La bourse, la serviette et le manteau – 4/5 … !!!

Dans la série des contes & légendes de basse-Bretagne

 Selaouit holl, mar hoc’h eus c’hoant,
Hag e cleofot eur gaozic koant.
Ha na eûs en-hi netra gaou
Mes, marteze, eur gir pe daou :
******
Ecoutez tous, si vous voulez,
Et vous entendrez un joli petit conte,
Dans lequel il n’y a pas de mensonge,
Si ce n’est peut-être un mot ou deux.

On s’aperçut bientôt qu’une corne poussait, à vue d’œil, sur le front de chacun des mangeurs de pommes.

Elles montaient si rapidement, qu’elles atteignirent bientôt le plafond de la salle.
Les cornards se regardaient d’abord avec étonnement, et commencèrent à rire les uns des autres.
Puis, ils s’inquiétèrent. Ils pleurèrent et poussèrent des cris horribles.
Ce ne fut qu’avec peine et en baissant la tête, qu’ils purent passer sous la porte de la salle à manger, pour se rendre chacun dans leurs chambres respectives.
On fit venir des médecins. Ils ne comprenaient rien à un pareil phénomène.

On publia alors, par toute la ville, que quiconque guérirait la famille royale et ferait disparaître les cornes obtiendrait la main de la princesse, ou une très forte somme d’argent, s’il était déjà marié.
Les médecins, les chirurgiens, les magiciens, les sorciers, arrivaient de tous côtés, mais, tous y perdaient leur latin et leurs remèdes.
Le clerc avait, à dessein, laissé passer tout le monde avant lui.

Il se présenta aussi, quand il jugea à-propos, ayant au bras un panier recouvert d’une serviette blanche et rempli d’orties et d’autres herbes.

Il dit au portier :
— « Je m’engage à guérir le roi et les autres porteurs de cornes. »
— « Entrez, entrez, vite ! » lui dit le portier.

On le conduisit d’abord dans la chambre du roi et de la reine. Ils faisaient pitié à voir.
— « C’est vous, docteur », lui demanda le roi, « qui promettez de nous guérir ? »
— « Je l’ai promis, sire », répondit-il, « et je le ferai, si vous me payez comme le mérite une pareille cure. »
— « Que demandez-vous ? »
— « Sept lingots d’or pour chaque cure. »
— « Vous les aurez; commencez par mon épouse, et sans perdre de temps ! »
— « A l’instant même, Messire, car j’ai ici mes remèdes. »
Il pria le reine de mettre bas, culotte et chemise.

Puis, de sa main droite, qui était gantée, prenant dans son panier une poignée d’orties, il se mit à l’en fouetter, à tour de bras, par derrière et par devant.
La pauvre femme criait et trouvait le remède étrange, mais le supposé médecin n’en prenait cure et frappait toujours.
Au bout d’une demi-heure de cette médication, il s’occupa aussi du roi, et le traita de la même manière.
— « Assez ! Assez ! Grâce ! » Criait-il. Mais, il frappait toujours, à tour de bras.
Quand il eut terminé la première partie de son traitement, il prit deux pommes bien rouges dans sa poche et les présenta à ses malades, en leur disant :
— « Mangez ceci. »
Mais, ils détournèrent la tête, et firent une horrible grimace, en voyant ces fruits maudits, cause de leur malheur.
— « Mangez, vous dis-je », reprit le médecin, « et ne craignez rien ! »

Ils prirent les pommes et y mirent les dents, en tremblant. Mais, à peine y eurent-ils mordu, qu’ils sentirent leurs cornes diminuer, et quand ils eurent fini de les manger, il n’en restait plus trace sur leurs fronts.
Les voilà bien contents ! Ils remercièrent le prétendu médecin, avec effusion.
— « Allez, à présent, traiter notre fille », lui dirent-ils.
— « C’est assez, pour aujourd’hui », répondit-il, « je suis fatigué. De plus, la princesse et sa femme de chambre seront beaucoup plus difficiles à traiter… Je reviendrai demain, et je m’occuperai d’elles. »
— « Guérissez ma fille, avant sa femme de chambre », demanda le roi.
— « Je ne le puis ! La princesse ne peut être guéri la dernière. C’est elle qui est le plus atteinte de ce terrible mal. C’est avec elle que j’éprouverai le plus de difficultés à exercer ma médecine. C’est donc avec elle qu’il faudra que je passe le plus de temps. »
Il retourna là-dessus à son hôtel.

Le lendemain, il revint au palais, avec son panier rempli d’ortie. Il se fit conduire auprès de la fille de chambre et demanda qu’on le laissât seul avec elle.
Bientôt on entendit des gémissements et des cris. Le traitement commençait. Le médecin la fouetta avec de l’ortie, pendant une demi-heure, puis il s’en alla, en disant qu’il reviendrait le lendemain, pour continuer le traitement.
Il revint, en effet, comme il l’avait dit, et bientôt tout le palais retentit de cris :
— « Assez !… Grâce !… Vous me tuerez !… »
C’était en fait le suite du traitement de la femme de chambre, et le médecin cinglait à tour de bras le corps nu de sa malade.

Quand il l’eut assez battue, il lui présenta une magnifique pomme rouge en lui disant :
— « Mangez cette délicieuse pomme. »
Elle détourna la tête, avec horreur.
— « Mangez, vous dis-je , c’est indispensable et l’aboutissement de votre guérison. »
Elle prit la pomme, y mordit en tremblant, et sentit aussitôt sa corne diminuer; quand elle finit de la manger, sa corne avaient complètement disparu.
Le médecin s’en alla alors, bien que le roi et la reine insistèrent pour qu’il commençât immédiatement le traitement de la princesse.
— « Cela m’est impossible, pour aujourd’hui », répondit-il, « mais, je m’occuperai d’elle, demain ! » Le roi et la reine étaient désespérés, et se mirent à attendre le lendemain avec impatience ! Mais ils durent se résoudre aux exigences de ce drôle de médecin qui les avait débarrassé de leurs cornes !

A Suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

26 réflexions sur « La bourse, la serviette et le manteau – 4/5 … !!! »

  1. … la suite me plaît beaucoup et j’attends pour la princesse…qui saura le mieux tenir compte de la leçon?
    Bises du jour
    Mireille du Sablon

  2. J’avais du retard, je viens de passer une bonne 1/2 h chez toi pour mon plus grand plaisir, c’est un vrai régal de te lire !! je te le redirai toujours !!! pourquoi tu ne publies pas ???? vu la chaleur: je lis à haute dose à l’ombre hihihi bonne journée ma douce ZAZA

  3. Des leçons de vie beaucoup n’aiment pas en recevoir
    Princesse demain il fera jour !:)
    Bisous
    @ demain alors pour la suite
    on dit que les orties en soupe c’est bon pour tout et ça fouette moins hihi

  4. La suite.. la suite.. je ne peux plus attendre !
    Quelle belle conteuse tu es.. je suis admirative
    Merci pour ton partage

  5. Je compatis car ayant été fouettée avec des orties quand j’avais 14 ans par un cousin un peu c … un jour de fête familiale je sais la douleur et moi ce n’était que sur les jambes !
    Alors épargez la princesse même si elle a été désobligeante.
    Bel après-midi Zaza
    Bisous

  6. Bonjour Zaza,
    Merci pour ses belles histoires , mais il nous faut patienter encore
    Bonne fin de journée, ici c’est la grande chaleur vivement la pluie annoncé
    Amitiés

  7. Belle vengeance, ce traitement à l’ortie. Et de plus faire patienter la perfide princesse augmente la revanche de notre héros. Superbe conte, Zaza, j’adore. Bonne après-midi

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