aurait du se douter qu’il allait lui arriver des ennuis , brrrrr
Bonne soirée
Bisous
Elle pourrait paraître dans une revue bretonne. La fin est bien travaillée. Bises
Et bien qu’elle histoire à nous donner des frissons…douce soirée ma belle journée superbe demain nous allons à Nantes révisiter un appartement. . Je viendrais donc tard bisous
Bien la suite
Bonsoir Zaza,
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Bonne soirée
Amitiés
Je savais bien qu’elle ne pourrait pas la garder… il n’est jamais bon de voler les morts. :(
Merci pour ces deux pages, Zaza.
Bisous et douce journée.
Vraiment excellent, Zaza, encore merci ! Gros bisous.