ERREUR FATALE … ! – 11/31

Sur les traces de l’appartement de Manuel Rodriquez !

Le vendredi de labeur pour Jacky vient de se terminer pour une semaine de détente. Au volant de sa Clio, il file plein pot vers Paris, retrouver sa gazelle !

Ce matin, il avait laissé Meg, béate, en travers de sa couette. Mais il est sûr que la mouflette, sitôt réveillée, va s’engouffrer dans de nouvelles pistes.

C’est bizarre, il angoisse un max ! Il se fait un sang d’encre pour sa nénette. Ça lui rappelle sa mère quand il rentrait tard et qu’elle attendait. A l’époque, il la trouvait envahissante. Aujourd’hui, il la comprend, et il vire « mère poule- sang de navet » !

– «Si c’est ça aimer, merci bien ! Je laisse la place aux autres… Enfin … Merde ! Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé à Meg», se dit-il dans son for intérieur.

Plus il approche de la capitale, et plus son cœur palpite. A peine garé, il fonce dans l’escalier et enjambe les six étages.

Il déboule comme un fou dans l’appartement de son abeille et la trouve assise derrière son bureau, en train de classer des paperasses.

– «Bonsoir Meg. Ta journée s’est bien passée ?» Suffoquait-il en lui claquant un bisou sur le front.

– «Bonsoir Eddy ! Oui, bien passée ! Et toi ? Pas trop durs tes élèves ? Je termine et je suis à toi.»

– «Toute à moi ?»

– «Ouais toute. T’es en manque d’affection Eddy ?»

– «Je me suis inquiété ! Qu’as-tu fait aujourd’hui ?»

Elle range tous ses papelards, le regarde, puis lui explique :

– «J’ai somnolé jusqu’à midi. J’ai rêvassé à des tas de trucs plus ou moins intéressants.»

– «C’est à dire ?»

– «J’ai fantasmé un peu sur toi, mais …»

– «Mais ?»

– «Mais je te préfère en vrai !»

– «Normal ! Et puis ?»

– «Oh ! Rien de particulier, si tu veux le savoir, j’ai juste fait un rêve flou, dans lequel j’essayais de faire parler le père Tassart.»

– «Raconte !»

– «Ben, Gaëtan était attaché, nu, sur le lit de Gertrude. Je lui demandais le nom de son sosie, en lui plantant des épingles dans le corps pour le stimuler. Il me répondait, mais je n’entravais pas ce qu’il disait. Je le repiquais et lui reposais la même question, mais c’était toujours pareil, je ne comprenais pas sa réponse.»

– «Et cet après-midi ?»

– «Vers une heure, en m’habillant, après avoir pris une douche, j’ai retrouvé dans la poche de mon jean’s, le trousseau de clefs récupéré sur l’avorton qui repose dans ma cave. Après examen des trois clefs reliées par un anneau, j’en ai déduit que l’une était la formule magique d’un appartement et que l’autre, marquée du losange Renault, était celle qu’une voiture.»

– «Et la Troisième ?»

– «Je n’en sais rien !»

– «Alors ?»

– «Alors ? Tiens ! Examine l’ouvreuse de bagnole !» Lui lança-t-elle en même temps que le trousseau.

Il attrapa au vol les solutions de mystères, et ausculta celle de la calèche ayant appartenu à rase-motte.

– «C’est une clef à télécommande, permettant de déverrouiller à distance.» Pensait-il à haute voix.

– «Tout juste Auguste !»

– «Oui, tout juste, mais je ne vois pas !»

– «Eh bien moi si ! J’ai vu. Ou plutôt, contrairement à certains, j’ai cogité.»

– «Merci pour le « contrairement à certains».

– «Il n’y a pas de quoi, Eddy, c’est avec plaisir.» Nargua-t-elle en abritant sa tête sous son aile, pour se préserver d’une éventuelle vengeance.

– «N’aie pas peur, je ne frappe jamais trop fort une faible femme.» Sifflait-il en martelant son bras protecteur «Allez! Raconte-moi l’aboutissement de tes méditations.»

– «Oh ! C’est tout simple, un enfant de quatre ans y aurait pensé. Je suis descendue dans la rue et discrètement, en quadrillant les environs, j’ai actionné la télécommande à l’approche de chaque Renault.»

– «Effectivement, c’est enfantin et tu as trouvé la caisse ?»

– «Oui, c’est une safrane. Elle est garée a deux rues de l’immeuble, juste à côté du restaurant «L’Omelette Rit».

– «Tu es entrée dans la voiture ?»

– «Non, il y avait trop de passants, je n’ai pas osé.»

– «Il est vingt heures, on pourrait peut-être y retourner ?»

– «OK, allons-y.»

Près de «L’Omelette Rit», une safrane était effectivement stationnée. En s’approchant, d’une manière désinvolte, Meg déverrouilla les portes et se glissa au volant, tandis que Jacky s’asseyait côté passager. Le moteur démarra au quart de tour, et en douceur, la berline s’arracha du caniveau.

Au bout de la rue, Meg pris à gauche, et puis, tout de suite à droite, la rue de Tolbiac. Jacky louchait discrètement vers l’arrière, pour s’assurer qu’ils n’étaient pas pris en filature, par un collègue de nimbus. Il ne vit rien qui pouvait ressembler à un suiveur et entreprit donc de fouiller la voiture.

La caisse était nickel, pas un grain de poussière. Dans les vides poches, rien ! Sous les sièges, que dalle ! La plage arrière, le désert ! En désespoir de cause, il se rabattit sur la boîte à gants. Une serrure, du type cartable pour étudiant voulut lui en interdire l’accès. La lame de son laguiole força la serrure, sans mal, car celle-ci n’offrit qu’une piètre résistance. Domptée, la boîte à gant s’ouvrit. Docile, elle se laissa fouiller. La pauvrette ne cachait que le carnet d’entretien du véhicule. Pourquoi résister, risquer sa vertu, voire son avenir pour dissimuler une telle insignifiance ?

Arrivés au carrefour d’Alésia, ils obliquèrent à droite sur l’avenue du Maine. Au loin, la tour Montparnasse tutoyait les nuages.

Le bruit rageur d’un moteur malmené, fit se retourner Jacky. Soudé à un gros cube, un candidat à la mort violente louvoyait plein pot, entre les voitures qui glissaient en files ininterrompues. Sur les pavés, un crachin soudain rendait la chaussée brillante.

En l’espace de deux, trois secondes, le motard leur prit cent mètres. En quête d’exploits, un aveugle égaré dans notre monde de non-voyants, bras tendu, canne blanche en avant et fesses serrées, tentait une traversée hors des passages cloutés. Le forcené, aux deux roues, sentit sa trajectoire barrée par un bâton blanc et balança comme un fou sa bécane dans un « gauche-droite » réflexe.

Les angles pris furent tels, que la béquille cravacha le bitume dans une gerbe d’étincelles. Fatiguée d’être drivée par un nul, dans une dernière ruade, la moto éjecta son jockey puis se coucha sans égard pour ses chromes !

Le pilote, attiré par un bus qui venait en sens inverse, se précipita sur lui la tête la première. Quand ils parvinrent à hauteur du sinistre, le citoyen au regard perdu, debout au milieu des débris du motocycliste, semblait indemne. Ce n’était hélas pas le cas de son pantalon, qui témoignait de la frayeur de son occupant.

Jacky détourna son regard de cette scène de la vie parisienne et plongea dans l’examen du carnet d’entretien de la safrane.

Bingo ! Dans le manuel d’utilisation de la guimbarde, une facture concernant la révision des dix mille kilomètres, certifiait que monsieur Manuel Rodriguez, demeurant dans le 18ème, avait acquitté la dite révision. De joie, il la plaça le papier devant les yeux de Meg, qui surprise fit une embardée.

– «Tu es louf Eddy ! L’accident que l’on vient de voir ne t’a pas suffi ?»

– «Du calme, ma douce. Regarde j’ai l’adresse du mec qui dort dans ta cave !»

– «Hein !?» Hurla-t-elle en montant debout sur le frein.

Le nez dans le pare-brise, Jacky entendit des pneus crisser juste derrière eux. Le chauffeur, de la Golf qui les suivait, avait de bons réflexes, mais un verbiage approximatif en ce qui concerne la bien séance, car il hurla fortement qu’ils étaient des enfoirés et que plutôt que de conduire comme des pédés, ils feraient mieux d’aller tailler des pipes au bois de Boulogne.

Meg lui répondit que des grosses baleines sans «burnes» comme lui, elle n’en voudrait même pas pour fabriquer de la viande avariée, et que s’il ne dégageait pas fissa, elle se chargerait de le faire détaler à coups de pompes dans le train.

La réplique déplut à ce Fangio qui les coinça contre le trottoir, grâce à une superbe queue de poisson. Il bondit hors de son véhicule, mais Meg était déjà dehors. Jacky regardait amorphe, en pensant simplement que sa gracieuse allait se prendre un pain dans sa petite tête de serin.

Eh bien non ! Lorsque le mal poli vit devant lui une frêle jeune femme, il eut un temps d’arrêt fatal. Meg exploita cette fraction de seconde en balançant un monstrueux coup de savate dans l’entre jambe du cétacé, qui contrairement à ce que sa féline pensait, avait bien des testicules. Ou alors, il imitait à merveille, parce que c’est plié en deux les mains crispées sur son bas ventre, que Mister cachalot rampa vers sa VW en prenant le large.

Toute excitée, Meg réintégra la safrane et lui arracha la facture des mains.

– «Youpi !» S’époumona-t-elle en lui roulant un BIG patin. «Sensationnel Eddy, on a une super piste. Allez ! On fonce à son adresse».

– «Il est huit heures trente, on pourrait casser une petite croûte et y aller après.»

– «Tu ne penses qu’à bouffer Eddy. D’ailleurs, tu as un bon petit bide.» Répliqua-t-elle en posant sa main sur son coussinet d’amour.

– Ça prouve que j’aime bien la vie !»

– «M’ouais ! Ça prouve surtout que tu ne fais pas assez de sport !»

– «Si tu veux, on pourrait en faire ensemble.»

– «Pourquoi pas !»

– «Écoute, on gare la tire, on prend un encas, ensuite nous visitons l’appartement de l’avorton et puis on rentre faire notre gym !»

– «Ça ne m’étonne pas de toi Jacky. Je vois le genre de culture physique que tu veux qu’on fasse !»

– «Ben, c’est un entraînement qui ne se fait pas dans un stade, mais …»

– «Mais tu confonds tout Eddy. Le sport, pour que ce soit efficace, il faut souffrir ! L’amour, c’est tout le contraire, c’est du plaisir !»

– «Oh ! Pas pour tout le monde …»

– «Je ne te parle pas des désaxés qu’ont besoin de s’écraser les doigts dans une porte, pour prendre leur pied. Je te parle des gens normaux, comme moi !»

– «Tu pourrais dire comme nous.»

– «Pour toi, j’ai encore un petit doute.»

Après la gare Montparnasse, la conductrice prit la rue de Rennes, puis le boulevard Raspail. Rue du Bac, un feu rouge, au vert éphémère, induisait un embouteillage, ce qui le fit penser à une fillette de vin blanc fraiche, couverte de buée. En fermant les yeux, il vit un plateau garni de glace et d’algues, sur lesquelles des fines de claire, des belons, une poignée de bigorneaux, des praires, des bulots et une dizaine de moules d’Espagne se serrant autour d’un citron coupé, d’où suintaient quelques gouttes de sève d’un jaune clair transparent !

– «Meg tu n’aurais pas envie d’un petit plateau de fruits de mer ?»

– «Pourquoi un petit ? Tu n’en mangeras pas ?»

Une demie heure plus tard, ils étaient attablés place Clichy, devant un plateau royal qui sentait l’iode et les embruns. Le Sancerre était parfumé et frais à souhait. Meg enduisait une tranche de pain bis, d’une fine couche de beurre au sel de Guérande.

Autour d’eux, de petits groupes de convives dégustaient, joyeux, des Ostrea edulis aux coquilles nacrées (d’huîtres plates).

Rapidement, Jacky échangea sa barbare et inefficace fourchette à huîtres, contre un couteau pointu et coupant, au rendement infiniment supérieur. Le temps était à la douceur, l’ambiance feutrée incitait aux plaisirs de la table. Ils torchèrent sans un mot les mollusques et la fillette de vin blanc. Ils étaient heureux, détendus, prêts à s’engouffrer dans une salle de cinoche, pour vivre un film câlin. Un film où tout le monde est beau, gentil. Un film pour concierges et midinettes !

Mais le labeur les attendait et c’est à regret qu’ils se dirigèrent vers la safrane.

Ils prirent l’avenue de Clichy, à La Fourche, Meg appuya sur la droite vers l’avenue de Saint Ouen. A Guy Moquet, encore à droite, rue Marcadet. Cent mètres plus loin, la rue d’Oslo débouchait.

Quel quartier ! Pas une place pour se garer. Ils passèrent au moins cinq fois devant l’immeuble de feu Manuel Rodriguez. A cet endroit, au pied de la butte Montmartre, le 18ème ressemble un peu à une ville de province. C’est calme, il n’y a presque personne dans les rues. C’est donc sans remord, qu’ils se garèrent la voiture sur un trottoir, à l’angle de la rue Lamarck et de la rue Coysevox.

– «De toute façon, à l’heure actuelle, je pense que l’ami Manuel se moque bien des P.V.» rétorqua Meg en souriant.

Le deux de la rue d’Oslo était tout de suite sur la droite. La porte cochère en fer ouvragé n’étant pas fermée à clef, s’ouvrit à la première sollicitation.

Ils débouchèrent dans un hall au sol dallé de marbre, qui se terminait par un second portail perché au haut de trois marches, et défendu par un digit-code.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

20 réflexions sur « ERREUR FATALE … ! – 11/31 »

    1. C’est une nouvelle que j’avais écrite il y a quelque temps et que j’avais diffusée sur mon ancien blog. Une façon de rapatrier des billets aux quels je tiens ! Bisous, bisous

  1. Un super duo, je les adore tous les deux!
    La scène de la vie parisienne m’a fait bien rire et leur évocation d’une gymnastique amoureuse aussi, ça me rappelle des choses… Chut…rires!
    Le rêve de Meg était truculent et « piquant » à souhait!
    Merci pour la superbe photo que tu as déposée sur mon blog, elle est mystérieuse et fascinante à souhait. Gros bisous ma Zaza, j’espère que tu souffres moins, je pense à toi
    Cendrine

  2. Merci de ta visite. J’espère que le réveillon de Noël s’est bien passé. termines bien l’année 2016 et je te souhaite de bien démarrer la nouvelle année

  3. Le réveillon n’a pas entamé tes neurones Zaza, toujours aussi affutée pour raconter des histoires !
    Je te fais plein de bisous en attendant de te souhaiter la Bonne année !
    Ta Zoupie

  4. Une belle équipée , un arrêt autour d’un plateau de fruits qui n’est pas sans évoquer de merveilleux souvenirs de Bretagne , j’en salive …à plus pour la suite
    Bisous

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.