Doutchka & Akela
Yvan habitait seul avec son père à 1500 mètres d’altitude sur le plateau du Mercantour, dans ce qui ressemblait plus à une grande cabane qu’à une maison.
Il y avait qu’une grande salle commune avec une immense cheminée, deux chambres et les sanitaires dans un petit bâtiment annexe. La route s’arrêtait à 500 mètres de la maison.
– « Tu veux les voir de suite ? »
– « Je suis venu pour ça …n’est-ce pas ? »
Ils étaient arrivés le samedi matin, après une nuit passée dans les trains. C’était une journée fraîche de printemps dans la vallée, le brouillard gardait encore ses droits !
Sur les hauteurs le vent soufflait, mais le soleil était là.
– « Surtout, si tu veux les approcher, écoute mes conseils. Reste près de moi au début, ne les affronte pas du regard, ne parle pas fort, ne fais pas de gestes brusques et s’ils viennent te sentir donne leur ta main, mais ne descend pas à leur hauteur, contrairement à ce que l’on fait avec les chiens. Lorsqu’un réel contact amical sera intervenu, s’il intervient, ce sera un exploit ! »
– « Tu as déjà eu des accidents ? »
– « Qu’est-ce que tu crois, il faut bien les nourrir ! Regarde le jeune qui file avec un carré de viande. »
Ils partirent d’un grand rire et prirent le chemin de la forêt en se tenant par l’épaule.
C’est dans une clairière qu’ils les aperçurent. Ils étaient six, le mâle dominant se tenait à l’écart et déjà, il était aux aguets, il avait senti leur odeur.
– « C’est Akela, le mâle dominant. Nous ne pouvons rien faire sans lui nous sommes sur son territoire et il nous accepte, c’est tout ! »
Ils reconnurent Yvan et tout dans leur attitude montrait qu’ils l’aimaient.
C’est le soir, Yvan était parti prendre une douche. Yann commença à monter sa tente, quand il fit la connaissance de Doutchka. Elle était là, à le regarder à cent mètres de lui sans qu’il l’ait entendu arriver. Elle était couchée et elle le regardait. Il resta là, à l’observer en pensant à autre chose, une nébuleuse, essayant d’accepter cette présence… Elle agissait comme une femme qui voulait le séduire… rampant lentement … gagnant brèche après brèche, la distance d’un homme et d’un animal sauvage.
Yann se baissa, tendit sa main sans peur et l’ouvrit comme s’il avait ouvert ses lèvres vers une femme aimée. Doutchka, la louve était maintenant à deux ou trois mètres de lui, elle tremblait un peu, baissait toujours les oreilles, rentrait sa queue… Le soleil commençait à fuir la montagne et bientôt la nuit descendrait pour prendre l’espace.
Bientôt encore craintive, elle commença à le sentir, puis brava la dernière brèche, elle posa sa patte sur sa main.
Yann n’avait plus de salive, deux flèches d’émotion le transperçaient, la peur de l’inconnu, une impression d’amour indéfinissable ! Il commença à la caresser, elle se laissa faire comme une femme qui se sent aimée. Leur moment de vérité dura plusieurs minutes avant que les autres loups arrivèrent et qu’elle alla les retrouver.
Yann observa la meute sans inquiétude et continua à monter la tente. Yvan vint le retrouver.
– « Alors ? »
– « Alors quoi ? »
– « Je t’ai vu avec Doutchka ! »
– « Elle s’appelle Doutchka ?
– « Oui c’est la plus affectueuse, mais en dehors de mon père et moi, c’est la première fois qu’un étranger peut l’approcher et même mieux la toucher.
– « C’est magique ! »
– « Goûte cet instant privilégié car il est unique dans la vie d’un homme ! »
– « On est loin du grand méchant loup ou du loup garou ! »
– « Tu sais, c’est loin d’être gagné ici », soupira-t-il avec un visage inquiet.
Le noir prit enfin sa place et Yann fatigué décida après un repas copieux et bien arrosé d’aller se coucher de bonne heure. Au loin, il distinguait les lumières de La Tour sur Trinitée. Mais le spectacle était là, à quelques mètres de la tente. Il distinguait des yeux perçant la nuit, des yeux pour lui.
– « Si tu as peur, viens dormir à la maison ? »
– « Non Yvan, je crois que je vais dormir dans les bras de Morphée en toute quiétude ! »
Alors qu’Yvan retournait vers la maison et que Yann se glissait sous ta tente, Doutchka réapparut et vint se coucher devant l’ouverture de la tente.
Cette nuit-là, jamais Yann ne dormit si bien, et en toute sécurité. L’horloge des hommes s’était arrêtée, une étoile plus brillante était au-dessus de lui, il sentait une femme aimée à ses pieds…
Cette nuit-là, la vie était redevenue claire, les rêves passaient en enjolivant ses souvenirs !
Il fut réveillé de bonne heure par une langue sur son visage, alors que la montagne commençait à fumer. Doutchka lui prenait la joue comme si elle avait voulu l’embrasser. Sous l’influence combinée de la lune et du petit soleil du matin, il se croyait encore dans un rêve. Il la prit dans ses bras, elle se laissa faire… Personne ne croirait les détails de cette histoire, mais c’était la leur, leur instant, leur rencontre… Rencontre de deux êtres vivants… d’un amour impossible qui existe pourtant ! Cet instant dura quelques minutes, jetant aux orties des siècles d’interdits, brisant la sévérité de l’histoire des hommes et des loups !
Un hurlement se fit entendre dans les bois, un rappel à l’ordre.
Doutchka se retourna une dernière fois sur Yann et partit rejoindre les siens… ses compagnons à quatre pattes.
Deux années passèrent ! Yann Le Gwenn retrouva la vie civile et Yvan ses montagnes. La vie les sépara un peu … une lettre de temps en temps … pourtant un soir le téléphone sonna.
– « Ils ont tué Alkeda et… »
– « Doutchka ? »
– « Oui… »
Yvan pleurait de rage, de désespoir, d’incompréhension, d’impuissance ! Yann partagea ses larmes et une douleur à la pointe du cœur, la brise qui ressemblait à une caresse était devenue glacée, le souvenir muet, la terre redevenait de pierre et de sang !
On dit de certains animaux qu’ils sont des loups ! Que devrait-on dire des hommes lorsqu’ils sont lâchés et retrouvent leurs instincts de tueurs…
Les hommes sont pires que les animaux !
Le loup ne tue que pour se nourrir, alors que l’homme tue sous l’emprise d’un sadique plaisir, pour la prise du pouvoir, pour imposer sa loi !
Oh quelle tristesse et la dernière photo… le loup, l’ours en montagne, l’homme berger ne les apprécient guère… son bétail passe avant tout, merci Zaza, bises
Terrible… Une si belle et tragique histoire qui reflète hélas la cruauté imbécile de l’être humain quand il a peur de je ne sais quoi…
Le récit de cet amour est merveilleux, je veux rester sur l’impression de cette fusion entre deux êtres venus de mondes différents, magique histoire merci ma Zaza et gros bisous
Cendrine
Belle histoire émouvante qui réhabilite les loups. Bisous
Malheureusement quand brebis et moutons sont tués on fait la chasse aux loups, il faut aussi comprendre les bergers .
Mais heureusement l’espèce est protégée et on ne peut pas faire n’importe quoi.
Très belle journée, bises
Beurkkk, quelle horreur cette fin.
belle histoire d’amour Zaza merci pour ta réponse !
gros bisous
Magnifique histoire à la fin si triste et si réaliste hélas… bises
Ton conte sur les loups est magnifique, merci Zaza,
J’avoue que la mort des loups m’a attristée.
Comme tu le dis, les animaux tuent pour se nourrir, tandis que les hommes tuent pour faire du mal!
Bises et belle journée
C était très émouvant cette lecture je reste sur les beaux moments la fin Est trop triste
Merci zaza
Bises
Bonjour Zaza !
La bêtise de l’homme n’a pas de limite !
(Je l’avais déjà lu, j’en suis certain, mais c’est excellent de le relire, les bonnes choses sont frappent toujours deux fois !)
Bonne journée !
Pierre
https://rotpier27.wordpress.com/
magnifique histoire, et tres belle rencontre ! , helas le rapport des loups et des bergers n’a pas fini de faire couler de l’encre ! bonne soireee Zaza bisous
Comme c’est beau, Zaza !!! Mais la fin, hélas …
Bonne soirée ! Bises♥
Une belle histoire, mais finalement bien triste… Chris
Ouh que la fin est triste Zaza, je préfère rester sur cette émouvante rencontre .
Bravo pour l’histoire je me suis régalée à te lire
Bonne soirée
Bisous
Oh… je ne sais plus que dire !
J’étais tellement heureuse d’avoir vu cette magnifique rencontre en l’homme et la louve…
Pourquoi a-t-elle dû mourir dans ton récit ?
Mais c’est vrai que les hommes sont bien cruels…
Bisous et douce journée Zaza.
La dernière image est affreuse .Pauvres bêtes ,on peut comprendre que les bergers ne les aiment pas mais il devrait y avoir un moyen pour mettre tout le mode d’accord ,sans en arriver là.
C’est une belle histoire