ERREUR FATALE … !!! – 13/31

Jacky se remet !

Meg qui écoutait la conversation sans piper, prit le poignet de Jacky et murmura :

– «Laisse tomber Eddy.»

Puis se tournant vers Tarlouse :

– «Vous avez raison commissaire, ce n’est pas pendant que vous et vos hommes raisonniez le Kid, que Jacky a écopé, c’est …»

– «Commissaire ! A l’intérieur, il y a un macchabée du beau sexe qui est décédé.» Hurla un képi dans l’encadrement de la fenêtre.

– «C’est un pléonasme». Répondit Tarlouse.

– «Non commissaire, c’est une femme.» Rétorqua le gardien de la paix.

D’un air las, le commissaire Tarlouse hocha tristement la tête. Il se pencha sur le cadavre du truand et le fouilla. D’un portefeuille maculé de sang, il extirpa un permis de conduire, qu’il examina.

– «Ange Sanguinetti? Vous connaissez mademoiselle Duchemain ?»

– «Non, pas vraiment.»

– «Et le pléonasme vous connaissez ?»

– «La morte ?»

– «Oui, la défunte.»

– «Elle s’appelle Carmen Rodriguez, c’est la femme de feu Manuel Rodriguez.»

– «Et qui est Manuel Rodriguez ? A part le mari de feue Carmen Rodriguez ? »

– «Manuel Rodriguez est, plutôt était une fripouille…»

– «Mais encore ?»

– «C’est la crapule qui m’a assommée hier après-midi, pour me dérober le dossier que Jean Klockh avait constitué sur l’affaire de Maragne. C’est le mauvais plaisant qui a estourbi Jacky Gobé, lorsque celui-ci a tenté de récupérer les documents. C’est certainement lui qui a essayé de m’éliminer et qui a flingué la rouquine, qui mangeait peinarde «Aux Pissenlits par la Racine» et c’est encore lui qui, la nuit dernière, s’est introduit de nouveau chez moi, pour me faire avaler mon bulletin de naissance !»

– «Et où est cet infatigable trublion ?»

– «Dans ma cave, sous des cartons !»

– «Avec le crâne défoncé.» Répliquait Jacky. «Et si vous laissez mes globules se tirer, sans œuvrer pour en arrêter l’exode, vous ne prendrez pas vivant son assassin !»

– «Bon! Allez ! Montez tous les deux dans ma voiture. Je vous emmène à l’hôtel-Dieu pour soigner le bobo du douillet ! De toute façon, j’ai bien l’impression que vous en avez plus à m’apprendre, que les deux anéantis qui sont ici.»

– «Pourquoi l’hôtel-Dieu ?» Demandait Jacky. «Bichat est plus près.»

– «Effectivement, Bichat est à la porte de Saint Ouen, mais L’hôtel-Dieu est à coté de mon bureau, et j’y connais du monde.»

– «Des médecins ?»

– «Oui ! Surtout des légistes.» S’esclaffa Tarlouse.

Jacky est devenu vert pâle, car l’espiègle commissaire, tout en se tenant les côtes, railla :

– «Humour, monsieur Gobé ! Humour !».

Ils montèrent dans la voiture de police, une 505 banalisée et ils partirent pour l’hôpital. Durant le trajet, Meg qui était assise à l’avant, raconta au joyeux poulet, le peu de choses qu’ils savaient. Jacky, allongé sur la banquette arrière, bien que dans un vague cirage, s’aperçut que sa belette passait sous silence l’existence de la famille Tassart. Lorsqu’elle narra l’épisode de la poêle à frire et la descente aux enfers de Manuel, le flicard ravala son sourire.

– «Vous êtes vraiment deux sales morveux.» Aboya-t-il. «Vous ne vous rendez pas compte ! Buter un gazier et faire disparaître son cadavre ! Si je n’écrase pas l’affaire, vous allez vous retrouver dans une merde noire !»

– «Mais, vous allez l’écraser ?» Quémanda Meg.

– «Je vais essayer, mais je ne garantis rien ! Vous êtes vraiment des p’tits cons !»

– «C’est vrai que pour étouffer ce genre d’affaires, il ne suffit pas d’avoir une grande gueule. Il faut connaître du beau linge. Avoir d’autres relations que des légistes.» Persiflait Jacky.

– «Quoi !» S’étrangla Tarlouse, furibond ! «Il me chambre l’exsangue ?»

– «Humour, commissaire ! Humour !» Ricanait il juste avant de s’évanouir …

Il se sent bien, allongé dans son lit moelleux. Un rayon de soleil chatouille ses paupières. Il ouvre un œil, puis l’autre. Le plafond de sa piaule est bien plus haut que d’habitude ! Les murs sont carrelés ? Se serait-il couché dans la salle de bain ? Non ! Il est bien dans une chambre, une chambre d’hôpital ! D’un seul coup, tout lui revient en mémoire. Carmen, la bagarre avec Meg, la balle perdue. (Pas pour tout le monde) ! Son bras gauche ! Il tourne la tête et inspecte son épaule. Un énorme bandage la protège des regards indiscrets. Il tâte les compresses enrubannées avec sa main droite !

– «Ne touchez pas à votre pansement !»

Une jeune infirmière, poussant un chariot rempli d’ustensiles, venait de rentrer dans la pièce. Elle ira loin, elle possède déjà le ton autoritaire d’une surveillante en fin de carrière.

Mais, quel est cet accoutrement ? De petits sabots, un pantalon, une espèce de veste à manches courtes, sans bouton, serrée au cou et un bob pour couronner l’ensemble. Le tout est d’un blanc yogourt. Le contenant est un peu fadasse et ne dévoile que très peu le contenu. Deux menus avant-bras, nus, terminés par deux fines mains aux doigts remplis d’énergie. Un joli visage, dominateur, aux yeux bruns troublés par des verres de contacts. Elle n’est pas bien grande, mais bien proportionnée.

Où est le temps où les infirmières ne portaient qu’une fine et courte blouse aux boutons défaillants ! L’époque bénie, où se penchant au travers du lit du patient pour rajuster les draps, elles dévoilaient, simultanément, de tendres cuisses et la vaporeuse dentelle d’un soutien-gorge !

– «Bonjour monsieur Gobé. Avez-vous bien dormi ?»

– «Oui, j’ai fait un très chouette rêve ! Vous étiez …»

– «Non, je n’étais pas ! Monsieur Gobé. Vous confondez avec quelqu’un d’autre.»

– «Peut-être, mais elle vous ressemblait.»

– «S’il vous plaît, pourriez-vous dénuder votre bras droit ?»

– «Avec plaisir ! Que le bras ?»

– «Oui que le bras !»

– «Dommage ! C’est pour ?»

– «Une prise de sang !»

– «Vous n’avez rien de plus agréable à me proposer ?»

– «Monsieur Gobé ! Remontez plutôt votre manche !»

– «Voilà, voilà … Je ne peux vraiment rien refuser à d’aussi jolis yeux.»

Elle ne l’écoute plus. Avec des gestes précis, elle lui garrotte le bras, donne des pichenettes dans la saignée de son coude pour faire saillir ses veines, désinfecte l’endroit choisi avec un coton imbibé d’alcool et s’apprête à piquer…

Son buste est légèrement incliné vers lui. Le col de sa veste baille très faiblement. Si faiblement que même en tendant le cou, il ne voit quasiment rien. Pourtant, pour la taquiner :

– «Vous avez tort de ne pas mettre de soutien-gorge …»

S’il y en a un qui a tort, c’est bien lui. Il faut être niais, pour sortir ce genre de bêtises à une femme qui vous plante une aiguille dans le bras. Son affirmation l’a fait sursauter et la lardoire a dérapé. Résultat, il a une veine de pétée, un hématome en formation et il faut tout reprendre à zéro.

– «Monsieur Gobé, sachez que d’une part, contrairement à ce que vous supposez, je porte un bustier et que d’autre part, tant que je n’aurai pas les cinq centilitres de sang nécessaires aux analyses que le médecin a réclamés, je recommencerai à vous aiguillonner.»

– «OK ! Je me tais. Faites vos travaux d’aiguilles, sans trop me torturer.»

La deuxième prise fut la bonne. En supplément, il eut droit à trois gélules et deux comprimés à consommer de suite. Puis, la poseuse de banderilles remballa son matériel et poussant son chariot, trotta vers d’autres cieux. Au moment où elle sortait, Meg apparut portant une gerbe de pétales multicolores.

– «Bonjour mademoiselle» Marmonna ma sarcelle à ma nurse. «Comment se porte le valétudinaire ?»

– «Oh ! A merveille ! Quelle santé ! Et quel dragueur !» Puis, se tournant vers Jacky avec un large sourire. «A tout à l’heure, Grand fou !»

Jacky furax, dans son for intérieur :

«La garce ! Elle me casse, me pulvérise, me désagrège façon puzzle et Meg me fusille du regard !»

– «Tiens Eddy, je t’ai apporté des fleurs et tu vas les bouffer grand fou !» Tempête-t-elle en tentant de me faire avaler le bouquet. «Enfoiré ! J’ai passé toute la nuit, sur une chaise, dans l’angoisse, à user mes larmes pour ce Don Juan de banlieue.»

– «Arrête Meg, elle a dit ça pour rire. J’ai juste …»

– «Tu as juste ?»

– «Je lui ai dit qu’elle avait de beaux yeux, mais …»

– «Mais ?»

– «Mais tout compte fait, je préfère les tiens.»

– «Hypocrite !»

Elle redouble d’efforts pour l’alimenter avec ses plantes d’ornement. Il a les narines obstruées par des calices à sépales ciliés. Sa bouche est devenue une salle de bal, où les étamines invitent les pistils à danser. Dans un dernier sursaut, il implore :

– «Non ! Pas les tiges …»

– «Si ! Jusqu’au trognon !»

– «Pas celles avec des piquants.»

Sa voix devait être pathétique, car sa douce aimée se calme peu à peu. Il en profite pour tenter une sortie.

– «Écoute-moi Meg, il faut me croire ! Tes yeux sont plus beaux.»

– «Tais-toi Judas !»

– «Sois en certaine, Meg, c’est toi mon béguin» Articulait-il en sacrifiant une marguerite que leur échauffourée avait miraculeusement épargnée. «Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément,» et par chance, il arrachait le dernier pétale sur : «à la folie».

Au sourire de sa jalouse, il sut qu’il était pardonné. Leur tapage ne passa pas inaperçu, car, alors que son abeille lui roulait un patin chargé de pollen, la soignante fit irruption dans la pièce.

– «Eh bien! Vous en faites un chahut !»

Comme deux gamins pris en faute, ils se séparèrent, quelque peu confus.

– «A qui la faute ? Mon amie n’a pas supporté votre : «- A tout à l’heure, grand fou -».

– «Pas supporté ? Elle a une drôle façon de ne pas supporter !» Et s’adressant à Meg, d’un ton à peine moqueur ! «Mademoiselle, monsieur Gobé n’est que convalescent. Je compte sur vous pour ne pas le fatiguer exagérément.» Puis, tournant les talons, elle les quitta sur un : «Bonne et heureuse journée. Ne vous disputez pas trop !»

Il passa le week-end à l’hôtel-Dieu. Meg, durant tout ce temps, joua la garde malade. Bien qu’elle lui ait pardonné, elle semblait peu disposée à le laisser en tête à tête avec le personnel Hospitalier.

Le lundi midi, après la visite du médecin chef, il apprit, non sans joie, qu’il pouvait réintégrer ses pénates.

A suivre !!!

 

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

22 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 13/31 »

  1. J’ai souri a la description de la jeune infirmière qui casse les fantasmes sur la profession… A mardi Zaza, je prends un peu de congé pour cause de fin d’année en famille…. Reçois mes voeux les meilleurs pour 2017, bises de jill

  2. Ils ne sont pas trop perturbés par l’affaire, ces deux-là, malgré les morts et les blessures, je pense qu’ils devraient être même en garde à vue mais c’est un roman et un bon !
    je te souhaite d’écrire encore beaucoup en 2017 et surtout d’avoir la santé et le bonheur.
    Alors à l’an prochain !
    Bien amicalement.

  3. Alors je découvre ta prose et je me mets à la comparer à certains Frédéric Dard, principalement dans le registre San Antonio dont je me suis régalée du temps où je lisais !! ;) Merci pour ces sourires de fin d’année, ma belle… j’adore !!
    En attendant de lire la suite, donc, je te fais de gros bisous et je te souhaite un réveillon plein de gaieté et de rires. A l’année prochaine, donc !
    Cath

  4. Ah!!! ça se corse ton histoire, comme dirait Fanfan. Nom d’une pipe! on se croirait en train de lire du San Antonio. Il me tarde de savoir la suite avec ces deux-là. Belle soirée, Zaza et à bientôt. Gros bisous

  5. J’adore le pléonasme ! Pour le reste oui la tenue des infirmières n’autorise plus quelque débordement , dommage pour ces messieurs qui avaient toujours la larme à l’oeil …
    Bon réveillon Zaza
    Bisous

  6. J’ai bien ri à l’évocation de l’infirmière… ça aussi ça me rappelle des films que je regarde, à ne pas mettre devant tous les yeux…rires!
    Toujours happée par ton histoire, je me suis installée pour la lire dès que j’ai pu et là, je retourne vers les fourneaux pour concocter quelque chose de bon, j’espère que mon épilepsie me laissera tranquille pendant toute la nuit et j’espère que tu seras bien aussi, éloignée des douleurs. Je te souhaite un délicieux réveillon, gros bisous!
    Cendrine

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