Défi n° 191 des Croqueurs de Mots … !!!

croqueurs de mots défi

Jill Bill reprend la barre pour cette quinzaine de la communauté des Croqueurs de mots et nous présente ses consignes ICI

escorte-girl

Non elle ne cédera pas à d’intarissables remords. D’ailleurs, une vie modèle ne se regrette pas. Elle parade, s’exhibe et se tue à la tâche.

Enfant, elle était sage comme une image, soumise à sa maman. A dix ans une élève modèle et studieuse, fine collectionneuse de bons points. A seize ans, une jeune fille prude fuyant les garçons, se réservant pour le mariage. A vingt-quatre ans, brillamment diplômée, elle se mit à l’assaut d’une carrière prometteuse. Dans son parcours, elle avait fait un sans-faute. C’est donc tout naturellement qu’à trente ans elle prit la meilleure voie qui s’offrit à elle : la prostitution. De luxe, cela va de soi, comme escorte-girl.

Exit la soumission. Adieu les normes sociales établies. Et au diable les féministes.

Ce choix pleinement assumé lui valait une insolente sérénité. Mieux ! Entrevoir la réaction de son fiancé était le summum de la jubilation.

« Pauvre coincé »

Il la regarderait, de son air pudibond et saintement dégouté, le crucifix planté dans le derrière, en proférant béatement un « vade retro Satanas ». Indulgente, elle les laisserait à leur indignation. La liberté leur était inconnue. Ils l’effleuraient, la palpaient, la courtisaient sans jamais la saisir, restant ainsi fidèle à leur ignorance. Épouser Vincent, ce pieux bellâtre de bonne famille issu d’une école d’élite. Prince des bonnes manières, maître de la sémantique, lauréat de la promotion « Voltaire ». Un seul facteur pouvait menacer son titre : il ne pratiquait que très peu de sport. Pour en écarter les risques, il allait se mettre au polo. Qu’il se mette au sexe grognait-elle. Pour compenser ses défaillances, elle devait puiser dans le vivier du bureau.

A présent, nouveau décor, virage sans explication. La liberté ne nécessite pas d’être justifiée. Point de remord, si dix ans de servilité fut le prix à payer, à la bonne heure !

Voir l’autre comme un moyen de satisfaire ses instincts, prendre et jeter, vivre pour soi. Jouir pour soi. C’était l’apologie de l’égoïsme et le fondement de sa nouvelle vie. Elle se ferait rémunérer pour son libertinage.  Qu’y avait-il de mieux que vivre de sa passion ? Même si les sacro-saintes normes appelaient cela prostitution. C’est elle qui choisissait ses clients. Hors de question de s’envoyer en l’air avec n’importe qui. Point de diner, point de paroles, elle ne faisait pas le métier d’Escorte. Elle se jouait de l’avilissement des hommes, aux prises de leur appétit bestial. Ces hommes fiers et gorgés de démesure, régnant sur leur tiers, s’employant à soumettre jusqu’à la plus petite particule, lui mangeaient dans la main. Quelques-uns nettement en manque d’amour recherchaient une forme d’affection. « Personae non gratae », elle décidait de ne plus les revoir.

Les rendez-vous étaient fixés par mail. Elle les recevait généralement dans un appartement parisien. En de plus rares occasions, elle consentait le choix d’un palace. Il n’y avait pas d’autre faveur. Parmi les règles, ne jamais voir un client deux fois dans la même semaine; nommément clients, mais en réalité ils étaient des partenaires de jeux. La rémunération, bien que conséquente était secondaire, mais permettait un luxe sans compter, elle avait besoin d’animaux :

  • le jaguar pour la voiture,
  • le vison pour sa fourrure
  • et le dindon pour la facture !

Aujourd’hui, rendez-vous fût pris à quinze heures au Prince de Galles. Dans ces lieux de villégiature, rencontrer des anciennes connaissances était fort probable. Curieusement cette idée ne lui déplaisait pas. Elle longea le luxueux corridor, arriva au numéro dit et toqua avec discrétion.

Stupeur et solitude ! Des regards plongés l’un dans l’autre cherchant à se justifier. Le silence en devint bruyant. Elle parla la première :

– « J’ai rendez-vous avec des avocats pour finaliser un dossier. J’ignorais que tu traitais tes affaires ici…  J’ai dû me tromper, je retourne à la réception. Je suis déjà en retard. »

Elle savait n’avoir pas fait d’erreur. Assumer, pensa t’elle, cœur palpitant. Elle, talons déjà tournés, s’arrêta et finalement, ajouta : 

– « Embrasse maman pour moi », avant de quitter son père la tête haute !

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

20 réflexions sur « Défi n° 191 des Croqueurs de Mots … !!! »

  1. Bonjour Zaza…. A chacune sa façon de mener sa barque ici bas, même ainsi….quitte à tomber un jour sur… père !!! Maman cocue, ah on espère que son paternel n’a rien deviné sur sa profession, mais… Merci à toi, bon lundi Croqueurs, bises, jill

  2. Chaque femme est libre de faire ce qu’elle veut de son corps. Tant qu’elle n’est pas forcée, chacune a le droit de mener sa vie comme elle l’entend et j’avoue que je trouve un côté séduisant, excitant, attirant dans ce que font certaines escorts quand elles peuvent choisir leurs amants, prendre du plaisir de la manière dont elles ont en envie, utiliser leur corps de cette façon pas politiquement correcte etc…
    Très bien écrite ton histoire et la chute est savoureuse! Tomber sur papa…
    Gros bisous et bravo
    Cendrine

  3. Bonjour Zaza
    Choix assumé mais parfois la vie vous joue des tours. Ce que l’on accepte des autres vous revient en pleine figure lorsque l’on est concerné.
    Beau défi avec une chute à la Zaza
    Bonne journée grise ici
    Bisous

  4. La chute prouve bien qu’aucun homme n’est un saint. A présent j’avoue que cela doit avoir un côté pour le moins excitant. Il s’agit juste de ne pas tomber sur des connaissances…Belle journée, Zaza

  5. tu t’es libérée de toute règle et la fin est grinçante, très, glaçante même. Tu n’y es pas allée avec le dos de la cuillère ; la phrase de Paris Hilton était particulièrement piquante …
    bravo pour ton texte ; tu as une belle plume. Bises

  6. Je ne suis pas convaincue qu’elle sera plus libre dans la vie qu’elle croit avoir choisi mais j’ai beaucoup aimé la manière dont tu nous emmène jusqu’à la conclusion.
    Lundi matin RV sur mon blog pour la feuille de route du défi 192. bises et belle fin de semaine

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