
Les consignes de Lilou, ici
RAPPEL DES RÈGLES : « Vous utilisez les lettres du mot mystère pour construire des mots de cinq lettres au moins, que vous introduisez dans un texte de votre choix. »
AAEEIUUBDGNR = BAGUENAUDIER – Nom masculin – Un arbrisseau dont les fruits sont brun rougeâtre puis deviennent translucides quand ils sont à maturité.
Les anagrammes utilisés : « genre – grèbe – eider – ébaudir – guindée – dégaine – auburn – égard – bègue – aubergine – Araignée – enragé – bégaie – nigaude – auberge – ânerie – beigne – danger – argué – grande – gabardine – ingéra – dégueu – Égrena – dring – reine – régné – baderne – Bigre – bedaine »
Elle s’appelait Sarah Freichi, nous étions en CM2.
Sarah n’était pas une élève très douée, plutôt le genre à rêvasser au fond de la classe.
Notre institutrice, Mme Andrée Sansfrapé avait coutume de lui balancer :
— « Alors Sarah Freichi, toujours les pieds dans la mare à rêver au grèbe amoureux de l’eider à lunette ? »
Phrase, que nous reprenions régulièrement pour ébaudir la cour de récréation.
Au fond, je l’aimais bien cette Sarah Freichi, guindée, mais à la drôle de dégaine avec sa chevelure auburn.

Les vacheries à son égard lui étaient réservées. Elle le savait et n’hésitait pas à venir solliciter notre secours, (nous étions deux ou trois à avoir pitié), lorsque les autres classes se foutaient d’elle.
Elle était gentille mais dotée d’un handicap… Sarah était bègue ! Un bégaiement qui, au bout de quelques minutes, devenait franchement insupportable.
Quand elle passait au tableau, elle devenait, couleur aubergine. L’Araignée et l’Hirondelle de notre Jean de La Fontaine devenait un véritable calvaire. Ça durait des plombes, on n’en voyait plus la fin, de quoi devenir enragé.
Ce bégaiement ne semblait pourtant pas lui donner de complexes. Si Mme Andrée Sansfrapé posait une question, elle n’hésitait pas à lever le doigt quand elle connaissait la réponse.
— « Qui a mené la révolte des Gaulois contre Jules César ? »
— « M’dame, m’dame… » Hurlaient les élèves pour empêcher Sarah de prendre la parole.
— « Oui, Sarah… »
— « Ver… ver… ver… »
— « Merci, Sarah. »
Nous avions encore du pain sur la planche, la classe voulant tout de même l’aider.
Un jour, l’un d’entre nous eut une idée que chacun trouva lumineuse.
Sarah Freichi bégaie parce qu’elle est stressée. Il fallait donc la calmer. Son stress disparaissant, il n’aura plus de crainte de passer au tableau.
L’un de nous proposa du Synthol :
— « Ma mère dit que c’est bon pour tout. »
— « Quelle nigaude tu fais, toi ! Cela ne se boit pas et il y a de l’alcool là-dedans. Elle va être complètement bourrée et là, nous ne serons pas sortis de l’auberge ! Tu n’as pas d’autre ânerie à proposer ? Tu mériterais une beigne ! »
— « Y a la fleur d’oranger …. Ma grand-mère en file à mon petit frère pour le calmer. » Dit une autre de nos camarades.
— « Ah ouais, pourquoi pas, je peux en apporter, il y en a dans le buffet de mes parents. »
Nous fîmes part de notre projet à Sarah qui trouva l’idée géniale, et sans danger. Nous avions bien argué le sujet !
Pourquoi n’y avions-nous pas pensé plus tôt ? Ça tombait bien, le surlendemain, il y avait récitation.
La première strophe des Conquérants de José-Maria de Hérédia :
« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. »
Celui qui s’était proposé apporta le breuvage miracle.
Question : Quelle dose fallait-il donner à Sarah ?
Après discussion, il fut décidé que le petit frère ayant droit à une demi cuillère à café, Sarah, beaucoup plus grande, pouvait bien avaler trois cuillères à soupe sans soucis.
Nous profitâmes de la récré qui précédait la récitation, pour doper notre camarade vêtue de son éternelle gabardine en simili cuir.
— « Bois ! » lui intima le fournisseur de la potion. Et elle ingéra les trois cuillères à soupe rases.
Après les avoir avalés, elle articula :
— « C’est, c’est, dé, dé, dégueu… ». Égrena-t-elle !
Le moins que l’on puisse dire c’est que ça n’était pas une réussite immédiate.
— « Mon petit frère ne se calme pas tout de suite non plus. »
— « Il faut p’têtre attendre que ça fasse effet. »
La maîtresse sonna la fin de la récré, dring, dring, et nous rentrâmes en classe comme si nous nous rendions au spectacle.
Tout le monde guettait les réactions de Sarah, qui restait stoïque, persuadée que sa guérison était proche.
L’institutrice ne l’appela pas tout de suite au tableau, la fleur d’oranger avait le temps de faire son effet. Ouf !
Les trois premiers débitèrent leur strophe comme des mitraillettes, pressés de voir le résultat de l’expérience.
Puis ce fut le tour de Sarah.
Il monta sur l’estrade, telle une reine, qui y avait toujours régné.
Tout le monde retint son souffle.
Mme Andrée Sansfrapé lui lança un :
— « Vas-y Sarah, on t’écoute ! » … Presque fataliste….
— « Comme un vol de gerfauts… »
Elle n’était jamais allée aussi loin d’un seul trait.
— « … hors du ch… ch… »
Une vingtaine de paires d’yeux s’écarquillèrent… La stupeur se lisait sur les visages. On avait envie de hurler :
— « Allez, vas-y Sarah Freichi ! »
— « … hors du charnier natal… »
Ouf ! C’était reparti.
— « Fa… fa… fa… »
Et Sarah s’effondra.
La classe se leva comme un seul homme.
La vieille baderne de Mme Sansfrapé hocha la tête, résignée. Le silence s’installa.
Bigre ! Sarah Freichi ronflait tout son sou, la bedaine repue.
et comme toujours tu as encore su mettre tous ces mots à l’honneur ce matin….bravo, je vois tu as l’esprit vif…..passe un très doux dimanche
Un défaut amuse la galerie, pas bien, mais ici pour faire sourire… ,-) Joe Biden, ancien bègue, politicien, habitué au discours, donc cela se soigne, certes pas avec cette « potion magique » !!! Bises dominicales, jill
Dans la réalité c’est vrai que les jeunes ne sont pas toujours tendre entre eux
Bravo pour ton texte du jour
Bon dimanche Zaza
Bises
J’ai bien apprécié ton histoire qui mêle humour et amitié, bravo Zaza!
Bon dimanche!
Bises de Mireille du sablon
un sacré handicap le bégaiement, tu as su trouver les mots pour le décrire avec humour, bravo.
Je suis ravie de te relire, j’espère que tout va bien pour toi.
Bon diamnche.
bises
J’adore !
Bon, il fallait peut-être ne pas forcer la dose, mais, comme toujours, tu as su me faire rire, merci !
Bisous et douce journée.
Bravo pour la réponse à ce défi.
J’ai bien ri mais pas vu tout de suite le « Sarah Freichi ».
Drôle d’histoire… Moi j’ai eu une élève qui avait avalé la moitié du Toplexil et la mère m’a dit , elle va être calme aujourd’hui…
bises
Coucou Zaza
Impossible de te commenter ce matin , j’essaie par là , je croise les doigts
Je voulais te dire Bravo pour ce défi , l’intention partait d’un bon sentiment …sourires !!
Bon dimanche à toi
Bises
Coucou Zaza, j’aime comment tu t’appropries les textes juste en changeant un mot et l’histoire triste prend une autre trajectoire. Avec toi c’est comme ça tout le temps c’est génial mais tu vois j’aurais plus de mal à le coucher sur papier que d’en parler comme ça avec toi. Bonne journée dominicale. Câlins aux boules de poils et bisous pour toi. Prends soin de toi.
bravo pour ton histoire chere Zaza, tres efficace la fleur d’oranger ! bon dimanche grosses bises
Bon me voilà après avoir fait un détour par Lilou pour arriver jusqu’à toi j’espère qu’il n’y a pas plus d’un km.
Dame quand on veut on peut.
Le défi réussi si Sarah n’a pas été au bout de sa récitation elle à fait un petit bout de chemin … Juste une question de dosage.
Bon dimanche mes amis du 35 35 35 35 35 35 35
Bisous et caresses
heureusement il y a peu d’instite de cet acabit qui subsistent : le baguenaudier est un bel arbuste
Bravo Zaza pour ce défi qui n’est pas du tout une histoire à dormir debout et qui m’a bien fait rire non seulement par les patronymes mais aussi par l’efficacité du remède . Le bégaiement , un handicap qui se soigne bien . Il existe un certain nombre d’hommes politiques et acteurs qui le prouvent , le dernier en date Joe Biden .
Bon dimanche
Bises
Pauvre gamine mais en même temps ton texte est plein d’humour alors ma foi on rigole…Bisous
Bonjour Zaza,
Bravo 👏! Super !!!
Bon dimanche tout entier,
Bisous 😘
Bigre ! Que c’est bien raconté ! Pauvre Sarah ! Quelle histoire bien imaginée.
Un régal de te lire.
Bisous ma Zaza
La pauvre! On ne sait pas ce que ressent ces pauvres bègues, nous en avions une aussi en classe de 9e, nous nous sommes beaucoup moqué de cette pauvre fille, nous ne lui avions pas donné de potion et pourtant un jour…elle parlait sans trop bégayer, tous les soirs avec sa maman elle s’exerçait à réciter de la poésie. Aujourd’hui elle est prof de français très appréciée de ses élèves!
Bises
Bonjour Zaz, je me suis régalée en te lisant, tu as vraiment un don particulier pour écrire, c’est un peu triste pour Sarah Freichi, etl’instit Andrée Sans frapper, je suis MDR, que cela fait du bien ce rire spontané qui vient quand je te lis, et Serjouille qui a sûrement peur que je sois folle, viens voir et lis, et… éclate de rire avec moi Merci Zaza Bisous MTH
Superbe texte! Les jeunes ne sont pas toujours tendres entre eux, mais il y en a tout de même qui font preuve de compassion. Belle idée que la fleur d’oranger!!! Un très bon moment de lecture pour moi
Quelle histoire. Tu sais nous captiver. Cela le rappelle ma sœur qui buvait le flacon de fleur d’oranger acheté pour endormir le petit frère.
Bises et bon dimanche soir.
Fabuleux sur un plan littéraire, bravo ma Zaza!
Et j’aime beaucoup cette histoire de gamines entre tendresse et amertume et cette fin, bien amenée!
Merci pour tes partages, toujours supers, gros bisous sans oublier ton Poux Ronchon
Cendrine
Toujours aussi inventive, à mois qu’il y ait du vrai, comme souvent …
j’aime le beau cheval pie-noir de ta bannière !
Bonjour Zaza !
Tu n’as pas lésiné sur ce coup là !
Bel exercice, bravo ! 😉😊😊
Bonne journée !
Pierre
https://rotpier27.wordpress.com/