En souvenir de notre Lady … !!!

Vers le passé

Longuement poursuivi par le spleen détesté,
Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été,
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
Cheminer lentement, deux par deux, enlacés
Comme dans les vieilles estampes.

Car je dédaigne enfin les baisers puérils
Et la foi des seize ans, fleur brève des avrils,
Éphémère duvet des pêches,
Qui fait qu’on se contente et qu’on est trop heureux,
Si la femme qu’on aime a les bras amoureux,
L’âme neuve et les lèvres fraîches.

Elle est évanouie à jamais, la candeur
Qui fait que l’on s’éprend d’un petit air boudeur
Qui n’est bien qu’à travers le voile,
Et qu’on n’a pas de mots assez ambitieux
Pour dire à ses amis qu’elle a de jolis yeux
Couleur de bleuet et d’étoile.

Et c’est la fin. Mon cœur, quitté des anciens vœux,
Ne saura plus le charme infini des aveux
Et ce bonheur qui vous inonde,
Parce qu’un soir de mai, dans les bois, à Meudon,
Sur votre épaule avec un geste d’abandon
Elle a posé sa tête blonde.

Et pourtant j’ai connu tout cela ; j’ai connu
Même ces doux projets de bonheur ingénu
Dont l’âme si bien s’accommode :
L’hiver, le coin du feu, la chambre aux sourds tapis,
Et, dans un frais berceau, deux enfants assoupis
Auprès de leur mère qui brode.

Mais cet espoir, hélas ! d’un avenir doré,
Ces apparitions, ces rêves ont duré
Le temps d’une aube boréale,
Et mon esprit partit aux pays fabuleux
Où l’on pense cueillir les camélias bleus
Et trouver l’amour idéale.

Là, j’ai beaucoup souffert, et j’en reviens meurtri.
En d’indignes plaisirs à jamais j’ai flétri
Les saintes blancheurs de mon âme.
Je reviens du rivage où j’avais émigré,
Et j’ai le front très pâle ; et cependant, malgré
Ce que j’ai souffert par la femme,

Malgré ce cœur brisé, sans espoir et sans foi,
Ces débauches qu’on fait à la fin malgré soi
Comme de hideuses besognes,
Sans cesse je retourne à mon passé riant,
Ainsi qu’aux premiers froids toujours vers l’Orient
Reviennent les blanches cigognes.

François Coppée, Le Reliquaire, 1866
Le Poète Des Sentiments. – 1842-1908

François Coppée était un des poètes les plus populaires de la seconde moitié du 19ème siècle.
Son talent très varié s’est étendu dans tous les genres. C’est pourtant le poète de la vie familière avant tout et son originalité s’est surtout manifesté dans les recueils intitulés Promenades et Intérieurs Les Humbles, et le Cahier rouge. C’est un poète qui brille par sa sentimentalité et son lyrisme particulièrement bien illustré dans « Intimités », « Olivier », « les Mois », « Jeunes filles », « le Reliquaire », « Arrière-Saison », et « l’Exilée ».
François Coppée est aussi le poète de l’amour et du drame. Mais son talent ne s’est pas arrêté là. En effet il brille comme conteur, auteur satirique et religieux. Avec ses paroles sincères, son patriotisme, il est le poète de la prière et de la lutte. Ses poèmes les plus célèbres sont « Le Passant » mais surtout « Le luthier de Crémone », « Le Trésor » et « le Pate » » ce dernier d’inspiration chrétienne qui constitue trois incroyables chefs-d’œuvre. Nous lui devons de plus trois remarquables drames sentimentaux de théâtre: « les Jacobites », « Severo Torelli » et « Pour la couronne », des contes et nouvelles, un roman « Le Coupable », des articles de journaux réunis dans un ouvrage « Mon Franc-Parler » et une autobiographie la « Bonne souffrance » où il raconte son amour des humbles. On ne peut s’empêcher de comparer François Coppée à Victor Hugo par l’étendue de son talent quand bien même son style fut très différent.

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

18 réflexions sur « En souvenir de notre Lady … !!! »

  1. Bonjour Zaza !
    Le passé n’est que du présent révolu ! Triste mais joli poème ! 😉😊😄
    Bonne journée !
    Pierre

  2. Mais cet espoir, hélas ! d’un avenir doré,
    Ces apparitions, ces rêves ont duré
    Le temps d’une aube boréale,
    Et mon esprit partit aux pays fabuleux
    Où l’on pense cueillir les camélias bleus
    Et trouver l’amour idéale.
    Ah oui le spleen est vraiment bien présent chez JF Coppée !
    Bises

  3. C’est un poète que j’aime beaucoup, des mots simples et des émotions que l’on ressent à le lire c’est ce que j’apprécie chez lui. je suis contente d’habiter dans une rue qui porte son nom !
    bisous ma Zaza
    et…bon anniversaire

  4. Bonjour ma Zaza
    Merci pour ce magnifique poème n peu triste, c’est ce qui fait sa beauté, Une plume en or !
    Joyeux anniversaire ma Zaza sous les bulles !
    Gros bisous à vous deux et plein de caresses à Farouk, Théo et à Pupuce
    Bonjour mes amis Ceci est un copier coller. 
    Hier il m’a été impossible de rentrer dans les blogs, en plus je suis en zone blanche. Je répondrai à vos commentaires en suivant, pas facile et ekla péclote encore aujord’hui.
    Bonne journée mes amis, bisous à tous, 
    Méline

  5. Ce poème est une découverte pour moi, je suis loin de tout connaître de ce poète que j’aime pourtant beaucoup.
    Merci pour cela, Zaza.
    Bisous et douce soirée.

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