ERREUR FATALE … !!! – 1/31

Un flic comme il les aime !

C’était la deuxième fois, qu’il voyait Meg, sans son sourire.

Cette brunette, c’est un bonheur; la plupart du temps, une nuée de regards gravitent autour de son jean’s. C’est vrai qu’elle attire Meg, elle a du chien !

Environ trente-cinq ans, les cheveux noirs, courts. Un véritable aimant cette belette ! Faut dire qu’elle est flic, pas dans l’officielle, non, dans la privée. Un peu comme ce sacré Nestor ! Jacky la trouve tout à fait à son goût.

Son agence de privés se situe dans l’immeuble où Jacky crèche. Une chouette baraque vieillotte, six étages sans ascenseur, à Paris dans le treizième.

Leur première rencontre lui laissa un souvenir inoubliable. Il était morose, en communication transcendantale avec un petit verre de Côte du Rhône et sa téloche. Julien Lepers (Grand animateur, s’il en est) demandait :

– «Sous quel nom est plus connu Claude Moine ?»

Driiiin, Driiiin, Driiiin. Trois coups secs le sortirent de sa léthargie. Pestant contre les emmerdeurs, qui dérangent les honnêtes gens, il ouvrit la porte.

– «Bonsoir, je suis Meg Duchemain, votre nouvelle voisine du sixième.»

Dans l’encadrement de la porte, emballée dans une tunique blanche et cintrée, un jeans marine et des sandalettes blanches, une jeune femme mince, de taille moyenne, était là. Ses yeux rieurs, d’un brun intense, l’examinaient. Étonné par cette agréable apparition, il la scrutait des pieds nus dans ses sandales, remontant jusqu’à son sourire qui découvrait de fines dents, d’un blanc pur et brillant !

Pour être tout à fait honnête, le galbe de sa poitrine sous sa tunique ne le laissait pas indifférent. Chez une femme, c’est souvent les seins que les bons hommes regardent en premier. Des formes extraordinaires, auxquelles la finesse et la puissance des burins d’Aristide Maillol, ont exalté la grâce. Des courbes sublimes que seul un savant fou oserait mettre en équations.

Une toux discrète le fit redescendre sur terre. Le regard ironique de sa nouvelle voisine, empourpra son visage et elle s’entendit dire:

– «Enchanté, moi c’est Eddy Mitchell.»

Il s’aperçut qu’il répondait à la question de Julien Lepers !

– «Euh… non, excusez-moi, la télé, mes pensées. Mon nom est Jacky, Jacky Gobé, pour vous servir…»

Depuis ce jour, elle l’appelle souvent Eddy, par jeu !

– «Monsieur Eddy», dit-elle retenant un sourire, «auriez-vous une perceuse à percussion à me prêter ?»

– «Une perceuse ? A cette heure ?»

– «Oui, j’ai ouvert une agence de détective. Il faut absolument que ma plaque soit posée à l’entrée de l’immeuble. J’attends un client demain matin.»

– «Vous savez vous servir d’une perceuse ?»

– «Oh! Si vous voulez me montrer, je n’y vois aucun inconvénient.»

– «OK, je prends l’engin et on y va.»

C’est ainsi qu’ils se sont rencontrés, et que cinq minutes plus tard, il posait une plaque indiquant en lettres dorées sur fond noir. Tandis qu’elle tenait la plaque et que lui perçait, Monsieur Lavigne est arrivé :

– «Qu’est-ce que vous faites ? Vous avez l’autorisation du syndic ? Ça ne va pas abîmer le mur ?»

Lavigne est retraité, petit, droit comme un serpentin d’alambic. Un regard sournois, qui fouille dans les pensées.

– «Oui Monsieur, j’ai l’autorisation. Ne vous inquiétez pas. On n’abîmera rien.». Répondit aimablement Meg.

– «Quand je regarde cette façade, taguée en multicolore jusqu’à deux mètres du sol et noire crasse au-dessus, je ne vois pas bien ce qu’on pourrait détériorer». Rétorque-t-il.

Puis après un dernier regard, franc comme celui d’un présidentiable en campagne, Lavigne partit, content, pensant à la façon dont il les dénoncerait au syndic. Il devait regretter l’heureux temps, où la délation lui procurait de petites érections, l’époque bénie et bénite par Pie XII, où la milice le considérait comme un bon citoyen.

La porte cochère le régurgita, sans bruit, seule une odeur de vieux «con» rappelait son passage.

– «Ah! Oui, il faut que je vous dise : Il le hait ce Lavigne».

Pour le remercier, Meg l’invita à prendre un pot chez elle.

Il montait donc derrière elle. Escaladant les marches deux par deux, pour faire jeune et sportif …

Tout en sifflant : «Le pont de la rivière Kwaï», il regardait avec  tendresse les hanches fines et les fesses bien moulées dans le jeans de Meg. Il aurait dû se douter, que ce n’était pas un bon plan. Trois étages suffirent pour transformer son viril «Hello! Le soleil brille» en un «pfffiitt, pfffiitt» poussif ! Meg l’acheva en demandant:

– «Vous voulez que je porte la perceuse ?»

– «Non, non ! Ça va aller, je sors d’une bronchite, alors le souffle !»

En son for-intérieur, il se disait : «Relaxe Max, cool Raoul, met la pédale douce, finit l’ascension à ta main mon grand. C’est décidé ! Demain j’arrête le tabac, le Côte du Rhône et je m’inscris à la gym».

– «Ah bon ! Je m’disais aussi, c’est étonnant, il a pourtant l’air solide m’sieur Eddy.»

– «Je vous sens un rien moqueuse, Meg.»

– «Non! Si un peu, en tout cas vous êtes sympa.»

– «Merci, vous aussi !»

Elle avait de la répartie la petite brunette ! Arrivée au sixième, elle ouvrit la porte et ils entrèrent. Meg lui fit faire le tour du propriétaire. A droite de l’entrée, la cuisine. Petite, moderne, genre « Lapeyre », avec gazinière, frigo, hotte et tout l’titoum. A gauche, une salle de bain, W-C, exiguë. Son regard s’attardât sur l’étendoir; une culotte «petit bateau» mignonne comme tout, blanche avec des petites fleurs bleues, séchait. C’est fou ce qu’une culotte, stimule … l’imaginaire de ses Messieurs.

– «Ma culotte vous laisse pensif ?» Interrogea Meg.

Et vlan! Il sentit ses joues se carminer.

En face, la salle de séjour, grande, claire, une pièce où l’on a envie de vivre. Les murs sont blancs, crépis, deux grandes fenêtres invitent la lumière de cette soirée de printemps. Sur la droite, un canapé-lit. Au centre deux fauteuils tiennent compagnie à un bureau de style Louis … « Conforama ». A gauche, des étagères pour les futurs dossiers.

– «Asseyez-vous», lui dit Meg. «Je vais voir ce que j’ai dans le frigo.»

Elle se dirige vers la cuisine, il s’assied derrière le bureau. Curieux, il regarde les tiroirs. «A-t-elle un revolver ? Quelle marque ? Quel calibre ?»

– «J’ai du coca et du whisky, ça vous va ?»

– «Parfait! Pour moi un whisky-coca, sans coca, avec trois glaçons.»

Elle farfouille dans le bac à glace. Elle réapparaît, un verre dans chaque main et lui en tend un. Elle a pris un coca nature, avec une paille, il la regarde creuser ses joues pour aspirer le breuvage. Le chalumeau transparent se colore de bas en haut. La boisson rejoint ses lèvres, rafraîchit sa bouche, elle baisse ses paupières et déglutit. Tout en sirotant son whisky, il cherche un truc pas trop bête à dire.

– «Il est bon ce whisky … et votre coca ?»

– « Excellent pour un coca. ».

– «Jacky, j’avais dit pas trop bête. Allez ! Fais un effort» se dit-il intérieurement.

A suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

26 réflexions sur « ERREUR FATALE … !!! – 1/31 »

  1. Bonjour Zaza .
    Je pense me faire un peu plus rare sur le blog .
    C’est bientôt les fêtes de fin d’année et je vais chercher ma Maman qui est bien âgée pour passer Noël avec nous et peut être aussi nouvel an , comme elle veut ; et ça nous fait une grosse occupation .
    Mais je repasserai quand même pour la nouvelle année .
    En attendant je te souhaite une bonne semaine .
    Bisous de nous deux .

  2. Plein de verve, de drôlerie et de vitalité!
    A suivre avec grand plaisir, sans culpabilité…
    J’ai bien ri avec « monsieur Eddy »… qui n’a pas les yeux dans sa poche, sacré Jacky!
    Bravo ma Zaza et gros bisous
    Cendrine

  3. Coucou Zaza,
    Bravo!
    Quelle charmante petite femme ta Meg, mais tous les personnages sont bien typés, dans un immeuble lambda, il y a souvent un vieux con qui embête tout le monde (pour le moment pas chez moi), et Eddy n’est pas mal aussi en tombeur plein de dégaine de cigarettes et de Médoc!

    Bises et belle journée

  4. Ta petite Meg est un brin allumeuse, non? et ce pauvre Eddy qui doit avoir le chalumeau bien transparent…Bon, la paille si tu préfère… Oups!!! j’ai bien ri, merci, ma douce.

  5. bonjour chere Zaza, quelque chose me dit, que je connais cette histoire, mais elle est tellement bien tournée, que je vais la suivre avec passion, bonne soiree et grosses bises

  6. Coucou Zaza, ces noms me rappellent quelque chose … N’as-tu pas écrit un roman noir époustouflant mettant en scène ces héros ? Je confonds sûrement, pardonne-moi, ou alors on reviendrait au début, au moment de la rencontre ? Quoi qu’il en soit, quel début prometteur :))) ! Bravo, gros bisous.

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