ERREUR FATALE … !!! – 2/31

Les liens se tissent !

A une vitesse à faire pâlir la lumière, tous les sujets de discussion, intéressants, traversent le vide sidéral qui lui sert de cerveau: le temps, la télé, les actualités, le boulot … !

Allez ! Va pour le boulot, se dit-il !

– «Alors… comme ça, vous ouvrez une agence de police privée ?»

– «Il en est fortement question !»

– «C’est bizarre, au sixième étage, et sans ascenseur.»

– «Vous avez dit bizarre ? Mon cher Eddy… comme c’est zarbi !»

– «Ben oui ! Si vous faites de la publicité, spécifiez :

«Recherchons clients sportifs, alpinistes de préférence»

– «Y a pas à dire, il a de l’humour m’sieur Eddy ! Pour des raisons personnelles, je voulais que mon bureau soit dans cet immeuble. »

– «C’était le seul local disponible ?»

– «Effectivement, le seul.»

– «Ça fait longtemps que vous êtes détective ?»

– «Oui et Non.»

– «Qu’entendez-vous par oui et non ?»

– «Oui et non ? Depuis quand suis-je détective ? En fait, je débute.»

– «Vous débutez ?»

– «Mon compagnon était dans le métier …»

Le visage de la belle s’assombrit !

– «Il m’avait embauché comme secrétaire. Et puis, on s’est pris un coup de foudre, un grand, un qui électrocute pour la vie.»

Ses yeux deviennent de plus en plus brillants. Une larme perle à sa paupière, roule sur sa joue jusqu’à la commissure de ses lèvres. Doucement, la pointe de sa langue sort et essuie cette goutte de tristesse. Puis, Meg secoue brusquement la tête, renifle un grand coup et se force à sourire.

– «Nous avons travaillé cinq ans ensemble, Jean, c’était son nom, Jean enquêtait sur un double meurtre.»

Son regard se tourne vers l’unique dossier, trônant sur les étagères. Un frisson parcourt son corps. Sa mâchoire se contracte.

– «Il y a dix mois, en juillet dernier, les flics l’ont repêché, dans le canal Saint Martin.»

Les yeux de Meg sont devenus durs, secs. Une aura de volonté l’entoure. Une énergie impitoyable, envahie la pièce !

– «J’aurai les salauds qui l’ont buté », siffle-t-elle. «Mais parlons plutôt de vous Eddy.»

– «De moi ? Que dire ! Je désigne la bouteille de whisky, je peux en reprendre une goutte ?»

– «Bien sûr, vous m’en servez un aussi ? Les glaçons sont dans la cuisine, dans un bol, sur l’évier.»

Jacky se lève et prépare deux remontants, des grands, «spéciaux pour cow-boys». Quand il revient chargé de ces vulnéraires, elle s’est recroquevillée dans son fauteuil. Sa joue contre ses genoux, ses bras emprisonnent ses jambes. Il a du faire une connerie, en lui parlant boulot. Mais c’est un peu tard pour faire machine arrière.

– «Tenez Meg, votre verre.»

Toute la détresse du monde est dans ses yeux et Jacky s’en veut, il ne pouvait pas savoir.

Elle libéra ses jambes. Son corps se déplia souplement. Elle se leva, prit son whisky et l’avala d’un trait. Elle ne dit rien, mais il devina qu’il dut l’imiter. Un toast muet ? Pour qui ? Pourquoi ? Il engloutit sa potion. Ils posèrent leurs verres sur le bureau. La main de Meg finit par enserrer la sienne.

Elle se hisse sur la pointe des pieds. Un léger baiser effleure sa joue, puis à son oreille :

– «Tu sais Jacky, ça fait du bien de parler à un ami. Je ne regrette pas d’avoir sonné chez toi. Allez, Eddy, raconte-toi.»

Et il s’est raconté.

Au début, le cœur n’y était pas. Mais les whiskys aidant, petit à petit, ils se sont détendus. Les histoires avec ses élèves (Il est prof dans un lycée technique) lui arrachèrent quelques sourires. Ils parlèrent tard dans la nuit. Les premières lueurs de l’aube, les surprirent immobiles, lui assis sur le canapé, Meg, allongée, la tête sur ses genoux. Il n’osait pas bouger, de peur de la réveiller.

Le soleil, pris moins de précaution que lui. Un rayon malicieux, surgissant de derrière une cheminée, vint au travers du carreau agacer ses paupières. Elle s’étira, ses poings fermés frottèrent ses yeux. Ses cils battirent dévoilant un regard, que le sommeil refusait d’abandonner.

L’espace d’un instant, son minois incrédule dénonça l’étonnement de se réveiller hors de son lit. Sa tête pivota à la recherche d’une réponse, qu’elle reçut sous la forme d’un certain Jacky. Il était tout ankylosé. Il avait mal dans les articulations. Il n’avait pas dormi et avait abusé du whisky. Une ombre, un semblant, un fantôme de Jacky, remémora à Meg leur platonique nuit.

– «T’es un chouette mec Eddy. Tu veux un caoua ?»

– «Pas qu’un peu minette! Un bien fort, un qui m’empêche de dormir au boulot.»

– «Ça marche !» Cria-t-elle en fonçant dans la cuisine. Elle avait sauté sur ses deux pieds nus, comme un cabri.

Lui, avec d’infinies précautions, s’était défroissé. D’un pas hésitant, il parcourait la pièce pour irriguer ses jambes, brassait l’air pour ressusciter ses bras. Une odeur de café se répandit dans l’air.

– «Combien de sucres, Eddy ?»

– «Je n’en prends pas, merci.»

– «Tu fais un régime ? T’es diabétique ?»

– «Non, je suis allergique au sucre et ça tombe bien …»

– «Pourquoi ?»

– «Parce que je n’aime pas ça !»

– «Tu veux des biscottes ? De la confiture ?»

-« Elle est à quel parfum ta confiote ?»

– «C’est un mélange de concombres et de tomates. C’est ma mère qui la fait.»

– «Hum ! Ça doit être bon, mais je prendrai juste un peu de beurre sur deux biscottes.»

Meg réapparut, chargée d’un plateau fumant qu’elle déposa sur son bureau. Son visage, aux traits sculptés par la fatigue, demeuraient charmant. Résolue, elle insista pour que Jacky goûte sa marmelade «tomato-concombres».

– «Tu diras à ta maman, que sa compote est succulente ! » Dit-il, hypocritement.

– «Tu en veux encore ?»

– «Non, merci, il ne faut pas abuser des bonnes choses !»

Ils terminèrent le petit déjeuner. Il était grand temps, qu’il se prépare et file au lycée.

– «Il faut que j’y aille, Meg».

– «Tu dois être crevé ?»

– « Crevé, vidé, liquéfié mais heureux de te connaître et triste de te quitter. »

– «Il ne serait pas un peu sentimental, ce m’sieur Eddy ?» Minauda-t-elle en déposant un gros bisou, sonore, sur chacune de ses joues. Puis, lui donnant une claque sur le postérieur !

– «Allez ! Jacky, au boulot ! Jeux de mains, jeux de vilains.»

Ils se sont revus souvent ces deux-là. Ils sont devenus très proches. Il doit en pincer pour sa jolie frimousse…

Il n’a pas osé étaler ses sentiments; la mort de son béguin le freine. Ils n’ont jamais reparlé de son job. A chaque fois qu’il lui rend visite chez elle, il jette souvent un œil vers ses dossiers. Celui de Jean est toujours là !

Ce matin, elle l’a appelé par l’interphone.

L’interphone, c’est un couloir vertical de deux mètres par deux, pompeusement nommé courette. Toutes les cuisines, de l’immeuble, donnent sur l’interphone. Souvent les communications sont brouillées, car plusieurs conversations courent le long des murs lézardés. Il faut alors se pencher par la fenêtre et c’est en articulant avec les mains, des sons muets, que les échanges s’effectuent.

– «Eddy ! Eddy !»

Il laisse son petit déjeuner, vaque à la fenêtre de cuisine, l’ouvre, lève la tête vers le sixième et aperçois Meg dans un carré de ciel bleu.

– «Quel bel homme !» S’esclaffe-t-elle, après un coup de sifflet voyou. «Il faudra que je t’achète une robe de chambre !»

Gêné, il enfile en hâte le tablier de cuisine, accroché à une patère.

– «Bonjour Meg.»

– «B’jour Eddy. Il faut qu’on se voit ce soir. Viens vers six heures. J’ai une foule de chose à te raconter, on mangera ensemble. Tu fais la bouffe; je n’aurai pas le temps de m’en occuper.»

– «OK Meg, à ce soir, bisous. Je te laisse, mon chocolat refroidit.»

Un éclat de rire salut son demi-tour.

– «Oh! Vraiment ! Quel bel homme ! Quel beau valseur !»

Évidemment, il n’avait pas pensé qu’un tablier de cuisine protège le devant, mais pas le derrière.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

30 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 2/31 »

  1. …les glaçons sont ds un bol sur l’évier et n’ont pas fondu???
    J’en déduis qu’ils viennent d’être sortis du frigo….mais de quoi je me mêle en plus , c’est pas mon histoire.
    Bonne journée ZAZA, biz.

  2. Le suspens est à son comble, Zaza. Oh!!! je le sens bien ce jeu du chat et de la souris, miaou! comme on dit. Belle fin d’après-midi et gros bisous

  3. Je pense à la suite … mais je serai peut-être déçue, alors j’attends que ce soit toi qui la donne. Mais demain, je risque de manquer un épisode, il faut que j’aille voir l’anesthésiste.
    Bonne soirée et bonne nuit.

  4. Oui les liens se tissent, pour notre plus grand plaisir et tes personnages sont très attachants, je les verrais bien dans une de ces séries que j’adore! bravo, je t’embrasse bien fort
    Cendrine

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