Le nid des mots d’ Avril 2025… !!!

Les consignes d’Annick, CLIC

Le thème d’ABC : « C’est la nuit qu’il est beau de croire en la lumière. »

« C’est la nuit qu’il est beau de croire en la lumière » est une phase qui me parle, surtout pendant mes périodes d’insomnie, ce qui m’a permis récemment de relire « CHANTELCLER » la pièce de théâtre d’Edmond Rostand.0

L’histoire met en scène les vanités des hommes et porte à réflexion.
Chantecler, un fier coq règne sur la basse-cour. Son chant est tellement puissant qu’il est persuadé qu’il fait se lever le soleil chaque jour. Il est détesté des animaux nocturnes et subit les jalousies des autres animaux de la basse-cour.
Chantecler tombe amoureux d’une poule faisane. Il se rend dans le salon littéraire de la Pintade, où il tombe dans un guet-apens : il est contraint de se battre jusqu’à la mort avec un autre coq.
Il sort vainqueur de cette épreuve et défend la basse-cour contre les menaces d’un épervier.
Il part avec la faisane pour la forêt. Jalouse, elle lui demande de ne plus chanter, et se porte à sa place au-devant d’un chasseur voulant se sacrifier par amour. Lorsque le chasseur arrivera, c’est le rossignol à la voix d’or qui sera touché par les balles.
Une très belle fable poétique, lyrique et allégorique où par le truchement des animaux, tous les défauts humains sont raillés : la vanité, l’ambition, la jalousie, le cynisme, la prétention…

Les Animaux de Chantecler : Le chat (Chabat), la pintade (Augustine Leriche), la poule faisane (Simone), le coq superbe (Lucien Guitry) etc… : affiche de Daniel de Losques en 1910. Source : BnF/Gallica

On y croise entre autres, un vieux chat Matousalem, un gymkhanard, « une vieille insensible aux problèmes moraux et qui fait du footing en costume à carreaux », un paon modern-style, le Prince de l’Adjectif Inopiné… dans une  garden-potager-party.  
Cette pièce offre de multiples morceaux de bravoure :

Comme

l’ode au soleil – Acte I scène II

Ton or est le seul or qui soit de bon conseil !
(…)

Toi qui sèches les pleurs des moindres graminées,
Qui fais d’une fleur morte un vivant papillon,
Lorsqu’on voit, s’effeuillant comme des destinées,
Trembler au vent des Pyrénées
Les amandiers du Roussillon,

Je t’adore, Soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l’amour maternel !

Je te chante, et tu peux m’accepter pour ton prêtre,
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu,
Et qui choisis, souvent, quand tu vas disparaître,
L’humble vitre d’une fenêtre
Pour lancer ton dernier adieu !

Tu fais tourner les tournesols du presbytère,
Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher,
Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère,
Tu fais bouger des ronds par terre
Si beaux qu’on n’ose plus marcher !

Tu changes en émail le vernis de la cruche ;
Tu fais un étendard en séchant un torchon ;
La meule a, grâce à toi, de l’or sur sa capuche,
Et sa petite sœur la ruche
A de l’or sur son capuchon !

Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes !
Sois béni parmi l’herbe et contre les portails !
Dans les yeux des lézards et sur l’aile des cygnes !
Ô toi qui fais les grandes lignes
Et qui fais les petits détails !

C’est toi qui, découpant la sœur jumelle et sombre
Qui se couche et s’allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre,
À chaque objet donnant une ombre
Souvent plus charmante que lui !

Je t’adore, Soleil ! Tu mets dans l’air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu’elles sont !

OU, COMME

Le chœur des oiseaux, le chant du rossignol ou l’incontournable tirade du coq célèbre pour ses allitérations.

Oui, Coqs affectant des formes incongrues,
Coquemars, Cauchemars, Coqs et Coquecigrues,
Coiffés de cocotiers supercoquentieux…
La fureur comme un Paon me fait parler,
– Messieurs ! J’allitère !… –
Et s’amusant à les étourdir d’une volubilité caquetante et gutturale
Oui, Coquards cocardés de coquilles,
Coquardeaux Coquebins, Coquelets, Cocodrilles,
Au lieu d’être coquets de vos cocoricos,
Vous rêviez d’être, ô Coqs ! de drôles de cocos !
Oui, Mode ! pour que d’eux tu t’emberlucoquasses,
Coquine ! ils n’ont voulu, ces Coqs, qu’être cocasses !
Mais, Coquins ! le cocasse exige un Nicolet !
On n’est jamais assez cocasse quand on l’est !
Mais qu’un Coq, au coccyx, ait plus que vous de ruches,
Vous passez, Cocodès, comme des coqueluches !
Mais songez que demain, Coquefredouilles ! mais
Songez qu’après-demain, malgré, Coqueplumets !
Tous ces coqueluchons dont on s’emberlucoque,
Un plus cocasse Coq peut sortir d’une coque,
– Puisque le Cocassier, pour varier ses stocks,
Peut plus cocassement cocufier des Coqs ! –
– Et vous ne serez plus, vieux Cocâtres qu’on casse,
Que des coqs rococos pour ce coq plus cocasse ! –

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

19 réflexions sur « Le nid des mots d’ Avril 2025… !!! »

  1. Voilà une pièce qui devrait être plus souvent à l affiche
    Génial Rostand je t attends…
    Le coq ce roi qui chante haut et fort les pattes dans la m…

  2. Merci tout plein Zaza, quelle belle page à découvrir, pleine de talent!
    Bises du jour
    Mireille du sablon
    …. et merci pour ta recette sur mon blog!

  3. Je n’avais pas remis cette citation dans son jus ! J’ai beaucoup apprécié cette pièce vue il y a un temps canonique à la télévision du temps où elle diffusait ce genre de littérature. C’est si dommage que le succès (mérité) de Cyrano de Bergerac n’ait effacé ce qui aurait mérité aussi une postérité. Et peut-être que le monde en serait moins intolérant aux autres.
    bises

  4. Les textes d’Edmond Rostand sont toujours magnifiques !
    Mais c’est vrai qu’au milieu de la nuit durant mes insomnies, j’allume toujours une lampe, la lumière est essentielle la nuit !
    Très réussi ton défi.
    Bises et belle journée

  5. Un défi réussi, ma petite Anne-Marie !! Edmond Rostand a toujours été un auteur que j’aime, plein d’originalité et sachant saisir toutes les subtilités des défauts humains et de leurs faiblesses… un bien bel article, zaza, et merci pour ces recherches bien intéressantes… Je me souviens en avoir entendu parler du temps où je vivais avec des gens de théâtre (la Comédie Française)…

    Pour ma part, je n’ai pas été trop présente ces derniers temps car j’ai alterné malade (grippe) et recherches diverses pour mes travaux et là j’ai trouvé un retraité qui vient m’aider depuis la semaine dernière pour faire toutes les bricoles que je ne peux plus faire car l’année 2024 m’a beaucoup fatiguée avec les deux opérations sous anesthésie générale et les douleurs durant plus de 4 mois !! Je me suis beaucoup affaiblie et n’ai plus autant de courage et de forces qu’avant… donc je fais appel à un aide 😳
    Je t’envoie de gros bisous et j’espère que toi, tu vas bien… à bientôt…

  6. Bonjour Zaza,

    Bravo pour cette analyse éclairante de Chantecler !
    C’est une excellente idée d’avoir choisi cette pièce pour illustrer le thème. Ton décryptage de l’ Ode au Soleil ( bien que non- titrée ainsi, elle est bien présente dans l’intention de Chantecler), du chœur des oiseaux, du chant mélodieux du rossignol et bien sûr de la fameuse tirade du coq et ses allitérations, est vraiment captivant. Tu as su mettre en lumière comment, dans l’attente de l’aube, la foi de Chantecler en son rôle et l’espoir collectif des autres oiseaux, incarnent magnifiquement cette idée de croire en la lumière, même dans l’obscurité.
    Merci pour ce partage riche et instructif !

    Bien amicalement, Marie Sylvie

  7. Merci pouer cette longue participation, je commente que très brièvement l’ordinateur me fatigue beaucoup.La lumière reviendra petit à petit .

  8. Bravo pour ta réponse au défi , merci d’avoir remis au gout du jour cette pièce d’Edmond Rostand . Comme Jeanne je l’avais vue à la télévision mais je ne me souvenais plus de ces pasages d’anthologie .
    Bonne soirée
    Bises

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